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Sexisme à droite : vade retro, macho !
Tue Nov 29 19:37:16 2016
Sexisme à droite : vade retro, macho !

Remarques sexistes, comportements misogynes, loi sur la parité bafouée : le machisme en politique perdure, et les élues en témoignent.

LE MONDE | 29.11.2016 à 06h47 • Mis à jour le 29.11.2016 à 11h42 | Par Vanessa Schneider
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Elle est revenue sans crier gare, la petite musique grinçante du machisme en politique. La campagne des primaires de la droite et du centre en a été l’éclairante partition. C’est Nathalie Kosciusko-Morizet qui raconte publiquement, ce qu’elle confiait auparavant en « off » aux journalistes, que François Fillon lui aurait dit en 2009, alors qu’il était premier ministre : « Tu es enceinte, tu ne seras pas ministre. » C’est ­encore François Fillon qui, le 16 octobre, à propos du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, tweete sans vergogne : « Où est l’autorité de l’Etat quand François Hollande n’est pas capable d’arbitrer entre son ex-épouse et son premier ministre ? », réduisant la ministre Ségolène Royal, ancienne candidate socialiste à la présidentielle, au rôle d’« ex ».

C’est aussi le site BuzzFeed qui pointe que, lors des débats, « NKM » a été deux fois plus interrompue que ses concurrents par le duo Pujadas et Elkabbach. « Dans une assemblée mixte, les hommes ont tendance, parfois même sans s’en rendre compte, à vouloir étouffer la parole des femmes et à la prendre », a commenté l’intéressée. Ce sont enfin les anonymes des réseaux sociaux qui ne se lassent pas de ridiculiser le sourire figé de Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, pendant le dernier débat. Car la misogynie n’est pas le propre des politiques, elle reste profondément ancrée dans les inconscients collectifs, condamnant les femmes politiques à un plafond de verre difficile à percer.

Lire aussi :   Sexisme : « Le harcèlement en politique doit être pris pour ce qu’il est, une réalité »
« Estime-toi déjà heureuse d’être là »

Rama Yade, ancienne administratrice au Sénat et conseillère de Nicolas Sarkozy, a tout entendu lorsque ce dernier l’a nommée au gouvernement en 2007 : « Tu as eu de la chance d’avoir été ministre sans rien faire ! » ; « Tu prends bien la lumière, c’est pour ça que tu es là… » « En politique, et particulièrement à droite, quand on y arrive, ce n’est pas considéré comme normal : soit on a couché, soit c’est grâce à notre couleur de peau ou à notre religion », s’agace l’auteure d’une Anthologie regrettable du machisme en politique (Editions du moment, 2015). Et pas question de la ramener, une fois qu’on vous a fait l’honneur de vous choisir : « Dès que je demandais quelque chose, Nicolas Sarkozy me disait : “Estime-toi déjà heureuse d’être là.” On n’a pas le droit d’être ambitieuse. On est étiquetée rebelle dans le meilleur des cas, chieuse au pire. »

Nathalie Kosciusko-Morizet, bardée de diplômes, fille de politique, passée par les cabinets ministériels, plusieurs fois ministre, seule femme à avoir concouru à la primaire de la droite, a eu aussi son lot de propos désobligeants : « On entend sans cesse des remarques sur notre physique, notre façon de nous habiller. Ce n’est pas forcément agressif, mais même si ça se veut flatteur, les hommes ne se rendent pas compte qu’on en a marre. Ils ne perçoivent pas à quel point ils sont décalés avec la modernité. »

Chacune a sa façon de réagir. « J’ai fait de la politique comme un homme, admet Valérie Pécresse. Une fois que Chirac m’a imposée, je suis passée par toutes les étapes initiatiques, déléguée de circonscription, présidente de fédération, porte-parole du parti, et j’ai cultivé mes réseaux comme un homme, je me suis habillée volontairement en pantalon pour que l’on me regarde dans les yeux. »
« J’avais beau être directrice d’une compagnie américaine d’assurance et avoir beaucoup d’expérience en politique, on m’a refusé l’investiture » Catherine Vautrin, députée de la Marne

Devenir une femme politique relève du parcours du combattant. Bien qu’élue sur une liste municipale à Reims en 1983, Catherine Vautrin, soutien de Nicolas Sarkozy, a dû passer en force pour atteindre le Palais-Bourbon. « Quand on m’a mis le pied à l’étrier, j’avais tout ce qui fait bien sur une liste : j’étais étudiante, jeune et femme. Mais lorsque j’ai demandé une investiture nationale, j’avais beau être directrice d’une compagnie américaine d’assurance et avoir beaucoup d’expérience en politique, on m’a refusé l’investiture », raconte la députée de la Marne et vice-présidente de l’Assemblée nationale. Elle s’est donc lancée en dissidente et a gagné.

Même pour les nouvelles héritières comme Nathalie Kosciusko-Morizet, le chemin n’a pas été simple. « Quand j’étais jeune politique dans les années 2000, je suis allée demander une investiture au responsable des élections du RPR. Il m’a dit : “Non, avec le renouvellement, la féminisation viendra automatiquement”. » Brigitte Kuster, ancienne collaboratrice de l’ex-députée et adjointe au maire de Paris Françoise de Panafieu, a dû attendre cette année pour obtenir enfin une investiture dans la capitale. En 2012, elle était partie en dissidence contre Bernard Debré. Elle voulait être candidate, le médecin lui proposait d’être sa numéro deux. « Est-ce que le féminin de député, c’est suppléante ? », avait-elle alors ironisé. Pour 2017, Bernard Debré a enfin accepté de lui laisser son siège. A 57 ans, elle s’estime heureuse : « J’ai sa bénédiction cette fois, c’est très élégant de sa part. »

Lire aussi :   Sexisme en politique : une spécificité française ?
« Le mythe de la mauvaise mère »

De nombreuses femmes se découragent devant les obstacles à franchir. Certains espoirs de la droite ont disparu de la circulation comme les anciennes ministres Anne-Marie Idrac, Anne-Marie Couderc ou Michèle Barzach. D’autres refusent de s’engager avant d’avoir essayé. « Lorsqu’on propose à une femme des responsabilités, elle répond souvent : “Je ne sais pas, je vais réfléchir.” Les hommes disent oui et réfléchissent après, constate Catherine Vautrin. La crainte des femmes de ne pas être à la hauteur apporte de l’eau au moulin des machos de base, qui soulignent à chaque fois que la question de la parité leur est posée et qu’ils n’ont rien contre, mais que les femmes ne veulent pas aller au combat. »

Des critiques souvent intégrées par les femmes elles-mêmes. « La femme de 40 ans qui a une vie familiale et professionnelle et qui intéresse un parti, son plafond de verre est simple : la maison », explique Valérie Rosso-Debord, ancienne députée UMP de 44 ans, proche de Nicolas Sarkozy. Car une femme qui a des enfants se voit souvent culpabilisée par ses confrères. « Le mythe de la mauvaise mère est puissant, souligne Valérie Pécresse. On me demande souvent d’un air suspicieux : “Comment vont tes enfants ?” Quand j’étais enceinte de ma fille, j’étais députée et d’un coup, j’ai été traitée comme si j’étais tombée malade : “On ne va pas confier ça à Valérie dans son état…” »

Dans le domaine de la parité, la France occupe une place honteuse. Avec 27 % de femmes élues à l’Assemblée nationale et 25 % au Sénat, elle stagne au 63e rang mondial en matière de présence des femmes dans les assemblées politiques. En ce qui concerne les législatives, le parti Les Républicains préfère s’acquitter d’une amende de plus de 4,3 millions d’euros par an plutôt que d’investir des femmes.

Certaines élues de droite refusent d’admettre que le machisme est plus fort dans leur camp qu’à gauche. Elles rappellent la détestable façon dont ont été traitées Edith Cresson et Ségolène Royal dans leur propre famille politique. Beaucoup ne sont cependant pas d’accord. « La droite n’a pas vécu les combats féministes, constate Nathalie Kosciusko-Morizet. A gauche, même si les hommes pensent la même chose, il y a davantage de maîtrise dans le ­ langage. » « La gauche a une avance culturelle, admet également la députée européenne centriste Marielle de Sarnez. A droite, le mythe du chef reste encore très présent. La politique résonne avec la masculinité et la virilité. »

La plupart veulent croire que le machisme est en recul au sein de leur formation. « Avec les hommes de ma génération, il n’y a aucun souci, assure Valérie Rosso-Debord, ils ont été élevés par des mères attachées aux valeurs d’égalité et les ont intégrées. » « C’est bidon, rétorque Valérie Pécresse, ça ne change pas. Les clichés sont toujours les mêmes : pour y arriver, il faut être “fille de” ou coucher ! »
« Ça ne change pas. Les clichés sont toujours les mêmes : pour y arriver, il faut être “fille de” ou coucher ! » Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France

Les scrutins de liste dites « chabadabada » – où la parité est obligatoire – changent la donne. Alors qu’il était de bon ton de s’en moquer à droite, les femmes s’en réjouissent aujourd’hui. « S’il n’y avait pas eu toutes ces lois, je suis convaincue que rien n’aurait évolué », reconnaît la présidente de la région Ile-de-France. « Dans les départements et les régions, il y a désormais un véritable vivier d’élues qui ont fait leurs preuves. On doit pouvoir faire émerger une nouvelle génération », espère Brigitte Kuster, surnommée un temps par ses collègues « les plus belles jambes du conseil de Paris ». D’autres sont plus pessimistes. « Quand des femmes sont choisies, elles sont souvent épouses ou ex-collaboratrices d’élus contraints de laisser la place pour cause de cumul des mandats », remarque Rama Yade.

Les femmes comptent aussi sur davantage de solidarité entre elles que par le passé. Lorsqu’elle est allée chercher ses parrainages pour la primaire, Nathalie Kosciusko-Morizet a constaté que les femmes maires, conseillères générales ou conseillères régionales ont été nombreuses à lui accorder leur signature. Pendant longtemps, les élues n’ont pas été tendres avec leurs consœurs. Les premières à émerger, comme Michèle Alliot-Marie ou Roselyne Bachelot, qui ont hérité de la circonscription de papa, ont été peu partageuses. « Cette génération d’héritières a eu tendance à claquer la porte de l’arc de triomphe derrière elle pour se partager les postes ministériels », se souvient Catherine Vautrin.

Lire aussi :   Vaincre « le sexisme ordinaire »
« Se soutenir entre nous »

Chacune à son niveau tente de faire avancer la présence des femmes. « C’est à nous aussi d’être vigilante, reconnaît la députée de la Marne. Au sein de la commission d’investiture, on fait tout pour se soutenir entre nous, même si ça reste difficile. » Elle est fière de pouvoir dire que les femmes sont 65 % à être – pour l’instant – investies par le parti pour les ­prochaines législatives sur les circonscriptions à reprendre à la gauche. Sans s’appesantir sur le fait que ces circonscriptions sont les plus difficiles à gagner… Désigner des femmes là où elles n’ont aucune chance d’être élues est une vieille habitude dont la droite a du mal à se défaire.

« Lorsque je rédigeais les nouveaux statuts du parti, je me suis battue pour imposer la parité au sein de la commission d’investiture comme au bureau politique, raconte Nathalie Kosciusko-Morizet. Mais après, ils ont rajouté des membres de droit – tous des hommes, bien sûr –, et la proportion des femmes est retombée à un quart… » Tout est bon pour faire bouger les choses : « J’ai signé l’appel contre Denis Baupin pour aider les plus jeunes à ne pas se faire coincer dans les couloirs », ajoute l’ex-ministre de l’environnement.

« Les partis devraient également s’engager à former les candidats de demain, des femmes, des jeunes, des personnes issues de différentes catégories sociales », ajoute Rama Yade. Face à ce qu’elle appelle « le machisme en col blanc », elle va encore plus loin : « On devrait interdire les emplois familiaux et rendre la parité obligatoire aux législatives. » Une « chieuse », diront ses collègues masculins
http://abonnes.lemonde.fr/politique/article/2016/11/29/a-droite-vade-retro-macho_5039844_823448.html
Chers voisins : Photo
Tue Nov 29 13:12:09 2016
http://chersvoisins.tumblr.com/image/153816077098
"Ceci n'est pas une crèche" (G. Biard, Charlie Hebdo, 9 nov. 16) - Comité Laïcité République
Mon Nov 28 19:44:41 2016
"Ceci n’est pas une crèche" (G. Biard, Charlie Hebdo, 9 nov. 16)

Gérard Biard est rédacteur en chef de Charlie Hebdo. 28 novembre 2016

"La langue évolue au fil de l’actualité. Jusqu’à présent, lorsqu’on voulait évoquer l’indécision ou l’embarras face à un problème, on utilisait l’expressi on « comme une poule qui a trouvé un couteau ». Dorénavant, on pourra lui préférer « comme un sage qui a trouvé une crèche ». En effet, il semble que les membres du Conseil d’État ont beaucoup de mal à se prononcer sur la nature religieuse ou non des crèches de Noël, que certains édiles s’entêtent à vouloir installer dans leur mairie. Après avoir débattu longuement lors d’une première séance, le 21 octobre, sans avoir réussi à se mettre d’accord, les « sages » avaient décidé de reporter le vote au 3 novembre. Le 7 au soir, au moment d’envoyer le journal à l’imprimerie, on attendait toujours que le verdict soit rendu public... Il devrait l’être, dit-on, ce mercredi 9.

En théorie, la coutume voudrait que le Conseil d’État suive les recommandations de son rapporteur public. A l’issue de la première journée de débat, Aurélie Bretonneau a préconisé de ne pas « instruire par principe le procès de la crèche » (rires), en insistant sur « la dimension pacificatrice de la laïcité » (pouet pouet). Elle se prononce par conséquent pour l’autorisation, sous trois conditions. Que l’installation de la crèche soit « temporaire » - pas de crèches de Noël à Pâques ou pour le 14 juillet, donc -, que cela ne s’accompagne pas de tentatives de « prosélytisme religieux » - pas de racolage à moins de 500 mètres de l’étable - et, surtout, que cela revête « le caractère d’une manifestation culturelle ou au moins festive ». C’est le noeud que les membres du Conseil d’État ont eu beaucoup de mal, semble-t-il, à défaire : une crèche de Noël est-elle de nature religieuse ou culturelle ?

Observons, sans aucun a priori et en toute objectivité, une crèche. Qu’y voit-on ? Des personnages agenouillés ou en adoration devant un moutard officiellement né par l’opération du « Saint-Esprit », proclamé tour à tour « fils de Dieu », « Messie » et « sauveur des hommes », avec un horoscope pourri - il mourra jeune et dans d’atroces souffrances - mais une convention obsèques en béton - il ressuscitera et montera directement au paradis pour siéger à la droite de son père pour l’éternité. Que symbolise cette scène ? Le moment où le divin s’est « fait chair », acte fondateur d’un culte conquérant qui perdure depuis plus de deux mille ans et que l’on célèbre d’ordinaire dans les églises. A-t-on le droit d’y apporter des modifications « festives » - mettre une plume au cul à Joseph, un nez rouge à Marie, des porte-jarretelles au petit Jésus... - sans se faire traiter sur le champ de blasphémateur ? On conseille aux « sages » indécis de tenter l’expérience...

Permis de blasphème

Le Conseil d’État n’est pas l’Académie française, la science et le sens des mots ne sont pas sa spécialité. Mais ce n’est pas une excuse pour succomber à cette confusion toujours plus répandue et toujours plus entretenue, de loi Debré en loi Carle, entre « culturel » et « cultuel ». On peut déguiser les employés de mairie en Père Noël ou dresser un sapin dans le hall de n’importe quel bâtiment public. Mais y installer une crèche, c’est faire entrer une partie du catéchisme catholique dans un lieu où il n’a rien à faire. Les personnages de la crèche ne sont pas de banals santons, mais les protagonistes d’une histoire à dormir debout baptisée christianisme, religion qui n’a pas renoncé, loin s’en faut, à exercer un rôle déterminant dans l’espace public et politique, et qui est ravie de sucer la roue de l’islamisme dans ses assauts répétés contre la laïcité.

Alors, que les choses soient claires : s’il est admis qu’une crèche de Noël n’est qu’une installation « culturelle » et « festive », il ne faudra pas venir chouiner à l’atteinte au « sentiment religieux » le jour où des athées farceurs décideront d’aller passer la zézette du petit Jésus au cirage le soir du réveillon. Chacun fait la fête comme il l’entend."

Lire "Ceci n’est pas une crèche".
Post scriptum

Lire aussi
Patrick Kessel : "Comment expliquer à des jeunes perdus entre plusieurs identités que le voile n’a pas sa place à l’école mais que les crèches l’auraient dans des bâtiments administratifs !" (Prix de la Laïcité 2016. Discours de Patrick Kessel ), "Certains évoquent une tradition culturelle, comme si la scène où l’éternel est censé se faire homme n’était pas d’abord d’essence religieuse !" (Patrick Kessel : Les communautarismes contre les Droits de l’Homme et du Citoyen (Colloque du 5 nov. 16)),
http://www.laicite-republique.org/ceci-n-est-pas-une-creche-g-biard-charlie-hebdo-9-nov-16.html
Idées reçues sur les fonctionnaires (3/4) : « Ils ont tous la sécurité de l’emploi »
Mon Nov 28 19:37:20 2016
Idées reçues sur les fonctionnaires (3/4) : « Ils ont tous la sécurité de l’emploi »

Près d’un agent public sur six est un contractuel, soit une partie non négligeable des effectifs de la fonction publique. 20 % des contractuels n’ont pu occuper leur poste que trois mois en 2014.

LE MONDE | 27.11.2016 à 17h25 • Mis à jour le 27.11.2016 à 19h30 | Par Laura Motet
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Un balayeur de l’unité « la Fonctionnelle », une unité spéciale du département propreté de la ville de Paris, balaye une rue après un marché, en 2014.

Cet article est le troisième d’une série en quatre volets sur les idées reçues concernant les fonctionnaires.

L’image d’Epinal du fonctionnaire est loin de correspondre à la réalité des effectifs de la fonction publique. Si près de 70 % des effectifs sont effectivement titularisés, le reste est principalement constitué de contractuels et de contrat aidés, très précaires.
Un statut plus protecteur que le CDI pour les titulaires

Le statut de fonctionnaire titulaire est né le 19 octobre 1946, dans le contexte particulier de l’après-guerre. La France, qui avait subi de lourds dégâts matériels, dut, pour se reconstruire, se séparer des effectifs qui avaient collaboré avec le régime de Vichy et recruter de nouveaux agents.

Le statut de fonctionnaire découle de cette situation : le casier judiciaire des candidats doit être vierge, leur recrutement se fait par concours sur des postes préalablement choisis en fonction des besoins de l’administration. Ils ne sont pas régis par un contrat entre eux et leur employeur, contrairement aux salariés du secteur privé, afin de les protéger de tout abus politique (licenciement lors d’un changement de majorité, etc.).

Leur statut a été réformé par la loi du 13 juillet 1983, mais les conditions de licenciement et de sanction des titulaires restent plus protectrices que dans le secteur privé. Le principal motif de licenciement de la fonction publique est l’insuffisance professionnelle. Le deuxième est l’opposition de trois refus successifs aux offres d’emploi par l’administration en cas de réorientation professionnelle (si le poste n’est plus considéré comme utile), ainsi que de trois refus successifs pendant la période de disponibilité qui suit (où le titulaire n’occupe plus son ancien poste).

De même, un licenciement peut avoir lieu si le titulaire en disponibilité refuse par trois fois des postes correspondant à son grade. Si le titulaire a commis une faute, des sanctions allant de l’avertissement à la révocation peuvent également être appliquées. Les effectifs de la fonction publique ne comptent cependant pas que des titulaires.
Près d’un agent sur six est un contractuel
Les contractuels représentent en moyenne 16 % des effectifs de la fonction publique
Part des différents types d'effectifs dans chaque fonction publique en 2014
0 %20 %40 %60 %80 %100 %Titulaires MilitairesContractuelsAutres catégories et statutsBénéficiaires de contrats aidésFonction publique del'ÉtatFonction publiqueterritorialeFonction publiquehospitalière
Source : Insee

D’après les statuts, les contractuels sont des agents de la fonction publique qui peuvent être recrutés en cas d’absence de corps de fonctionnaires pour assurer une mission spécifique, pour remplacer un fonctionnaire indisponible ou à temps partiel ou pour faire face à un accroissement saisonnier de l’activité.

Il est également possible d’embaucher à temps complet un contractuel pour être enseignant-chercheur. C’est le cas de près de la moitié des contractuels employés par la fonction publique d’Etat (FPE) : 43,6 % sont employés par des établissements publics du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche (Crous, CNRS, universités, etc.). L’éducation nationale arrive au deuxième rang des recruteurs de contractuels avec un sur quatre du total de la FPE. L’Insee souligne la précarité de leur statut : on compte « près de 5 800 professeurs contractuels et 9 400 assistants d’éducation, dont moins de la moitié travaille fin 2014 dans le même établissement qu’un an auparavant ».

Dans la fonction publique hospitalière, la majorité des contractuels (59 %) sont aides-soignants ou d’agents de services hospitaliers qualifiés.

Mais c’est la fonction publique territoriale (FPT) qui concentre le plus de contractuels : près d’un agent de la FPT sur cinq (18 %) est contractuel. La majorité d’entre eux « occupe des postes d’adjoints, soit techniques (40 %), soit d’animation (11 %) ou encore administratifs (11 %) ; 14 % d’entre eux sont également employés dans la filière sportive », selon l’Insee.
Un agent sur dix n’est ni titulaire ni contractuel

Les effectifs classés en « autres catégories et statuts », qui représentent plus de 6 % des effectifs, rassemblent des emplois aussi divers que les enseignants dans les établissements privés (pour la FPE) et les internes en médecine (pour la FPH).

La fonction publique emploie également près de 3 % de personnes en « contrat aidé », comme les « emplois avenir », destinés aux jeunes de 16 ans à 25 ans ou les « contrats uniques d’insertion », destinés en priorité aux demandeurs d’emploi de longue durée, aux plus de 50 ans ou aux travailleurs handicapés.
Les minces résultats pour réduire la précarité

Le 31 mars 2011, six organisations syndicales (CFDT, CFTC, CGC, CGT, FO, UNSA) ont signé un protocole d’accord visant à réduire la part des contractuels dans la fonction publique.

En mars 2012, la loi « relative à l’accès à l’emploi titulaire et à l’amélioration des conditions d’emploi des agents contractuels dans la fonction publique » est publiée au Journal officiel.
Malgré la volonté affichée par l'Etat, la proportion de contractuels n'a que peu varié au sein des effectifs de la fonction publique
Part des contractuels dans la fonction publique
0 %5 %10 %15 %20 %25 %30 %Fonction publique de l'État Fonction publique territoriale Fonction publique hospitalière 2011201220132014
Source : Insee

Malgré l’application de la loi entre 2012 et 2014, les effectifs de contractuels ont seulement légèrement diminué au sein de la fonction publique d’Etat et de la fonction publique territoriale. Le nombre de contractuels a même augmenté au sein de la fonction publique hospitalière.

Deux éléments permettent d’expliquer la difficile titularisation des contractuels au sein de la fonction publique. En premier lieu, malgré cette loi, l’Etat ne peut pas directement décider de la gestion des effectifs de la fonction publique territoriale et de la fonction publique hospitalière. Il peut décider de baisser les dotations des collectivités territoriales, mais ne peut pas choisir quels postes de dépenses seront affectés.

En second lieu, la flexibilité offerte par le statut des contractuels est appréciée par les administrations. Ils peuvent servir de variable d’ajustement lorsque les dotations fournies par l’Etat diminuent. C’est précisément ce levier, avec celui du non-remplacement d’une partie des départs à la retraite, que François Fillon souhaite employer pour arriver à supprimer 500 000 postes dans la fonction publique.

Lire aussi :   Fillon et Juppé : le vrai et le faux des piques entre finalistes de la primaire de la droite

Mais cette flexibilité concerne aussi le salaire des contractuels. Leur salaire n’étant pas établi par une grille officielle dépendant de leur emploi et de leur ancienneté, il est négocié entre le contractuel et l’administration, au cas par cas. Les contractuels sont en moyenne moins bien payés que les titulaires : dans la fonction territoriale, un titulaire touchait en moyenne 1 952 euros par mois contre 1 591 euros pour les autres effectifs de la fonction publique en 2014. La même année, dans la fonction publique d’Etat, un titulaire touchait en moyenne 2 982 euros par mois contre 2 512 euros pour les autres effectifs.

    Laura Motet
http://abonnes.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/11/27/idees-recues-sur-les-fonctionnaires-3-4-ils-ont-tous-la-securite-de-l-emploi_5038940_4355770.html
Idées reçues sur les fonctionnaires (2/4) : « Ils sont trop nombreux »
Mon Nov 28 19:34:02 2016
Idées reçues sur les fonctionnaires (2/4) : « Ils sont trop nombreux »

Alain Juppé et François Fillon ont prévu dans leur programme une forte baisse du nombre d’agents publics. Le nombre de fonctionnaires français ne fait pourtant pas figure d’exception en Europe.

LE MONDE | 25.11.2016 à 12h25 • Mis à jour le 25.11.2016 à 16h21 | Par Laura Motet
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Des médecins s’entraînent à la réanimation à l’hôpital d’Annecy, le 22 novembre.

Cet article est le deuxième d’une série en quatre volets sur les idées reçues concernant les fonctionnaires.

Les fonctionnaires sont au cœur de la campagne de la primaire de la droite. Si Alain Juppé et François Fillon ne sont pas d’accord sur le nombre de suppressions de poste qu’il serait possible d’effectuer, tous deux s’accordent à dire qu’il y en a trop. Le nombre de fonctionnaires en France actuellement est pourtant loin d’être exceptionnel au regard du passé et des autres pays européens.
Non, le nombre de fonctionnaires n’a pas explosé ces dernières années
Le nombre de fonctionnaires a augmenté depuis 1980, comparé à la population active, mais très peu comparé à la population totale
Part des effectifs de la fonction publique au sein de la population française
0 %5 %10 %15 %20 %25 %Part des fonctionnaires au sein de la population active Part des fonctionnaires au sein de la population totale 1980199020002007200920102011201220132014
2014
● Part des fonctionnaires au sein de la population active : 19,70 %
● Part des fonctionnaires au sein de la population totale : 8,57 %
Source : Insee

En valeur absolue, les chiffres peuvent donner le vertige : 3,8 millions en 1980, les fonctionnaires sont aujourd’hui près de 5,6 millions. Mais l’augmentation en valeur absolue des effectifs a suivi la hausse en valeur absolue de la population. Comparé à la population totale, le nombre de fonctionnaires n’a pas autant évolué depuis 1980 (7,19 % à 8,57 % entre 1980 et 2014).

On constate cependant une augmentation significative si on compare les effectifs des fonctionnaires à la population active. La population active correspond à l’ensemble des personnes en âge de travailler qui sont disponibles sur le marché du travail, qu’elles aient un emploi ou qu’elles en cherchent un. Depuis 1980, la population a vieilli : les baby-boomeurs arrivent à l’âge de la retraite. Comparativement à la population active, la part des fonctionnaires a donc augmenté (de 16,20 % à 19,70 % entre 1980 et 2014)
Non, la France ne compte pas plus de fonctionnaires par habitants que les autres pays de l’Union européenne

La France compte, en valeur absolue, le plus grand nombre de fonctionnaires en Europe. Mais, la France est également l’un des pays les plus peuplés d’Europe. Ramené à la population, notre pays est donc loin d’avoir le plus grand nombre de fonctionnaires.
La France se situe au dessus de la médiane européenne, mais ne compte pas le plus de fonctionnaires par 1 000 habitants en Europe
Nombre de fonctionnaires pour 1 000 habitants (en 2011)
0 100 25 50 75 125 150 175 DanemarkFinlandeSuèdeLettonieMaltePologneFranceBelgiqueHongrieChypreSlovénieIrlandePortugalAllemagneMédiane européennePays-BasItalieEspagneRoyaume-UniLuxembourgAutricheGrèceEstonieLituanieBulgarieRépublique tchèqueRoumanieSlovaquie
Source : Fonction publique

En revanche, la France se situe au-dessus de la médiane européenne.
Oui, la Cour des comptes a noté une forte augmentation des effectifs de la fonction publique territoriale

En octobre 2016, la Cour des comptes notait la forte augmentation de la fonction publique territoriale, sans que cela soit justifié à ses yeux.

    « De 2002 à 2013, les effectifs de la fonction publique territoriale se sont accrus de 27,5 %, soit 405 000 agents supplémentaires. Pour plus de la moitié, cette évolution est venue des communes et des EPCI [établissements publics de coopération intercommunale] dont les effectifs ont augmenté de 20 %, soit 243 000 agents alors que ces entités n’ont pas fait l’objet de nouveaux transferts de compétences de la part de l’Etat, à la différence des départements et des régions. »

La réduction des effectifs de la fonction territoriale ne sera pas si facile pour les candidats à la primaire de la droite, malgré les alarmes de la Cour des comptes et leur volonté affichée. L’Etat ne peut pas directement décider de supprimer des postes hors de la fonction publique d’Etat. Il peut cependant décider de baisser les dotations des collectivités territoriales, sans choisir quels postes de dépenses seront affectés.

    Laura Motet
    Journaliste au Monde
http://abonnes.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/11/25/idees-recues-sur-les-fonctionnaires-2-4-ils-sont-trop-nombreux_5038028_4355770.html
Idées reçues sur les fonctionnaires (1/4) : « Ils ne servent à rien »
Mon Nov 28 19:31:52 2016
Idées reçues sur les fonctionnaires (1/4) : « Ils ne servent à rien »

Malgré le poids des fonctionnaires dans la population active (près de 20 % en 2014), il règne encore un certain flou sur leurs missions et leurs métiers.

LE MONDE | 24.11.2016 à 09h36 • Mis à jour le 25.11.2016 à 12h12 | Par Laura Motet
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Une institutrice prépare sa classe avant la rentrée des classes 2016 à Cenon (Gironde).

Cet article est le premier d’une série en quatre volets sur les idées reçues concernant les fonctionnaires.

On sait qu’ils travaillent « dans le public », mais rares sont ceux qui peuvent définir les fonctionnaires et la fonction publique précisément. Selon l’Insee, « la fonction publique emploie des personnels titulaires civils et militaires, des personnels non-titulaires (contractuels, vacataires…), des agents à statut particulier (praticiens hospitaliers, assistants maternels, ouvriers d’Etat, enseignants des établissements privés sous contrat…) et des bénéficiaires de contrats aidés ». Une fonction publique qui se divise en trois types : fonction publique d’Etat, fonction publique territoriale et fonction publique hospitalière.

La fonction publique d’Etat est la seule qui dépend directement, comme son nom l’indique, de l’Etat. Les deux autres fonctions publiques n’entrent pas dans les compétences de l’Etat et donc dans son périmètre de décision et d’action. C’est ce qui rend compliquée l’application des propositions des deux finalistes de la primaire de la droite, François Fillon et Alain Juppé, qui souhaitent respectivement supprimer 500 000 et entre 200 000 et 250 000 postes de fonctionnaires.
La fonction publique hospitalière représente un cinquième de la fonction publique totale
Part des différents types de fonction publique en 2014
0 %20 %40 %60 %80 %100 %Fonction publique d'Etat Fonction publique territoriale Fonction publique hospitalière Part au sein de la fonction publique
Source : INSEE
Hospitalière : médecins, infirmiers, administratifs...

La fonction publique hospitalière représente un cinquième des effectifs de la fonction publique totale. Elle rassemble les personnels travaillant notamment dans les hôpitaux publics, qu’ils soient infirmiers, auxiliaires de puériculture, préparateurs en pharmacie ou agents d’entretien et d’accueil.
Le personnel soignant représente près de 70 % du personnel de la fonction publique hospitalière
Part de la filière dans la fonction publique hospitalière en 2014
0 %20 %40 %60 %80 %100 %Soignante Administrative Technique-ouvrière Médico-technique Socio-educative Autre Part de la filière dans la fonction publique médicale
Part de la filière dans la fonction publique médicale
● Soignante : 69,71 %
● Administrative : 10,75 %
● Technique-ouvrière : 10,56 %
● Médico-technique : 5,28 %
● Socio-educative : 2,49 %
● Autre : 1,21 %
Source : Insee
Etat : professeurs, policiers, militaires...

Au sein de la fonction publique d’Etat, plus de la moitié des effectifs appartiennent au ministère de l’éducation et à celui de l’enseignement supérieur et de la recherche. Une majorité de professeurs, suivis ensuite par les policiers et les militaires.
Plus de la moitié des effectifs de la fonction publique d'Etat travaillent pour l'éducation nationale ou le ministère de la recherche
Part des effectifs alloués à chaque mission au sein de la fonction publique d'Etat en 2013
0 %20 %40 %60 %80 %100 %Education nationale et de la recherche Intérieur et outre-mer Défense Economique, finances et budgetSocialEcologie, développement durable et énergie Justice Autres affectationsPart de la fonction publique d'Etat
Source : SIASP, INSEE
Territoriale : techniciens et ingénieurs, administratifs, animateurs, etc.

La fonction publique territoriale possède aussi des missions très diverses. Elle a notamment récupéré des missions de la fonction publique d’Etat au gré des lois sur la décentralisation, des réorganisations territoriales et des transferts de compétences.
La filière technique représente presque la moitié des effectifs de la fonction publique territoriale
Part des effectifs consacrés à chaque mission au sein de la fonction publique territoriale
0 %20 %40 %60 %80 %100 %Technique Administrative Sociale Animation Medico-sociale Culturelle Incendie-Secours Autres Part de la fonction publique territoriale
Part de la fonction publique territoriale
● Technique : 46,70 %
● Administrative : 23,34 %
● Sociale : 9,63 %
● Animation : 5,69 %
● Medico-sociale : 4,63 %
● Culturelle : 4,40 %
● Incendie-Secours : 2,17 %
● Autres : 3,44 %
Source : SIASP, INSEE

La filière technique représente presque la moitié des effectifs de la fonction publique territoriale. Parmi ses effectifs, des ingénieurs territoriaux qui encadrent les travaux demandés par leur assemblée collective territoriale (commune, structures intercommunales, département, région, selon le cas). Les effectifs de la mission « Animation » des fonctions publiques territoriales regroupent notamment les animateurs s’occupant des enfants dans les écoles, hors des heures de cours. L’Insee note qu’ils ont particulièrement augmenté « suite notamment à la généralisation des nouveaux rythmes scolaires ».

    Laura Motet
    Journaliste au Monde
http://abonnes.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/11/24/idees-recues-sur-les-fonctionnaires-1-4-ils-ne-servent-a-rien_5036981_4355770.html
Pourquoi il faut haïr les journalistes | Charlie Hebdo
Sun Nov 27 19:49:27 2016
 Pourquoi il faut haïr les journalistes
Par Guillaume Erner - 16/11/2016

L’élection de Trump a fait le plus grand bien à ceux qui voulaient dire du mal des journalistes. Comme si cette profession était coproductrice de l’élection.
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«Je suis un journaliste, donc un déconnecté de la réalité. Chaque matin, mes enfants vont à l'école en taxi. Pire, en Uber. Le seul Français normal que je connaissais, c'était mon kiosquier, mais il a fermé. Désormais, je vis au sein d'une élite mondialisée coupée du monde social. Je n'ai pas vu venir le "Brexit", pas prévu Trump. D'ailleurs, si "Brexit" et Trump il y eut, c'est à cause de moi. » Voilà les aveux qu'il conviendrait de faire lorsqu'on est journaliste. Car si les peuples sont devenus populistes, c'est la faute à l'entre-soi médiatique. Autrement dit, la meilleure manière de combattre Trump et les siens, c'est de combattre les journalistes. La meilleure manière de faire reculer la démagogie, c'est de surenchérir dans la démagogie.

En fait, ce discours n'est pas nouveau. Il y a une dizaine d'années, à l'époque du référendum sur la Constitution européenne, Jean-François Kahn avait proposé, déjà, de rebaptiser les journalistes des « bullocrates ». Comme quoi on n'est jamais mieux corrigé que de l'intérieur de la profession. La critique visait alors l'homogénéité apparente de la « classe journalistique », qui se prononçait publiquement en faveur du « oui », pour se révéler en décalage avec une France noniste. À ceci près que la condamnation unanime ne concernait que la poignée d'éditorialistes qui s'exprimaient bruyamment sur le sujet. Mais les autres étaient-ils tous d'accord ?

Si les journalistes n'ignorent rien des réalités sociales, chômage et précarité en premier lieu, c'est aussi parce qu'ils les ont, pour beaucoup, tutoyées dans leur carrière. De par leur salaire, ils appartiennent pour la plupart à la petite classe moyenne. Comme elle, ils subissent dégraissages, mutations technologiques et autres changements d'actionnaires. Les charrettes d'i-Télé et d'ailleurs ont beau être régies par la convention des journalistes, ce sont des charrettes. La presse est devenue aussi peu rentable que la sidérurgie, elle est donc soumise au même destin. Quant aux oligarques qui la renflouent, ils soutiennent la presse comme la corde soutient le pendu. Parce qu'une entreprise lambda peut redevenir rentable ; un titre de presse est condamné, pour sa part, à se maintenir à flot tant bien que mal. Voilà pourquoi le sort de nombreux confrères dépend désormais du bon plaisir de Drahi, Bolloré et consorts. Une vraie situation de nantis...

C'est aussi parce que tout journaliste a connu ou connaîtra le chômage qu'aucun d'entre eux n'est insensible à la souffrance du monde. Les reportages sur la misère du monde abondent, les victimes occupent une place de choix dans les médias. À moins de ne lire que France Dimanche, et encore, personne ne peut sérieusement reprocher aux médias de s'en tenir à l'actualité des gens heureux. Aux États-Unis, comme ailleurs, la colère des individus a été décrite et analysée. Il est vrai qu'aucun média n'a annoncé deux semaines avant le vote l'élection de Trump. Mais le travail des journalistes, c'est de comprendre le présent, pas de prévenir l'avenir. En dernière instance, ce sont les sondeurs qui ont donné Clinton vainqueur, et les spécificités du mode de scrutin américain ne leur ont donné qu'à moitié tort, puisqu'elle a effectivement rassemblé plus de voix que son adversaire. Enfin, contrairement aux discours entendus, ce ne sont pas les pauvres mâles blancs qui ont fait la victoire de Trump ; sans les classes moyennes et supérieures, il n'aurait jamais été élu. Quant à la classe ouvrière, elle a majoritairement voté Hillary...

Les journalistes sont d'autant moins coupés du réel que le trumpisme - et ses variantes - ne s'est jamais embarrassé avec la réalité. Il y a deux mois, The Economist, véritable organe de l'élite mondialisée, titrait sur les post-truth politics, l'idée selon laquelle désormais la vérité n'était plus un sujet pour des politiciens tels que Trump. L'homme a fait campagne en racontant à peu près n'importe quoi, que les Latinos étaient des violeurs, que l'on pouvait baisser les impôts en lançant de grands travaux, que le réchauffement climatique était une invention chinoise, etc. Face à ce déluge de mensonges, le fact-checking effectué par les journalistes n'a eu aucune prise. Ce n'est pas que les journalistes n'ont pas fait leur travail, c'est que ce travail n'a réussi à convaincre que les convaincus. La dernière mauvaise nouvelle, c'est que ce ne sont pas les journalistes qui sont coupés du monde, mais le monde qui s'est coupé des journalistes.
https://charliehebdo.fr/societe/pourquoi-il-faut-hair-les-journalistes/
Comment la France a tué ses villes - URBIS le mag
Sun Nov 27 14:07:46 2016
Comment la France a tué ses villes
Commerce
Lundi 21 novembre 2016
[Photo O. Razemon]

Centre-ville de Toulon.



C'est un livre au titre choc que vient de publier Olivier Razemon, journaliste indépendant dont le travail s’articule principalement autour de l’urbanisme et des transports. Car c’est une réalité que personne ne peut plus ignorer désormais : les villes moyennes françaises vont mal. Entre fermeture des commerces, départ des plus riches et élus locaux fatalistes, c’est un portrait de villes à l’agonie que dresse le journaliste. Interview.


Olivier Razemon.

- « Que se passe-t-il actuellement dans les villes françaises ?

- Seules les très grandes villes, Paris et les métropoles régionales, ainsi que les localités touristiques, se portent bien. Les autres, les villes petites et moyennes, souffrent terriblement. Le premier symptôme de leur maladie réside dans la fermeture des commerces qui, chaque année, prend davantage d’ampleur. Ce phénomène des vitrines vides saute aux yeux partout, que l’on se balade dans le centre de Béziers, Périgueux ou de Soissons.

Le nombre de logements vides est un autre symptôme : les villes moyennes présentent un taux de logements vacants dépassant nettement les 10 %, résultat du départ des familles qui en ont les moyens vers la périphérie et ses maisons individuelles. C’est un paradoxe, alors qu’on nous répète en boucle que la France manque de 500 000 logements neufs par an.

Le troisième symptôme, c’est l’appauvrissement de ces villes : elles sont devenues plus pauvres que leur environnement immédiat. Enfin, on constate la disparition de commerces de base – boucherie, boulangerie, équipement de la maison – au profit d’enseignes de tatouage, de vapotage, d’achat d’or, de ventes éphémères... Le commerce du superflu a envahi les villes moyennes, le commerce de l’essentiel tend, lui, à disparaître.

- Cela fait des années que cette tendance est en marche. Pourquoi cette prise de conscience tardive ?

- Il n’y a pas réellement encore eu de prise de conscience ! La plupart des Parisiens ou des Lyonnais, par exemple, ignorent tout du phénomène… Aucun des candidats à l’élection présidentielle n’a évoqué cette question des villes moyennes où vit pourtant un quart de la population. Et puis même si localement, il y a une prise de conscience, les choses continuent comme avant : les autorisations sont accordées pour continuer à construire la ville en dehors de la ville, avec toujours plus de centres commerciaux, de zones d’activités, de rocades, de lotissements, de gares TGV bâties dans le périurbain.

Alors, oui, les élus locaux en parlent, mais ils identifient ça soit comme un problème de commerçants, soit comme une fatalité. Beaucoup n’ont pas conscience que c’est comme ça partout ailleurs et pas seulement chez eux. Et la situation risque de s’aggraver : seulement 10% des projets commerciaux en cours verront le jour en ville et donc 90% en périphérie…

- De potentiels coupables sont souvent désignés, à tort… Qui sont-ils ?

- Une foule de coupables sont désignés : l’e-commerce, les loyers commerciaux trop élevés, la crise, les métropoles… Ces facteurs ont bien un impact mais cela reste un impact limité sur d’autres. Internet ne nuit pas aux boulangeries. Pourtant, ces dernières ferment.
Centre-ville de Nogent.

La crise n’explique pas tout non plus : quand on regarde les chiffres, les gens sont plus riches qu’avant, car oui, le niveau de vie continue à croitre en France. Ce paradoxe est très visible à Aurillac, Vitré, Rodez : ce sont des villes où le chômage reste plutôt faible mais les commerces ferment quand même… On accuse aussi la métropole voisine. C’est vrai que les villes moyennes ne bénéficient pas des mêmes aides publiques, ni de la présence des intellectuels et cols blancs. Mais la quincaillerie d’Agen ne ferme pas à cause de Bordeaux…

- A quoi la crise que traversent les villes moyennes peut-elle être véritablement imputée ?

- Pour moi, c’est la méconnaissance autour du sujet qui est véritablement la cause de l’inertie actuelle. Il faut arrêter de croire que la création d’une activité économique crée des emplois nets. C’est sur la base de cet argument de l’emploi que les élus acceptent la construction de centres commerciaux. Or, si des emplois sont bien créés, davantage encore sont détruits dans les centres-villes ! Continuer à construire en périphérie des commerces soi-disant situés « au cœur de l’agglomération », mais uniquement accessibles en voiture, c’est un laisser-faire, une facilité, un manque de responsabilité.

Il n’y a pas de grand complot… Il s’agit juste d’une pensée à court terme d’hommes et de femmes élus pour 5 ans, de représentants de la grande distribution mais aussi de nous tous, collectivement. Si tous les Français décidaient d’aller dans les commerces de proximité plutôt que d’aller faire leurs courses uniquement au centre commercial, cela aurait un réel impact positif. La qualité de vie, c’est aussi de pouvoir aller acheter son pain à pied…


Périphérie d'Aubagne.

Les bonnes idées viennent de partout. Le Parti communiste, par exemple, propose de taxer les parkings des hypermarchés pour limiter le développement des grandes surfaces. Une telle taxe, assise sur les surfaces de stationnements des entreprises tertiaires et des commerces de plus de 2 500 m², n’est pas une utopie. Elle existe déjà en Ile-de-France et contribue à financer les transports publics. Dans le même ordre d’idée, on pourrait imaginer de limiter le recours au travail le dimanche aux seuls commerces de proximité et de le bannir, à l’inverse, dans les zones commerciales de périphérie…

- Quelles pistes de travail entrevoyez-vous pour les urbanistes et plus globalement, ceux qui fabriquent la ville ?

- Il est aujourd’hui indispensable de refaire de la ville un espace public où il est simple et agréable de se déplacer à pied. Remettre la voiture partout dans les villes moyennes n’est pas la solution. Les quelques villes qui l’ont fait juste après les dernières élections – en remettant du stationnement sur des places jusque-là piétonnes par exemple -  en reviennent. C’est au niveau de la qualité urbaine que cela peut se jouer : des trottoirs larges, des éléments identitaires… c’est dans un travail de détails et de couture minutieux que les urbanistes ont un grand rôle à jouer. »
France : 62% du chiffre d’affaires commercial se fait en périphérie

Ailleurs en Europe, Les villes moyennes allemandes ou italiennes continuent à afficher une belle santé. « L’Allemagne et l’Italie ont un rapport à la ville qui n’est pas le même que le nôtre, indique Olivier Razemon. Ce sont deux pays plus urbanisés, dont les villes ont une histoire ancienne et une identité forte, contrairement à nos sous-préfectures françaises, désignées comme telles par la simple volonté de l’Etat. Le nombre élevé de communes françaises a aussi favorisé la multiplication des implantations commerciales : chaque maire a voulu son supermarché. »

Une étude réalisée en juillet 2012 par le cabinet Procos montrait qu’en France, « 62% du chiffre d’affaires du commerce se réalise en périphérie, contre 25% en centre-ville et 13% dans les quartiers. En Allemagne, selon le même document, les proportions sont les suivantes : 33% en périphérie, 33% en centre-ville et 33% dans les quartiers. Les différences observées dans les deux pays reflètent exactement la situation des villes. Vivantes et animées en Allemagne, elles sont en déclin et désolées en France. »
- See more at: http://www.urbislemag.fr/comment-la-france-a-tue-ses-villes-billet-356-urbis-le-mag.html#sthash.d9dA7T0Y.dpuf
http://www.urbislemag.fr/comment-la-france-a-tue-ses-villes-billet-356-urbis-le-mag.html
Français de nos régions
Sat Nov 26 12:04:27 2016
https://francaisdenosregions.com/
firefox [Wiki de sebsauvage.net]
Fri Nov 25 14:55:52 2016
Les extensions du patron !
http://sebsauvage.net/wiki/doku.php?id=firefox
L’industrie du Copyright – Un siècle de mensonge – Framablog
Wed Nov 23 20:03:32 2016

L’industrie du Copyright – Un siècle de mensonge
par alexis | Classé dans : Libres Cultures | 22

Jonathan Powell - CC byDepuis plus d’un siècle les chiens du copyright aboient, la caravane qui transporte la création passe…

Piano mécanique, gramophone, radio, film parlant, télévision, photocopieuse, cassette audio, mp3, internet… à chaque fois qu’est apparu une nouvelle technologie, elle a drainé inévitablement avec elle sa cohorte de réactionnaires hostiles[1].

C’est alors toujours la même rengaine  : on brandit la menace de la mort du message alors qu’il ne s’agit que de la mort des messagers qui profitaient du système précédent et qu’il y aura toujours des auteurs de messages.

Une nouvelle traduction de notre ami Rick Falkvinge qui rend optimiste quant à l’issue du combat actuel.
L’industrie du Copyright – Un siècle de mensonge

The Copyright Industry – A Century Of Deceit

Rick Falkvinge – 27 novembre 2011 – Torrent Freak
(Traduction Framalang / Twitter  : Kamui57, Yoha, Goofy, Jean-Fred, e-Jim et FredB)

On dit qu’il faut étudier l’Histoire pour ne pas être condamné à répéter les erreurs du passé. L’industrie du copyright a ainsi appris qu’elle pouvait profiter de sa position de monopole et de rentière à chaque apparition d’une nouvelle technologie, simplement en se plaignant assez fort auprès des législateurs.

Ces cent dernières années ont vu l’apparition de nombreuses avancées techniques en matière de diffusion, de duplication et de transmission de la culture. Mais cela a également induit en erreur les législateurs, qui tentent de protéger l’ancien au détriment du nouveau, simplement parce que le premier se plaint. D’abord, jetons un œil à ce que l’industrie du copyright a tenté d’interdire, ou du moins taxer au seul motif de son existence.

Cela a commencé vers 1905, lorsque le piano mécanique est devenu populaire. Les vendeurs de partitions de musique ont affirmé que ce serait la fin de l’art s’ils ne pouvaient plus gagner leur vie en étant l’intermédiaire entre les compositeurs et le public, alors ils ont demandé l’interdiction du piano mécanique. Une célébre lettre de 1906 affirme que le gramophone et le piano mécanique seraient la fin de l’art, et de fait, la fin d’un monde vivant et musical.

Dans les années 1920, alors que la radiodiffusion émergeait, une industrie concurrente demanda son interdiction car elle rognait ses bénéfices. Les ventes de disques ont chuté de 75 millions de dollars en 1929 à 5 millions seulement 4 ans plus tard — une chute bien plus forte que ce que connaît actuellement l’industrie du disque. (à noter que la chute des bénéfices coïncide avec la crise de 1929) L’industrie du copyright a attaqué en justice les stations radio, et les entreprises de collecte ont commencé à récolter une part des bénéfices des stations sous couvert de frais de diffusion. Des lois ont proposé d’immuniser le nouveau médium de diffusion qu’était la radio contre les propriétaires des droits d’auteur, mais elles n’ont pas été votées.

Dans les années 1930, les films muets ont été supplantés par les films avec des pistes audio. Chaque cinéma employait jusque-là un orchestre pour jouer la musique accompagnant les films muets  ; désormais, ceux-ci étaient au chômage. Il est possible que cela fût le pire développement technologique pour les musiciens et interprètes professionnels. Leurs syndicats demandèrent des emplois garantis pour ces musiciens, sous différentes formes.

Dans les années 1940, l’industrie du cinéma s’est plainte de ce que la télévision entraînerait la mort du cinéma, alors que les recettes de l’industrie cinématographique avaient plongé de 120 millions de dollars à 31 millions en cinq ans. Une citation célèbre  : «  Pourquoi payer pour aller voir un film lorsque vous pouvez le regarder gratuitement chez vous  ?  »

En 1972, l’industrie du copyright a tenté d’interdire la photocopieuse. Cette campagne venait des éditeurs de livres et magazines. «  Le jour n’est peut-être pas loin où personne n’aura à acheter de livres.  »

Les années 1970 ont vu l’arrivée de la cassette audio, et c’est à cette période que l’industrie du copyright s’est acharnée à revendiquer son dû. Des publicités scandant «  L’enregistrement maison tue la musique  !  » étaient diffusées partout. Le groupe Dead Kennedys est connu pour y avoir répondu en changeant subtilement le message en «  L’enregistrement maison tue les profits de l’industrie musicale  », et «  Nous laissons cette face (de la cassette) vierge, pour que vous puissiez aider. »

Les années 1970 ont également été un autre tournant majeur, où les DJ et haut-parleurs ont commencé à prendre la place des orchestres de danse. Les syndicats et l’industrie du copyright sont devenus fous furieux et ont suggéré une «  taxe disco  » qui serait imposée aux lieux qui diffusent de la musique disco enregistrée, pour être collectée par des organisations privées sous mandat gouvernemental et redistribuées aux orchestres. Cela fait rire de bon cœur de nos jours, mais les rires tournent court lorsqu’on apprend que la taxe disco a réellement été créée, et existe toujours.

Les années 1980 sont un chapitre singulier avec l’apparition des enregistreurs sur cassettes. Depuis cette période, la célèbre citation du plus haut représentant de l’industrie du copyright prononcée au Congrès des États-Unis d’Amérique «  Le magnétoscope est aux producteurs et au public américain ce que l’Étrangleur de Boston est à la femme seule au foyer  » est entrée dans la légende. Malgré tout, il faut garder à l’esprit que l’affaire Sony-Betamax est allée jusqu’à la Cour suprème des Etats-Unis, et que le magnétoscope n’a jamais été aussi proche d’être écrasé par l’industrie du copyright  : l’équipe du Betamax a gagné l’affaire par 5 votes à 4.

Toujours à la fin des années 1980, nous avons assisté au flop complet de la Digital Audio Tape (DAT), principalement parce que l’industrie du copyright a été autorisée à orienter la conception en faveur de ses intérêts. Cette cassette, bien que techniquement supérieure à la cassette audio analogique, empêchait délibérément la copie de musique, à un point tel que le grand public la rejeta en bloc. C’est un exemple de technologie que l’industrie du copyright a réussi à tuer, bien que je doute que cela ait été intentionnel  : on a simplement exaucé leurs vœux sur le fonctionnement du matériel afin de ne pas perturber le statu-quo.

En 1994, la Fraunhofer-Gesellschaft publia un prototype d’implémentation de sa technique de codage numérique qui devait révolutionner l’audio numérique. Elle rendait possible des fichiers audio de qualité CD n’occupant qu’un dixième de cet espace, ce qui était très apprécié à cette époque où un disque dur typique ne faisait que quelques gigaoctets. Connu sous le nom technique de MPEG-1 Audio Layer III, il a rapidement été connu sous le nom de «  MP3  » dans la vie courante. L’industrie du copyright s’est encore plainte, le qualifiant de technologie ne pouvant être utilisée qu’à des fins criminelles. Le premier lecteur de MP3 à succès, le Diamond Rio, a vu le jour en 1998. Il avait 32 mégaoctets de mémoire. Malgré des bonnes ventes, l’industrie du copyright a attaqué son créateur, Diamond Multimedia, jusqu’à l’oubli  : alors que le procès était invalidé, l’entreprise ne s’est pas remise du fardeau de sa défense. Les avocats de ces industries ont agressivement tenté d’obtenir l’interdiction des lecteurs MP3.

À la fin du siècle, les apôtres du copyright firent pression en faveur d’une nouvelle loi aux États-Unis, le Digital Millennium Copyright Act (DMCA), qui aurait tué Internet et les média sociaux en introduisant la responsabilité de l’intermédiaire — tuant dans l’œuf les réseaux sociaux. C’est seulement avec de gros efforts que l’industrie technologique a évité le désastre en introduisant une «  responsabilité amoindrie  » qui protège les hébergeurs à condition que ceux-ci dénoncent les utilisateurs finaux sur demande. Internet et les media sociaux ont échappé de très peu au massacre opéré par l’industrie du copyright, et n’en sont pas encore pleinement remis.

Juste après le début du nouveau siècle, l’utilisation des enregistreurs numériques était considérée comme du vol car elle permettait d’éviter les coupures publicitaires (comme si personne ne faisait cela avant).

En 2003, l’industrie du copyright a tenté de s’immiscer dans le design de la HDTV, avec un «  broadcast flag  » (littéralement «  marqueur de diffusion  ») qui aurait rendu illégale la fabrication de matériel capable de copier des films ainsi marqués. Aux États-Unis, la FCC («  Federal Communications Commission  »  ? «  Commission fédérale des communications  ») a miraculeusement accédé à cette demande, mais le projet a été réduit en cendres par les juges, qui ont déclaré qu’elle avait outrepassé ses prérogatives.

Ce que nous avons là, c’est un siècle de mensonges, un siècle qui met au grand jour la culture interne propre à l’industrie du copyright. Chaque fois qu’une nouveauté est apparue, l’industrie du copyright a appris à pleurer comme un bébé affamé, et a presque à chaque fois réussi à faire en sorte que le législateur dirige vers elle l’argent du contribuable ou restreigne les industries concurrentes. Et à chaque fois que l’industrie du copyright réussit à le faire, ce comportement s’en est trouvé encore renforcé.

Il est plus que temps que l’industrie du copyright perde ses privilèges, chacune des redevances qu’elles perçoit et qu’elle soit expulsée de son nid douillet pour se mettre au boulot et apprendre à opérer sur un marché libre et équitable.
https://framablog.org/2011/12/08/industrie-copyright-mensonge/#rev-pnote-1207-1
Vu de… droite ? (Le Monde diplomatique, août 2012)
Wed Nov 23 19:56:26 2016
    « Nous avons changé. Par notre pratique d’abord. Dans nos textes ensuite. Notre déclaration de principe hier, notre projet aujourd’hui théorisent cette évolution que nous devons pleinement assumer. Oui, nous pensons que l’économie de marché constitue le moyen de production et d’échange le plus efficace. Non, nous ne croyons plus à une rupture avec le capitalisme. (…) Nous sommes conscients que le capitalisme borne notre horizon, pour la décennie à venir et sans doute pour bien longtemps encore. Mais nous sommes également décidés à en corriger les excès. »

    Pierre Mauroy, premier secrétaire du Parti socialiste, préface à Un nouvel horizon. Projet socialiste pour la France, Gallimard, Paris, 1992.

    « Concernant Maggie Thatcher, soyons honnêtes avec nous-mêmes : la gauche a eu tort de s’opposer à certaines des choses faites par la droite dans les années 1980. »

    Anthony Blair, Libération, Paris, 22 novembre 1999.

    « Auparavant, le socialisme était plus dur et étatiste, mais le socialisme démocratique a toujours accepté le marché qui, de fait, va de pair avec la démocratie. »

    Felipe González, congrès de l’Internationale socialiste, Buenos Aires, 25 juin 1999.

    « Il ne faut pas attendre tout de l’Etat ou du gouvernement. »

    Lionel Jospin, France 2, 13 septembre 1999.

    « Le point le plus vulnérable de la gauche — le plus fondamental — c’est qu’elle n’est pas de gauche ! Ce constat critique, secrètement partagé par de nombreux électeurs et sympathisants de gauche, exacerbe et désoriente la majorité [socialiste] en place. Seule la vérité fait mal. La gauche gouvernementale a mauvaise conscience. Elle sait pertinemment que sa gestion économique est sous la coupe de l’économie de marché et du capitalisme globalisé ; elle sait pertinemment qu’elle est dans l’incapacité d’offrir une alternative sérieuse. (…) Plus le nombre des privatisations augmente (France Télécom, Crédit lyonnais, Thomson, CIC, GAN, Aérospatiale, Air France…), plus la Bourse grimpe (près de 100 % en trois ans), plus les champs de la concurrence s’élargissent (télécommunications, énergie, secteurs bancaires, assurances), plus on nous explique que tout cela s’inscrit dans une dimension socialiste et humaniste. »

    François Fillon, Libération, 7 mars 2000, à propos du gouvernement dirigé par M. Jospin.

    « Quand j’entends Gerhard Schröder en Allemagne me parler de son projet de mettre fin aux indemnités des chômeurs de plus d’un an et Tony Blair me parler de la privatisation des hôpitaux, je ne me sens pas le moins à gauche des trois. »

    Jean-Pierre Raffarin, cité par Le Monde, 27 février 2004.

    « La social-démocratie, c’est l’acceptation du libéralisme échevelé avec, pour faire bonne mesure, quelques mots de regret. »

    Philippe Séguin, Acteurs de l’économie, no 49, Lyon, novembre 2004.

    « Après tout, ce que les socialistes anglais ont fait il y a dix ans, peut-être que la droite française peut le faire maintenant. »

    Nicolas Sarkozy, université d’été du Mouvement des entreprises de France (Medef), 30 août 2007
http://www.monde-diplomatique.fr/mav/124/A/51873
10 trucs que j’ignorais sur Internet et mon ordi (avant de m’y intéresser…) – Framablog
Wed Nov 23 16:58:07 2016

10 trucs que j’ignorais sur Internet et mon ordi (avant de m’y intéresser…)
par Pouhiou | Classé dans : Internet et société, Libres Cultures | 15
Disclaimer : Cet article est sous licence CC-0 car les petits bouts de savoir qu’il contient sont autant d’armes d’auto-défense numérique qu’il faut diffuser. En gros, j’espère vraiment que certains d’entre vous en feront un top youtube, une buzzfeederie, une BD, un truc que j’ai même pas encore imaginé, ce que vous voulez… Mais que vous ferez passer les messages.

1) Tu ne consultes pas une page Internet, tu la copies
Toute ressemblance avec les métaphores de Terry Pratchett n'est que pure admiration de ma part ;)
Toute ressemblance avec les métaphores de Terry Pratchett n’est que pure admiration de ma part ;)

Un site web, c’est pas une espèce de journal qu’on aurait mis dans le pays magique d’internet pour que ton navigateur aille le consulter comme tu consulterais le quotidien de ton jour de naissance à la médiathèque du coin.

Pour voir une page web, ton navigateur la copie sur ton ordi. Les textes, les images, les sons : tout ce que tu vois ou entends sur ton écran a été copié sur ton ordinateur (vilain pirate !)

Un ordinateur est un photocopieur dont la trieuse serait une méga fourmilière qui peut faire plein de trucs. La bonne nouvelle, c’est que copier permet de multiplier, que ça ne vole rien à personne, parce que si je te copie un fichier tu l’as toujours.

    La BD « Les Ordinateurs sont des cons » sur GriseBouille
    La chanson « Copier n’est pas voler » sur YouTube

2) Mon navigateur web ne cuisine pas la même page web que le tien.

Sérieux, imagine qu’une page web, c’est une recette de cuisine :

    Mettez un titre en gros, en gris et en gras.

    Réduisez l’image afin qu’elle fasse un quart de la colonne d’affichage, réservez.

    Placez le texte, agrémenté d’une jolie police, aligné à gauche, puis l’image à droite.

    Servez chaud.

Le navigateur web (Firefox, Chrome, Safari, Internet Explorer…), c’est le cuisinier. Il va télécharger les ingrédients, et suivre la recette. T’as déjà vu quand on donne la même recette avec les mêmes ingrédients à 4 cuisiniers différents ? Ben ouais, c’est comme dans Top Chef, ça fait 4 plats qui sont pas vraiment pareils.

Surtout quand les assiettes ne sont pas de la même taille (genre l’écran de ton téléphone et celui de ton ordi…) et que pour cuire l’un utilise le four et l’autre un micro-ondes (je te laisse trouver une correspondance métaphorique dans ton esprit, tu peux y arriver, je crois en toi :p !).

Bref : l’article que tu lis aura peu de chance d’avoir la même gueule pour toi et la personne à qui tu le feras passer ;)

    Préfère Firefox si t’as pas envie de filer tes données à Google-Chrome, Apple-Safari ou Microsoft-Edge
    Ou sinon Chromium c’est Chrome sans du Google dedans ;)

3) Le streaming n’existe pas

Nope. Le streaming, c’est du téléchargement qui s’efface au fur et à mesure. Parce qu’un ordinateur est une machine à copier.

Le streaming, c’est du téléchargement que tu ne peux (ou ne sais) pas récupérer, donc tu downloades une vidéo ou un son mais juste pour une seule fois, et si tu veux en profiter à nouveau, il faut encore les télécharger et donc encombrer les tuyaux d’internet.

Tu vois les précieux mégas du forfait data de ton téléphone qui te ruinent chaque mois ? Ce sont des textes, images sons, vidéos et informations qui viennent jusqu’à ton ordi (ordinateur ou ordiphone, hein, c’est pareil). La taille de ces mégas, c’est un peu les litres d’eau que tu récupères au robinet d’internet.

Regarder ou écouter deux fois le même truc en streaming, sur YouTube ou Soundcloud par exemple, c’est comme si tu prenais deux fois le même verre d’eau au robinet.

    Les meilleurs logiciels pour télécharger en pair-à-pair (et décongestionner les tuyaux d’internet)
    30 sites de torrents aux contenus libres et légaux (en anglais)

Le streaming (allégorie).
Le streaming (allégorie).
4) Quand tu regardes une page web, elle te regarde aussi.

Mon livre ne me dit pas de le sortir du tiroir de la table de nuit. Il ne sait pas où je suis lorsque je le lis, quand je m’arrête, quand je saute des pages ni vers quel chapitre, quand je le quitte et si c’est pour aller lire un autre livre.

Sur Internet, les tuyaux vont dans les deux sens. Une page web sait déjà plein de choses sur toi juste lorsque tu cliques dessus et la vois s’afficher. Elle sait où tu te trouves, parce qu’elle connaît l’adresse de la box internet à laquelle tu t’es connecté. Elle sait combien de temps tu restes. Quand est-ce que tu cliques sur une autre page du même site. Quand et où tu t’en vas.

Netflix, par exemple, est une application web, donc un site web hyper complexe, genre QI d’intello plus plus plus. Netflix sait quel type de film tu préfères voir lors de tes soirées d’insomnie. À partir de quel épisode tu accroches vraiment à la saison d’une série. Ils doivent même pouvoir déterminer quand tu fais ta pause pipi !

Ouaip : Internet te regarde juste pour pouvoir fonctionner, et souvent plus. Ne t’y trompe pas : il prend des notes sur toi.

    Pour équiper ton cuisinier-navigateur d’outils contre l’espionnage publicitaire, suis le guide !
    Surfe anonyme avec le navigateur Tor

5) Pas besoin d’un compte Facebook/Google/etc pour qu’ils aient un dossier sur toi.
Dès qu'on te parle de "service personnalisé" c'est qu'on te vend ça -_-...
Dès qu’on te parle de « service personnalisé » c’est qu’on te vend ça -_-…

Si Internet peut te regarder, ceux qui y gagnent le plus d’argent ont les moyens d’en profiter (logique : ils peuvent se payer les meilleurs spécialistes !)

Tu vois le petit bouton « like » (ou « tweet » ou « +1 » ou…) sur tous les articles web que tu lis ? Ces petits boutons sont des espions, des trous de serrures. Ils donnent à Facebook (ou Twitter ou Google ou…) toutes les infos sur toi dont on parlait juste au dessus. Si tu n’as pas de compte, qu’ils n’ont pas ton nom, ils mettront cela sur l’adresse de ta machine. Le pire, c’est que cela fonctionne aussi avec des choses que tu vois moins (les polices d’écriture fournies par Google et très utilisées par les sites, les framework javascript, les vidéos YouTube incrustées sur un blog…)

Une immense majorité de sites utilisent aussi « Google Analytics » pour analyser tes comportements et mieux savoir quelles pages web marchent bien et comment. Mais du coup, ces infos ne sont pas données qu’à la personne qui a fait le site web : Google les récupère au passage. Là où ça devient marrant, c’est quand on se demande qui décide qu’un site marche « bien » ? C’est quoi ce « bien » ? C’est bien pour qui… ?

Oui : avec le blog rank comme avec la YouTube money, Google décide souvent de comment nous devons créer nos contenus.

    Voici 98 choses que Facebook sait sur toi par Anguille sous Roche.
    Découvre les infos que Google a sur toi (compte Google nécessaire -_-…)

6) Un email est une carte postale

On a tendance à comparer les emails (et les SMS) à des lettres, le truc sous enveloppe. Sauf que non : c’est une carte postale. Tout le monde (la poste, le centre de tri, ceux qui gèrent le train ou l’avion, l’autre centre de tri, le facteur…), tous ces gens peuvent lire ton message. J’ai même des pros qui me disent que c’est carrément un poster affiché sur tous les murs de ces intermédiaires, puisque pour transiter par leurs ordis, ton email se… copie. Oui, même si c’est une photo de tes parties intimes…

Si tu veux une enveloppe, il faut chiffrer tes emails (ou tes sms).

Gamin, j’adorais déchiffrer les messages codés dans la page jeux du journal de Mickey. Y’avait une phrase faite d’étoiles, carrés, et autre symboles, et je devais deviner que l’étoile c’est la lettre A, le cœur la lettre B, etc. Lorsque j’avais trouvé toutes les correspondances c’était le sésame magique : j’avais trouvé la clé pour déchiffrer la phrase dans la mystérieuse bulle de Mickey.

Imagine la même chose version calculatrice boostée aux amphètes. C’est ça, le chiffrement. Une petit logiciel prend ton email/SMS, applique la clé des correspondances bizarres pour le chiffrer en un brouillard de symboles, et l’envoie à ton pote. Comme vos logiciels se sont déjà échangé les clés, ton pote peut le déchiffrer. Mais comme il est le seul à avoir la clé, lui seul peut le déchiffrer.

Ben ça, ça te fait une enveloppe en plomb que même le regard laser de Superman il peut pas passer au travers pour lire ta lettre.

    Comment chiffrer ses e-mails avec Open-PGP
    Comment chiffrer très simplement ses appels et SMS avec Signal

7) Le cloud, c’est l’ordinateur d’un autre.
Image de nos ami-e-s de la FSFe
Image de nos ami-e-s de la FSFe

Mettre sur le cloud ses fichiers (icloud), ses emails (gmail), ses outils (Office365)… c’est les mettre sur l’ordinateur d’Apple, de Google, de Microsoft.

Alors OK, on parle pas d’un petit PC qui prend la poussière, hein. On parle d’une grosse ferme de serveurs, de milliers d’ordinateurs qui chauffent tellement que des climatiseurs tournent à fond.

Mais c’est le même principe : un serveur, c’est un ordinateur-serviteur en mode Igor, qui est tout le temps allumé, qu’on a enchaîné au plus gros tuyau internet possible. Dès qu’on lui demande une page web, un fichier, un email, une application… on le fouette et il doit répondre au plus vite « Ouiiiiii, Mestre ! »

Tout le truc est de savoir si tu fais confiance aux Igors de savants fous dont le but est de devenir les plus riches et les maîtres du monde, ou au petit Igor du gentil nerd du coin… Voire si tu te paierais pas le luxe d’avoir ton propre Igor, ton propre serveur à la maison.

    Utilise les services de Dégooglisons Internet, les Igors de Framasoft…
    …encore mieux : trouve un gentil Igor près de chez toi avec les CHATONS…
    …encore plus mieux : crée ton propre Igor avec Yunohost / La Brique Internet !

 
8) Facebook est plus fort que ma volonté.
Moi, après quelques minutes de Facebook (allégorie.)
Moi, après quelques minutes de Facebook (allégorie.)

Ouais, je suis faible. J’ai, encore aujourd’hui, le réflexe « je clique sur facebook entre deux trucs à faire ». Ou Twitter. Ou Tumblr. Ou l’autre truc à la con, OSEF, c’est pareil.

Cinq minutes plus tard, je finis dans état de semi zombie, à scroller de la mollette en voyant mon mur défiler des informations devant mes yeux hypnotisés. Je finis par faire ce qu’on attend de moi : cliquer sur un titre putassier, liker, retwetter une notification et répondre à des trucs dont je n’aurais rien à foutre si une vague connaissance venait m’en parler dans un bar.

Ce n’est pas que je manque de volonté : c’est juste que Facebook (et ses collègues de bureau) m’ont bien étudié. Enfin, ils ont plus étudié l’humain que moi, mais pas de bol : j’en fais partie. Du coup ils ont construit leurs sites, leurs applications, etc. de façon à me piéger, à ce que je reste là (afin de bouffer leur pub), et à ce que j’y retourne.

Ces techniques de design qui hackent notre esprit (genre le « scroll infini », le « bandit manchot des notifications » et les « titres clickbait » dont je parle juste au dessus) sont volontaires, étudiées et documentées. Elles utilisent simplement des failles de notre esprit (subconscient, inconscient, biais cognitifs… je laisse les scientifiques définir tout cela) qui court-circuitent nos volontés. Ce n’est pas en croyant qu’on est maître de soi-même qu’on l’est vraiment. C’est souvent le contraire : le code fait la loi jusque dans nos esprits.

Bref, je suis faible, parce que je suis humain, et donc je suis pas le seul. Et ça, les géants du web l’ont bien compris.

    Comment est-ce que le code, c’est la loi.
    Un ex « Philosophe-produit » de chez Google explique comment des millions d’heures de nos vies nous sont volées
    Comment la technologie pirate l’esprit des gens, l’article originel en Anglais de Tristan Harris

9) Internet est ce que j’en ferai
Juste fais-le.
Juste fais-le.

Si je veux voir d’autres choses dans ma vie numérique, j’ai le choix : attendre que les autres le fassent jusqu’à ce que des toiles d’araignées collent mes phalanges aux touches de mon clavier, en mode squelette… ou bien je peux bouger mes doigts.

Alors ouais, j’ai pas appris à conduire en vingt heures de cours, j’ai raté plein de gâteaux avant de m’acheter les bons ustensiles et la première écharpe que j’ai faite avait pleins de trous. Mais aujourd’hui, je sais conduire, faire des pâtisseries pas dégueu et même me tricoter un pull.

Ben créer et diffuser des contenus sur Internet, c’est pareil, ça s’apprend. On trouve même facilement les infos et les outils sur Internet (dont des cours de tricot !).

Une fois qu’on sait, on peut proposer autre chose : c’est la mode des articles courts, creux et aux titres putassiers ? Tiens, et si je gardais le coup du titre pour faire un top, mais cette fois-ci dans un article blog long, dense, et condensant une tonne de sujets épars… ?

Oh, wait.

    Zeste de savoir, un site pour apprendre et partager de tout.
    OpenClassrooms, un site pour se former au numérique

10) C’est pas la fin du monde, juste le début.

Quand on voit à quel point on a perdu la maîtrise de l’informatique, de nos vies numériques, de notre capacité à simplement imaginer comment on pourrait faire autrement… y’a de quoi déprimer.

Mais avant que tu demandes à ce qu’on t’apporte une corde, une pierre et une rivière, regarde juste un truc : le numérique est une révolution toute jeune dans notre Histoire. C’est comme quand tu découvres le chocolat, le maquillage, ou une fucking nouvelle série qui déboîte : tu t’en fous plein la gueule.

Sociétalement, on vient de se gaver d’ordinateurs (jusqu’à en mettre dans nos poches, ouais, de vrais ordis avec option téléphone !) et de numérique, et là les plus gros marchands de chocolat/maquillage/séries se sont gavés sur notre dos en nous fourguant un truc sucré, gras et qui nous laisse parfois l’estomac au bord des lèvres.

Mais on commence tout juste, et il est encore temps d’apprendre à devenir gourmet, à savoir se maquiller avec finesse, et même à écrire une fan fiction autour de cette nouvelle série.

Il est temps de revenir vers une informatique-amie, à échelle humaine, vers un outil que l’on maîtrise nous ! (et pas l’inverse, parce que moi j’aime pas que mon lave-linge me donne des ordres, nanmého !)

Des gens plus intelligents et spécialistes que moi m’ont dit qu’avec le trio « logiciel libres + chiffrement + services décentralisés », on tenait une bonne piste. J’ai tendance à les croire, et si ça te botte, tu peux venir explorer cette voie avec nous. Cela ne nous empêchera pas d’en cheminer d’autres, ensemble et en même temps, car nous avons un vaste territoire à découvrir.

Alors, t’es prêt pour la terra incognita ?

    Lire Surveillance:// de Tristan Nitot
    Lire Numérique, reprendre le contrôle, ouvrage collectif chez Framabook
https://framablog.org/2016/11/23/10-trucs-que-jignorais-sur-internet-et-mon-ordi-avant-de-my-interesser/
Un président devait dire ça - Libération
Tue Nov 22 21:34:31 2016
 Un président devait dire ça
Par Philippe Caubère, Comédien — 20 novembre 2016 à 17:26 (mis à jour à 17:43)
Retransmission d'un discours de François Hollande à la préfecture de Tulle, en Corrèze, en janvier 2015. Photo Marc Chaumeil
Le livre «Un président ne devrait pas dire ça…» qui a provoqué tant de polémiques, est finalement la meilleure raison de voter pour François Hollande en 2017.

    Un président devait dire ça

Un livre a fait le «buzz» dans tous les journaux, les télévisions, sur tous les réseaux sociaux, celui que deux journalistes du Monde ont écrit à partir de conversations avec François Hollande. Il paraît, tout le monde l’a dit, écrit, que c’est une horreur, une honte, une ignominie. Un «suicide politique» ! Rien que ça. Poussé par la curiosité - et l’étonnement quand même - je l’ai lu. Passé le titre, irresponsable et racoleur, je ne l’ai plus lâché. Il est passionnant. Y est racontée en long, en large et en travers, et c’est ce qui en fait le prix, une utopie : celle de la social-démocratie.

Je suis «enfant» d’une autre : la révolutionnaire. J’ai longtemps, obstinément, soutenu Ligue communiste, NPA, PC et Jean-Luc Mélenchon. Et même longtemps après ce 21 avril 2002 où, comme des millions de Français, j’ai senti avec effroi que quelque chose craquait, basculait et nous faisait entrer dans un autre monde que celui que je connaissais depuis ma jeunesse soixante-huitarde. Je n’ai jamais été un «fan» des socialistes, même s’il m’est souvent arrivé, par raison, de voter pour eux.

Mais là, lisant ce livre, je n’ai plus rien compris. Où se nichaient le crime, l’indignité, la honte dont tous les échotiers, à longueur de journées, parlaient ? J’y lisais au contraire, au jour le jour, le quotidien peu enviable, effroyable, d’un homme essayant de concilier l’inconciliable : les lois de l’économie et celles de la société. Les contraintes horribles du marché avec celles, toutes aussi horribles, du niveau de vie des gens. Comment il échoue bien souvent, mais aussi, parfois, comment il y parvient. Et finalement assez souvent.

J’y voyais comment cet homme s’emploie, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, à assurer le «rang de la France» face aux pires conflits du monde, comment il s’y engage ou pas, plutôt souvent, mais de façon réfléchie et surtout réussie. Ce qui, tout de même, à notre époque de haine de la guerre, est une sorte d’exploit.Je le voyais, d’ailleurs, aussi, se faire lâcher au dernier moment par un Président des États-Unis d’Amérique, Barack Obama pour ne pas le nommer, à cause de qui, un peu, quand même, nous nous retrouvons aujourd’hui en plein cauchemar mondial ! Quels que soient l’admiration et même l’adoration que nous lui avons portées.

Eh bien, l’on voit cet homme, ici le nôtre, soit-disant moins «brillant», moins «charismatique», plus petit, oui, mais plus serré peut-être et plus concentré, s’interroger sur tout, écouter, réagir, ne faire l’impasse sur rien, être partout et partout à la fois, dans toutes les circonstances. Et surtout les pires, celles dans lesquelles s’est retrouvé, à deux reprises au moins, le pays tout entier.

Que lui reproche-t-on ? Des phrases sorties de leur contexte qui, comme toute formule isolée, peuvent être facilement exagérées et détournées. De trop parler. C’est vrai, ils le font s’expliquer, commenter. Alors, pour le confondre et l’accabler, «on» est allé chercher sur Google son petit De Gaulle illustré. «Rien ne rehausse l’autorité mieux que le silence» ou «l’autorité ne va pas sans le prestige, ni le prestige sans l’éloignement». Sauf qu’en passant, j’y lis aussi : «Il n’y a de réussite qu’à partir de la vérité» et «toujours le chef est seul en face du mauvais destin».

Ce qui, dans ce livre, crève les yeux. Mais de celui qui le lit. Qui ne se contente pas d’écouter et répéter comme un perroquet ce qu’en disent les autres, qui ne l’ont pas lu non plus. Quant à ce «silence» gaullien que chroniqueurs ou opposants lui reprochent à grands cris indignés de ne pas respecter, comment oublier qu’il fut aussi celui des Papon, Pasqua, Foccart et autres illustres figures, protégeant leur affairisme et leurs malversations ?

Et comment comparer ! Le pouvoir s’exerce aujourd’hui sur la place publique, ce qui en fait la difficulté, mais aussi, peut-être, la noblesse et la grandeur. Qu’un président de la République parle, s’exprime, dévoile en tout ou partie ses projets, ses motivations, parfois ses calculs, ou même des éléments de sa vie privée, ne me choque pas. Cela me semble inhérent à l’époque qui veut, qui exige la transparence et qui, de toute façon, l’impose. Aller au-devant d’elle, comme le fait dans ce livre François Hollande, en parlant le plus librement possible à ces deux journalistes, me paraît naturel, intelligent et nécessaire.

Que lui reproche-t-on encore ? Sa crédulité. Ah oui, il fait confiance. En quoi cette sincérité - quelque part cette pureté - serait-elle signe de faiblesse ? Il faut plus de force pour encaisser les déceptions, les trahisons, ou les erreurs tout simplement, à l’homme sincère, sensible, qu’au cynique revenu de tout. Savoir souffrir ne veut pas dire faiblir ou démériter. On vante beaucoup le «cuir» épais des politiques. Je respecte plus encore ceux qui n’ont pas perdu leur peau d’homme ou de femme et qui ne craignent pas les douleurs que flèches et brûlures leur infligent, comme aux chevaliers du Moyen Age, qui savaient serrer les dents. Etre dépourvu de malice, de roublardise ou de férocité ne me semble pas abîmer, ni déconsidérer la fonction.

Je n’aimais pas beaucoup François Mitterrand, même si je respecte l’homme d’Etat et ses divers talents. Je détestais le mépris qui suintait de son regard et de ses lèvres lorsqu’il parlait de ses adversaires ou de ce qui ne lui agréait pas. J’aime que François Hollande épargne son ancien (et peut-être prochain) adversaire en ne répétant pas les confidences que lui en aurait fait Chirac. Au fond, ce que l’on reproche à François Hollande, c’est sa vertu. Oui, c’est un Président vertueux. Là encore : en quoi serait-ce synonyme de faiblesse ou d’incapacité ? La vertu empêcherait-elle la lucidité, le caractère (De Gaulle encore : «Le caractère, vertu des temps difficiles»), le sang-froid, l’esprit de synthèse, la rapidité de réaction ou le sens du combat ?

On reproche tellement à son prédécesseur sa corruption, ses «affaires», sa «vulgarité», ses allures de truand (qui, moi, en revanche, m’ont toujours, je l’avoue, beaucoup amusé). Pourquoi lui reprocher à lui, de façon presque pire, l’inverse ? Je ne sais pas encore pour qui je vais voter. Si, pour rester fidèle à ma vieille jeunesse, ce sera encore pour Jean-Luc Mélenchon. Ou si, cette fois - et décidément après lecture de ce livre - pour l’actuel président. Mais je crois bien que plus ça va, plus je penche pour celui-là.

A qui, une dernière fois, l’on reproche quoi ? Ah oui : ses sondages ! Après ce qui vient de se passer aux Etats-Unis, comment continuer d’accorder à ça le moindre crédit ? Non, ce que je ne comprends pas dans cette histoire, c’est la gauche. Que les ennemis de François Hollande se roulent dans ce qu’ils estiment être - quelle mauvaise foi ! - la fange de ce livre, passe. C’est la loi de la guerre. Mais la gauche ! Les députés socialistes ou apparentés ! Qu’ont-ils à s’indigner, l’injurier, le lâcher, parler de «dégoût», de «honte» ou d’«indignité»…

Et passer, sans barguigner, du «Tout sauf Sarkozy» au «Tout sauf Hollande» ! Au secours…De deux choses l’une : ou ils sont cons. Ou pourris : c’est juste qu’ils veulent la place. Ils sont les deux alors, parce qu’ils vont la livrer à la facho ou à l’autre - charmant - agité. Vite, François Hollande, par pitié : sonnez la fin de la récré ! Et rajoutez un mot, un seul qui manque au livre : «J’y vais». Pour finir sur notre petit De Gaulle illustré, un rappel : «Délibérer est le fait de plusieurs, agir est le fait d’un seul.» Et un encouragement : «Le vent redresse l’arbre après l’avoir penché !»

Ce texte a été écrit le 13 novembre.
Philippe Caubère Comédien
http://www.liberation.fr/debats/2016/11/20/un-president-devait-dire-ca_1529717
La colère de Christine Angot après Nice: "Eh oh, la gauche, réveillez-vous" - leJDD.fr
Tue Nov 22 19:47:59 2016
La colère de Christine Angot après Nice: "Eh oh, la gauche, réveillez-vous"

L’écrivaine a vécu à Nice de 1985 à 1992. Elle a commencé à y écrire. L’auteure de Rendez-vous, actuellement au Festival d’Avignon, réagit après l’attentat de Nice : "Eh oh la gauche, réveillez-vous."
L'écrivaine Christine Angot raconte sa soirée de jeudi, entre l'horreur de Nice et le théâtre d'Avignon. Paru dans leJDD

L'écrivaine Christine Angot raconte sa soirée de jeudi, entre l'horreur de Nice et le théâtre d'Avignon. (Sipa)

"À l'heure où l'attentat de Nice s'est produit, Hollande était à Avignon, il venait de finir de dîner à l'Hôtel d'Europe, où certains artistes de l'édition du festival 2016 avaient été conviés, la satisfaction se lisait sur les visages du personnel et de la direction, les agents de sécurité gravissaient les escaliers, le doigt sur la couture du pantalon, jusqu'à 22 h 30. Ensuite, Hollande irait dans la Cour d'honneur, voir Les Damnés,  spectacle mis en scène par Ivo Van Hove d'après le film de Visconti, au sujet duquel la presse est unanime et le public conquis, à part un ou deux pisse-froid dont je fais partie.

Lire aussi : Les Damnés ou les saisissants nazis d’Ivo Van Hove à Avignon

Le président de la République française, à peine quelques minutes avant l'annonce des 84 morts de Nice, s'apprêtait à y assister, n'expliquait-il pas à sa ministre de la Culture il y a peu comment il fallait nous parler. Sortir tous les soirs, nous dire que c'est bien, que c'est beau, comme aux enfants, il est beau ton dessin, pas besoin de l'aimer, de le prendre au sérieux encore moins. Et… qu'on ne me dise pas que je parle de culture dans un moment pareil alors qu'on a autre chose à faire, car : eh oh la gauche, oui je suis même prête à reprendre leur slogan ridicule, eh oh la gauche, c'est là que ça se passe, dans la culture, c'est là que les messages entrent dans la conscience et n'en sortent plus qu'après un travail que la politique n'est plus capable de faire de toute façon.
"Pourquoi vous fermez les yeux?"

21 h 30, arrivée du Président dans le hall de l'hôtel. Je l'ai vu, je descendais les marches, je sortais. Il serre les mains des gens qu'il croise, Audrey Azoulay, derrière lui, sourit et serre les mains en disant combien elle est ravie. 21 h 45, début du dîner, en présence des invités culturels, on compte sur eux pour les votes, les prises de parole, les idées, et entretenir des espoirs quant aux nominations futures en cas de victoire. 22 h 25, fin du dîner. On avait précisé au personnel que tout devait être absolument terminé, dessert, café, avant 22 h 30, pas plus tard. Le Président s'apprête à rejoindre la Cour. Il fait froid depuis trois jours, la plupart des acteurs des Damnés jouent à moitié ou entièrement nus, même le public, qui est habillé, est frigorifié, mais fasciné, par le spectacle de cette famille de nazis, joué par la Comédie-Française, ponctué par la mort de ses membres, les uns après les autres, dont on recueille les cendres… Absolument, oui, les cendres, comme s'ils sortaient d'un four. Et à la fin, nous, le public, on se fait tirer dessus. À blanc. Mais le Président n'ira pas, il apprend que des gens à Nice se sont fait rouler dessus par un camion, puis mitrailler à balles réelles. Là, réunion dans un petit salon, photo vite fait avec le personnel de l'hôtel, départ pour Paris.

Mais, moi, je voulais juste dire une chose : Eh oh la gauche, réveillez-vous. Qu'est-ce que vous cherchez? Pourquoi vous fermez les yeux? Pourquoi vous trouvez formidable le spectacle d'une famille allemande nazie dont l'héritier tire à la kalachnikov sur le public français, par la troupe de la Comédie-Française, cet héritier, dont tout le spectacle vise à nuancer la culpabilité, par l'explication des drames qu'il a vécus, comme vous cherchez à nuancer celle des pauvres petits électeurs du FN qui souffriraient aussi, et celle de ces petits Français musulmans que la méchante société française n'a pas réussi à intégrer? Faut-il tirer sur cette société française? Tant pis pour elle, on lui tire dessus, allez, et allons-y, tirons sur cette bande de bobos de la Cour d'honneur.
"Apprenez à voir l'obscénité de certains discours y compris culturel"

Eh, oh, la gauche. Là, ça va. Réveillez-vous, arrêtez de vous laisser aveugler par des mises en scène au cordeau, d'une obscénité que vous n'êtes même plus capables de voir ni de condamner, obnubilés que vous êtes par la queue de Podalydès qui se vautre dans la bière comme si la transgression de la nudité vous empêchait de percevoir celle de la pensée. Incapables de condamner les damnés. Obsédés par votre devoir sécuritaire, le doigt sur la couture du pantalon que vous n'avez plus. Quel est le point commun entre cette famille de collabos nazie et celle des djihadistes? Le mal? La fascination? L'obscénité?

Quel est le point commun entre les spectateurs ravis qui se laissent tirer dessus à balles à blanc et ceux des journaux télévisés qui n'ont plus que leur émotion pour réagir, quand elle ne sera même plus là qu'est-ce qui va se passer, qu'est-ce qui va rester, et qu'est-ce qui apparaîtra? Réveillez-vous eh oh la gauche. Écoutez ce qui se passe. Et apprenez à voir l'obscénité de certains discours y compris culturels. Eh oh réveillez-vous la gauche la droite les journalistes les citoyens les spectateurs, réveillez-vous, regardez, écoutez ce qui se dit, comment pouvez-vous applaudir debout le personnage d'un nazi calqué sur une silhouette de djihadiste à mitraillette qui vous tire dessus comme si ce n'était qu'un pas de danse artistique? Comment? Ou alors applaudissez, mais ne venez pas pleurer quand les balles deviennent réelles, et que l'humiliation le devient aussi.

Dernier ouvrage paru : Un amour impossible, Flammarion, août 2015.
http://www.lejdd.fr/Societe/La-colere-de-Christine-Angot-apres-Nice-Eh-oh-la-gauche-reveillez-vous-797554
Donald - Libération
Tue Nov 22 19:35:50 2016
 Donald
Par Christine ANGOT — 18 novembre 2016 à 17:56

    Donald

Dans les heures qui ont suivi l’élection, quelques incidents ont eu lieu.

A Durham, dans la nuit, sur un mur d’environ deux mètres de haut, une inscription a été taguée : «Black lives don’t matter and neither does your vote.» «La vie des Noirs n’a pas d’importance, votre vote non plus.»

En Caroline du Nord, un membre LGBT a trouvé inscrit sur sa voiture : «Can’t wait until your "mariage" is overturned by a real president. Gay families = burn in hell. Trump 2016.» «Vivement que votre "mariage" soit annulé par un vrai président. Famille homosexuelle = brûle en enfer. Trump 2016.»

Dans le Minnesota, au collège Maple Grove, des étudiants ont inscrit dans les toilettes : «Fuck Niggers, White only, Make America Great Again.» «On encule les Nègres, Réservé aux Blancs, Rendons à l’Amérique sa grandeur.»

Dans le Delaware, quatre hommes blancs, qui parlaient de l’élection, ont abordé une jeune fille dans une station essence, lui ont dit qu’ils étaient contents de ne plus avoir à faire avec les Noirs, et l’un d’eux lui a dit «How scared are you, you black bitch ?» «Alors t’as peur hein, saleté de pute noire ?» Puis «I should just kill you right now, you’re just a waste of air.» «Je devrais te tuer tout de suite, tu gaspilles de l’air.» Elle s’est effondrée en larmes, sur le sol. Et un autre a pointé une arme sur elle en lui disant «You’re lucky there’s witnessesses or else I’d shoot you right here.» «T’as de la chance qu’il y ait des témoins sinon je t’aurais tiré dessus tout de suite.»

A l’université de Louisiane, une étudiante a été bousculée par deux hommes qui portaient une casquette Donald Trump, sur laquelle était inscrit «Make America Great Again», elle est tombée par terre. Ils lui ont donné des coups de pied, ils lui ont adressé des gestes obscènes, puis ils ont dérobé son portefeuille. A l’université de San Diego, une étudiante musulmane a été attaquée par deux hommes qui parlaient de Donald Trump et des musulmans, ils lui ont volé son sac à dos, son porte-monnaie, ses clés de voiture, puis ils sont partis avec sa voiture.

Dans le Colorado, à Greeley, une jeune fille hispanique est arrivée dans sa classe, elle a été accueillie par des élèves qui lui criaient «You’re still there !» «T’es encore là !» Et ils ont crié sur ses pas pendant qu’elle faisait demi-tour «Trump 2016. Build the wall.» «Trump 2016. Construisons le mur.» Elle a dit que de sa vie elle n’avait jamais éprouvé une telle honte ni une telle colère.

A l’université de Louisiane, à Lafayette, une étudiante musulmane, qui marchait en ville, a été agressée par deux hommes blancs, dont l’un portait une casquette de baseball marquée «Trump», ils sortaient d’un immeuble, ils l’ont frappée avec un objet en métal, elle est tombée, ils ont continué à la taper en lui adressant des commentaires obscènes, puis ils lui ont arraché son voile et son portefeuille.

Au Texas, à Baylor University, une étudiante rentrait chez elle, à pied, elle marchait sur le trottoir, un homme l’a poussée pour qu’elle en descende, et il lui a dit «No Niggers allowed on the pavement.» «Trottoir interdit aux Noirs.» Elle était tellement choquée qu’elle n’a rien répondu.

Dans l’Indiana, à Bloomington, une femme noire a été insultée par des hommes blancs qui étaient dans un camion, ils ont accéléré dans sa direction, et ils ont crié par la vitre «Fuck you nigger bitch.» «Va te faire foutre sale pute noire.» Puis ils lui ont dit «Trump is going to deport you to Africa.» «Trump va te déporter en Afrique.» En trente-trois ans, elle a dit que c’était la première fois qu’elle faisait l’objet d’un racisme aussi flagrant.

A Bloomingdale, en Floride, une femme faisait son jogging, un passant lui a crié «Go back to Africa.» «Retourne en Afrique.»

Dans une école du Minnesota, un graffiti disait «Fuck Niggers - Whites only - White America - Trump». «On encule les Nègres/Réservé aux Blancs / Amérique blanche /Trump».

Tout ça n’empêche pas qu’en France les gens de droite nous disent que cette élection est logique, salutaire, voilà ce qui arrive quand on va trop loin dans le politiquement correct, et les gens de gauche qu’il fallait s’y attendre, que voilà ce qui arrive quand on n’entend pas la souffrance des déclassés. Ils nous disent, les uns comme les autres, qu’il faut respecter la force qui émane de la haine et de la bêtise, qu’il ne faut pas trop la titiller ni la contrarier, que sinon il ne faudra pas venir jouer les étonnés. Ils nous disent qu’il faut s’aplatir devant la bassesse et la flatter. Qu’elle représente une force, et que comme devant toutes les forces il faut plier. Et à l’adresse de ceux qui ne veulent pas plier ils ont une insulte toute trouvée «Fuck l’élite».

Cette chronique est assurée en alternance par Christine Angot, Thomas Clerc, Camille Laurens et Sylvain Prudhomme.
Christine ANGOT
http://www.liberation.fr/debats/2016/11/18/donald_1529378
Accélérer Mozilla Firefox | malekal's site
Sat Nov 19 12:52:50 2016
http://www.malekal.com/accelerer-mozilla-firefox/
Installer la version UEFI de Windows 7, 8 ou 10 - Le Crabe Info
Sat Nov 19 11:55:18 2016
http://lecrabeinfo.net/installer-version-uefi-de-windows-7-8-10.html
InfluX
Thu Nov 17 13:58:28 2016
Génial
http://www.la-secte.fr/influx/age.html
Brain Magazine - Brainorama - Je veux être ton chien
Thu Nov 17 13:57:18 2016
I wanna be your dog
http://www.brain-magazine.fr/article/brainorama/33614-Je-veux-etre-ton-chien
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