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Zythom: Terminologie
Mon Oct 23 16:58:50 2017
 Terminologie
J'ai été élevé dans l'amour de la langue française, et dans sa théurgie opératoire qu'est la dictée. Les années ont passé, et avec elles, ma maîtrise de l'orthographe et de la grammaire.

C'est pourquoi, lorsque j'ai publié ce blog sous forme de livres gratuits (sans DRM), j'ai demandé de l'aide auprès de ma mère institutrice.

Un jour, en installant un dictionnaire sous LibreOffice, j'ai vu apparaître une version "réforme de 1990". Je me suis renseigné (essentiellement sur cette page), et depuis le tome 2 (paru en 2012), j'essaye de tenir compte de l'évolution de la langue française.

Mais les pièges sont nombreux et il m'est souvent difficile d'éviter une cacographie, surtout en travaillant dans le domaine de l'informatique : doit-on dire "la wifi" ou "le wifi", faut-il reprendre quelqu'un qui parle de "cryptage" quand il ne parle pas de mise en crypte ?

Je vais prendre l'exemple qui me parle le plus : l'utilisation du mot "digital". Dans mon souvenir, la première fois où j'ai vu ce mot mal utilisé, c'était sur une affiche publicitaire "Orange - La Révolution Digitale". J'étais stupéfait de voir une énormité pareille s'étaler en 4x3.

J'écris ceci pour ma mémoire et celle de mes (petits)enfants. J'ai connu une époque où le mot "digital" était simplement un adjectif associé au substantif doigt (exemple : empreinte digitale). C'est également un mot anglais qui signifie : "Digital usually refers to something using digits, particularly binary digits."

Et comme tout le monde le sait, "digits" se sont les chiffres. Ça vient d'ailleurs du latin "digitus", qui veut dire "doigt".

Mais alors, "révolution digitale", ça veut dire "révolution des doigts" ?
Oui.

Mais on compte bien sur les doigts ?
Oui.

D'ailleurs les anglais utilisent le même mot "digit" pour doigt et chiffre.
Oui.

Finalement, "révolution digitale", c'est la révolution des chiffres ?
Moui.

Et aujourd'hui, les chiffres, on les manipule surtout avec des ordinateurs ?
Mmmmoui

Alors, "révolution digitale" et "révolution numérique", c'est pareil, non ?
Rrrrrhaaaaaaaa

Et donc l'univers marketing s'est emparé de l'univers numérique pour en faire un univers digital, parce que, Coco, l'angliche, ça sonne mieux. Au début, ça fait un peu mal, mais après ça glisse (tiiiitre!).

Les années ont passé, et maintenant, c'est moi qui passe pour un vieux con au boulot parce que j'ai osé faire une remarque sur le sujet à quelqu'un. Ça m'a quand même fait réfléchir : est-ce un combat qui vaille la peine d'être mené ?

J'ai pesé le pour et le contre. J'ai eu un flash sur les grammar nazis, ceux qui interviennent dans une conversation pour corriger une typo... Je me suis vu en train de rager à chaque fois que quelqu'un utilise le mot digital en lieu et place de numérique. Je me suis dit que c'était de l'énervement mal placé, qu'il fallait que je sois au dessus de ça pour me concentrer sur le contenu, plus que sur la forme.

Donc, je suis en train d'apprendre à accepter l'utilisation du mot "digital" imposée par le marketing. Il me reste à accepter "au jour d'aujourd'hui", "cryptage", "darkweb", "malgré que", "autant pour moi" et tant d'autres. Il en va de ma plasticité synaptique autant que de ma tranquillité d'esprit.

Vous pouvez réviser votre goétie et me faire part de votre désapprobation en commentaire ;-)
https://zythom.blogspot.fr/2017/10/terminologie.html
Deployment Research > Research
Fri Oct 20 16:01:06 2017
https://deploymentresearch.com/Research/Post/654/Building-a-Windows-10-v1709-reference-image-using-MDT
Windows Insider : télécharger et installer Windows 10 Insider Preview – Le Crabe Info
Wed Oct 18 23:37:14 2017
https://lecrabeinfo.net/windows-insider-telecharger-iso-installer-windows-10-insider-preview-beta-build-slow-fast-ring-skip-ahead.html
« Assistés », « profiteurs », « paresseux »… en finir avec les clichés sur les pauvres
Tue Oct 17 15:26:37 2017
Un président de la République qui dénonce les « fainéants », un dirigeant des Républicains qui fustige le « cancer de l’assistanat », des aides sociales rabotées parce qu’on ne va pas « pleurer pour 5 euros »… le personnel politique n’est pas le dernier à véhiculer des caricatures des personnes en situation de pauvreté — qui concerne un Français sur sept, selon l’Insee.

A l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, mardi 17 octobre, nous avons rassemblé des clichés et idées reçues sur la pauvreté, dont certains ont déjà été évoqués dans de précédents articles du Monde ou des Décodeurs. Cette série, loin d’être exhaustive, s’inspire aussi du travail acompli par l’association ATD Quart Monde.
Idée reçue n° 1 : « Les pauvres profitent du système »
FAUX

Les aides sociales sont un mécanisme de solidarité destiné à porter assistance aux personnes en situation de pauvreté, de dépendance ou de handicap… à condition qu’elles atteignent les personnes concernées.

Si des responsables politiques, tel Laurent Wauquiez, dénoncent le « cancer de l’assistanat » ou la fraude aux allocations (qui existe, mais reste limitée, voir idée reçue no 3), la puissance publique s’inquiète plutôt du phénomène inverse : le non-recours aux prestations sociales. Comme le résume un rapport d’information de l’Assemblée nationale, « à quoi bon des organismes de protection sociale s’ils ne parviennent pas à venir en aide à ceux qui en ont besoin ? » Ce non-recours peut être lié à l’ignorance des aides existantes, à la difficulté pour la recevoir (démarches complexes) ou même au choix de ne pas le demander, parfois de crainte d’être stigmatisé.

L’Observatoire des non-recours (Odenore) avait publié en 2011 une étude montrant que 50 % des personnes éligibles au revenu de solidarité active (RSA) ne le touchaient pas. Ce taux atteignait 68 % pour le tarif « première nécessité électricité » d’EDF ; entre 50 % et 70 % pour la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) ; 70 % pour l’aide au paiement d’une complémentaire santé (ACS). Soit plus de 10 milliards d’euros non réclamés.

Une étude plus récente menée dans deux départements français publie des estimations de 36 % de non-recours au RSA, et entre 21 % et 34 % pour la CMU-C.

Cet article fait partie d’une série d’idées reçues sur la pauvreté, inspirée notamment du travail d’ATD Quart Monde.
Idée reçue n° 2 : « Les pauvres sont mieux soignés que les autres grâce à la CMU et à l’AME »
FAUX

En 2016, plus d’un quart des assurés sociaux (26,5 %) ont renoncé à se faire soigner, en particulier pour les dents ou les yeux, selon une enquête de l’Observatoire des non-recours (Odenore). Les premières raisons invoquées sont un « reste à charge » trop élevé (ce qu’il reste à payer après la Sécurité sociale) ou l’impossibilité d’avancer les frais. Ces chiffres s’expliquent également par le taux élevé de non-recours à la couverture maladie universelle (CMU, actuellement remplacée par la protection universelle maladie, ou PUMA) ou à l’aide à la complémentaire santé.

L’Assurance-maladie s’inquiète de cette situation, qui dégrade l’état de santé des personnes concernées et pourrait générer à terme des dépenses supplémentaires pour toute la collectivité. L’organisme a même lancé des opérations spécifiques contre le renoncement aux soins.

Quant à l’aide médicale d’Etat (AME), elle est réservée aux étrangers sans papiers, pour un nombre restreint de soins (en particulier vaccin, accouchement, lutte contre le VIH ou la tuberculose). Son coût est régulièrement dénoncé par la droite et l’extrême droite, mais sa suppression risquerait d’augmenter la propagation des affections contagieuses.

Lire aussi :   Idées reçues sur les migrants (3/6) : « Ils viennent en France pour se faire soigner »

Cet article fait partie d’une série d’idées reçues sur la pauvreté, inspirée notamment du travail d’ATD Quart Monde.
Idée reçue n° 3 : « La fraude aux prestations sociales est massive »
PLUS COMPLIQUÉ

Les prestations versées sous conditions de revenus peuvent être détournées par de mauvaises déclarations des revenus ou de la situation familiale. L’ensemble des fraudes constatées par la branche famille de la Sécurité sociale (intentionnelles ou non) atteignait 248 millions d’euros en 2015, dont 62 % concernent le RSA et 21 % les aides au logement, selon le Comité national de lutte contre la fraude. Ces montants ne sont pas négligeables, mais restent minimes par rapport aux dépenses globales : 12,9 milliards d’euros versés pour le RSA et 13,2 milliards pour les APL en 2015.

Les chiffres augmentent chaque année, sous l’effet de meilleurs contrôles. La fraude détectée par la Sécurité sociale est ainsi passée de 482 millions d’euros en 2011 à plus d’un milliard d’euros en 2015, dont seulement 60 % pour les prestations.

Ces montants sont toutefois sans commune mesure avec ceux de la fraude fiscale : en 2015, les opérations de la direction générale des finances publiques ont permis de « rectifier » 21,2 milliards d’euros, dont 12,2 milliards ont été encaissés. La cellule mise en place par Bercy pour rapatrier les avoirs des particuliers à l’étranger a permis à elle seule de récupérer 2,85 milliards d’euros. Les fraudes aux taxes douanières ont aussi atteint une somme record de 377 millions d’euros.

Cet article fait partie d’une série d’idées reçues sur la pauvreté, inspirée notamment du travail d’ATD Quart Monde.
Idée reçue n° 4 : « On vit mieux en cumulant le RSA et les allocations qu’en travaillant au smic »
FAUX

S’il existe une catégorie inquiétante de travailleurs pauvres qui peinent à joindre les deux bouts, avoir un emploi reste toujours plus avantageux que de toucher les minima sociaux. Le smic net mensuel s’établit à près de 1 150 euros, soit deux fois plus que le montant du RSA pour une personne seule (545 euros).

L’association ATD Quart Monde rappelle que la plupart des prestations sociales (APL, allocations familiales, tarifs sociaux du gaz et de l’électricité) continuent à être versées aux personnes gagnant le smic. Elle a réalisé plusieurs simulations en 2016, avec différentes configurations familiales. Résultat, les écarts de revenus entre travailleurs au smic et bénéficiaires du RSA sont au minimum de 300 euros par mois pour un célibataire et peuvent atteindre près de 700 euros pour un couple avec deux enfants.

Par ailleurs, pour éviter l’effet de seuil, les personnes qui travaillent à temps partiel ou qui gagnent moins de 1,3 smic peuvent voir les revenus de leur travail complétés par la prime d’activité.

Cet article fait partie d’une série d’idées reçues sur la pauvreté, inspirée notamment du travail d’ATD Quart Monde.
Idée reçue n° 5 : « Quand on cherche vraiment du travail, on en trouve »
FAUX

Les responsables politiques déplorent régulièrement la quantité d’emplois non pourvus en France : 350 000, selon François Rebsamen en 2014 ; 600 000, selon Jean-Christophe Lagarde en 2017. Sans compter les « 1,7 million d’intentions d’embauche » évoqués en 2015 par Pôle emploi. Qu’attendent donc les chômeurs pour occuper tous ces postes vacants ?

La réalité n’est pas si simple : en premier lieu, les intentions d’embauche sont des déclarations, qui reflètent les aspirations des entreprises mais pas des postes réellement à pourvoir. Quant aux emplois non pourvus, il s’agit de la photographie à un instant donné d’un flux qui agrège des emplois vacants depuis longtemps et d’autres qui sont disponibles seulement quelques jours. Parmi ces emplois, une grande partie peut être retirée ou pourvue en interne. Enfin, les qualifications et la situation géographique ne correspondent pas toujours au profil des demandeurs d’emploi. Toutes ces considérations permettent de relativiser l’idée d’un vivier d’emplois disponibles.

Et dans tous les cas, les chiffres avancés sont loin de répondre au problème structurel du chômage de masse : 3,5 millions de personnes n’ont aucun emploi et plus de 2 millions de salariés exerçaient une activité réduite en France à la fin d’août 2017.

Cet article fait partie d’une série d’idées reçues sur la pauvreté, inspirée notamment du travail d’ATD Quart Monde.
Idée reçue n° 6 : « Les pauvres s’en sortent bien, parce qu’ils paient tout moins cher »
FAUX

Si les personnes à faibles ressources peuvent avoir des tarifs réduits sur certaines prestations liées à l’Etat ou aux collectivités (EDF, transport en commun, cantine ou garde d’enfant, entrée dans les musées, etc.), elles paient plus cher que la moyenne pour d’autres biens et services du secteur privé. Le surcoût peut atteindre entre 3 % pour les assurances et 20 % pour les prêts à la consommation, selon une étude du Boston Consulting Group, reprise dans un rapport du Sénat. L’achat en petite quantité fait augmenter les prix unitaires, par exemple dans la téléphonie, où il peut revenir jusqu’à 30 % plus cher d’utiliser des cartes prépayées plutôt qu’un forfait mensuel. Le logement suit également cette logique, puisque les prix au mètre carré sont plus élevés pour les petites surfaces.

Ce paradoxe est qualifié par les chercheurs de « pénalité de pauvreté » ou « double peine de la pauvreté ».
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/10/17/assistes-profiteurs-paresseux-en-finir-avec-les-cliches-sur-les-pauvres_5201892_4355770.html
Inter-file mon amour – Carnet de notes
Tue Oct 17 14:39:04 2017
Inter-file mon amour

Vous voyez souvent des motos et scooters naviguer au milieu d’une file de circulation vous ? Moi jamais ou presque (ça arrive, mais uniquement quand il n’y a pas de voiture à proximité).

Dans le meilleur des cas je les vois entre les files ou sur un côté de la route en parallèle des voitures, parfois même sur la ligne blanche entre les deux voies de circulation. *

Les motards avec qui j’en discute me disent tous avec assurance que c’est pour leur sécurité, et que c’est même ce qu’on leur apprend lors du permis. *

Vous savez quoi ? C’est interdit. Pas même toléré : IN-TER-DIT. Un deux-roues motorisé circule dans une file de circulation, au même que les autres véhicules motorisés.

Bon, en réalité il y a une expérimentation en cours mais :

    Depuis moins de deux ans seulement
    Dans 11 départements seulement
    Uniquement en cas de ralentissement / congestion
    Uniquement sur des doubles voies avec terre plein central
    Uniquement entre deux files de circulation allant dans le même sens
    En se limitant à 50 km/h maximum
    Jamais en ville

Ces conditions sont cumulatives.  Ça limite hein ?

Autant dire qu’en dehors des bouchons sur voie express et autoroute, 99.99% des inter-files sont contraires au code de la route… et dangereuses vu qu’une voiture n’est pas censée prévoir de la circulation à cet endroit.
https://n.survol.fr/n/inter-file-mon-amour
Kelyos Conseil - Informatique et Internet - Plus d'informations
Tue Oct 17 14:34:58 2017
L'informatique c'est un métier très sérieux.
Mais 'sérieux' doit-il obligatoirement rimer avec 'tristesse' ?

« Un consultant, c'est quelqu'un qui apprend aux autres ce qu'il ne sait pas lui-même faire. »
« Un consultant, c'est quelqu'un à qui on montre au moins trois fois ce qu'il faut faire avant de le faire soi-même. »
« Un consultant, c'est quelqu'un qui prend votre montre, vous donne l'heure et garde votre montre. »

Si jamais vous êtes vraiment convaincu de la justesse d'au moins une des trois boutades ci-dessus, sachez alors qu'il existe là aussi et heureusement des exceptions qui confirment les règles et que je me targue d'en faire partie.


Cela dit, si vous aimez rire sur le dos des consultants (certains ne s'en lassent pas), voici encore deux bons moyens :

Le berger et le consultant
Un berger est en train de surveiller son troupeau dans un paturâge isolé lorsque, dans un nuage de poussière, apparaît soudain une BMW dernier modèle.
Le conducteur, qui est un jeune homme portant un costume Gucci, des chaussures Mephisto, des lunettes de soleil Ray Ban et une cravate Yves Saint-Laurent, se penche à la fenêtre et demande au berger :
"Si je vous dis avec exactitude combien de moutons contient votre troupeau, est-ce que vous m'en donnez un ?"
Le berger regarde le bonhomme, un jeune cadre ambitieux, sans aucun doute, puis il regarde son troupeau qui broute paisiblement et il répond calmement : "C'est d'accord !".
Le yuppie arrête le moteur de sa voiture, sort son ordinateur portable IBM Thinkpad, le relie à son téléphone mobile, se connecte à Internet, va sur une page web de la NASA d'où il contacte un satellite GPS grâce auquel il analyse la zone dans laquelle il se trouve et transfère de nombreuses informations dans une base de données qu'il analyse avec des formules complexes dans Excel. Il envoie alors un email depuis son Blackberry et, au bout de quelques minutes, reçoit une réponse. Il sort alors un rapport de 130 pages sur son imprimante miniature autonome et se tourne enfin vers le berger auquel il dit : "Vous avez exactement 1586 moutons".
"Vous avez parfaitement raison, prenez un de mes moutons" dit le berger.
Le jeune homme se promène alors au milieu du troupeau, sélectionne avec soin son animal et le ramène pour le mettre dans sa voiture.
Le berger ajoute alors : "Et si je vous dis avec exactitude quel est votre métier, est-ce que vous me rendez mon animal ?"
"Pourquoi pas ?" répond ce cadre un peu étonné par la demande, mais sûr de lui.
"Vous êtes incontestablement un consultant" dit le berger.
"Effectivement !" dit le yuppie "Mais comment l'avez-vous deviné ?"
"Je n'ai pas eu besoin de deviner !" répond le berger "Vous êtes arrivé ici alors que personne ne vous a appelé, vous voulez être payé pour me fournir une information que je ne vous ai jamais demandée et que je connais déjà, et tout ça alors que vous ne connaissez strictement rien à mon métier.
Alors maintenant, rendez-moi mon chien et fichez le camp !"
http://www.kelyos.fr/plus.php
L’avocat qui donne la parole aux étudiants de Seine-Saint-Denis
Wed Oct 11 22:19:40 2017
http://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2016/12/24/l-avocat-qui-donne-la-parole-aux-etudiants-de-seine-saint-denis_5053684_4500055.html
Vous avez dit «islamisme» ? - Libération
Tue Oct 10 10:49:25 2017
 Vous avez dit «islamisme» ?
Par Frantz Durupt — 9 octobre 2017 à 17:43
Montpellier, le 7 mai 2015. Photo Nanda Gonzague
Après avoir longtemps été synonyme d'«islam», le mot «islamisme» a été conceptualisé par plusieurs universitaires français dans les années 1970 et 80, sans que cela aboutisse à une définition stable. Mais les médias et les politiques s'en sont emparés sans tenir compte de cette incertitude, contribuant à la création d'amalgames.

    Vous avez dit «islamisme» ?

Qu’est-ce que l’islamisme ? Posée en 2017, la question peut paraître étrange. Pourtant, ce que ce mot recouvre n’a jamais fait consensus. Certains utilisent le terme pour désigner aussi bien les Frères musulmans que le salafisme quiétiste, l’organisation terroriste Etat islamique que le Collectif contre l’islamophobie en France. Pour d’autres, le flou qui demeure attaché au mot ne peut que contribuer à perpétuer des amalgames islamophobes.

A lire aussi «Islamo-fascisme», «déséquilibrés» : face au terrorisme, des accusations de déni infondées

Un dictionnaire comme Le Robert fait remonter l’apparition du mot «islamisme» dans la langue française à l’année 1697 et en propose deux définitions : 1/ «Religion musulmane» (il renvoie alors à «islam» et «mahométisme», mot dont il précise qu’il est daté) et 2/ «Mouvement politique et religieux prônant l’expansion ou le respect de l’islam». A Libération, le lexicographe Edouard Trouillez, qui travaille aux dictionnaires Le Robert, explique que c’est en 1993 qu’a été ajouté le deuxième sens. Cet ajout «a été motivé par l’observation de ce nouvel emploi dans les médias».

Reprenons. A la fin du XIXe siècle, l’écrivain Ernest Renan emploie aussi bien «islam» qu’«islamisme», chacun désignant la religion musulmane (qu’il abhorre), dans un texte intitulé «L’islamisme et la science». Un siècle plus tard, un groupe d’universitaires français va s’emparer du mot pour lui donner d’autres sens. Trentenaires ou proches de l’être, ces chercheurs travaillent, au tout début des années 1980, en Afrique du Nord. Tous partagent un mentor : Rémi Leveau (1932-2005), qui a mis en place à Sciences Po un programme doctoral sur le monde arabe. Son idée est d’étudier l’islam sous l’angle des sciences sociales, donc comme un fait social, à rebours des orientalistes, qui ont tenté de comprendre cette religion par la lecture et l’interprétation de ses textes sacrés.
Une paternité disputée

Certains des universitaires travaillant avec Rémi Leveau feront une carrière sous les projecteurs médiatiques : c’est notamment le cas de Gilles Kepel, Olivier Roy ou encore François Burgat, dont les querelles sont notoires. «Nous sommes une bonne vingtaine à lui devoir sinon notre carrière, du moins un soutien dans notre carrière», dit aujourd’hui Olivier Roy. La paternité du terme «islamisme» pourrait elle-même faire partie des querelles. Ainsi, Gilles Kepel revendique auprès de Libération avoir «mis le mot en circulation» en 1983, année où il a soutenu à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) une thèse intitulée «Les mouvements islamistes dans l’Égypte de Anouar al-Sadate». Par l’emploi de l’expression «mouvements islamistes», il s’agissait alors, dit-il, «de rendre une expression arabe, "al-haraka al-islamiya"». «C’était le terme utilisé par les militants qui voulaient faire de l’islam le mode d’organisation politique de la société. En ce sens, ils se distinguaient du reste des musulmans, qui a priori n’avaient pas explicitement cet objectif. Littéralement traduit, "al-haraka al-islamiya" veut dire "mouvement islamique".» Kepel explique avoir choisi de remplacer le «-ique» d’«islamique» par un «-iste» pour «distinguer, dans l’usage français», ce qui était simplement musulman de ce qui relevait des ambitions politiques de certains mouvements, comme les Frères musulmans.

A lire aussi Frères musulmans : les faits derrière les fables

Il nous l’a dit : Kepel n’ignore pas que cette paternité lui «sera disputée». De fait, s’il estime que c’est son livre le Prophète et pharaon - les Mouvements islamistes dans l’Egypte contemporaine, paru en 1984, qui a popularisé l’expression grâce à son sous-titre, il cite lui-même un prédécesseur, nettement moins médiatisé que lui : Jean-François Clément. Plus âgé (il a aujourd’hui 75 ans), Jean-François Clément a quitté en 1990 les études sur l’islam pour rejoindre l’ICN Business School de Nancy, en Meurthe-et-Moselle. Alors qu’il était professeur à l’université de lettres de Rabat, au Maroc, il raconte à Libé avoir observé, à partir de 1968, une suite d’événements qui l’ont frappé. Au premier rang de ces événements figure, en 1975, l’assassinat du syndicaliste marocain Omar Benjelloum par la chabiba islamiya («jeunesse islamique»). Aux yeux de Clément, ce groupe marque une rupture par rapport à ses prédécesseurs : «Avant, on tuait au nom du nationalisme, pas pour des raisons religieuses. Là, il s’agissait explicitement d’éliminer quelqu’un qui n’était plus membre de la "oumma"» (mot qui désigne la communauté des musulmans).
«A l’époque, il n’y avait pas d’ambiguïté»

Pour nommer cette «rupture», qui se manifestera aussi en Egypte et en Iran, Jean-François Clément cherche un mot. «Je me suis dit "on ne va pas créer un mot, on va prendre un mot disparu dans la langue française". J’ai cherché. Il n’était pas question de reprendre "mahométisme", car cela désigne l’islam comme la religion de Mahomet. Or, ce n’est pas ce que l’islam est du point de vue des musulmans, mais du point de vue des chrétiens.» Il choisira donc le mot «islamisme», tombé plus ou moins en désuétude, pour désigner ce phénomène qui est à ses yeux «le produit de l’Occident, une forme de défense qui crée des interdits nouveaux, des interdits qui n’étaient pas dans l’islam, avec un fond d’angoisse». C’est un point essentiel : pour lui, l’islamisme est «un mouvement moderne, pas du tout relié à une tradition musulmane quelconque». A mille lieues, donc, des mots comme «rétrograde» ou «fondamentaliste», qui deviendront pourtant ses synonymes.

En 1980, Jean-François Clément publie dans la revue Esprit un article intitulé «Pour une compréhension des mouvements islamistes». A sa suite, le mot sera repris par Olivier Roy, François Burgat, Gilles Kepel et d’autres, chacun adaptant sa perception selon ce qu’il constate sur son propre terrain, mais aussi selon sa sensibilité politique – la plupart d’entre eux militent ou ont milité à gauche. Olivier Roy est sur une ligne similaire à celle de Clément : «A l’époque, il n’y avait pas d’ambiguïté, raconte-t-il à Libération. On utilisait le mot pour ne pas créer de confusion avec les intégristes, les fondamentalistes, en désignant ceux qui reconstruisent l’islam comme idéologie politique. Ça s’appliquait très bien par exemple aux Frères musulmans ou à Khomeini», le guide spirituel de la révolution islamique de 1979 en Iran.

Depuis, Gilles Kepel a choisi d’inclure dans ce qu’il appelle la «mouvance islamiste», au sein de laquelle il distingue aussi bien les modes d’actions (violents, non-violents) que les objectifs finaux, les mouvements quiétistes (salafisme, tabligh), bien qu’ils se présentent comme purement religieux. Car, estime-t-il, «ils visent à la réislamisation de la société en exigeant que les mœurs prônées par le texte sacré soient appliquées littéralement. A mon avis, on peut les inclure dans la mouvance islamiste, car en réalité ils sont politiques : ils fournissent la base sociale sur laquelle le projet politique va se construire.»

François Burgat, pour sa part, voit avant tout dans l’islamisme un aspect identitaire : selon lui, il s’agit fondamentalement d'«une dynamique» liée avant tout à la colonisation. Dans cette dynamique, «de larges composantes des sociétés de la périphérie coloniale de l’Occident s’efforcent de redonner au lexique islamique, c’est-à-dire à celui de la culture héritée, la centralité qu’il avait perdu sous l’effet de la poussée coloniale.» «On peut donc désigner les islamistes comme étant avant tout ceux qui entendent réaffirmer la légitimité et l’universalité du "parler musulman"», a-t-il ainsi expliqué à Sciences humaines.

Malgré leurs différences, tous se retrouvent au moins sur une idée : la diversité des mouvements islamistes et de leurs modes d’action empêche d’aboutir à une définition unique. «A aucun moment il n’y a eu une volonté d’unification sémantique», explique Jean-François Clément. «La raison est simple : les phénomènes que nous avons observés à la fin des années 70 et par la suite étaient tellement changeants qu’il n’était pas possible d’avoir une vision stable : certains voulaient assassiner le chef de l’Etat, d’autres disaient "non, on va transformer la société civile de l’intérieur". Il y a eu plein de différences, et ça n’est pas terminé : la chute de Daesh va induire des changements, ça prendra d’autres formes.»
«Une catégorie morale pour distinguer les "bons" et les "mauvais" musulmans»

Le problème, c’est que les champs médiatique et politique n’obéissent pas aux mêmes logiques que celui de l’université. Les journalistes utilisent des mots prêts à l’emploi, dont la définition semble évidente. Et les politiques usent de ces mêmes mots à leur convenance, en exploitant parfois leurs ambiguïtés.

La bascule survient au début des années 1990. Elle est abondamment documentée par l’essayiste Thomas Deltombe dans son livre L’Islam imaginaire, la construction médiatique de l’islamophobie en France, 1975-2005 (ed. La Découverte) : il y détaille comment le terme d’islamisme s’est imposé «lentement et difficilement à la télévision française dans la première moitié des années 1990», en lien avec la guerre du Golfe, mais aussi avec la guerre civile en Algérie et les attentats commis en 1994 et 1995 sur le sol français. Durant cette période, l'«islamisme» se retrouve intimement lié au terrorisme et devient donc, écrit Deltombe, «une catégorie morale pour distinguer les "bons" et les "mauvais" musulmans». Certaines affaires seront symboliques de cette évolution, comme celle des exilés de Folembray, des hommes expulsés au Burkina-Faso en 1994 par Charles Pasqua sur la foi de soupçons de «sympathies islamistes» – un argument qui suffira alors à justifier cette initiative pourtant illégale.

Au fil des polémiques puis des attentats, la notion d’islamisme s’installe, ces années-là, dans un réseau sémantique de plus en plus large. On la retrouve associée aux banlieues, au port du voile ou encore à la guerre au Moyen-Orient. Ce mélange de problématiques internationales et nationales, sous-tendu par une lecture qui ne distingue ni les périodes, ni les lieux, aboutira à ce que des intellectuels comme André Glucksmann, au moment où resurgit en 1994 le débat sur le port du foulard à l’école, tentent ce genre de synthèse : «L’islamisme participe d’une troisième vague intégriste, après le nazisme et le communisme. Le voile enferme comme un troisième mur, après celui de l’Atlantique et celui de Berlin.» L’histoire du XXe siècle, dans ce qu’elle a eu de plus terrifiant, est convoquée pour régler le sort de quelques centaines d’adolescentes en France. Au cours des années 2000, se multiplient les articles et reportages censés mettre au jour des «cellules d’Al-Qaïda», des «imams salafistes» dans les «territoires perdus de la République» que seraient les banlieues, ou des «proches des Frères musulmans», au premier rang desquels le prédicateur Tariq Ramadan, accusé en une de L’Express d’être «l’homme qui veut instaurer l’islamisme en France». Ces dernières années, les procès en «islamisme» n’ont pas faibli, au contraire, le dernier en date étant la polémique autour de l’association de défense des femmes musulmanes Lallab. On a aussi vu s’imposer une expression synonyme : «islam politique».

Aux yeux de Thomas Deltombe, le flou entourant le mot «islamisme» «est devenu une arme idéologique». Selon lui, «l’absence de définition a pour effet de jeter la suspicion sur toutes celles et ceux qui ont de près ou de loin un rapport avec l'"islam"». «Les milieux islamophobes ont parfaitement compris cela : ils qualifient d'"islamistes" tous les musulmans qui leur déplaisent, c’est-à-dire à peu près tous les musulmans, tout en jouant sur le registre du déni : "Je ne suis pas islamophobe, je ne m’attaque qu’aux islamistes !"».

Les chercheurs qui ont conceptualisé l’islamisme dans les années 1980 n’ignoraient pas les risques de glissement. Jean-François Clément l’avait en tête dès le début : «Je me suis posé beaucoup de questions, car dans "islamisme", il y a "islam". Et c’est là qu’est la difficulté. L’idéal eût été de choisir un mot sans aucune relation avec l’islam, mais on n’aurait pas été compris. D’ailleurs, les Américains ont été coincés dans leur vocabulaire et ils ont choisi d’utiliser "fundamentalism", ce qui vient de leur tradition protestante.»

A l’époque, un homme avait mis en garde les chercheurs : Maxime Rodinson (1915-2004). Linguiste, historien et sociologue marxiste, il était alors l’un des principaux spécialistes de l’islam en France. «Dans le dictionnaire, "islamisme" est donné comme un synonyme d’islam. Alors, si on choisit ce mot, le lecteur risque de confondre entre un extrémiste excité qui veut tuer tout le monde et un homme tout à fait raisonnable qui croit en Dieu à la manière musulmane, chose parfaitement respectable», avait-il prévenu. «Il nous l’a dit gentiment, mais il a toujours été contre notre usage du mot "islamisme", et je n’ai pas bien compris pourquoi», se remémore Olivier Roy. «En fait, il ne voulait pas voir la nouveauté des Frères musulmans. Et puis il n’aimait pas qu’on compare ça au communisme. Contrairement à beaucoup de gens de gauche, il voyait les islamistes comme des vieux réactionnaires.»
«C’est difficile d’arriver en disant qu’on va faire des précisions de vocabulaire»

Trente ans plus tard, comment les jeunes universitaires se sont-ils emparés du concept ? «Le débat sur la définition du mot, je ne le considère pas comme très intéressant», répond à Libération Laurent Bonnefoy, chargé de recherche au CNRS, qui travaille avec François Burgat. Il souligne un paradoxe : «La volonté d’avoir une définition très large de l'"islamisme" rend cette définition fonctionnelle. Mais c’est en raison de cette même diversité qu’on devrait abandonner le terme. Car elle mène à des labellisations problématiques», dit celui qui a – avec d’autres – signé récemment la tribune de défense de Lallab. De même, la politologue Myriam Benraad, qui s’est intéressée au vocabulaire de l’Etat islamique (L’Etat islamique pris au mots, ed. Armand-Colin), souligne que «ce n’est clairement pas un néologisme satisfaisant». Mais elle relève que certains militants de l’«islam politique» revendiquent le qualificatif d'«islamistes», traduit par le mot «islamiyoun».

Qu’en est-il alors des imprécisions médiatiques et politiques ? Myriam Benraad pense que l'«on ne peut pas reprocher aux médias de ne pas forcément être dans la précision, car ce n’est pas leur rôle». Elle vise plus volontiers «la sphère politique, avec des personnalités qui font des déclarations incendiaires». Mais elle relève aussi que «la construction médiatique a tellement pris de place que c’est difficile d’arriver en disant qu’on va faire des précisions de vocabulaire».

«Que faire ?» s’interroge aussi Olivier Roy. «Il y a pas de copyright. Pendant un temps j’ai dit "attention, il faut faire la distinction entre islamistes et néo-fondamentalistes". Mais on ne peut pas lutter contre l’expansion d’un terme. Moi-même, il m’arrive de dire "terrorisme islamiste", c’est très mauvais, c’est contre mes principes, mais on ne peut pas commencer une intervention en cours ou à la télévision par une heure de mise au point sur les mots.» Quant à Burgat, il répète régulièrement qu’«islamisme» est «un mot dangereux, qui fait plus de bruit qu’il n’apporte de lumière, et dont il faudrait sans doute apprendre à se passer».

Thomas Deltombe, lui, croit avoir décelé «une évolution : de plus en plus de gens ont pris conscience de la supercherie qu’il pouvait y avoir à désigner certaines personnes comme islamistes». Il en veut pour preuve la tribune de défense pour Lallab : «A l’époque de Folembray, le mot "islamiste" avait un effet tellement anesthésiant que peu de gens auraient signé une pétition de soutien à des gens qualifiés publiquement d'"islamistes". Ce n’est plus le cas aujourd’hui.» Mais il nuance en relevant que sont apparus, dans les années 2000, d’autres termes, comme «communautarisme», «salafisme» ou «jihadisme», qui eux aussi peuvent être employés de manière confuse. «Quand on parle d’islamisme, est-ce qu’on parle de mouvement, de doctrine, d’idéologie ? Est-ce qu’on peut considérer qu’un mouvement puritain comme le salafisme quiétiste est islamiste ? Jusqu’où la définition est-elle politique ?» s’interroge Myriam Benraad. Selon elle, qui se qualifie de «déconstructiviste», si l’on veut aujourd’hui lutter efficacement contre le terrorisme, il faut dépasser les querelles entre des analyses «pas si contradictoires, et même complémentaires».
Frantz Durupt
http://www.liberation.fr/debats/2017/10/09/vous-avez-dit-islamisme_1596640
Harcèlement de rue : le féminisme devient-il secondaire ? - Libération
Tue Oct 3 16:38:28 2017
Dans une tribune publiée le 27 septembre dans «Libération», des chercheurs prennent position contre la pénalisation d’un phénomène qui viserait particulièrement les hommes des classes populaires et racisées. Faut-il se taire au motif que l’agresseur est un opprimé ?

   
 Harcèlement de rue : le féminisme devient-il secondaire ?  


En lisant la tribune publiée par Libération, titrée «Contre la pénalisation du harcèlement de rue» (Libération du 27 septembre), j’ai rajeuni de plus de quarante ans. Ce n’est pas forcément désagréable, quoique l’aspect répétitif lasse quand même un peu.

Les signataires qui se présentent comme «des féministes et chercheur·e·s sur les violences de genre», fonctionnent en effet avec un logiciel déjà rencontré auparavant. On s’affiche féministe et contre le harcèlement, mais quand il s’agit de le combattre, et de dire «ça suffit», y compris en passant par la pénalisation, on explique doctement que la pénalisation du harcèlement de rue aboutira à forcément désigner et forcément stigmatiser les «hommes des classes populaires et racisées».

Au mitan des années 70, c’est à propos de la lutte contre le viol qu’un raisonnement semblable fut à l’œuvre, à l’occasion des campagnes et des actions engagées. L’une des stratégies adoptées fut d’exiger que les violeurs soient jugés par une cour d’assises. Pourquoi les assises ? Parce que ce sont elles qui jugent les crimes et que le viol, bien que qualifié de crime depuis le code napoléonien, était rarement jugé comme tel et disqualifié le plus souvent en coups et blessures passibles d’un tribunal correctionnel. Minimisation effective du viol par la police et la justice, sans compter que les victimes étaient la plupart du temps quasiment considérées comme des coupables.

Donc les assises. Que n’avons-nous pas entendu de la part de nos chers camarades gaucho-révolutionnaires ! Ah certes, ils étaient contre le viol, ah certes, ils considéraient que les violences contre les femmes, ce n’était pas bien ! Mais enfin les assises, non, fallait pas. N’était-ce pas cautionner, pour reprendre le langage de l’époque, «la justice bourgeoise» ?

Quand un patron comparaissait devant elle, quand un flic y était conduit pour avoir battu ou tué un immigré dans un commissariat, il s’agissait alors de la justice tout court. Mais quand des féministes y plaidaient contre des violeurs, elles cautionnaient la «justice de classe», alimentaient la répression et l’idéologie sécuritaire.

Pis encore, ne se faisaient-elles pas complices du racisme puisque, bien évidemment, un immigré, un Noir, un Maghrébin, un Arabe (on ne disait pas encore «musulman», ou «racisé») accusé serait évidemment bien plus facilement inculpé et condamné qu’un bon bourgeois propre sur lui ou qu’un Dupont Lajoie à la mode Boisset ! C’était vrai. Et nous le savions. Et nous nous en sentions coupables. Et nous étions malheureuses de recourir à ces foutues assises ! Mais enfin un viol, quel qu’en soit l’auteur, n’est-il pas un viol ? Et que doit faire une femme agressée ? Accepter, se taire, au motif que l’agresseur est par ailleurs un opprimé ?

Désagréable impression d’être prise dans un étau. D’un côté, celles et ceux qui invitent à tolérer le harcèlement (et tant d’autres choses), au nom de l’antiracisme. Qui ne le voient que dans «les beaux quartiers et les grandes entreprises» et qui manient l’excuse quand il est le fait des «opprimés», des «dominés».

D’un autre côté, celles et ceux qui expliquent que le harcèlement n’existe que dans les «quartiers» et les «banlieues islamisées» où les habitants «de souche» ne se sentent plus «chez eux». Ailleurs, il n’y a que les si ennuyeuses et si peu avenantes féministes pour nommer harcèlement toute tentative de séduction, pour confondre l’intérêt bien normal d’un homme pour une femme avec une agression, ce que serinent à longueur d’années et de pages notamment Eric Zemmour, le Figaro, Valeurs actuelles ou Causeur.

Et même un Alain Finkielkraut n’est pas en reste. Dans le manifeste publié en mai 2015 par une quarantaine de femmes journalistes qui dénonçaient le sexisme d’un grand nombre d’hommes politiques, dans les couloirs de l’Assemblée nationale, du Sénat, des ministères (lourdes plaisanteries, drague insistante, propositions explicites) il ne vit que le refus par les journalistes de leur féminité. Et comme, sourire à la plume, elles regrettaient que la politique soit «aux mains d’hommes hétérosexuels plutôt sexagénaires», il lut dans cette déclaration une marque de «gérontophobie», bref un détestable racisme antivieux. A chacun donc son racisme et son antiracisme ! Quant au sexisme, si l’on ne desserre pas cet étau, il a encore de beaux jours, si j’ose dire, devant lui.

Dernier ouvrage publié : Sortir du manichéisme , Ed. Michel de Maule, 2016, 17 €.
Martine Storti Essayiste, militante féministe  
http://www.liberation.fr/debats/2017/10/02/harcelement-de-rue-le-feminisme-devient-il-secondaire_1600410
Christine Angot - Vidéo Ina.fr
Mon Oct 2 15:36:32 2017
http://www.ina.fr/video/I08151353/christine-angot-video.html
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Mon Oct 2 11:25:23 2017
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Musique : Leftovers (The) - Pingouins & Popcorn
Sun Sep 17 23:28:08 2017
https://les-pingouins.com/musique_serie/musique-the-leftovers/
LesInrocks - Derrière les musiques de "The Leftovers" et de "Black Mirror", Max Richter modernise le classique
Sun Sep 17 23:05:09 2017
http://www.lesinrocks.com/2017/02/22/musique/derriere-les-musiques-de-the-leftovers-et-de-black-mirror-max-richter-modernise-le-classique-11913046/
Max Richter: «La musique de "The Leftovers" a un impact physique sur nous»
Sun Sep 17 23:02:58 2017
http://www.20minutes.fr/television/2050279-20170418-max-richter-musique-the-leftovers-impact-physique
Max Richter : "La musique de 'The Leftovers' est un écho de son traumatisme initial" - Séries TV - Télérama.fr
Sun Sep 17 22:57:26 2017
http://www.telerama.fr/series-tv/max-richter-la-musique-de-the-leftovers-est-un-echo-de-son-traumatisme-initial,156986.php
Max Richter's 'The Departure' is The Leftovers' most versatile punch
Sun Sep 17 22:56:29 2017
Departure, Max Richter, The Leftovers : pure génie
http://thecomeback.com/pop-culture/max-richters-departure-leftovers-versatile-punch.html
Brain Magazine - Brainorama - Avez-vous déjà vu comment fonctionne une touche de piano ?
Fri Sep 15 12:02:40 2017
Bzzz (mais très très vite)
http://www.brain-magazine.fr/article/brainorama/39966-Avez-vous-deja-vu-comment-fonctionne-une-touche-de-piano
Brain Magazine - Page Président - Saint-Barthélemy, quand c'était encore le paradis
Thu Sep 14 11:39:22 2017
http://www.brain-magazine.fr/article/page-president/39913-Saint-Martin-et-Saint-Barth-quand-c-etait-encore-le-paradis
La difficulté d'être parent - Liens en vrac de sebsauvage - Les Internets de MayaJ - Warrior du Dimanche
Thu Sep 7 17:18:25 2017
http://warriordudimanche.net/article675/59a3e340a00e6
Brain Magazine - Page Pute - Comme si cette rentrée n'était pas déjà assez A CHIER
Thu Sep 7 16:20:13 2017
mes oreilles saignent
http://www.brain-magazine.fr/article/page-pute/39746-Comme-si-cette-rentree-n-etait-pas-deja-assez-A-CHIER
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