Rappeneau a vu, enfant, le pays basculer vers le Sud, fuyant en une ahurissante débâcle l'occupant qui entrait dans Paris. Il s'en est souvenu et a retrouvé, du même coup, le jaillissement de ses débuts, quand il inventait, avec La Vie de château, cette légèreté minutieuse et élégante qui serait son style.
Juin 1940. Pendant quelques jours, le Tout-Paris politico-affairisto-mondain se déverse en vrac à Bordeaux. Un grand dadais séduisant y débarque, sur les traces d'une actrice célèbre qu'il a aimée quand elle était inconnue (Isabelle Adjani). Il croise bientôt une jolie étudiante qui va faire dévier sa trajectoire. Plus un ministre opportuniste, un petit voyou en cavale et quelques autres spécimens d'humanité plus ou moins recommandables. L'action passe, ici, par une arborescence d'aventures incessantes où chacun court après quelque chose ou quelqu'un. Pas de répit. Rappeneau bat et rebat les cartes de son jeu avec virtuosité. Le rythme, qui est tout pour ce cinéaste perfectionniste, crée l'urgence.
C'est le charme de cette fresque en mouvement où, sur le ton de la comédie, des choses graves sont dites sur la débâcle des esprits.