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La barbarie a bon dos - Charlie Hebdo
Thu Aug 18 15:12:37 2022
La cause est entendue : Salman Rushdie, frappé à plusieurs reprises au cou, à l’abdomen et au bras par un fanatique religieux, alors qu’il s’apprêtait à donner une conférence, a été victime de « la barbarie ». C’est le coupable le plus communément désigné par celles et ceux qui, avec plus ou moins de fermeté, ont condamné cette attaque. C’est pratique, la barbarie, ça ne mange pas de pain. Ça va avec tout et avec rien. Elle n’a pas de nom, pas de visage, pas de religion, pas de pays et elle ne fait pas de politique. D’ailleurs, dans les premiers commentaires, on a pu lire ou entendre que l’agresseur avait agi pour des motifs « encore flous ». Bref, on se perd en conjectures.

Comment peut-on encore proférer de telles âneries ? Après janvier et novembre 2015, après Nice, après Bruxelles, après Strasbourg, après Manchester, après Samuel Paty, après l’insupportable litanie des massacres et des exécutions perpétrés à travers le monde au nom de l’islam ? Et dans quel cloaque d’inconscience, de lâcheté ou de perversité macèrent celles et ceux qui les prononcent ?

Aucun « flou » n’entoure la tentative d’exécution de Salman Rushdie. C’est un crime religieux, commis par un idolâtre enragé dont les motivations ne laissent place à aucune ambiguïté ni à aucune éventuelle « abolition du discernement », si pratique à invoquer quand on veut éviter les sujets qui heurtent les « convictions ». C’est un crime d’État, ordonné par un régime totalitaire et terroriste, l’Iran, au nom d’un culte qui prétend s’imposer par la force et la peur à l’ensemble de l’humanité. Aucun dignitaire religieux iranien n’a jamais annulé la fatwa de mort lancée par l’ayatollah Khomeyni en 1989, pas plus les soi-disant « modérés » que les autres. Au nom de cette fatwa, le traducteur japonais de Rushdie avait été poignardé à mort en 1991, et son éditeur norvégien, grièvement blessé, deux ans plus tard.

Mais c’est aussi un crime qu’au fond bien d’autres religions aimeraient perpétrer avec autant d’entrain. C’est un crime qui a été fomenté avec la complicité, pas toujours passive, de milliers de petits dandys inconséquents et poseurs, parfois eux-mêmes gens de lettres, qui, bien calés au fond d’un fauteuil dans un salon bourgeois d’une capitale occidentale, ont sciemment choisi le camp de l’obscurantisme assassin contre l’irrespectueux, le « blasphémateur », l’« islamophobe ». C’est un crime qui a pu s’accomplir parce que nombre de politiciens cyniques ont préféré condamner l’écrivain plutôt que ceux qui le menaçaient. Le plus célèbre d’entre tous restant notre si sympathique Jacques Chirac, qui avait dit de Rushdie : « Je n’ai aucune estime pour lui ni pour les gens qui utilisent le blasphème pour se faire de l’argent, comme ce fumiste – je pèse mes mots – qui s’appelle Scorsese, l’auteur d’un navet, La Dernière Tentation du Christ. Quand on déchaîne l’irrationnel, il ne faut pas s’étonner de la suite des choses. » Sur son lit d’hôpital, l’écrivain est donc prié de ne pas s’étonner…

Le bourreau de Salman Rushdie n’est pas venu seul, armé de sa foi fanatique et de l’ordre d’exécution iranien. Il traînait derrière lui trente-trois ans de couardises, de bassesses, de trahisons, de postures, d’ignominies. Dans son ombre grouillaient une multitude d’alliés objectifs. Sont-ils eux aussi coupables du crime ? En tout cas, ils n’ont rien fait pour arrêter le bras du tueur. Au contraire.
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Attractivité, je vomis ton nom - Charlie Hebdo
Wed Jun 1 20:03:31 2022
Attractivité, je vomis ton nom
Jacques Littauer
Mis en ligne le 1er juin 2022

L'an dernier, le nombre de projets d'investissement en France a battu des records. Mais il n'y a vraiment pas de quoi se réjouir : la politique des yeux doux au capital menée par Emmanuel Macron vide les caisses publiques, pour très peu de créations d'emplois.

Exclu Web

« Depuis 2019, la France est le pays le plus attractif d’Europe en matière d’investissements étrangers. Soyons fiers ! » (Emmanuel Macron) ; « La France est pour la troisième année consécutive le pays le plus attractif pour les investissements étrangers. Continuons à transformer notre économie ! » (Bruno Le Maire) ; « Un nombre record de projets industriels. Les réformes du gouvernement jugées efficaces pour l’attractivité. » (Agnès Pannier-Runacher).

C’est peu dire que l’étude du cabinet de conseil Ernst & Young – écrire « EY » et prononcer « iouaïlle » sous peine de passer pour un plouc – à propos de « l’attractivité » de la France a fait plaisir au gouvernement. Bon, on passera sur le fait que ce cabinet de conseil est spécialisé dans la destruction légale d’emplois à l’hôpital et à l’école, nommée « optimisation fiscale ».
Dans votre face, les Anglais et les Allemands !

Ce qui est encore plus ennuyeux, c’est que son rapport n’est pas public, alors qu’il provient d’un cabinet partial dans son appréciation des « réformes du gouvernement ». Si l’on lit l’article des Échos qui y est consacré, il est quand même difficile de ne pas vouloir coller quelques baffes – ou de se tirer une balle, selon votre humeur.
À LIRE AUSSI : Libéralisme : les cabinets de conseil achèvent les services publics

Le titre fait rêver : « Investissements étrangers : la France fait la course en tête en Europe. » Titre du graphique : « Investissements étrangers : la France creuse l’écart. » On retrouve cet étrange nationalisme chez les élites libérales qui taxent si vite de « souverainiste » ou de « xénophobe » leurs adversaires politiques. Rendez-vous compte : la France fait mieux que l’Angleterre et l’Allemagne, c’est fantastique, non ? Ben non, on s’en tape.
Des indicateurs bien pourris

Selon quel critère notre pays est-il champion de l’univers ? Le nombre de projets d’investissements (1220 dans l’hexagone, contre 993 chez les Grands-Bretons et 841 chez les Teutons). Je vous laisse chanter la Marseillaise, puis reprendre votre lecture. Or cet indicateur est débile. Pourquoi ? Parce que le montant en euros de chaque projet réalisé n’est pas indiqué. Donc dix projets à 1 million vont compter plus qu’un projet à 20 millions.

Et il se trouve que les projets en France sont plus petits que ceux de chez nos ennemis héréditaires. Les amis des Échos sont obligés de le reconnaître : en France, il n’y a que 38 emplois en moyenne, contre 45 outre-Rhin et 68 outre-Manche. Bon, je vous laisse faire le calcul, mais 38 emplois multipliés par 1 220 projets, je pense que vous voyez que ce n’est pas ça qui va donner du boulot aux millions de chômeurs.
À LIRE AUSSI : Demain, la pauvreté pour tous ?

Cela ne me pose aucun problème de reconnaître que cette attractivité accrue de notre territoire est la conséquence de la politique complètement folle de cadeaux aux entreprises menées par Emmanuel Macron depuis qu’il était ministre de l’Économie de François Hollande : Crédit impôt compétitivité emploi (CICE), baisse de l’impôt sur la fortune (ISF), baisse de la fiscalité sur le capital, baisse de l’impôt sur les sociétés, aides ultra-généreuses durant le Covid, aides massives à l’embauche d’apprentis et de chômeurs… On parle là de plus de 200 milliards au cours des sept dernières années. Que cela n’attire pas quelques investisseurs chinois, américains ou suisses serait extraordinaire.
La pire politique économique depuis des décennies

Mais il se trouve que les libéraux ne cessent de dire – et ils ont raison – qu’il faut toujours comparer l’efficacité relative des différentes politiques. Par exemple, si vous voulez augmenter le Smic, ce qui soutient la consommation en France, ils vont insister sur les coûts salariaux accrus des entreprises, et proposer une autre mesure à la place.
À LIRE AUSSI : Augmenter les salaires : une bonne idée ?

Mais quand il s’agit de Macron, tout lui est permis. Pourtant, « l’efficacité » de sa politique de cadeaux aux entreprises est ridiculement faible. Cela a été démontré par France Stratégie : forte hausse des dividendes, concentrés au sein de très peu de familles, stagnation de l’investissement, aucun effet sur l’emploi. Bref, aucun « ruissellement », zéro effet sur l’économie, sauf une belle explosion des inégalités. C’est, et de loin, la pire politique économique des dernières décennies.

Donc l’État se vide de sa substance pour attirer des investisseurs qui créent très peu d’emplois et versent tout aussi peu d’impôts. Le déficit commercial atteint des niveaux sans précédent. La France est absente de toutes les dernières innovations. Notre système scolaire s’effondre. Les urgences des hôpitaux sont désormais ouvertes seulement le mardi et le jeudi de 10h12 à 11h48, une semaine sur deux, merci de bien noter ces horaires, mais… on a battu les Anglais et les Allemands en matière « d’attractivité ». Champagne ! ●
https://charliehebdo.fr/2022/06/economie/attractivite-je-vomis-ton-nom/
La Russie est devenue une puissance économique de troisième zone - Charlie Hebdo
Sun Feb 27 19:22:06 2022
La Russie est devenue une puissance économique de troisième zone
Jacques Littauer
Mis en ligne le 22 février 2022

L'ogre soviétique, c'est fini depuis longtemps. La Russie est devenue une puissance économique de troisième zone. C'est d'ailleurs la raison principale pour laquelle Vladimir Poutine joue les gros bras, en Ukraine et ailleurs. Les premiers perdants de la crise actuelle, ce ne sera pas nous, mais les populations ukrainienne et russe.

Exclu Web

Au cours des dernières décennies, deux très grands pays ont connu des trajectoires on ne peut plus divergentes. D’un côté, la Chine s’est développée comme personne avant, devenant une immense puissance industrielle dont nous sommes devenus dépendants pour à peu près tout. De l’autre, la Russie, ancienne « seconde puissance du monde », premier pays capable d’envoyer des hommes dans l’espace, a vu son économie s’effondrer, l’espérance de vie chuter, et sa population diminuer.
Pauvre comme un Russe

Si l’on joue au petit jeu des comparaisons internationales, et que l’on classe les pays selon leur production totale, mesurée par leur PIB, la Russie est aujourd’hui en 11ème position seulement, dans un classement dominé par les États-Unis, la Chine et le Japon. Des différences absolues qui sont énormes : l’économie russe est 14 fois plus petite que celle de l’ancien leader du monde libre !

Même l’économie française est presque deux fois plus grosse que la russe, alors que nous sommes un pays beaucoup moins peuplé, et rempli de fonctionnaires inutiles. Si on s’intéresse au niveau de vie moyen, le tableau devient cauchemardesque pour l’orgueil slave. Au classement mondial, la Russie sombre dans les profondeurs, aux alentours de la 70ème place. Certes, tout en haut, on trouve des pays atypiques, comme Monaco, le Luxembourg et les Bermudes.
À LIRE AUSSI : Crise entre la Russie et l’Ukraine : Macron sur tous les fronts

Mais, à environ 10 000 dollars par an de revenu annuel, le Russe moyen se trouve un peu en dessous de son homologue chinois, dont les grands-parents ne savaient pas lire et mouraient de faim dans les rizières, à l’époque où l’URSS était à la pointe de la science mondiale. On ne saurait sous-estimer l’effondrement connu par ce pays, pire encore que celui de la Grèce.
Gaz : Vladimir peut-il couper le robinet ?

Pas de faux suspense ici : la réponse est niet. Tout d’abord parce qu’au-delà des articles alarmistes et des déclarations à l’emporte-pièce, l’Europe de l’Ouest n’est pas si dépendante que cela du gaz russe, qui ne représente que 20 % de notre consommation, ainsi que l’explique en détail ce remarquable article de La Tribune. Ce qui veut dire, hein, que 80 % proviennent d’ailleurs.

Même en Allemagne, le gaz russe ne représentait, en décembre de l’année dernière, que 32 % de la consommation locale, devant les gaz norvégiens (20 %) et néerlandais (12 %), les réserves du pays fournissant quant à elles 22 % du total. Le véritable problème de l’Allemagne, c’est sa dépendance à long terme à l’égard du gaz russe. Mais, pour cet hiver, entre les fournisseurs des autres pays et ses réserves, constituées il y a longtemps car ce pays intelligent ne découvre pas aujourd’hui sa dépendance, il n’y a aucune réelle inquiétude.

Et, pour une fois, l’Union européenne a anticipé. Des accords ont été passés avec l’Azerbaïdjan, qui va accroître ses livraisons au moyen d’un gigantesque gazoduc. De son côté, le Japon a déjà dérouté des navires transportant du gaz naturel liquéfié (GNL) vers nos côtes. Et, entre deux défaites du PSG, nous pouvons compter sur le Qatar, toujours prêt à filer un coup de main afin de tenter de faire oublier son soutien aux pires mouvements islamistes. Ou encore l’Australie, ravie elle aussi de nous vendre son gaz goût kangourou.
À LIRE AUSSI : Qatar Charity : l’islamisme près de chez vous

Bref, lorsqu’Urusla van der Leyen, la présidente de la Commission européenne, déclare que « nous sommes en sécurité pour cet hiver », de façon tout à fait exceptionnelle, on peut la croire. Et quand nous pauvres petits occidentaux fragiles retrouverons l’habitude de porter un pull en hiver lorsque nous sommes à la maison, comme toutes les générations qui nous ont précédés l’ont fait avant nous, et comme cela sera à la fois inévitable à l’avenir, bénéfique pour notre santé et pour notre portefeuille, une large partie du problème sera résolue.
Les Russes, premiers perdants

Parce que nous dépendons de la Russie pour une ressource essentielle, physique, matérielle, et que toute production, et plus encore notre bien-être, nécessite de l’énergie, nous faisons inévitablement une importante erreur, qui est de penser que nous dépendons plus de la Russie qu’elle ne dépend de nous. Or il y a quelque chose d’encore plus important dans la vie que quelques degrés de plus : ce sont les dollars, les roubles, le brouzouf, la maille, le pèze.

Or, et c’est ce qui est incroyable, l’économie russe s’est à ce point désindustrialisée qu’elle est devenue dépendante à l’exportation de matières premières, à l’image des économies sous-développées. Sans exportations de gaz vers l’Europe, à qui la Russie va-t-elle fourguer son précieux bidule ? Car le gaz, ça ne voyage pas par Internet, ça demande des gazoducs, des navires spéciaux, les méthaniers, et des pays disposant d’installations pour le recueillir.

Et vous voyez Vladimir priver son pays d’une telle manne financière ? Et mettre au chômage des dizaines de milliers de personnes ? Même s’il arrive à exciter sa population en alimentant son nationalisme, et à la faire taire, comme il l’a fait avec Alexandre Navalny ou la si magnifique ONG Memorial, tout cela ne fait pas chauffer la marmite. Bref, il est fort peu probable que nous nous caillions les miches cet hiver à cause de l’ancien officier du KGB.
À LIRE AUSSI : Ukraine, la drôle de guerre

Aujourd’hui, et dans les jours qui viennent, les informations vont être centrées sur notre nombril européen et états-unien : Bourses en panique, peur de ruptures d’approvisionnement en gaz, blé ou nickel, menaces de sanctions. Certes, il y aura des conséquences négatives pour nous, comme un peu plus d’inflation. Mais elles resteront mineures, au contraire de ce que vivent les populations ukrainienne et russe, qui ont faim, froid, et qui risquent de mourir à cause d’un imbécile. ●
https://charliehebdo.fr/2022/02/economie/russie-devenue-puissance-economique-troisieme-zone/
Michel Houellebecq : « La mort, je m’en fous »
Fri Jan 7 19:44:01 2022

Michel Houellebecq : « La mort, je m’en fous »

L’écrivain s’est confié au « Monde » en exclusivité, peu avant la parution d’« Anéantir », son nouveau roman, le 7 janvier. Second volet d’une rencontre en deux parties.

Par Jean Birnbaum
Publié le 02 janvier 2022 à 20h29 - Mis à jour le 05 janvier 2022 à 17h57

Temps de Lecture 10 min.

    Sélections

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Article réservé aux abonnés
Michel Houellebecq à l’occasion du débat « Dialogue in Europe », à Paris, en avril 2019.
Michel Houellebecq à l’occasion du débat « Dialogue in Europe », à Paris, en avril 2019. LIONEL BONAVENTURE/AFP
Retrouver la première partie : Article réservé à nos abonnés Michel Houellebecq : « C’est avec les bons sentiments qu’on fait de la bonne littérature »

Voilà trois heures que nous discutons de joies enfantines, d’histoires rêvées, d’élans poétiques, d’une littérature nourrie de bons sentiments et qui ferait taire les méchants… bref, l’ambiance est beaucoup plus gaie que prévu, jusqu’à ce que Michel Houellebecq s’étire comme un adolescent fourbu, allonge les jambes sur son lit, ménage un silence et me lance d’une voix presque fervente cet avertissement : « Oui mais il y a la mort. Thomas Bernhard l’a écrit, Pascal le dit plus brillamment, quand on pense à la mort tout le reste devient dérisoire. Cela fait un peu con de dire ça. L’amour reste un vrai sujet. La mort aussi. Prudence est à la hauteur, quoi. »

C’est vrai que Prudence fait face. De tous les personnages d’Anéantir, la femme de Paul est le plus vaillant, en tout cas ceui qui sait subvertir les déterminismes misérables, nommer les choses, donner du prix à la vie. Comme son mari, elle a fait l’ENA avant d’intégrer l’inspection des finances. Elle semble avoir renoncé à tout, aux sourires, à la tendresse, ne croisant plus Paul que par hasard dans ce que les deux colocataires nomment désormais « l’espace de vie » (un duplex très fonctionnel dans le quartier de Bercy, tout près du ministère). Chambres à part, réfrigérateurs séparés, solitudes juxtaposées…
L’aventure métaphysique

Mais tout n’est pas symétrique dans leur « désespoir standardisé ». Paul s’intéresse aux actes des terroristes qui menacent le ministre de l’économie, Bruno Juge, qu’il conseille et admire. Il suit également de près la campagne électorale entamée par le même Bruno, en soutien à la vedette de télévision Benjamin Sarfaty, très populaire chez les ados, et que le président en place souhaite installer à l’Elysée. Ces deux aspects, qui font d’abord d’Anéantir un roman d’espionnage et un récit d’anticipation politique, Prudence les néglige totalement. Que le père de Paul, figure importante de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), désormais immobilisé dans un fauteuil roulant, détienne quelque secret susceptible d’éclairer les événements récents, ne la préoccupe pas davantage. Une seule question compte à ses yeux : Paul sera-t-il capable de se montrer enfin humain ? Saura-t-il rendre sa femme heureuse, escorter son père jusqu’à la mort ?
Lire aussi (2019) : Article réservé à nos abonnés L’effet Houellebecq examiné par quatre auteurs

Après environ six cents pages, l’intrigue policière et politique passe donc au second plan pour laisser place à la seule aventure digne de ce nom, la métaphysique, comme si Prudence avait pris le dessus sur son créateur. « Souvent, l’auteur croit contrôler les personnages, mais les personnages imposent leur être à l’auteur, admet Houellebecq. On voit très bien ça dans Les Possédés, de Dostoïevski [1871-1872]. Il veut faire un livre contre le nihilisme et la gauche en Russie, il commence par décrire les conspirateurs comme des démons, mais, à un moment donné, ses personnages se mettent à manifester un pouvoir de séduction extraordinaire, et le livre se casse complètement la gueule, en tout cas d’un point de vue militant. Pour moi c’est la même chose. Si le livre bifurque comme ça à la fin, c’est parce que j’ai de plus en plus aimé le personnage de Prudence. »

A mesure qu’on progresse dans le texte, c’est un fait, Prudence relève la tête. On la découvre d’abord fragile, délaissée, vêtue d’un épais pyjama d’enfant, avec des lapins brodés sur la poitrine. En fin de parcours, c’est elle qui prendra la parole pour dire ce qu’il y a à dire, puisque même les médecins n’oseront plus. Entre-temps, on aura appris à reconnaître son courage, on l’aura vue briser les routines de l’indifférence, oser toucher Paul à nouveau : « Elle posa d’abord une main à la hauteur de sa taille, puis remonta vers sa poitrine. Il ne bougeait pas d’un centimètre. Elle eut alors des mouvements vagues, des sortes de soubresauts, et d’un seul coup elle le serra de toutes ses forces en émettant des bruits peu compréhensibles, Paul eut l’impression qu’elle pleurait. Elle portait toujours son pyjama d’enfant, au contact un peu pelucheux, nota-t-il involontairement. Elle desserra un peu son étreinte, elle le serrait quand même très fort mais ce n’était pas grave, il était bien. »
Cette poignante simplicité que peu d’écrivains sont capables d’atteindre

Je cite ces lignes d’Anéantir et j’ai tort. Car citer dix lignes rend rarement justice à un roman, surtout à un roman de Houellebecq. Celui-ci fait plus de 700 pages et, s’il se révèle si captivant, c’est qu’il installe, sur le long terme du grand livre, une mélodie émue qui vous enveloppe et vous transporte. Il est là, le génie de Houellebecq. Bien sûr, on pourra toujours saluer sa virtuosité, en particulier cette capacité à varier les registres, roman réaliste, conte philosophique, polar social, reportage ironique… Toutefois l’essentiel se trouve ailleurs, précisément dans ce que ses détracteurs lui reprochent : cette prétendue « absence de style » qui permet à Houellebecq d’être, en réalité, si présent à la littérature. Ses longues phrases produisent tout sauf une langue alambiquée, elles créent cette poignante simplicité que peu d’écrivains sont capables d’atteindre, et dont la vérité réside non pas dans telle ou telle prouesse technique, mais dans l’état physique où ces phrases nous mettent. C’est la seule chose qui compte. Or nous serons nombreux à être chamboulés par ce texte, à écorner telle page qui nous a fait hurler de rire, telle autre où les sanglots ont surgi. Que demander de plus ?

    « C’est fou, cela fait quatre heures qu’on discute, et on n’a toujours pas parlé de Zemmour ! »

J’allais justement poser la question au moment où j’entends Houellebecq s’exclamer : « Bizarre, j’ai plus de cigarettes. Ah si ! Elles sont là ! Je me disais bien, c’était pas mon genre… C’est fou, cela fait quatre heures qu’on discute, et on n’a toujours pas parlé de Zemmour ! » C’est vrai. On peut toujours, mais y tient-il vraiment ? « Non », répond-il à mi-voix. Bon. Pendant qu’il ouvre un autre paquet, je reviens donc au paradoxe qui m’occupe : lui qui passe pour un écrivain désabusé, voire cynique, n’a pas son pareil pour susciter les élans du cœur. Ainsi Anéantir nous baigne-t-il dans un flot d’humour tendre et de compassion qui font de ce roman son livre le plus bouleversant. Ici, ses précisions nous ramènent une fois de plus à l’enfance : « Quand j’étais petit, j’ai lu Servitude humaine, de Somerset Maugham [1915], et les dernières pages m’ont plongé dans une transe de pleurs. De même, Les Aventures de Monsieur Pickwick, de Charles Dickens [1836-1837], ont provoqué les plus grands éclats de rire de ma vie. Alors ça fait un peu vieux con ce que je vais dire, mais ça a toujours été le but sous-jacent de mes romans : faire rire et pleurer. C’est exactement ce que je cherche à provoquer chez les gens. Et si je n’y arrive pas, je ne suis pas content. »
Michel Houellebecq au moment de la réception de son prix Goncourt pour « La Carte et le Territoire », à Paris, en 2010.
Michel Houellebecq au moment de la réception de son prix Goncourt pour « La Carte et le Territoire », à Paris, en 2010. FRED DUFOUR/AFP

Un silence se glisse dans la discussion, le temps qu’un nouveau verre de blanc vienne soutenir une cigarette à bout de souffle, et l’écrivain s’enhardit : « Je peux dire un truc un peu théorique ? Un autre auteur dont je n’ai pas encore parlé, et ce n’est absolument pas normal, c’est Schopenhauer ! Schopenhauer [1788-1860] distingue trois catégories de tragédies. Celles où la situation tragique est créée par des circonstances exceptionnelles ; celles où elle est créée par des personnages d’une exceptionnelle méchanceté ; et enfin celles où ni les circonstances ni les personnages ne sont exceptionnels, mais où la tragédie est produite par la simple existence des choses. Une situation tragique qui suppose des personnages plutôt sympathiques, de bonne volonté, voilà ce qui lui paraît la forme suprême de tragédie. Et je suis entièrement d’accord ! »

Des personnes ordinaires, Houellebecq en rencontre souvent au coin de la rue. Il leur pose des questions, les entend dire que leur existence n’a aucun intérêt, proteste que si, et c’est sincère. « Ça arrive souvent, maintenant que je suis célèbre. Car je suis célèbre », s’amuse-t-il. S’imprégner de ce que lui racontent les gens lui est essentiel, aucun de ses personnages n’est forgé à partir de sa seule expérience personnelle. A la page 77, il est écrit : « On n’arrive jamais à imaginer à quel point c’est peu de chose, en général, la vie des gens, on n’y arrive pas davantage quand on fait soi-même partie de ces “gens”, et c’est toujours le cas, plus ou moins. »
« Anéantir » est là pour en finir avec les regrets

Chaque être humain est pour lui-même une chose étrange, le plus grand sujet d’étonnement. Si je veux me connaître, il me faut les yeux des autres. J’étais là, bien tranquille, j’avais fait mon trou dans la société, m’agitant en tous sens pour oublier ma profonde vanité. Et voilà qu’autrui vient arracher mon masque, révéler la vérité nue : un parmi d’autres, je ne suis qu’un condamné en sursis. La mort est au poste de commandement, Pascal l’a montré et Houellebecq creuse le sillon. « Anéantir part sans doute d’un regret, remarque l’auteur. Avec La Carte et le Territoire [2010], j’avais voulu traiter de la mort dans la manière la plus habituelle dont elle se présente, quelqu’un tombe malade et meurt, je voulais vraiment parler de ça, de la mort de tout le monde, sans drame autre que la mort elle-même. Mais j’avais été à moitié satisfait. »
Lire aussi (1998) : Article réservé à nos abonnés « Les Particules élémentaires », de Michel Houellebecq : dernière station avant le désert

Anéantir est là pour en finir avec les regrets, pour donner à vivre cette expérience de l’intérieur, dans l’épaisseur du temps qui passe mais aussi de la liberté recouvrée, des retrouvailles inespérées. C’est l’horizon de la mort qui oblige Paul et Prudence à se retrouver, c’est encore elle qui permet à Paul de parler à son père, de prononcer les paroles cruciales mais toujours différées, de le rencontrer, in extremis. Revenu dans la maison familiale, il découvre ainsi qu’Edouard aimait les grands vins, et également qu’il lisait Joseph de Maistre (1753-1821), haute figure de la contre-révolution. « A la fin de sa vie, j’ai découvert que mon père était devenu royaliste, se souvient Houellebecq. D’ailleurs tout ce qui concerne les relations père-fils, dans ce livre, est très lié aux relations que j’ai eues avec lui. Je lui ressemble horriblement. Déjà, quand j’étais bébé on m’a dit, “C‘est sa photo !” Et effectivement, plus j’avance en âge plus je lui ressemble, il est probable que je mourrai un peu des mêmes trucs que lui, une histoire de vaisseaux sanguins, mourir ce n’est pas bien grave, mais c’est surtout qu’il y voyait de moins en moins, et moi aussi ça commence à baisser beaucoup. Voilà pourquoi, dans la nouvelle présentation de mes livres, j’ai tenu à ce que les caractères soient suffisamment grands ! »

    « Pour Noël, des catholiques réactionnaires m’ont envoyé des messages disant qu’ils avaient prié pour moi, c’est émouvant vous ne trouvez pas ? »

Outre une couverture cartonnée et un papier au grammage renforcé, destinés à les empêcher de vieillir, les livres de Michel Houellebecq seront désormais dotés d’une tranchefile et d’un signet, comme si l’écrivain voulait préparer la suite, en tout cas une éventuelle postérité classique. A 65 ans, on est loin de la limite d’âge, n’est-ce pas un peu tôt pour tourner son regard vers la sortie ? « Je vais mourir, mais la mort je m’en fous, élude Houellebecq dans un sourire mi-blessé, mi-faraud. Je crois que c’est assez courant en fait. La peur de la mort est beaucoup moins répandue qu’on le dit, peut-être parce qu’on n’a plus aucun espoir d’une vie après la vie. On réagit juste avec une sorte de grimace écœurée, on a perdu en solennité… Pour Noël, des catholiques réactionnaires, qui sont devenus des amis, m’ont envoyé des messages disant qu’ils avaient prié pour moi, et en plus je pense que c’est vrai, c’est émouvant vous ne trouvez pas ? Il y a donc des gens qui s’intéressent à mon âme, je le prends comme un signe d’amitié très fort. Ils espèrent que je serai touché par la grâce. Mais est-ce que c’est vraiment de mon âge ? »

Ecoutant ces mots, je pense au récent livre d’Antoine Compagnon, La Vie derrière soi (Equateurs), qui fait de la fin, du renoncement et du deuil l’horizon de toute littérature. Chaque livre menace d’être le dernier, chaque fois rôde la question : « Peut-on cesser d’écrire ? » Houellebecq n’a pas encore lu ce bel essai, mais il a déjà sa réponse. Adossé à deux oreillers, les genoux bien redressés maintenant, l’écrivain repose son verre et conclut avec une moue enfantine, une vitalité désespérée : « Non, la question du dernier texte, je ne me la pose pas du tout. Celle du dernier roman, oui, parce que c’est quand même un effort spécifique, une épreuve physique, vivre longtemps aux côtés d’un personnage, à partir d’un certain âge peut-être que je n’en serai plus capable. Mais cesser complètement, je ne l’envisage pas, jusqu’au bout j’écrirai des poésies, ou même seulement des pages indignées contre l’euthanasie, jusqu’à mon lit de mort je griffonnerai des trucs. »

« Anéantir », de Michel Houellebecq, Flammarion, 730 p., 26 €, numérique 18 € (en librairie le 7 janvier).
Michel Houellebecq, repères

1956 (selon l’acte officiel ; 1958 selon d’autres sources) Michel Thomas naît à La Réunion.

1980 Il devient ingénieur agronome.

1991 Il est informaticien à l’Assemblée nationale.

1991 Il signe une biographie sous le nom de Michel Houellebecq, H. P. Lovecraft. Contre le monde, contre la vie (Le Rocher).

1994 Extension du domaine de la lutte (Maurice Nadeau).

1996 Le Sens du combat (Flammarion), recueil de poèmes, prix de Flore.

1998 Les Particules élémentaires (Flammarion), prix Novembre.

2000 Il lit-chante ses poèmes sur l’album Présence humaine (Tricatel).

2000 Lanzarote (Flammarion), récit de voyage.

2001 Plateforme (Flammarion).

2001 Il qualifie l’islam de « religion la plus con au monde ». Procès et relaxe un mois plus tard.

2005 La Possibilité d’une île (Fayard), prix Interallié.

2008 Il réalise l’adaptation cinématographique de La Possibilité d’une île.

2008 Ennemis publics, correspondance avec Bernard-Henri Lévy (Flammarion/Grasset).

2010 La Carte et le Territoire (Flammarion), prix Goncourt.

2014 Il joue au cinéma dans L’Enlèvement de Michel Houellebecq, de Guillaume Nicloux, et dans Near Death Experience, de Benoît Delépine et Gustave Kervern.

2015 Soumission (Flammarion).

2018 Il se marie avec Qianyum Lysis Li. C’est son troisième mariage.

2019 Sérotonine (Flammarion).

2019 Il joue dans Thalasso, de Guillaume Nicloux.

2022 Anéantir (Flammarion).
https://www.lemonde.fr/livres/article/2022/01/02/michel-houellebecq-la-mort-je-m-en-fous_6107965_3260.html
Michel Houellebecq : « C’est avec les bons sentiments qu’on fait de la bonne littérature »
Fri Jan 7 19:43:15 2022

Michel Houellebecq : « C’est avec les bons sentiments qu’on fait de la bonne littérature »

L’écrivain, star mondiale de la littérature française contemporaine, se confie au « Monde » en exclusivité, peu avant la parution, le 7 janvier, d’« Anéantir », son nouveau roman. Premier volet d’une rencontre en deux parties.

Par Jean Birnbaum
Publié le 30 décembre 2021 à 10h30 - Mis à jour le 05 janvier 2022 à 13h10

Temps de Lecture 9 min.

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Michel Houellebecq à l’occasion du débat « Dialogue in Europe », à Paris, en avril 2019.
Michel Houellebecq à l’occasion du débat « Dialogue in Europe », à Paris, en avril 2019. LIONEL BONAVENTURE / AFP

Sur le lit aux draps froissés, il y a un paquet de cigarettes, un briquet, un cendrier débordant de mégots, une télécommande, une paire de lunettes, un pyjama en boule et aussi, vêtu d’un ensemble en jean qui a manifestement déjà bien vécu, Michel Houellebecq. Les genoux légèrement repliés, la star mondiale de la littérature française contemporaine tire sur sa cigarette et interrompt soudain ce qu’elle était en train de dire pour constater, sans trop articuler : « Je suis allongé, vous êtes assis, c’est un peu bizarre quand même, j’ai l’impression de faire une psychanalyse, là. »

C’est, en effet, d’autant plus troublant que, dès le début de notre rencontre dans le studio parisien où l’écrivain a rédigé Anéantir, un nouveau roman aussi épais (730 pages) qu’exaltant, il me raconte ses rêves. Il faut dire que son livre, thriller politique qui tourne à la méditation métaphysique, en est plein. Page après page, nous voilà propulsés dans les aventures oniriques du personnage principal, Paul Raison, 47 ans, haut fonctionnaire au ministère de l’économie et des finances, qui va peu à peu sortir de son vide existentiel, et renouer avec son père, en affrontant la mort.

Des rêves, on en trouvait déjà dans les livres passés, Les Particules élémentaires ou Sérotonine (1998 et 2019), mais c’est la première fois que Houellebecq les utilise de manière aussi systématique : « Moi, je ne m’intéresse pas trop à Freud, j’ai beaucoup de reproches à lui faire, dit-il, mais je m’intéresse vraiment aux rêves, et je suis très content d’en avoir mis autant dans Anéantir. Le rêve est à l’origine de toute activité fictionnelle. C’est pourquoi j’ai toujours pensé que tout le monde est créateur, parce que tout le monde reconstruit des fictions à partir d’éléments réels et irréels. C’est un point important. Moi, j’écris quand je me réveille. Je suis encore un peu dans la nuit, il me reste quelque chose du rêve. Je dois écrire avant de prendre une douche, en général dès qu’on s’est lavé, c’est foutu, on n’est plus bon à rien. »
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Un éclat de rire sincère, ingénu

C’est donc dans cet antre enfumé, sur ce lit, que Houellebecq a rêvé Anéantir. Pour s’installer au bureau où il a travaillé, et où je l’écouterai cinq heures durant avant de continuer au restaurant, il n’avait qu’un pas à faire. Sur le mur de ce studio situé dans le quartier asiatique du 13e arrondissement, et meublé de façon désespérément fonctionnelle, on peut encore contempler les photos qui l’ont accompagné durant la rédaction du roman.

On y voit, entre autres : Bruno Le Maire dans son ministère, que Houellebecq a longuement arpenté et dont les couloirs labyrinthiques fournissent matière à l’un des rêves de Paul Raison ; l’église Notre-Dame-de-la-Nativité de Bercy, non loin de là, où le même Paul trouve confirmation qu’il est décidément peu doué pour l’espérance ; Carrie-Anne Moss, l’actrice qui joue Trinity dans Matrix, et dont la femme de Paul, Prudence, l’un des personnages les plus admirables du roman, est le portrait craché ; une chambre d’hôpital propre à accueillir les patients en « état végétatif chronique » (EVC), où l’on découvre le père de Paul, Edouard Raison, ancien des services secrets réduit au silence par un accident cérébral, au moment même où le monde est déstabilisé par une série d’attentats énigmatiques ; ou encore des paysages du Beaujolais, vertes collines et vignes écarlates, qui abriteront bientôt les poignantes retrouvailles de Paul avec son père.
Lire aussi (2010) : « La Carte et le Territoire » : Michel Houellebecq, même pas mort !

Je suis justement en train d’observer cette image de vignes quand Houellebecq se lève d’un bond pour chercher un tire-bouchon : « A mon avis, le mieux, c’est le vin blanc. Personnellement, je suis un peu alcoolique. Vous voulez boire quelque chose ? », souffle-t-il dans un éclat de rire sincère, ingénu. On dirait un bébé brandissant son hochet.

Profitons-en pour aborder de front la question-clé, celle que je brûlais de poser, celle des enfants nés ou qui auraient pu naître, tels qu’ils apparaissent au détour d’une belle page qui m’a sauté au visage, la 169. A ce stade du récit, Paul se retrouve pour la première fois seul, à l’hôpital, avec son père mutique. Après lui avoir parlé de Prudence, avec laquelle les relations sont au point mort, ainsi que de Bruno, son ami ministre, pressenti pour la prochaine élection présidentielle (nous sommes en 2027) et dont les mystérieux terroristes mettent en scène la décapitation, Paul livre un aveu inattendu : « Il ajouta qu’il regrettait de ne pas avoir eu d’enfants, et ce fut un vrai choc quand il entendit ces mots sortir de sa bouche », peut-on lire.

    « Si vous voulez prendre au sérieux ce que j’écris, il faut adopter un présupposé irrationnel selon lequel les personnages agissent par eux-mêmes »

Déjà, dans Sérotonine, l’écriture de Houellebecq laissait émerger, malgré la noirceur du monde, la possibilité d’un amour authentique. Avec Anéantir, comme en témoignent ces lignes, il va de l’avant et installe le bonheur enfantin, avéré ou même manqué, comme une manière de braver la mort qui vient. A l’instar de Paul, l’écrivain se laisse submerger par des mots qui sont plus forts que lui : « Vous savez, au moment où on corrige les épreuves d’un roman, on peut supprimer tout ce qu’on veut, confie-t-il. Il y a des choses qu’on n’a pas écrites de façon préméditée mais qu’on décide quand même de garder. Ce passage en fait partie. J’aurais pu l’enlever, par pudeur, mais non. »

Cet enfant qui surgit page 169, Houellebecq a donc décidé de le garder. De même qu’il a gardé le bébé sur lequel Prudence se jette avec « avidité », et qu’elle berce et promène le jour où sa sœur vient le lui présenter : « Quand Prudence fait ça, précise Houellebecq, ce n’est pas moi qui lui dis de le faire, c’est elle, c’est la logique interne au personnage. Ces deux passages qui vous ont frappé, je ne les ai pas pensés, ils se sont imposés. A un moment, si vous voulez prendre au sérieux ce que j’écris, il faut adopter un présupposé irrationnel selon lequel les personnages agissent par eux-mêmes. »
Michel Houellebecq, à la Foire du livre de Francfort, en octobre 2017.
Michel Houellebecq, à la Foire du livre de Francfort, en octobre 2017. BORIS ROESSLER/AFP/DPA
La littérature comme rêve maintenu

Oui, adoptons ce présupposé, d’autant plus volontiers qu’il jette une douce lumière sur la conception houellebecquienne de la littérature comme rêve maintenu, comme enfance déployée. Quand Anéantir évoque « ce bonheur irréel et brutal de l’enfance », peut-être célèbre-t-il cette sensibilité rêveuse qui fait de l’enfant un poète-né. « La poésie est un état d’enfance conservé », disait Goethe. « L’enfant est un poète élémentaire », complétait Jean Cohen, théoricien du langage que Houellebecq chérit, et qu’il m’avait demandé de lire avant de venir au rendez-vous.

« Quand j’étais enfant, je ne marchais quasiment pas, se souvient l’écrivain à travers un rideau de fumée. Pour aller d’un endroit à un autre, je courais. Et puis, à un moment donné, j’ai arrêté de courir. Quand il m’arrive de courir aujourd’hui, mais ça ne m’arrive quasiment plus, je redeviens enfant. Lorsque j’écris de la poésie, j’en suis moins sûr. Pourtant, mon enfance me renvoie à une absence de distinction entre réel et imaginaire qui, dans une certaine mesure, persiste. Le premier livre qui m’a marqué, c’est les contes d’Andersen. J’y croyais totalement. Pour moi, la Petite Sirène était une personne réelle, et aujourd’hui encore je ne suis pas très loin de penser que la Petite Sirène existe en vrai. De la même manière, je peux vous dire, là, sans mentir, que Prudence me manque. Mais, en vieillissant, on sort plus difficilement de l’état de veille, le monde accroche plus. Quand j’étais jeune, les gens se droguaient beaucoup, je crois qu’ils se droguent encore beaucoup, d’ailleurs. On cherche à échapper à la claire conscience de la situation, car un état de pleine lucidité est incompatible avec la vie. »

    « Fondamentalement, je suis une pute, j’écris pour recueillir des applaudissements »

La poésie est un jeu d’enfants, l’élan des rêveurs qui se tiennent debout. Mi-novembre 2021, lors d’un spectacle son et lumière accueilli par le Rex Club, à Paris, Michel Houellebecq a incarné cette conviction en lisant ses poèmes avec trois jeunes comédiens. L’ambiance était nébuleuse, la musique électronique (et signée Traumer), le public heureux. Cela glissait d’un texte à l’autre, c’était à la fois très pro et enthousiaste, on avait l’impression que, pour retrouver des forces, Houellebecq, comme Paul, devait renouer avec ses jeunes années.

Jadis, en effet, tout avait commencé comme ça, par des lectures de poèmes en public. « A l’époque, déjà, je voyais les gens vibrer, se souvient l’auteur d’Anéantir. Au départ, je faisais ça pour plaire aux filles, voilà, c’est tout. Il s’agissait de montrer que j’étais quelqu’un d’intéressant, ce qui n’était pas évident au premier abord. Donc, faut pas non plus exagérer avec l’enfance, l’esprit d’enfance, tout ça. Fondamentalement, je suis une pute, j’écris pour recueillir des applaudissements. Pas pour l’argent, mais pour être aimé, admiré. Après, faut pas prendre négativement le mot “pute”. On est content de faire plaisir, en même temps. »
Tenir à distance les médiocres, les méchants

Disant ces mots, Houellebecq prend un air bravache, assez fier de lui. Mais on n’y croit pas. A lire ses poèmes comme son nouveau roman, à mesurer la nécessité et la puissance qui commandent sa plume, on sent bien que, succès ou pas, il aurait tenu bon sur son désir.

On sent bien, surtout, que son écriture cherche plus que jamais à fonder, sinon une espérance, en tout cas des valeurs. On le perçoit là, tout près, disponible, prévenant, en pleine possession de ses forces, heureux de nous proposer une morale qui permet d’habiter le monde, de supporter la vie, de tenir à distance les médiocres, les méchants. Dans Anéantir, ils sont remarquablement peu nombreux, ils ne sont même qu’un, ou plutôt une, en la personne d’Indy, une journaliste sans foi ni loi (évidemment), dont le portrait est à hurler de rire.
Lire aussi (2005) : « La Possibilité d’une île » : Michel Houellebecq, un voyage au bout de l’humanité

La force à laquelle cèdent les personnages de Houellebecq, ce n’est pas le Mal, c’est la tentation du Bien. Et les pages les plus poignantes de son roman sont celles où il parvient à faire surnager, au milieu de la solitude et de la déréliction, des gestes fugaces qui vous font pleurer.

« Contrairement à ce que prétend une formule célèbre, tranche l’auteur d’Anéantir, je pense que c’est avec les bons sentiments qu’on fait de la bonne littérature. Tout au long du XXe siècle, la littérature a été traversée par une fascination pour la transgression, le Mal. D’où la complaisance à l’égard d’auteurs collabos comme Morand, Drieu, Chardonne, que je trouve médiocres. Il n’y a pas besoin de célébrer le Mal pour être un bon écrivain ! Dans mes livres, comme dans les contes d’Andersen, on comprend tout de suite qui sont les méchants et qui sont les gentils. Et s’il y a très peu de méchants dans Anéantir, j’en suis très content. La réussite suprême, ce serait qu’il n’y ait plus de méchants du tout ! »
https://www.lemonde.fr/livres/article/2021/12/30/michel-houellebecq-c-est-avec-les-bons-sentiments-qu-on-fait-de-la-bonne-litterature_6107688_3260.html
Laurent Bouvet, mort d'un défenseur acharné d'une laïcité sans adjectif - Charlie Hebdo
Mon Dec 20 18:31:28 2021
Laurent Bouvet, mort d’un défenseur acharné d’une laïcité sans adjectif
Natacha Devanda
Mis en ligne le 20 décembre 2021

Laurent Bouvet, l’un des fondateurs du Printemps Républicain, est mort samedi 18 décembre à l’âge de 53 ans. La maladie de Charcot aura eu prématurément raison de cet ardent défenseur d’une laïcité sans concession ni adjectif. Retour sur un parcours.

Exclu Web

Pur produit de la méritocratie républicaine et de l’école laïque, Laurent Bouvet a commencé sa carrière professionnelle à l’université. Comme pas mal de profs de sa génération, Laurent Bouvet, enseignant en science politique à la faculté de Nice puis de Versailles ensuite, a été durant vingt ans un fervent militant socialiste. Avant d’être dans les meilleurs termes avec des macronistes comme Marlène Schiappa et Jean-Michel Blanquer, notamment. Il est vrai que l’homme, qui se qualifiait toujours politiquement à gauche, avait comme cheval de bataille la défense de la laïcité. Une laïcité non adjectivée, c’est-à-dire ni « libre », ni « ouverte » aux quatre vents, ni auberge espagnole pour béni-oui-oui de toutes confessions.
À LIRE AUSSI : La laïcité à l’usage des marcheurs

Il se fera vraiment connaître du grand public lorsqu’il fonde, avec le délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme Gilles Clavreul, un mouvement politique : le Printemps Républicain.

C’était en 2016, soit juste après les attentats islamistes du 7 janvier et du 13 novembre 2015. Il reprochait alors à la gauche de fermer les yeux sur ce qui sautait pourtant à la figure : la folle dangerosité de l’islam politique, la radicalisation religieuse et les replis communautaristes qui fracturent la société française. Ses adversaires – nombreux à gauche – n’ont eu de cesse de le considérer comme obsédé par les questions identitaires. « Ils m’ont zemmourisé », répétait-il alors. Manière de dire que, pour fermer le débat sur les questions qui fâchent à gauche, rien de mieux que de balancer à tout va des « Le Pen », « Zemmour » et autres « fachos » à ceux qui osent ruer dans les brancards de la pensée dominante où, à la tête des structures politiques, syndicales, associatives, une forme de wokisme se porte bien. C’est, par exemple, les thèses racialistes qui, portées par une minorité agissante, trouvent des échos chez certains médias classés à gauche, chez La France Insoumise, EELV, ou au NPA par exemple. Lesquels se sentent obligés de se positionner pour, au risque sinon de passer pour d’affreux racistes. Ce qui est, à bien y réfléchir, un comble et l’inversion de toutes les valeurs d’une gauche héritière de la philosophie de Lumières.
L’école publique n’est pas un fast-food !

Bouvet, sur ce sujet, avait les idées claires. En gamin de banlieue, issu d’un milieu modeste, il savait d’où il venait et ce qu’il devait à l’école publique émancipatrice. Il était encore de ceux qui considèrent que la question sociale est au moins aussi importante que le « sociétal » et que les mécanismes économiques qui fabriquent les inégalités sociales devraient continuer d’alimenter la gauche, seul moyen pour elle de rester universaliste, républicaine et laïque.

Bien sûr, cela ne l’a pas empêché de commettre quelques bourdes sur les réseaux sociaux, où il postait abondamment ses prises de position sans concession. Par exemple, lors d’une campagne de communication de la FCPE pour les élections des parents d’élèves en 2019, le public découvre, sur l’une des affiches, une femme voilée avec cette légende : « Oui, je vais en sortie scolaire et alors ? La laïcité c’est accueillir à l’école tous les parents sans exception. » De quoi faire penser à la pub McDo et son slogan : « Venez comme vous êtes. » Or, si l’école publique est dans un sale état, elle n’est pas pour autant un fast-food. Laurent Bouvet embraye donc aussitôt et publie sur les réseaux sociaux des parodies pour railler l’association. On y voit un Sean Connery en plein tournage du (vieux) film Zardoz en slip rouge à bretelles et pistolet à la main avec la mention « Je vais en sortie scolaire, et alors ? », un Michael Jackson (allusion lourdingue aux penchants pédophiles de la star de la pop) puis, en guise de bouquet final, deux djihadistes barbus, armes au poing et index pointés vers le ciel, toujours avec le même slogan à la sauce Big Mac.
À LIRE AUSSI : La FCPE, c’est comme le vieux poisson, ça pue et ça pourrit par la tête

Ces posts donneront lieu à des centaines de plaintes d’internautes pour exiger la démission de Laurent Bouvet de son poste de membre du Conseil des sages de la laïcité. Pour s’en défendre, il évoquera alors « l’esprit Charlie ». Une explication un peu courte pour ce débatteur hors pair. On ne lui en voudra pas.

Défenseur acharné de la liberté de ton et d’expression, il était un soutien indéfectible de Charlie Hebdo où il se retrouvait dans une défense de la laïcité, là aussi sans adjectif ni instrumentalisation. ●
https://charliehebdo.fr/2021/12/societe/laurent-bouvet-mort-defenseur-acharne-dune-laicite-sans-adjectif/
Suppression de l’ISF : les trois erreurs du débutant Manu - Charlie Hebdo
Thu Oct 28 11:11:14 2021
Suppression de l’ISF : les trois erreurs du débutant Manu
Jacques Littauer
Mis en ligne le 25 octobre 2021

En 2017, contrairement à toute logique économique, Emmanuel Macron avait réussi à faire croire qu’en baissant les impôts des très riches, ceux-ci allaient se mettre à investir plus dans les entreprises. Quatre ans après, les résultats sont tombés. Ils sont, sans surprise, très mauvais. Alors qu'aux États-Unis, les démocrates vont soumettre au Congrès un impôt sur les ultra-riches, Macron continue à nier les évidences, fier d'être et de rester le président de ses meilleurs amis.

Exclu Web

« Remplacer l’ISF par un impôt sur la fortune immobilière » : sur ce point, on ne peut pas reprocher à Emmanuel Macron de nous avoir pris par surprise, cette phrase figurant explicitement dans son programme de 2017. En 2019, les « gilets jaunes » demanderont le rétablissement de l’ISF. Ce à quoi le Président a répondu : « Il ne faut pas raconter des cracks, ce n’est pas parce qu’on remettra l’ISF que la situation d’un seul gilet jaune s’améliorera. »

Pour Emmanuel Macron, cette mesure devait rendre l’économie française plus compétitive. En réalité, sa décision repose sur une erreur de diagnostic, qui a conduit à une énorme erreur de politique économique, aux dépens des ressources de l’État.
Première erreur : des exilés fiscaux, où ça ?

Le 10 décembre 2018, en pleine crise des gilets jaunes, le Président explique son choix dans une allocution aux Français : « Je sais que certains voudraient dans ce contexte que je revienne sur la réforme de l’impôt sur la fortune mais pendant près de 40 ans, il a existé ; vivions-nous mieux durant cette période ? Les plus riches partaient et notre pays s’affaiblissait. »

Petit problème : aucune étude n’a démontré la réalité de cet exil fiscal, présenté comme une évidence depuis la création de l’ISF, en 1988. Le plus marrant est que cet argument a été démonté par le magazine Forbes, celui des milliardaires, qualifiant, études à l’appui, cette affirmation récurrente dans le monde des affaires de « (très) loin d’être exacte » !

Cela n’empêchait pas, en février 2019, le journal Les Échos de titrer : « EXCLUSIF : Ce que l’exil fiscal coûte aux finances publiques ». Résultat : les pertes de collecte d’ISF de 20 millions d’euros par an. Mais si on se rappelle que l’ISF rapportait 5 milliards, cela fait exactement une perte de 4 euros de perdus pour 1 000 euros collectés. Oh mon Dieu.

D’ailleurs, entre 2011 et 2017, le nombre de redevables de l’ISF a nettement augmenté, passant de 287 000 à 358 000 ménages. Or, s’ils sont restés, c’est qu’ils ne sont pas partis. L’exode fiscal des plus riches est décidément introuvable.
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Deuxième erreur : la suppression de l’incitation à investir

Les concepteurs de l’ISF étaient conscients des potentiels effets négatifs sur l’outil de production. C’est pourquoi les biens professionnels étaient exclus du patrimoine pris en compte. Mais comme Manu l’a dit, toujours en décembre 2018 : « Conformément aux engagements pris devant vous, cet impôt a été supprimé pour ceux qui investissent dans notre économie et donc aident à créer des emplois. »

Or, il était possible de déduire l’investissement dans les PME de son ISF. En supprimant l’ISF, Emmanuel Macron a en fait réduit l’incitation à investir dans les PME ! Cet argument, évident pour tout économiste honnête, aurait dû être dit et répété au moment de la suppression de l’ISF. Mais combien de fois l’avez-vous entendu ?

Résultat : c’est sans surprise que France Stratégie – organisme public dirigé par Philippe Martin, proche conseiller d’Emmanuel Macron en 2017 – a montré que la suppression de l’ISF n’avait atteint aucun de ses objectifs. Le comité d’évaluation a montré trois choses dans son rapport : aucune hausse des investissements productifs ; une hausse des dividendes versés aux actionnaires ; pas de transmission plus facile des entreprises.

Les idéologues d’En Marche ont répondu que cette réforme était dans une logique « de long terme », et que les effets allaient venir, si si. Ce à quoi Laurent Bach, membre de l’Institut des politiques publiques, professeur à l’ESSEC et coauteur de la partie ISF du rapport, a rétorqué que « si on avait dû voir une réaction des entreprises aux réformes, on l’aurait déjà vue ».
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Troisième erreur : la baisse des recettes publiques

Manu et Édouard Philippe nous avaient raconté la fable habituelle selon laquelle lorsque l’État diminue les impôts, et donc se prive de recettes fiscales, ses recettes fiscales augmentent. Oui oui. Cet argument absurde est servi par toutes les droites du monde depuis un certain Renald Reagan et un certain Arthur Laffer, « inventeur » d’une courbe bidon selon laquelle les recettes fiscales diminuent quand les impôts augmentent.

C’est en son nom qu’Édouard Balladur, puis Christine Lagarde et Nicolas Sarkozy n’ont cessé de baisser les impôts. Ce qui avait valu à l’époque une énorme colère du député Gilles Carrez, qui avait pointé, en 2010, une perte de 100 milliards d’euros pour la collectivité.

En 2017, dernière année de sa mise en œuvre, l’ISF avait rapporté un peu plus de 5 milliards d’euros. Soit un impôt moyen de 14 000 par foyer fiscal, une somme pas énorme pour des millionnaires. L’étude de France Stratégie montre même que le taux réel de taxation de l’ISF était très faible, de l’ordre de… 0,12 %, pour les quatre cents plus grandes fortunes. C’est-à-dire 12 euros pour 10 000 euros de patrimoine Ça va, non ?

Le « mystère » du non-exil des riches est alors expliqué : si les riches ne sont pas partis, c’est que l’ISF ne leur coûtait que très peu. De son côté, l’impôt sur la fortune immobilière a bien moins rapporté à Bercy – c’était le but, hein – seulement 1,6 milliards en 2020. Allez hop, 3,4 milliards de perdus tous les ans par l’État ! Soit le budget annuel du CNRS…
Les riches toujours plus riches

Avec cette étude, après bien d’autres, Emmanuel Macron confirme son statut de président des riches. En effet, les 38 000 familles les plus riches de France reçoivent désormais à elles seules les deux tiers des petits cadeaux versés par les entreprises à leurs actionnaires, contre « seulement » la moitié auparavant. Soit tout de même 14,9 milliards d’euros dans la popoche. C’est-à-dire beaucoup plus que le budget annuel de la justice (9 milliards d’euros cette année).

Enfin, l’ISF permettait de déduire les dons faits aux associations des impôts à verser. Avec sa suppression, cette possibilité a disparu. Le résultat a été net : selon l’association Recherches et solidarités, les dons aux associations effectuées par les personnes antérieurement assujetties à cet impôt ont chuté de plus de moitié en 2018 par rapport à 2017.

Bref, les décisions de Macron ont été prises au nom d’une théorie économique tout à fait inexistante, selon laquelle, si on baisse les impôts sur les très riches, ceux-ci se mettent à investir dans les entreprises. Pourquoi le feraient-ils ? Il n’y avait aucune raison de le supposer, même pour les économistes fanatiques du marché. À la place, des résultats prévus par mes potos économistes lucides, comme Thomas Porcher en 2018, ont eu lieu : les actionnaires se sont gavés, les inégalités ont explosé, les recettes publiques ont fortement baissé, tout comme les aides versées aux plus défavorisés.

Le 16 juillet 1981, à l’Assemblée nationale, Laurent Fabius, ministre du Budget et à l’époque encore un peu de gauche, s’adressant aux députés de droite, leur avait dit que « faire preuve de justice sociale », c’était « prendre un peu du superflu pour alléger la charge de ceux qui n’ont même pas le nécessaire ». Ce serait bien d’y revenir, non ? ●
https://charliehebdo.fr/2021/10/economie/suppression-isf-trois-erreurs-debutant-manu/
Les haies sont en danger (et la biodiversité avec) - Charlie Hebdo
Tue May 4 18:40:33 2021
Les haies sont en danger (et la biodiversité avec)
Allain Bougrain-Dubourg · Mis en ligne le 4 mai 2021

Jean Marc Lalloz, docteur vétérinaire de son état, n'a rien perdu de son enthousiasme. Il y a quelques décennies, il militait au côté de René Dumont, aujourd'hui, il se bat en Mayenne pour dénoncer la destruction des haies et du bocage.

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 « Lorsqu’il y a 3 ans nous avons créé le Collectif Bocages 53 en révélant la maltraitance de la nature, les médias se sont précipités pour faire écho à notre action. Aujourd’hui, la situation est devenue aussi banale que les trains qui arrivent à l’heure. Tout le monde s’en fout ! », lâche Jean Marc Lalloz, malgré tout, encore motivé. Parmi les premières affaires dénoncées par les lanceurs d’alerte, un chantier pirate estimé à 3 000, voire 3 500 tonnes de bois déchiqueté, soit 180 à 350 km potentiels de haies ratissées au nom du profit. Revisitant les affaires depuis près de 60 ans, le collectif Bocages 53 en vient au pénible constat : « Malgré les déclarations d’intention et la doctrine officielle « Éviter, Réduire, Compenser », la protection de ces milieux n’a manifestement pas fonctionné. »

Reste à savoir quelle biodiversité trouve refuge dans les haies. « C’est une véritable tour de Babel », s’enthousiasme Pauline Rattez, en charge de l’agriculture à la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux). « Près de 600 espèces végétales sont recensées dans les haies. Un chêne pédonculé peut héberger jusqu’à 284 espèces d’insectes, l’aubépine 149 et le frêne 41. » L’agence Alterre Bourgogne a enquêté sur les haies champêtres. Elle identifie au moins 35 espèces de mammifères, allant de l’écureuil à la belette, en passant par huit espèces de chauve-souris et plus de 60 espèces d’oiseaux. Une véritable volière à ciel ouvert accueillant la chouette chevêche, comme l’accenteur mouchet, la perdrix grise ou la sittelle torchepot. En résumé, chaque strate de haie abrite des espèces spécifiques, y compris au plus bas avec les batraciens ou les reptiles.
À LIRE AUSSI : Lettre des animaux (et des végétaux) aux humains confinables : la haie

La bienfaisance de ce biotope semble faire l’unanimité parmi les scientifiques, comme les agriculteurs ou les citoyens curieux de nature. Les haies génèrent des conditions microclimatiques favorables à la production agricole. Elles servent de brise-vent pour le bétail, retiennent l’eau et les sols, hébergent des auxiliaires capables de combattre les ravageurs de culture, font office de corridor pour la circulation des espèces ou permettent de trouver d’autres débouchés comme les fruits, les bois de chauffage ou d’œuvre. Ainsi, une haie peut produire quatre tonnes de bois au kilomètre chaque année, ce qui représente la moitié de la consommation annuelle d’un ménage pour le chauffage. Enfin, 1 km absorbe entre six et dix tonnes de dioxyde de carbone par an.

Face à cette largesse de la nature, il est difficile d’imaginer que l’on pourrait se passer de la manne. Les chiffres prouvent pourtant le contraire. Philippe Hirou, président de l’Afac-Agroforestie fait un bilan accablant : « C’est l’hécatombe. Depuis 1950, près de 1,4 million de kilomètres de haies ont été détruits afin d’obtenir de larges parcelles cultivables, plus adaptées à la mécanisation agricole. Il ne reste plus que 750 000 km aujourd’hui et, chaque année, 11 000 km continuent de disparaître. » Ces propos tenus à la une de la lettre de l’OFB renvoient à la pathétique saga des haies.
Plusieurs pays protègent les haies au travers de la loi
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À leur apogée, au début du 20e siècle, la France en comptait plus de 2 millions de kilomètres, ainsi que la plus grande surface de vergers d’Europe. Le recul s’explique par la volonté d’agrandir quatre fois plus les parcelles pour laisser manœuvrer les machines. Alors que les chevaux de trait flirtaient avec la végétation, il faut aujourd’hui une largeur minimale de 10 à 20 mètres pour que les engins agricoles en prennent à leur aise. Rassurantes, les premières « Rencontres Nationales de la Haie Champêtre » rappellent que, depuis 20 ans, près de 30 000 km ont été plantés, ce qui permet de stabiliser l’hémorragie. Par ailleurs, les initiatives en faveur de la résilience sont nombreuses.

L’Office Français de la Biodiversité a décidé de mettre la haie à l’honneur en 2021 et Conseils Généraux ou Régionaux, Ministère de l’Écologie et de l’Agriculture, associations de protection de la nature ou chasseurs se félicitent d’être les plus efficaces des planteurs. Même le président de la République, dans la cadre du « One Planet Summit », a promis de planter 7 000 km de haies d’ici fin 2022, en lâchant au passage 50 millions d’euros. N’empêche. Plusieurs pays, comme la Suisse, l’Autriche et surtout la Grande-Bretagne protègent les haies au travers de la loi. Même chose en Espagne, dans des régions comme l’Estrémadure. L’Europe aussi ne démérite pas, en conditionnant en partie ses aides au bon comportement à l’égard des haies.

En France, la réglementation se montre beaucoup plus… souple, pour ne pas dire laxiste. Même classé au titre du PLU (Plan Local d’Urbanisme), il suffit de faire une déclaration préalable à la mairie pour effectuer une coupe ou abattre un arbre. Quant au Code Rural, il renvoie la responsabilité au préfet, qui peut prononcer la protection des boisements et autres haies et qui s’autorise, de la même manière, à en accepter l’abattage. L’amende potentielle est de 3 750 €, pas de quoi faire peur. En revanche, si la taille en vient à affecter les oiseaux durant leur période de reproduction, le délit se montre plus lourd : deux ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende pour destruction d’une espèce protégée. Cela dit, personne n’a jamais été ainsi sanctionné. Paradoxalement, à l’échelle nationale, il n’existe pas d’interdiction de tailler une haie pendant la période de reproduction des oiseaux (sauf pour les agriculteurs, entre le 1er avril et le 31 juillet). L’Office Français de la Biodiversité doit donc se contenter de « recommander » de ne pas intervenir du 15 mars au 31 juillet. Cette aimable suggestion laisse trop souvent les mairies indifférentes, de même que les particuliers. Et l’on voit mal comment les personnels de l’OFB, déjà en sous-effectifs, peuvent traquer les tronçonneuses. Répondant à « Actu Environnement » au nom de l’OFB, Jean Yves Olivier, en charge de la police en Franche-Comté, admet que, « faute de sanctionner ou de pouvoir le faire, nous proposons au procureur de la République la réparation de dommages, assortie d’une amende  ». Ainsi, on restaure en s’exonérant de véritables poursuites.
À LIRE AUSSI : Enquête – La très véridique histoire du poison chlordécone

En Alsace, comme souvent, il en va autrement. Dans le Bas-Rhin et le Haut-Rhin, il est interdit de détruire ou d’entretenir les haies durant la période sensible, soit de début avril à fin juillet. « Pourquoi ne pas étendre la mesure à l’ensemble du Grand Est ? », a lancé la LPO Alsace qui vient de se voir confier un dossier d’étude par la DREAL Grand-Est (autrement dit, le Ministère de la Transition Écologique). En 2022, un bilan convaincant sera rendu. « Il pourrait servir de modèle au reste du territoire français », se plaît à espérer l’association.

En attentant, l’AFAC-Agroforestie souhaite un véritable élan immédiat en faveur des haies : « La renégociation de la PAC 2023 constitue l’opportunité à ne pas manquer, il faut que nous nous mobilisions tous. » De son côté, l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques), qui est à la biodiversité ce que le GIEC est au climat, a pourtant martelé que la première cause de déclin de la biodiversité restait l’agriculture intensive et son cortège de pratiques meurtrières. Tous les décideurs ont entendu le message, mais l’ont-ils écouté ? Sûrement pas lorsqu’on constate que, chaque année, il disparaît quatre fois plus de kilomètres de haies qu’il ne s’en plante ! ●
https://charliehebdo.fr/2021/05/ecologie/les-haies-sont-en-danger-et-la-biodiversite-avec/
Comment Mac Lesggy assure la propagande de l'industrie agro-alimentaire
Mon Mar 15 18:04:40 2021
https://www.ladn.eu/media-mutants/tv-et-nouvelles-images/comment-mac-lesggy-assure-propagande-industrie-agro-alimentaire/
10 astuces et fonctions cachées pour maîtriser VLC comme un pro
Mon Mar 1 17:10:35 2021
Le lecteur multimédia open source devenu une véritable référence dans le domaine est bourré de fonctionnalités souvent méconnues des utilisateurs.

Il fut un temps où, lorsque l’on essayait de lire une vidéo sur son ordinateur, il fallait avoir au préalable téléchargé et installé les bons packs de codecs. Et si cela paraît aujourd’hui incroyable, c’est sans doute les étudiants de l’école Centrale Paris qui ont monté le projet VideoLAN qu’il faut remercier.
VLC, qui est issu de ce projet, est devenu dans la foulée open source. Le lecteur multimédia créé par Jean-Baptiste Kempf a su en quelques années s’imposer comme une référence en la matière.

Utilisé par plus de 400 millions de personnes à travers le monde, VLC est connu de tous et doit son succès à sa capacité de lire n’importe quel format de fichier audio ou vidéo presque sans avoir à télécharger de codec tiers. N’ayons pas peur des mots, VLC est sans nul doute à ce jour, le meilleur lecteur multimédia existant.
Si la majorité de ses utilisateurs ne s’en servent que pour lire des vidéos sur leur ordinateur, VLC est capable de bien plus. Vous découvrirez dans les lignes qui suivent, une partie de ce qu’il est capable de faire.

Télécharger VLC 32 bits pour Windows (Gratuit)
Télécharger VLC 64 bits pour Windows (Gratuit)
Télécharger VLC pour macOS (Gratuit)
Télécharger VLC pour Linux (Gratuit)

1. Regardez des vidéos en ligne

VLC ne sert pas qu’à lire des vidéos stockées sur votre ordinateur. Le lecteur multimédia sait également lire des vidéos en streaming. Comment ? Tout simplement en lui soumettant l’URL du flux vidéo que vous souhaitez visionner. Pour ce faire, vous n’aurez qu’à cliquer sur le menu Média puis choisir d’Ouvrir un flux réseau.

Dans la fenêtre Ouvrir un flux qui s’affiche, vous n’aurez qu’à coller l’URL de la vidéo dans le champ prévu à cet effet et à valider en cliquant sur Lire/Ouvrir pour lancer la lecture de la vidéo.
2. Téléchargez des vidéos YouTube

Bien que cela ne soit pas sa fonction première, VLC peut être utilisé pour télécharger des vidéos. Pratique si vous voulez, par exemple, pouvoir regarder les derniers épisodes de votre chaîne YouTube préférée alors que vous vous apprêtez à vous confiner en Creuse.

Pour cela, vous n’aurez qu’à ouvrir une vidéo en streaming dans VLC, comme vu à l’étape précédente. Cliquez sur le menu Outils (ou Fenêtre sur macOS) puis choisissez d’afficher les Informations du média. Copiez l’URL affichée dans le champ Emplacement.

Collez-la dans la barre d’adresse de votre navigateur Web. À l’aide d’un clic droit sur la vidéo, vous pourrez Enregistrer la vidéo sur votre ordinateur pour la lire hors ligne.

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3. Générez une image fixe à partir d’une vidéo

Extraire une photo à partir d’une vidéo ? C’est tout à fait possible. Pour cela, naviguez jusqu’au moment de la vidéo que vous souhaitez immortaliser dans une capture d’écran.
Pour naviguer avec plus de précision, en image par image par exemple, utilisez la touche E de votre clavier. Une fois calé sur la bonne image, cliquez sur le menu Vidéo pour faire une Capture d’écran.

Les captures d’écran réalisées dans VLC sont sauvegardées par défaut dans le répertoire Images sous Windows comme sur macOS, avec un nom commençant par vlcsnap.
4. Convertissez des vidéos

Vous n’avez pas forcément besoin de logiciel dédié pour convertir une vidéo. VLC sait le faire. Pour convertir une vidéo dans un autre format, cliquez sur le menu Fichier puis sur Convertir / Diffuser.

Glissez-déposez la vidéo à convertir dans la fenêtre qui s’ouvre ou cliquez sur Ajouter pour la sélectionner depuis l’explorateur de fichiers. Cliquez ensuite sur Convertir / Enregistrer.

Dans la fenêtre Convertir qui s'affiche, à la ligne Profil, déployez le menu déroulant pour sélectionner le format de conversion en sortie. Vous pourrez, par exemple, choisir de convertir un fichier vidéo au format MP3 pour ne conserver que sa piste audio.

Une fois le profil choisi, cliquez sur le bouton Parcourir de la section destination, choisissez un répertoire de sauvegarde, donnez un nom à votre fichier et validez en cliquant sur Enregistrer.

Lancez ensuite la conversion du fichier en cliquant sur Démarrer.
5. Enregistrez un passage d’une vidéo

Vous n’avez pas besoin de logiciel de montage vidéo pour réaliser des manipulations simples sur vos fichiers vidéo. Il est par exemple possible d’extraire un passage précis d’une vidéo directement dans VLC.

Pour ce faire, vous devrez d’abord activer l’affichage des contrôles avancés. Pour cela, cliquez sur le menu Vue, puis cliquez sur Contrôles avancés. Une nouvelle ligne de boutons de contrôle devrait venir s’intégrer au-dessus des touches de contrôle natives.

Ouvrez ensuite la vidéo de laquelle vous souhaitez extraire un passage et naviguez jusqu’au début du passage à conserver (en utilisant la touche E du clavier pour avancer image par image si besoin).

Appuyez sur le bouton rouge d’enregistrement, puis sur le bouton de lecture pour lancer la lecture de la vidéo. Appuyez de nouveau sur le bouton d’enregistrement pour stopper la capture du passage.

Le passage vidéo que vous venez d’enregistrer est sauvegardé directement au sein du répertoire Vidéos sur Windows avec un nom commençant par vlc-record-xxxxx.
6. Diffusez une vidéo sur ChromeCast

Vous aimeriez pouvoir regarder la vidéo des premiers pas de votre petit dernier sur le grand écran du salon ?  Vous pouvez tout à fait lancer la vidéo dans VLC et envoyer la lecture sur le Chromecast connecté à votre TV.

Pour ce faire, ouvrez la vidéo dans VLC, cliquez sur le menu Lecture, puis placez-vous sur Rendu. Vous devriez pouvoir sélectionner le Chromecast de la pièce dans laquelle diffuser votre vidéo.
7. Enregistrez l’écran de votre ordinateur

Oui, il est possible d’utiliser VLC pour enregistrer un screencast sur votre PC. Pour cela, cliquez sur le menu Média puis choisissez d’Ouvrir un périphérique de capture.

Dans la fenêtre qui s’affiche, cliquez sur le menu déroulant Mode de capture et sélectionnez Bureau. Dans les options, personnalisez le Débit d’images pour la capture en le mettant au moins sur 25 ima/s pour un résultat suffisamment fluide.

Cliquez ensuite sur la flèche du bouton Lire pour afficher les autres options et choisissez de Convertir.

Dans la fenêtre suivante, sélectionnez un Profil (Vidéo – H265 + MP3, par exemple pour enregistrer une capture d’écran vidéo avec le son) et cliquez sur Parcourir.

Sélectionnez votre répertoire de sauvegarde et renseignez le nom sous lequel votre capture d’écran vidéo sera enregistrée. Validez en cliquant sur le bouton Enregistrer dans la fenêtre de l’explorateur de fichiers.

Enfin, cliquez sur le bouton Démarrer pour lancer l’enregistrement de la capture vidéo. Une fois votre screencast terminé, appuyez simplement sur le bouton Stop de VLC pour arrêter et sauvegarder automatiquement votre vidéo.
8. Enregistrez votre Webcam

Si VLC vous permet d’enregistrer votre écran, il est aussi capable d’enregistrer un flux vidéo en provenance de votre Webcam. Pour enregistrer votre selfie vidéo avec VLC, cliquez sur le menu Média puis choisissez de Convertir / Enregistrer.

Dans la fenêtre Ouvrir un média qui s’ouvre, placez-vous sur l’onglet Périphérique de capture, puis dans Mode de capture, sélectionnez DirectShow dans le menu déroulant.

Dans la partie Sélection de périphérique, cliquez sur le menu déroulant en face de Nom du périphérique vidéo, et choisissez la Webcam de votre PC. Faites de même pour le Nom du périphérique audio, afin de sélectionner le micro intégré à votre PC ou à votre Webcam.

Cliquez ensuite sur Options Avancées. Vous pourrez y définir le format de l’image, 4:3 par défaut, pour le changer pour 16:9 par exemple. Profitez-en pour personnaliser le Débit d’images par seconde en renseignant au moins 25 à 30 images/s pour que votre vidéo soit fluide, et cliquez sur OK pour valider vos préférences.
Cliquez ensuite sur le bouton Convertir / Enregistrer.

Dans la fenêtre Convertir qui s’affiche, sélectionnez votre profil (Vidéo – H265 + MP3), cliquez sur Parcourir, et naviguez jusqu’au répertoire où vous souhaitez enregistrer votre vidéo. Choisissez un nom pour votre fichier et validez en cliquant sur Enregistrer.

Cochez la case Afficher le flux de sortie pour afficher un retour vidéo de l’enregistrement, puis cliquez sur Démarrer pour lancer l’enregistrement du flux vidéo de votre Webcam. Pour arrêter l’enregistrement, cliquez simplement sur le bouton Stop dans le lecteur multimédia.
9. Protégez vos vidéos en ajoutant un watermark

Avant de partager une vidéo en ligne, il est souvent préférable d’y ajouter un watermark pour éviter qu’un tiers vous la vole et s’en approprie tout le crédit. Pour ce faire, vous pouvez utiliser VLC qui dispose d’une option dédiée.

Pour ajouter un watermark sur une de vos vidéos, ouvrez-la dans VLC et mettez-la sur pause. Cliquez ensuite sur le menu Outils puis sur Effets et filtres.

Dans la fenêtre Ajustements et effets qui s’affiche, placez-vous sur l’onglet Effets vidéo, puis cliquez dans le sous-onglet Incrustations. Cochez la case Ajouter un logo, puis cliquez sur le bouton figurant trois petits points pour ouvrir l’explorateur de fichier et sélectionner le logo que vous souhaitez intégrer en tant que watermark dans la vidéo. Renseignez ensuite le nombre de pixel de décalage par rapport au haut et la gauche de la vidéo, afin de repositionner le logo si besoin. Cliquez ensuite sur Enregistrer puis sur Fermer pour valider vos modifications.

En l’état, votre vidéo est lu avec un watermark, mais il ne s’agit que d’un aperçu. Vous devez donc exporter la vidéo dans cet état pour avoir un fichier vidéo final sur lequel le watermark apparaît.

Cliquez donc sur le menu Média, puis choisissez l’option Convertir / Enregistrer. Cliquez sur le bouton Ajouter pour sélectionner votre fichier vidéo, puis cliquez sur le bouton Convertir/Enregistrer.

Dans la fenêtre suivante, sélectionnez le profil (format d’exportation de votre vidéo), puis cliquez sur Parcourir. Dans la fenêtre de l’explorateur de fichier qui s’ouvre, sélectionnez le répertoire de sauvegarde et renseignez le nom de votre nouvelle vidéo watermarkée.
Cliquez sur Enregistrer pour valider et fermer la fenêtre de l’explorateur de fichiers. Cliquez enfin sur le bouton Démarrer depuis la fenêtre Convertir de VLC pour lancer l’export de la vidéo watermarkée.
10. Lisez des vidéos depuis une archive

En plus de savoir lire presque n’importe quel fichier multimédia, VLC est aussi capable de lire les vidéos contenues dans un dossier compressé, sans qu’il ne soit nécessaire d'extraire les fichiers.

Vous n’aurez alors qu’à glisser-déposer le dossier compressé contenant vos vidéos pour que VLC en lance la lecture. Vous pourrez passer d’une vidéo à une autre en cliquant sur le bouton permettant d’afficher la liste de lecture du lecteur.
https://www.01net.com/astuces/10-astuces-et-fonctions-cachees-pour-maitriser-vlc-comme-un-pro-2036165.html
Logement : les députés LREM vous préfèrent à la rue - Charlie Hebdo
Fri Dec 18 11:00:14 2020
Logement : les députés LREM vous préfèrent à la rue
Jacques Littauer · Mis en ligne le 17 décembre 2020

Dans quelques jours, à partir du 21 décembre, c’est la trêve hivernale. Une période pendant laquelle un propriétaire ne peut pas foutre dehors son locataire. Mais, des députés de La République en marche (LREM) estiment qu’il faut protéger les propriétaires contre ces mauvais payeurs de locataires pauvres. Or, non seulement c’est immoral mais en plus c’est économiquement très con car le « marché » du logement n’est pas un marché mais une rente. Explications.

Exclu Web

« De très nombreux intérimaires, des personnes en CDD ou travaillant au noir ont perdu leur emploi. On peut rogner sur plusieurs postes de dépense mais pas sur le logement ». Voilà ce qu’explique Bénédicte Thomas, responsable locale du Secours Catholique. Face à cette situation, qui prend une ampleur désastreuse, que font nos braves élus En Marche ? Ils s’inquiètent pour les… propriétaires, dont les revenus risquent de chuter, avec la multiplication des loyers impayés.
Tout pour les proprios !

Dans une tribune parue dans le Journal du Dimanche, 47 parlementaires de la majorité appellent à réviser la trêve hivernale. Estimant que les propriétaires qui louent leur logement sont insuffisamment « protégés », ils souhaitent que les expulsions soient facilitées, à la condition bien sûr qu’une offre d’hébergement d’urgence soit proposée, on n’est pas des bêtes, mais seulement durant la durée de la trêve hivernale, on est bien de droite, merci de vous en souvenir.

Le seul petit souci, comme l’explique Manuel Domergue, directeur des études à la fondation Abbé Pierre, dans la réalité, voilà ce qu’il se passe : « La plupart du temps, on héberge des personnes à l’hôtel dans une zone industrielle à 50 km de chez eux, on leur dit “vous avez une semaine à l’hôtel et dans une semaine débrouillez-vous vous êtes à la rue”  ». Qui en voudrait ? Sûrement pas les signataires de cette tribune.

Car la trêve hivernale, obtenue par l’abbé Pierre en 1956, c’est vraiment le minimum du minimum : ne pas mettre les gens dehors pendant l’hiver. Il y a eu 16 700 expulsions locatives en 2019, sans solution la plupart du temps, rappelle Manuel Domergue. Certes, la situation est difficile pour tout le monde, mais l’idée de « rééquilibrer » les rapports entre propriétaires et locataires, comme l’écrivent les signataires de la tribune, est odieuse. Car même si le locataire dispose de droits, c’est bien le propriétaire qui possède son logement !

Et les bailleurs sont plus riches que les locataires, même s’il existe évidemment des exceptions. De plus, rappelle Domergue, les impayés ne représentent que 2 % à 3 % des cas. Dans l’immense majorité des situations, les proprios encaissent leur loyer tranquillou. Et il existe déjà des solutions efficaces pour les protéger contre les impayés, connues de tous les proprios, comme la Garantie des loyers impayés.
Le marché du logement est un mythe

Surtout, on ne peut pas vouloir avoir les avantages de l’économie privée – percevoir des loyers versés par des gens moins chanceux que vous – et ne pas en accepter les risques – les loyers impayés.

En fait, dans les grandes villes au moins mais pas seulement, il est absurde de laisser les logements s’échanger sur un soi-disant « marché » entre particuliers privés. Car ce marché ne fonctionne pas du tout : sur un marché, un vrai, lorsque la demande est forte, les prix augmentent, ce qui incite les producteurs qui produisent plus. Cette augmentation de l’offre conduit, à terme, à faire redescendre le prix.
À LIRE AUSSI : Crise économique : gros mal de dette

C’est ce qui s’est passé pour tous les biens qui sont dans nos maisons, machines à laver, aspirateurs ou même voitures, dont le prix, ramené au salaire minimum, a considérablement baissé au cours des dernières décennies, en raison de la production de masse. C’est aussi, pour prendre un autre exemple, ce qui va permettre la baisse du prix des fruits et légumes bio.

Mais elle est où, la production de masse de logements qui fait suite à l’explosion des loyers de ces dernières décennies ? Elle est nulle part. Et même la production tout court, c’est-à-dire la création de nouveaux logements, est très insuffisante.

Bien sûr, on pourrait faire plus, mais il y a une limite évidente : l’absence de place. Dans les centres-villes, on ne va pas empiler les immeubles les uns sur les autres, surtout que la densité de population est déjà trop élevée dans de nombreux endroits, entrainant bouchons, transports en commun bondés, pollution, énervement généralisé, etc.

Donc, sur ce sacré « marché du logement », la hausse de la demande a un seul effet : la hausse des prix. Cela a un nom en économie, connu depuis David Ricardo (1815), cela s’appelle une rente. Percevoir une rente, ce n’est pas être sur un marché mais être, par exemple, propriétaires terriens, que Ricardo détestait (et dont il a eu la peau). Ces mêmes rentiers que Keynes (1936) honnissait aussi, au point de vouloir les « euthanasier ». Preuve que la chose est tout sauf nouvelle.

Or cette rente exclut, depuis des décennies déjà, employées et ouvriers des centres-villes, et même des villes tout court. Le joli fonctionnement « libre » du « marché » crée des ghettos, le XVIe arrondissement de Paris d’un côté, La Courneuve de l’autre. On ne peut sous-estimer les effets dramatiques de ces évolutions sur l’état des services publics, l’accès à l’emploi, la violence, la santé de la population, qui s’effondrent dans les quartiers privés de mixité sociale. Le libre marché du logement est sans doute le pire problème économique et social de notre pays.
Jacques Littauer tenait beaucoup à ce que l’on mette cette vidéo. Pardon.
Une solution ? Quel intérêt ?

Et, vous savez quoi ? En janvier prochain, les loyers des HLM vont continuer à augmenter, alors que la pauvreté s’étend comme jamais dans notre pays. Noura, membre d’un collectif de locataires de Saint-Denis, le dit : « En mars, quand mon mari est tombé au chômage partiel, on a perdu 1000 euros avec les primes qu’il ne touchait plus. Dans le quartier, je sais que des gens ne peuvent pas payer plus… »

Mais ce n’est pas Noura qui préoccupe nos 47 élus, mais Jean-Édouard. Pourtant, il existe des solutions, rappelle Manuel Domergue, comme l’intervention d’un acteur tiers, public, dans le face-à-face entre le propriétaire bailleur et le locataire. Cela s’appelle la garantie universelle des loyers, et elle a été votée en 2014. Elle oblige le propriétaire à respecter ses obligations et, en contrepartie, elle l’indemnise en cas d’impayés du locataire. Puis se retourne contre le locataire, examine sa situation, et le force à payer si il ou elle le peut.

Simple, efficace. Mais vous savez quoi ? La garantie universelle des loyers n’a jamais été appliqué, mais au contraire purement et simplement abandonnée. •
https://charliehebdo.fr/2020/12/economie/logement-les-deputes-lrem-vous-preferent-a-la-rue/
François Lenglet, prophète de malheur de l'économie - Charlie Hebdo
Fri Oct 16 19:40:00 2020

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François Lenglet, prophète de malheur de l'économie - Charlie Hebdo
Je suis Charlie
13-16 minutes

François Lenglet est journaliste. Titulaire d’une licence d’anglais, il prétend « expliquer l’économie » aux Français sur les plus grands médias depuis trois décennies. Dans son dernier livre, intitulé Quoi qu’il en coût€ ! (Albin Michel), Lenglet, affolé par la hausse bien réelle de l’endettement public, nous annonce rien de moins que la fin du monde. De son monde, qui est aussi, hélas, le notre.

« Cette furie de la dépense publique aura évidemment une fin regrettable. C’est la plus vieille tentation du monde que de dépenser plus que l’on a. Elle a toujours la même issue. Une ruine, qui peut prendre deux formes différentes. La première est le krach financier (…). L’autre route, si elle est moins probable, n’est guère plus réjouissante : une forte inflation (…). Quand une telle lessive peut-elle se produire ? Impossible à dire. Parce que le déclencheur sera, comme toujours, un évènement imprévisible, un grain de sable. (…) Ce sera, sur le plan financier, l’équivalent de l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche à Sarajevo, en juin 1914, qui a été le fait générateur de la Première Guerre mondiale. » François Lenglet nous annonce rien moins que la guerre, et mondiale s’il vous plaît. Regardons les faits. Lenglet nous dit que les États ont toujours été en déficit. C’est vrai. Mais quand l’État français a-t-il fait faillite ? Jamais. Donc la dette ne conduit pas « toujours » à la ruine, comme le dit Lenglet. Mais, au contraire, très rarement. C’est contre-intuitif, je sais, mais c’est la réalité.
Dette aujourd’hui, guerre demain ?

Certes, vous allez me dire, « cette fois ça va trop loin, cela va mal finir ». Mais vous devez accepter que cela a été dit mille fois et que donc, des gens comme vous, qui ont dit exactement les mêmes choses, se sont déjà trompés mille fois. Et, pour nous autres profs d’économie, cela n’a rien de mystérieux car l’endettement de l’État ne fonctionne tout simplement pas comme votre endettement à vous et à moi. Ce sont, dans la réalité, des choses complètement différentes.

Surtout, je précise que ne suis pas là pour vous rassurer mais pour vous expliquer. Si la dette publique était le premier problème de la France, je le dirais. Or, ce n’est pas le cas. En effet, vous le savez, les taux d’intérêt que la France paie sur sa dette sont très faibles, d’environ 0 %.

En réalité, la dette publique n’a jamais aussi peu coûté au pays. Alors que la dette publique augmente, le montant des intérêts payés par l’État chaque année, lui, diminue : de 42 milliards en 2017, il est passé à 36 milliards en 2020. Pourquoi ? Parce que les taux d’intérêt ont baissé, jusqu’à être négatifs par moment. Ce deuxième fait me semble important à connaître.
La dette publique ne sera pas remboursée, mais ce n’est pas grave

Maintenant, les taux d’intérêt peuvent-ils remonter ? C’est la grand crainte. Mais je pense, avec d’autres, que cette crainte est infondée. Ainsi, selon Patrick Artus, « le débat sur les efforts qu’il faudrait faire pour rembourser la dette publique émise aujourd’hui est tout à fait inutile ». Comme il l’explique, l’action des Banques centrales, l’épargne actuelle du secteur privé et la possibilité désormais offerte aux États de se financer à très long terme à des taux d’intérêt très bas font… qu’il n’y a pas de problème d’endettement public !

Je suis de son avis. Mais, comment ce problème peut-il disparaître, alors que la dette publique explose ? Pour la raison, à première vue paradoxale, suivante : aujourd’hui, États et entreprises sont, en effet, endettés comme jamais. Que se passe-t-il si les taux d’intérêt remontent ? De nombreuses entreprises et même certains États – dont la France ne fait pas partie – ne pourront pas rembourser.

Or, cela, les dirigeants des Banques centrales le savent. Et, troisième fait important, les taux d’intérêt ne sont pas fixés par le marché. Ils sont fixés par la Banque centrale, de la même façon que l’État fixe le niveau du Smic en France. Les dirigeants des Banques centrales ont donc les mains liées : s’ils augmentent les taux, ils font exploser l’économie mondiale. Or, ils ne sont pas idiots et ce sont mêmes les dirigeants économiques les plus intelligents de la planète, les derniers qu’il nous reste.

N’oubliez pas que ce sont eux, encore plus que les États, qui nous ont déjà sauvés lors de la crise de 2008. Et ils commencent d’ailleurs sérieusement à en avoir marre de jouer un rôle qui n’est pas le leur ! Mais ils ne peuvent pas faire autrement. Augmenter le poids des dettes, publiques et privées, serait déclencher un cataclysme économique sans précédent. C’est tout simplement impossible.
L’inflation ? Ou ça ?

L’autre grande peur du camarade Lenglet, c’est l’inflation. Là aussi, regardons les faits. Depuis 1945, la France a-t-elle souvent connu l’inflation ? Non. La seule période inflationniste dura une grosse décennie, de 1973 à 1986. Soit 13 ans sur les 75 qui nous séparent de 1945, autrement dit un an sur 5, pas vraiment un phénomène fréquent. D’ailleurs, les personnes qui vivent en France et qui ont moins de 40 ans n’ont aucune idée de ce qu’est l’inflation, car ils et elles ne l’ont jamais connue.

Qu’est-ce que l’inflation, concrètement ? C’est la hausse des prix. Or, à votre avis, les entreprises françaises peuvent-elles augmenter leurs prix, prises qu’elles sont dans la concurrence mondiale ? Qu’allez-vous faire si Renault augmente le prix de sa Clio ? Vous irez voir ailleurs. Renault le sait. Renault ne peut donc pas augmenter ses prix et n’est pas près de pouvoir le faire avec les années de stagnation qui sont devant nous. Même Apple doit faire (un peu) gaffe au prix délirant de ses smartphones à cause de la concurrence des Chinois.

Du côté des salariés, le chômage de masse et la précarité, installés depuis plus d’une génération, ont pour conséquence que les termes « revendication salariale » n’ont plus de sens pour personne. Les salaires ne sont donc pas près d’augmenter, et ont même commencé à baisser.
Ni augmentation des prix, ni hausse de salaires

Conclusion : les entreprises ne peuvent pas augmenter leurs prix et les salaires vont baisser. D’où pourrait bien venir l’inflation ? Quel acteur économique peut, aujourd’hui, accroître le prix de ce qu’il vend, que ce soit une baguette de pain ou son travail ? L’inflation fut, en réalité, un phénomène très spécifique des années 1970, circonscrit, limité dans le temps, une conséquence du choc pétrolier. Mais, aujourd’hui, le prix du pétrole s’effondre…

À l’inverse, Lenglet a raison sur un point crucial : les taux d’intérêt à 0 % en vigueur en Europe et aux États-Unis depuis la crise de 2008 ont alimenté une inflation dévastatrice, celle du prix des logements. Mais, dans ce domaine, la Banque centrale ne peut rien faire. Si on veut stopper la spéculation immobilière, il faut que l’État réglemente le prix des logements. Facile sur le plan économique, impossible sur le plan politique.

Alors, pourquoi est-ce que je m’énerve contre Lenglet ? Parce qu’il fait partie d’un concert de voix désastreux, mais malheureusement de plus en plus nombreux, qui alimente les peurs des épargnants : celles du krach, de l’inflation, ou des impôts futurs, annoncés par l’apôtre Piketty, qui espère son heure enfin venue. Or l’économie est affaire d’anticipations. Et, en économie, ce terme a un sens bien précis : anticiper, c’est agir.

Lorsque vous anticipez que demain il va faire beau, cela n’a aucune conséquence dans la réalité. Il se passe quelque chose dans votre cerveau, et c’est tout. Mais lorsque nos riches anticipent, à tort, la fin du monde annoncée par Lenglet, ils épargnent d’autant plus. Or cet impact est d’autant plus fort que les riches sont avant tout des vieux, plus vulnérables, pour des raisons bien compréhensibles, à l’inquiétude. Ainsi, le patrimoine net – une fois déduites les dettes – des personnes ayant la cinquantaine est de 300 000 euros mais il n’est que de 130 000 euros pour les trentenaires.

Or quand les vieux flippent, ils cessent de consommer. Par-là même, ils alimentent la crise. Et donc ils aggravent aussi… la dette publique ! Le chômage gonfle, tandis que l’État doit continuer de financer des dizaines de milliers d’entreprises dont l’activité s’est effondrée : transports, bars, restaurants, foires, salons… Les dépenses publiques explosent, tandis que les recettes s’effondrent, la hausse de la dette ne peut que se poursuivre.
(Re)lire Keynes plutôt que Lenglet

Ces mécanismes sont au cœur de la révolution théorique effectuée par Keynes en 1936, qu’il serait bon de connaître. Oui, ce sont nous qui façonnons l’avenir par nos comportements d’aujourd’hui, à commencer par les entrepreneurs, dont les décisions d’investissement d’aujourd’hui fixent le niveau de l’emploi, et donc du chômage, de demain.

Or, dans le bordel actuel entretenu par le gouvernement, quelle entreprise peut, aujourd’hui, prévoir ce que sera son niveau d’activité la semaine prochaine ? Comment voulez-vous que les entreprises lancent de nouveaux produits, achètent des machines dans ces conditions ? Si à l’incompétence de Le Maire, aux incohérences de Véran, au je-m’en-foutisme intersidéral de Blanquer, s’ajoutent la Grande Peur des Épargnants, les amis, dans un an, il n’y a plus une seule entreprise debout en France !

Tout cela Keynes l’avait compris et expliqué mieux que tout le monde. Keynes avait surtout compris une chose, la plus importante de toutes : dans une économie de marché, l’intérêt individuel s’oppose à l’intérêt collectif… et donc à l’intérêt de chacun !

Regardez la situation actuelle. Tout le monde le sait, l’épargne française est excessive, les plans sociaux se multiplient, chômage et pauvreté explosent. Or, ces phénomènes sont les deux faces de la même pièces : si les entreprises ferment, c’est parce qu’elles ne vendent rien. Et si elles ne vendent rien, c’est parce que les Français épargnent comme des malades – enfin, ceux qui le peuvent.

La solution est simple : consommer, consommer et encore consommer. C’est possible, puisque notre épargne est gigantesque. Donc si tout le monde consomme, le chômage baisse, la croissance revient, et donc, cerise sur le gâteau, la dette publique diminuera. (Et on tue la planète au passage, mais il faut savoir ce que l’on veut !).
Tu es ton pire ennemi économique !

Problème : ce que nous aurions tous, chacun, intérêt à faire, nous avons tous, chacun, individuellement, intérêt à ne pas le faire. Pourquoi n’allez-vous pas vous précipiter dans un restau étoilé après lu mon article ? Parce que vous avez peur de perdre votre boulot. Parce que vous voulez prévoir pour demain. Parce que vous voulez pouvoir aider vos enfants ou vos petits-enfants. Et, dans le contexte actuel, vous avez raison d’agir ainsi. Votre comportement est parfaitement rationnel. Keynes le dit très clairement, alors qu’il se débat avec la crise des années 1930. Ce point est fondamental. Mais, par votre comportement d’épargne, vous aggravez la crise. Vous aggravez donc votre situation future et celle de vos enfants et de vos petits-enfants. En agissant au mieux de vos intérêts, vous vous mettez vous-même dans la merde !

C’est là le message le plus fondamental de Keynes, mais il est inconnu. C’est là la critique la plus forte du marché développée par Keynes : le marché, lieu sans pouvoir, sans centre, lieu « décentralisé », n’est pas dirigé. Et donc les solutions collectives, même connues de tous, ne peuvent pas être atteintes. Un peu comme, dans une famille, des conflits qui pourraient être résolus ne le sont pas alors qu’il « suffirait » que chacun fasse un pas vers l’autre, mais personne ne veut être le premier à le faire.

L’obstacle n’est donc pas économique, mais psychologique. Bernard Maris l’avait dit dans son indispensable livre Keynes, l’économiste citoyen : « Pour Keynes, le fondement de l’économie, c’est la psychologie. Et c’est très grave. »

Enfin, si vous croyez qu’Adam Smith a défendu l’idée selon laquelle le marché permettait l’harmonie des intérêts, ce qu’il n’a jamais fait, je vous laisse lire la description que Smith fait des conflits entre maîtres et ouvriers concernant le niveau des salaires. Autrement dit, cette idée folle selon laquelle le marché conduirait à l’intérêt général n’a jamais été avancée par un seul économiste sérieux. Mais cela n’empêche évidemment pas François Lenglet d’y croire, comme d’autres en Dieu.

En conclusion, nous sommes donc effectivement condamnés à la ruine mais pour des raisons inverses à celles invoquées par Lenglet. D’un point de vue intellectuel, pour un économiste comme moi, c’est jouissif. Comme enseignant de fac qui voit tous ses anciens étudiants au chômage obligés de retourner vivre chez leurs parents alors qu’ils étaient installés, parfois en couple, un peu moins. •
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Hovasse: "Il n'y a pas eu de défenseurs de Hugo parmi les grands auteurs" - L'Express
Fri Jun 19 19:38:22 2020
 Hovasse: "Il n'y a pas eu de défenseurs de Hugo parmi les grands auteurs"
Par Marc Riglet, publié le 22/02/2012 à 15:00 , mis à jour le 17/02/2012 à 11:36
Jean-Marc Hovasse est le grand spécialiste français de Victor Hugo. Et pour les 150 ans des Misérables, il revient sur les coulisses du chef-d'oeuvre. Rencontre.

Jean-Marc Hovasse, normalien, agrégé, docteur ès lettres, est l'" hugolien " de notre temps. Chercheur au CNRS, il dirige le Centre d'études des correspondances et journaux intimes de l'Université de Bretagne et, par ailleurs, il est l'auteur d'une " monumentale ", comme on dit, biographie de Victor Hugo. C'est un maître livre. A la mesure de la démesure de son sujet. En 2001 est publié, chez Fayard, le premier tome, Avant l'exil, 1802-1851, 1 366 pages. La suite est promise pour 2002, un siècle qui a deux ans, une "date convenable", comme le suggère, pince-sans-rire, le biographe. Las, il faut attendre 2008 pour se jeter sur le deuxième tome, Pendant l'exil, 1851-1864, 1 286 pages. Il tarde de savourer le troisième. On parle de 2015, le bicentenaire de Waterloo. C'est bien long. Mais notre patience sera sûrement récompensée.

Les misérables sont publiés en 1862, au terme d'une longue gestation. Pour mesurer l'importance de l'événement, il faut sans doute revenir aux origines, au moment où le titre du livre projeté n'est pas encore Les misérables mais "Les misères".

Il y a eu, en effet, deux vagues de rédaction. La première commence très nettement avant l'exil, en 1845, et se termine en février 1848. Là, pour cause de révolution et de barricades, le travail est arrêté. C'est d'ailleurs assez piquant, car, dans son roman, Victor Hugo en est justement à évoquer une révolution et des barricades mais ce sont celles de 1830 ! En 1848, donc, il s'interrompt et ne reprendra son ouvrage que douze ans plus tard. Pourquoi ? Il y a d'abord une explication rationnelle, disons historique : la révolution. Hugo y participe et puis, surtout, il devient un homme politique à plein-temps et arrête d'écrire.

Voilà pour l'interruption. Mais si l'on revient au début, en 1845, dans quelles circonstances Victor Hugo entreprend-il d'écrire ce livre qui donc, dans un premier temps, doit avoir pour titre "Les misères" ?

Le point de départ est presque burlesque. En 1845, il n'a plus rien à prouver. Il est devenu académicien, pair de France, il peut espérer être ministre. Comme Chateaubriand, son modèle. Bref, il est au sommet. C'est là que, peu de temps après sa nomination à la Chambre haute, il est surpris en flagrant délit d'adultère avec la femme du peintre Biard, une jeune femme qu'il avait rencontrée peu de temps auparavant. Là, tout s'écroule. Etant pair de France, il ne peut pas être emprisonné, mais il est obligé de se cacher. C'est à ce moment-là - ce n'est peut-être pas la raison déterminante mais c'est en tout cas une des raisons, et Sainte-Beuve s'amuse à dire que c'est la raison principale - qu'il se met à cette grande oeuvre, à laquelle il avait déjà pensé auparavant, on en a des traces. Mais le début de la rédaction, c'est cela : il s'enferme chez lui, pour ne plus en sortir, se faire oublier, et commencer la rédaction de ce livre des "Misères".  

Peut-on dire que, dès 1845, Victor Hugo est sensible aux malheurs du peuple ?
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Oui, bien sûr, déjà énormément. La question sociale le préoccupe. Avant même d'interrompre "Les misères" en 1848 pour les raisons qu'on a dites, il avait donné, à la Chambre des pairs, un "Discours sur la misère" qui avait été fort remarqué.  

Reprenons le fil de l'histoire. A partir de 1848, donc, la politique l'occupe tout entier, mais en 1851, c'est le coup d'Etat et l'exil. N'est-il pas à nouveau disponible pour la création littéraire ?

C'est évidemment la question que tout le monde va se poser : pourquoi ne profite-t-il pas de l'exil pour reprendre le roman ? Il s'en explique. D'abord, il estime qu'il lui faut continuer de témoigner contre l'Empire, contre Louis Napoléon Bonaparte. Donc l'urgence, c'est Napoléon le Petit, Les châtiments, Histoire d'un crime. Et puis il dit aussi que, lorsqu'il aura fini avec tous ces ouvrages politiques, il lui faudra "se reposer" dans des vers. Ce qu'il fera avec Les contemplations. Le roman, ce sera pour plus tard.

Pourtant les éditeurs le pressent. Il les fait languir. Et, de toute façon, il y a une formule qu'il écarte, c'est celle du feuilleton. Il n'a, d'ailleurs, jamais accepté que son travail romanesque soit publié sous cette forme.

En effet. En tout état de cause, pour Les misérables, ce n'était pas envisageable. Le proscrit était banni de la presse française. En revanche, pour Les travailleurs de la mer, on lui a proposé un pont d'or pour une publication dans la presse, une somme colossale, au moins aussi élevée que pour Les misérables, quelque chose d'énorme pour un roman pourtant beaucoup plus court que Les misérables. Il a refusé cela. Il était d'accord pour une publication ultérieure en feuilleton mais pas pour une publication d'origine en feuilleton. Pourquoi ? Plusieurs explications sont possibles. La plus simple est qu'il ne veut tout simplement pas écrire sous contrainte. Il se rend bien compte, par exemple, que son grand ami Dumas, feuilletoniste pressé par le besoin, y dilapide son talent. Lui veut être libre. Contrôler son texte. Prendre le temps de le parfaire. Le feuilleton ne permet pas cela.

Il passe donc par un éditeur. Hetzel voit l'affaire lui échapper. Pourquoi ?

Hetzel avait tous les titres pour être l'éditeur des Misérables. Il avait publié Les contemplations et La légende des siècles. Mais il a jugé qu'il n'avait pas les reins assez solides pour Les misérables. Il trouvait que la somme demandée par Hugo, 300 000 francs, était trop importante. Il est vrai que c'est une somme énorme. Je me suis un peu amusé - on me l'a reproché - à transposer en euros d'aujourd'hui. En se basant sur son loyer, place des Vosges, cela donne environ 5 millions d'euros !  

Finalement, c'est un éditeur belge. Enfin, ils sont deux...

Oui, Lacroix et Verboeckhoven. Ils acceptent tout de suite, alors qu'ils n'avaient pas du tout la somme, ce qui est audacieux. C'étaient de jeunes éditeurs. C'est vraiment un coup de poker.

D'autant que, au-delà de l'engagement financier, ils prennent un risque considérable : celui de voir la diffusion du livre interdite en France.

Ses oeuvres politiques - Napoléon le Petit, Les châtiments... - sont en effet interdites. Mais pour Les contemplations, il a réussi à obtenir, ce qui était très difficile, une publication à la fois à Bruxelles et à Paris. Il a fait jouer pas mal de relations. L'interdiction était menaçante, mais Les contemplations étaient un recueil soi-disant non politique, de tonalité lyrique alors qu'en fait il y a beaucoup de poèmes politiques. Avec Les contemplations, il y a donc un précédent. Par précaution, toutefois, à cette occasion, en 1856, il fait deux éditions, une française et une belge. Si l'édition française tombe sous le coup d'une interdiction, il reste l'édition belge qui permet d'amortir. Avec La légende des siècles, puis avec Les misérables, en 1862, il reprend la formule. Pour Les misérables, il la perfectionne même en choisissant la publication échelonnée. Les misérables seront publiés en trois fois.

Nous parlons là de l'édition grand format, très coûteuse. Aussi, Victor Hugo presse ses éditeurs de commercialiser une édition populaire, plus accessible.

Oui, ses éditeurs le lui promettent mais ils ne le font pas. Victor Hugo en est très dépité. Songez que le prix d'un volume de l'édition originale serait à peu près celui d'un ou même de deux volumes de La Pléiade aujourd'hui. Alors, pour le public populaire, c'est inaccessible. On raconte à l'époque que, pour tourner l'obstacle, des lecteurs s'associent pour acheter un volume, le lisent, puis tirent au sort pour en attribuer la propriété à l'un d'entre eux ! Finalement, Victor Hugo n'aura l'édition qu'il appelait de ses voeux qu'en 1865. Ce sera la grande édition en un volume, illustrée par Gustave Brion, avec des bois gravés, une très jolie édition populaire, beaucoup moins chère, qui sera enfin accessible et qui aura un tirage colossal.  

Alors il faut absolument que vous nous racontiez les conditions concrètes dans lesquelles le livre est, comme on dirait aujourd'hui, "lancé". Cela fait vraiment penser au mode de lancement actuel d'un Harry Potter !

Oui, c'est d'ailleurs la première fois que cela arrive. Les jeunes éditeurs belges ont l'ambition de servir le monde entier ! Ils vont donc organiser, et c'est ce qui est vraiment unique dans l'édition, un lancement planétaire, en sortant le même jour dans une douzaine de pays. Parfois, on croit qu'ils le sortent en plusieurs langues mais non : ils le sortent en français ! Ce qui donne une idée de la place du français dans le monde, en ce temps-là ! Du point de vue de la logistique, c'est un tour de force. C'est quelque chose que Hetzel n'aurait pas pu faire. Cela a joué un rôle dans le choix de Lacroix et de Verboeckhoven comme éditeurs.

Nous en sommes donc à la réception. Elle a l'air d'être bonne !

Oui et non. Gros succès de vente, médiocre succès de presse. Les articles sont assez sévères, dans l'ensemble.

Il y a même pire : ceux qui n'en parlent pas, Sainte-Beuve, Mérimée, par exemple.

Oui, les anciens amis, mais il y a aussi des gens dont il se sent proche : Michelet, George Sand qui, comme beaucoup, sont consternés par Monseigneur Bienvenu, l'évêque de Digne. C'est terrible parce que c'est un saint. Or, un saint catholique dans un roman socialiste, c'est trop !  

Pour la même raison, la presse catholique, elle, est assez bienveillante.

Finalement, ce ne sont pas, en effet, les plus méchants. Mais on peut penser que Victor Hugo l'a fait exprès. La sortie des premiers tomes perturbe complètement les lignes de clivage habituelles. La plupart des républicains sont consternés, et l'opposition catholique est surprise. Cela va changer avec la publication de la suite. Le fameux article élogieux de Baudelaire ne concerne que les deux premiers tomes. Après, lorsque Baudelaire écrit à sa mère que le livre est inepte - "j'ai montré l'art de mentir", etc. -, c'est en août, et il a lu l'ensemble du roman. Donc certes, il se contredit, mais en même temps, Baudelaire n'est pas du tout le seul dans ce cas. Il faut faire très attention, lorsqu'on se penche sur les articles de réception des Misérables, à la date de l'article, parce que ce n'est pas la même chose. Les quatre derniers tomes notamment sont beaucoup plus politisés, beaucoup plus violents que la première partie.

Vous citez Flaubert : "Le livre est fait pour la crapule catholico-socialiste" et Alexandre Dumas : "Chaque volume commence par une montagne et finit par une souris". Ceux-là le disent après avoir tout lu !

Oui, tout à fait. Il n'y a pas eu de défenseurs de Hugo parmi les grands auteurs.

Mais c'est de la jalousie, de l'envie ?

D'abord, dans le cas de Flaubert, par exemple, il y a l'exaspération d'avoir quelqu'un qui prend toute la place. Cette sortie échelonnée fait qu'on ne parle que de cela pendant plusieurs mois. Flaubert voulait sortir Salammbô, les frères Goncourt lui disent d'attendre. Et Flaubert décale de six mois la sortie de Salammbô, si ce n'est plus - le livre sort à la fin de l'année 1862. Et c'est pareil pour tous les autres ! A l'époque, Flaubert n'était déjà pas n'importe qui. En gros, il y a certainement un sentiment d'exaspération face à celui qui occupe toute la scène. Mais il n'y a pas que cela. C'est très bizarre parce que ce n'est pas très explicable de la part d'un Dumas ou d'une George Sand : ce livre très ambitieux, qui aborde tous les genres, qui englobe tout le siècle, aurait dû leur plaire.

Il faut terminer par l'événement qui est associé à la sortie des Misérables, ce qu'on désigne comme "le banquet des Misérables". Qu'est-ce que ce banquet ?

Le roman marche tellement bien que les éditeurs rentrent dans leurs frais très rapidement. Ils gagnent de l'argent, beaucoup d'argent, par rapport à ce qu'ils avaient prévu. Pour remercier Victor Hugo, ils organisent, en septembre 1862, à Bruxelles, un grand banquet. Les journalistes et les amis de Victor Hugo, venus de toute l'Europe, y sont conviés. C'est un très beau moment ; beaucoup d'entre eux ne l'avaient pas vu depuis son départ en exil en 1851, d'autres ne l'avaient jamais vu parce qu'ils étaient trop jeunes à l'époque. Tous ces gens se retrouvent autour de lui, dans ce grand banquet que Hugo va placer sous le signe de la liberté de la presse. Il prononce un très beau discours. Il y a eu un album photo de l'événement. C'est, en somme, un des premiers grands reportages photographiques. C'est fascinant parce qu'on a l'impression que les participants se ressemblent tous : ils sont quasiment tous barbus et moustachus, ce qui est assez drôle ! Il y a beaucoup de monde. Parmi les jeunes connus, on compte, par exemple, Hector Malot, Théodore de Banville, les fils de Victor Hugo, bien sûr, mais ni Flaubert, ni George Sand, ni Dumas. Une belle affluence, donc, mais pas de célébrités.

Peut-être une dernière question : en 1862, on est encore dans l'Empire autoritaire. Comment la France politique du Second Empire prend-elle cet événement, ce phénomène ?

Le gouvernement a été un peu piégé par la publication en série puisque le premier volume n'est pas très politisé et que le livre se radicalise de plus en plus. Ils ont regretté de l'avoir autorisé. On le sait parce que Charles Hugo tire du roman de son père une pièce de théâtre qui, par peur des manifestations politiques, va être immédiatement interdite.

Pourtant, la proscription avait été levée en 1859.

Lire notre dossier complet

Victor Hugo

    Victor Hugo, vigie de Guernesey
    1953 - Les carnets intimes de Victor Hugo
    1954 - Hugo dans la glacière... Hugo, poète d'avenir

Oui, mais souvenez-vous qu'il n'a pas voulu bénéficier de cette mesure. Beaucoup de proscrits sont rentrés en France, lui choisit de rester en exil. Il dit avec force qu'il ne rentrera qu'une fois la liberté retrouvée. Son statut d'opposant politique au régime s'en trouve donc renforcé. Cette position joue, de surcroît, un rôle décisif dans l'écriture des Misérables. C'est en 1860, c'est-à-dire dans sa condition d'exilé volontaire, qu'il la reprend. Aussi bien, pour en revenir à l'immense succès de la sortie du livre, il faut considérer deux choses. Il faut d'abord se rappeler que Victor Hugo n'avait pas publié de roman depuis... trente ans ! Depuis Notre-Dame de Paris ! Et puis, il y a la noble figure de l'exilé volontaire. Le romancier retrouvé et l'opposant irréductible, cela suffit à expliquer la fièvre qui entoure l'événement.  
https://www.lexpress.fr/culture/livre/hovasse-il-n-y-a-pas-eu-de-defenseurs-de-hugo-parmi-les-grands-auteurs_1078713.html
Bill Gates : faux Robin des bois, mais vrai requin - Charlie Hebdo
Wed May 6 18:39:36 2020
Bill Gates : faux Robin des bois, mais vrai requin
Jacques Littauer · le 6 mai 2020

Au fil des années, Bill Gates s'est construit une légende dorée de plus grand bienfaiteur de l'humanité, à travers les actions menées par sa fondation. En regardant de plus près, on voit toutefois que la réalité n'est pas aussi reluisante. Loin de là.

Exclu Web

En avril 2015, Bill Gates, le fondateur et ancien PDG de Microsoft, prononce une conférence au titre clair : « La prochaine épidémie ? Nous ne sommes pas prêts ».

Il y explique que, quand il était petit, il y avait un baril rempli d’eau et de nourriture chez ses parents car ils craignaient l’hiver nucléaire. Mais la menace a changé : « Si quelque chose tue plus de 10 millions de gens dans les prochaines décennies, ça sera probablement un virus hautement contagieux (…). Nous ne sommes pas prêts pour la prochaine épidémie. »

Avec le virus Ébola, qui a fait des dizaines de milliers de morts, « nous avons eu de la chance », estimait Bill Gates, car « Ébola ne se propage pas dans l’air ». De ce fait, la plupart des gens étaient tellement malades qu’ils restaient cloués au lit. De plus, peu de zones urbaines ont été touchées. Mais, avertissait Bill, « la prochaine fois, on ne sera sûrement pas aussi chanceux. Il peut y avoir un virus où les gens infectés se sentent en bonne santé et prennent l’avion ou vont au supermarché  ».  
Bill Gates prédisant l’avenir en 2015

Bill se faisait visionnaire : « Observons une modélisation d’un virus se propageant dans l’air, comme la grippe espagnole en 1918. Voilà ce qu’il se passerait : il se propagerait à travers le monde entier très rapidement. Et 30 millions de gens mourraient de cette épidémie  ». Bill Gates souhaitait donc que l’épidémie Ébola serve «  d’avertissement  ». « Si nous commençons maintenant, disait Bill, nous pouvons être prêts pour la prochaine épidémie ».

En 2015, il n’a pas été entendu. Mais en 2020…
Bill Gates en 2020 : comme un prophète en tous les pays

Le déclenchement de la pandémie a fait de Bill Gates un oracle que les dirigeants politiques dépassés par la situation viennent consulter. On voit ainsi Bruno Le Maire se mettre en scène au téléphone avec Bill, dans son bureau de Bercy, avec l’impression gênante de voir un élève médiocre frimer devant ses copains parce qu’il a le numéro de téléphone de la maîtresse…
Source : Compte Twitter de Bruno Le Maire

De même, Melinda Gates, qui dirige avec lui leur fondation, a droit à un long entretien aux Échos dans lequel elle y fait tranquillement la publicité pour son initiative Gavi, fondée sur la vaccination, à qui elle attribue le mérite d’avoir « divisé par deux la mortalité infantile ».  

Son modèle est clair : les États, au mieux, ne servent à rien et, souvent, foutent tout en l’air, alors comptons sur « l’industrie, la recherche, et les financements privés ». Melinda le dit avec simplicité : la raison d’être de leur fondation a toujours été « la défense des plus vulnérables, partout dans le monde ». Et le premier exemple qu’elle donne est le fait, aux États-Unis, de « connecter des élèves défavorisés qui ne vont plus à l’école ». Deuxième exemple : le développement du paiement mobile en Afrique, en Inde et au Bangladesh. Je me demande bien quel matériel ils leur fournissent dans tous ces cas…

Melinda le sait, les pays sont « sous une pression budgétaire terrible pour répondre aux besoins de leurs citoyens  ». Pourtant, il n’y a jamais eu autant de milliardaires. Comment expliquer ce paradoxe, Melinda ? (Indice : la réponse est un mot de cinq lettres qui comme par « i » et finit par « t » avec « m », « p » et « ô » au milieu).  

Et, attention, Mme Gates, parce que si le monde d’après « pourrait beaucoup ressembler à l’après-Seconde Guerre mondiale », comme vous le dites, je vous rappelle que dans ce monde là, il y avait, dans votre pays, un Président qui s’appelait Roosevelt, et qui taxait les très hauts revenus jusqu’à 94 % !
La Fondation « World Company »

Oui mais leur fondation, est-ce qu’elle n’a pas sauvé des millions de gens ? Comme l’explique le journaliste Lionel Astruc, auteur d’une enquête approfondie sur le sujet, Bill et Mélina Gates veulent réellement sauver l’humanité.

Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions. C’est horrible, mais c’est vrai : les gentils Bill et Melinda font plus de mal que de bien. Pourquoi ? Parce que leur fondation est financée par un trust constitué des pires entreprises de la planète : malbouffe (Coca-Cola), industrie du pétrole, les mines, l’empire de la grande distribution néo-esclavagiste Walmart, les OGM… et même des entreprises d’armement !

Et tous ces gens n’hésitent pas à se servir : quand la Fondation engage un programme de lutte contre le paludisme et le sida, le laboratoire qui mène les recherches fait tout naturellement partie du trust qui finance la Fondation. En français, cela s’appelle du conflit d’intérêts. Mais, pour Bill, c’est de l’efficacité.

Lorsque l’on va sur le site de la Fondation Gates, un message s’affiche en énorme :
[« Toutes les vies ont la même valeur ». Nous sommes des personnes optimistes, impatients de réduire l’iniquité.]

Le problème est que Gates promeut partout où il passe les multinationales – il leur doit tout et ne connaît que ça. En particulier, avec son projet « One agriculture », la Fondation Gates pousse à mort pour une agriculture industrielle, intensive, avec pesticides, insecticides, homicides. Rêver d’une seule agriculture pour tout le monde, quelle horreur…

Comme le dit Astruc, Gates n’a pas confiance dans la nature, mais dans la technologie. Et les élus, qui doivent voter, en Afrique ou en Asie, pour ou contre les OGM savent très bien ce qu’en pense Bill.  

Bref, les époux Gates ont réussi leur coup. Quand, quelque part sur notre petite planète bleue, une personne pense « philanthropie », sa pensée suivante est souvent pour Bill et Melinda Gates, alors qu’ils consolident, jour après jour, un système profondément inégalitaire.
Bill, ce délinquant

Et pourtant ce n’était pas gagné d’avance. Retour sur un événement déclencheur. Le début des années 2000 est marquée par le (premier) procès perdu par Microsoft aux États-Unis. Une décision qui laisse Bill rincé, écœuré, humilié devant ses « fellow citizens ». Le soi-disant petit génie de l’informatique était, d’un coup, apparu pour ce qu’il est : un homme d’affaires impitoyable qui ruine ses concurrents dès que l’occasion se présente.

Certes, le procès, intenté par l’État américain et 20 États fédérés, portait simplement sur le fait que Microsoft obligeait ses utilisateurs à utiliser son navigateur plutôt que celui de leur choix. Il n’y avait clairement pas mort d’homme. Mais il a été fatal à Microsoft car il a démontré que, contrairement à ce qu’avaient plaidé les avocats de Bill Gates, la « nouvelle économie » n’était pas différente. Elle était comme toutes les autres formes de capitalisme avant elle : prédatrice, et non pas ouverte à la diversité.

Après des années de procédure, cela a dû être un choc pour Bill Gates, lui qui se voyait en héraut d’un nouveau monde, ouvert, décentralisé, où plus on était petit plus on pouvait gagner parce que l’on était plus agile que les gros, d’entendre le juge Thomas Penfield Jackson dire que, selon lui, il n’y avait « pas de différence fondamentale entre Bill Gates et John D. Rockefeller », « pas de différence fondamentale entre Microsoft et Standard Oil ».

Voilà donc Bill Gates ramené aux Barons Voleurs, dont la mémoire est très vivace outre-Atlantique, et au pire monopole de l’histoire des États-Unis, la Standard Oil, la compagnie pétrolière de Rockefeller, dont les comportements étaient tellement outranciers qu’ils ont été à l’origine d’une des plus ambitieuses législation anti-monopoles du monde.
Microsoft, Maxiproblème

En réalité, le nombre de problèmes causés par Microsoft est tellement long que la page Wikipédia qui les recense vous occupera durant de longues heures : pratiques anti-concurrentielles qui permettent de faire exploser les profits ; autorisations données à la NSA (National Security Agency), l’agence de renseignement américaine, pour écouter des conversations sur Skype ou lire des mails sur Hotmail ; condamnations à répétition par l’Union européenne ; ordinateurs « donnés » à des tas de pays, y compris la France, en échange de renvois d’ascenseurs…

Pour contrer tout ça, Bill Gates ne cesse de proclamer qu’il est devenu une autre personne. Microsoft, c’était la course à la thune, le businessman agressif. La Fondation, ce serait sa face claire, le business angel. En fait, il est tout à fait possible que la fondation Gates se révèle, in fine, pire que cette merde de Microsoft, en raison de son emprise sur les États et les organisations internationales.  

Car savez-vous qui est le premier contributeur volontaire au budget de l’Organisation Mondiale de la santé ? La Fondation Bill et Mélinda Gates, bien sûr, avec 229 millions de dollars. Soit, à eux seuls, 5 fois plus que la France, qui ne verse que 42 millions d’euros (voir ce tableau). On comprend, dans ces conditions, que Bruno soit tout guilleret d’avoir Bill au téléphone.

En 1911, la Cour suprême américaine imposa l’éclatement de la Standard Oil, l’empire de Rockefeller qui contrôlait la quasi-totalité du raffinage et de la distribution du pétrole aux Etats-Unis. Aujourd’hui, une majorité d’Américains estiment que les marchés sont truqués en faveur de l’élite. Mais Bill, lui s’en tire bien : because he is a nice guy, you know. ●
https://charliehebdo.fr/2020/05/economie/bill-gates%e2%80%af-faux-robin-des-bois-mais-vrai-requin/
Pour les daltoniens, la mer n'est pas bleue, elle est belle
Wed May 6 01:01:21 2020
Les anecdotes se ressemblent souvent : le sentiment d'incompréhension quand, à l'école, l'instituteur rend, l'air dépité, un dessin d'arbre dont les feuilles ont été coloriées en rouge ; le regard amusé d'un vendeur lorsque, dans un magasin, on essaie une chemise verte avec une cravate violette ; ou alors ces questions si agaçantes ("Mais alors, ces fleurs, tu les vois de quelle couleur ?", "Et mon pantalon ?", "Et pour regarder un tableau, tu fais comment ?"), qui donnent parfois le sentiment d'être un rat de laboratoire. "Mes parents m'ont apporté une réponse toute simple à ces questions incessantes, raconte Pierre Bouvier-Muller. Je réponds : 'Je le vois bleu avec des petits cœurs jaunes !' On ne m'embête plus avec ça."

Le daltonisme est un trouble de la vision des couleurs, une dyschromatopsie d'origine génétique, qui touche essentiellement les hommes (entre 8 et 10 % des hommes sont atteints dans les pays occidentaux). Les cas chez les femmes sont très rares, seules 0,4 % sont concernées. On réduit souvent le daltonisme à une confusion entre les couleurs rouges et vertes, mais il existe autant de types de daltonismes que de daltoniens, à des degrés très divers. Répondant à un appel à témoignages lancé sur Le Monde.fr, de nombreux internautes ont rendu compte de la diversité des daltonismes.

SE TOURNER EN DÉRISION

Pas vraiment un handicap, le daltonisme est néanmoins une singularité qui peut avoir une incidence sur la vie quotidienne et professionnelle. "Cette vision altérée joue des tours, plus qu'elle ne handicape", explique un daltonien. Laurent Foucher, informaticien parisien de 42 ans, explique ainsi s'être fait sermonner par un médecin pour avoir consulté trop tardivement après deux hématomes qu'il n'avait pas vus sur sa jambe après une chute. "Récemment, en pleine préparation du dîner, j'ai cru que l'on cuisinait une mousse au chocolat alors qu'il s'agissait d'épinards", explique Samuel Raveneau, animateur socio-culturel à Lyon. "Etre daltonien me permet avant tout de me tourner en dérision", souligne-t-il.

D'autres ont renoncé à s'habiller seuls, n'investissent que dans des vêtements de couleur sombre, et s'en réfèrent entièrement à leur conjoint pour l'aménagement de leur domicile. De nombreux daltoniens font cependant carrière dans des professions qui utilisent les couleurs, dans l'électronique, le graphisme, la photographie, ou la peinture en bâtiment. Christophe Charlet, enseignant en topographie, dit avoir "appris les couleurs des signes conventionnels des piquets de topographie". "J'aborde les couleurs avec les élèves de telle façon qu'ils soient les premiers à dire la couleur. Quand je me trompe, j'arrive à noyer le poisson en souriant."

Dans l'électronique, les daltoniens font appel à leur bon sens et à l'aide d'un collègue. Un système d'étiquetage permet souvent d'éviter de nombreuses confusions. L'informatique facilite également la vie des daltoniens : "Avec l'aide de la palette de couleurs de Photoshop, j'ai appris quelles plages de couleurs j'étais incapable de discerner", explique Louis Kovalevsky. Mais les programmes informatiques et sites Internet ne sont pas tous conçus pour répondre aux spécificités des daltoniens. Carl Dupont, Parisien de 45 ans, regrette "l'absence de prise en compte de ce problème sur le Net, notamment pour signaler des liens hypertexte".

UNE OUVERTURE

Parce qu'il touche à notre perception du monde extérieur, le daltonisme intrigue. Que voit-on avec des yeux extérieurs ? Peut-on croire ce que nous offre notre vision ? Jean-Pierre Debraine, 58 ans, dont la vision se rapproche du noir et blanc, explique avoir vu récemment le film The Artist, de Michel Hazanavicius et ne pas s'être rendu compte que le film était en noir et blanc, lui qui est habitué à distinguer les nuances de gris et a reconnu toutes les "couleurs" des costumes portés par les acteurs ! Beaucoup de daltoniens sont fiers de leur singularité, qui renforce leur perception sensorielle et inspire leur imagination. "Le daltonisme, ce n'est pas que la confusion des couleurs. C'est aussi une sensibilité à ce que des yeux normaux ne voient pas toujours", vante Stéphane S.

Eric Gonzalez, commerçant orléanais de 53 ans, explique : "Quand un œil sans altération voit une peinture, il ne se pose aucune question. Le daltonien, lui, est obligé d'analyser les volumes, les profondeurs, les tonalités de couleurs, c'est-à-dire les ombres et les lumières, les champs et les contre-champs. Nous, on ne se laisse pas avoir par toute la symbolique des couleurs : bleu comme la mer, jaune comme le soleil, vert comme l'herbe ! Pour nous, c'est beau comme la mer, chaud comme le soleil, doux comme l'herbe !" Mikael Albert, Nantais de 30 ans, renchérit : "J'aime être daltonien, cela me différencie sans être trop handicapant." Pour Sébastien El Beze, conseiller principal d'éducation à Paris, ce "mini-handicap est une ouverture, une aide philosophique qui permet de réfléchir au lien entre perception et réalité. Je ne souhaiterais pas qu'on m'ôte cette particularité qui me rappelle au quotidien mon lien à la nature."
https://www.lemonde.fr/sante/article/2012/06/22/pour-les-daltoniens-la-mer-n-est-pas-bleue-elle-est-belle_1686790_1651302.html
Blog Stéphane Bortzmeyer: Il n'existe pas de TLD interne standard
Fri Oct 25 15:09:24 2019
https://www.bortzmeyer.org/pas-de-tld-interne.html
Notre Top 50 des meilleures séries de tous les temps - Séries TV - Télérama.fr
Thu Oct 17 20:31:48 2019
 DIX JOURS EN SÉRIES - 284 en lice, 50 à l’arrivée. Oui, mais lesquelles ? La rédaction Écrans de “Télérama” s’est lancée dans le terrible classement de ses séries préférées. Américaines, françaises, nordiques… Découvrez le résultat et, surtout, n’oubliez pas de voter pour le Top des lecteurs.

Choisir les 50 meilleures séries de tous les temps, c’est comme sélectionner les plus beaux spécimens d’arbres dans une luxuriante forêt tropicale : un vrai casse-tête. L’avalanche de classements publiés chaque année repose inlassablement cette question qui hante nos soirées arrosées et nos week-ends pluvieux : « C’est quoi, pour toi, la meilleure série de l’histoire ? » Les mêmes titres reviennent souvent : The Wire, Les Soprano, Twin Peaks, Six Feet Under, Friends, Lost… Des piliers incontestables, qui se disputent le titre historique à la photo-finish, et que l’on retrouve bien sûr dans notre top. Mais à quelles places ?

Pour établir un classement le plus précis possible, les journalistes de Télérama ont choisi chacun leurs 50 séries préférées. La première de chaque liste a obtenu 20 points, la deuxième 19, la troisième 18, ainsi de suite jusqu’à la vingtième, gratifiée de 1 point, comme les trente suivantes. 284 œuvres ont été mentionnées au moins une fois.

Sans surprises, nos 50 séries favorites sont essentiellement anglo-saxonnes. Les américaines l’emportent, mais la Grande-Bretagne résiste bien, deux françaises s’immiscent dans le classement et une scandinave passe tout juste la barre. Force est de constater que les drames dominent largement, les comédies ne représentant que 10 des 50 élues – une spécificité culturelle, sans doute, la comédie étant souvent considérée en France comme un genre moins « noble ». Parmi elles, les reines de la sitcom Friends et Seinfeld, mais aussi les plus récentes et singulières Fleabag et Atlanta, sans oublier le culte Flying Circus des Monty Python qui, le 5 octobre dernier, fêtait un demi-siècle de sketchs absurdes et surréalistes.
DIX JOURS EN SÉRIES SUR TÉLÉRAMA
Grand feuilleton, vote des lecteurs, top de la rédaction, entretiens, analyses... Du 11 au 20 octobre, Télérama vibre au rythme des séries ! Retrouvez tous les sujets concoctés par la rédaction sur Télérama.fr Et rendez-vous le 23 novembre pour notre événement SamediSéries à Paris, Reims, Bordeaux et Clermont-Ferrand.
- Quelles sont les meilleures séries de tous les temps ? Votez !
- Quelles sont les meilleures séries Netflix originales ? Voici notre liste pour s’y retrouver
- Binge watching : une petite détox après l’indigestion ?
- De “Desperate Housewives” à #MeToo, que sont devenues les femmes au foyer des séries ?
- “Friends”, la vieille série qui fait copain avec les jeunes
- “Le Bureau des légendes” (1/5) : Éric Rochant, le premier showrunner à la française
- “Le Bureau des légendes” (2/5) : comment ses créateurs ont joué les espions en Amérique

Le gros du bataillon est constitué de séries bouclées, essentiellement des représentantes du troisième âge d’or des séries américaines, débuté à la fin des années 1990 – l’armada HBO au complet ou presque, mais aussi The Shield ou Battlestar Galactica. Les cartons de la décennie précédente, Urgences, À la Maison-Blanche ou X-Files, se démarquent aussi, tout comme une poignée de classiques des années 1960. Seules 11 des 50 élues ne sont pas terminées !

Les 50 meilleures séries de tous les temps selon Télérama ? Voici notre classement. Pierre Langlais
50

Monty Python’s Flying Circus

Monty Python’s Flying Circus
1969-1974
En 1969, les Britanniques succombent à l'humour absurde de cinq Anglais lettrés et d'un graphiste américain. Insolents, libertaires, satiriques, obnubilés par tous les symboles de l'autorité, les Monty Python sont les premiers à bousculer les tabous moraux, sexuels, politiques et sociaux de la très respectable BBC.
49

Borgen

Borgen
2010-2013
Grandeurs et vicissitudes de l’exercice du pouvoir, à travers la très humaine et charismatique Birgitte Nyborg (formidable Sidse Babett Knudsen). Adam Price, son créateur, rêvait d’« une série aussi excitante qu’un polar, sans armes ni cadavres, mais avec des idées qui s’affrontent, et des carrières qui se font et se défont ». Pari gagné : la danoise « Borgen » s’impose comme la meilleure série politique depuis « À la Maison-Blanche ».

A voir sur : arte.tv |
48

House of Cards

House of Cards
2013-2018
Première série originale Netflix au casting hollywoodien (Wright, Spacey, Fincher), cette adaptation d’une minisérie britannique a séduit par l’élégance de sa mise en scène et son approche très shakespearienne de la politique américaine. Ses premières saisons, intenses et surprenantes – qui justifient sa présence dans ce classement – ont malheureusement laissé place à un thriller bavard au sous-texte balourd.

A voir sur : Netflix |
47

Treme

Treme
2010-2013
Autre chef-d’œuvre du créateur de « The Wire », David Simon, « Treme » nous transporte à La Nouvelle-Orléans trois mois après le passage de l’ouragan Katrina. Cette chronique d’une renaissance croise les trajectoires d’une dizaine de personnages engagés dans la reconstruction de leurs vies et de leur ville. Des héros attachants, un discours décapant et la musique avant toute chose.

A voir sur : OCS |
46

Black Mirror

Black Mirror
2011-...
Fascinante anthologie d'anticipation, « Black Mirror » place un « miroir noir » face à nos addictions aux nouvelles technologies et aux médias. Et imagine, avec une justesse terrifiante, leurs futures mises en pratique. Une expérience redoutable, jusqu'au-boutiste et diablement intelligente.

A voir sur : Netflix |
45

Atlanta

Atlanta
2016-...
Un gentil intello fauché et son cousin dealeur et rappeur tentent de percer dans le monde du hip-hop. Derrière cette série à l’humour surréaliste, modèle d’équilibre entre le léger et le sérieux, Donald Glover, créateur et acteur principal, génial touche-à-tout et musicien à succès à ses heures.

A voir sur : MyCanal |
44

The Shield

The Shield
2002-2008
On se croyait en terrain familier, face à l'une de ces séries nerveuses et rythmées dont les Américains ont le secret ; on s’est retrouvé piégé dans un rapport d'attraction-répulsion avec le très borderline Vic Mackey (Michael Chiklis), chef charismatique d'une brigade de choc de la police de Los Angeles. Captivante parce que troublante, la série de Shawn Ryan fait l’effet d’un uppercut.

A voir sur : Prime vidéo |
43

Doctor Who

Doctor Who
1963-1989, 1996, 2005-...
Jamais tout à fait le même, ni tout à fait un autre, mais toujours aussi British. Le Docteur change souvent d’interprète, voire de sexe (David Tennant, Matt Smith…, Jodie Whittaker). Avec ses deux cœurs (d’or) et son sens cosmique de la débrouille, il voyage dans l’espace et le temps (en cabine téléphonique !) pour sauver inlassablement l’humanité. Un régal d’humour et d’inventivité.

A voir sur : Prime vidéo |
42

Mindhunter

Mindhunter
2017-...
Fasciné par les tueurs en séries depuis « Seven », David Fincher adapte les Mémoires d'un ancien du FBI, à l'origine du « profilage ». Thriller méticuleux et troublant, « Mindhunter » nous entraîne sur les traces de Bill Tench et Holden Ford, deux agents spéciaux qui dressent le portrait psychologique des pires criminels de l'Amérique de la fin des années 1970.

A voir sur : Netflix |
41

Sense8

Sense8
2015-2018
Connectés par la pensée, huit personnages déploient avec énergie leur bravoure et leur empathie surnaturelles. La série-monde des sœurs Wachowski : plurielle, engagée, optimiste, inégale mais toujours d’une irrésistible générosité.

A voir sur : Netflix |
40

Les Simpson

Les Simpson
1989-...
Trente années de diffusion ont forgé une génération biberonnée aux dysfonctionnements de cette famille, quintessence de l'Amérique dont elle se moque. « Les Simpson » se sont certes essoufflés depuis quelques saisons, mais le grand œuvre de Matt Groening reste le pourvoyeur des meilleurs gags télévisés des années 1990. Les séries animées nées dans son sillage ont rarement égalé la finesse de son regard sur le monde.
39

X-Files

X-Files
1993-2002, 2016-2018
La vérité est ailleurs, la modernité aussi. À traquer les petits hommes verts onze saisons durant, Mulder et Scully ont fini par lasser. Et les intrigues post-guerre froide de la série paraissent aujourd’hui datées. « X-Files » n’en reste pas moins une épopée fondatrice, avec sa mythologie foisonnante, sa réalisation magistrale, et son duo aussi psychorigide qu’attachant – sept saisons de tensions sexuelles avant le premier baiser !

A voir sur : MyCanal |
38

Warriors

Warriors
1999
Comment être un soldat de la paix dans un pays en guerre ? La question taraudait le documentariste anglais Peter Kosminsky. Construit à partir des témoignages d'une centaine de Casques bleus britanniques partis en mission en Bosnie, sa minisérie, alliance détonante de réalisme et d'émotion, dénonce l'absurdité de leur situation.
37

Enlightened

Enlightened
2011-2013
Cet objet subtil et discrètement subversif n’a rencontré qu’une audience confidentielle, sanctionnée au terme de sa seconde saison. Dommage, car on s’était attaché à Amy (Laura Dern), pétillante Californienne persuadée qu’elle peut changer le monde armée de ses grands idéaux. Entre bouffée d’optimisme et méditation cafardeuse, « Enlightened » saisit quelque chose de très juste sur la complexité des rapports ­humains.

A voir sur : OCS |
36

Transparent

Transparent
2014-2019
La série de Jill Soloway sur une famille dysfonctionnelle et son « parent » transgenre nous a bouleversés. Elle mêle le portrait de personnages névrosés, égarés et tendres, à une subtile dose d’humour et de poésie.

A voir sur : Prime vidéo |
35

Engrenages

Engrenages
2005-...
Sans doute la série française la plus en prise avec la réalité de la société d’aujourd’hui. Au fil de sept saisons, le brillant polar de Canal+ n’a jamais cessé de projeter une lumière crue sur les zones de rupture de l’ordre républicain. Âpre constat qui nous ramène toujours à l’humanité fragile de ses personnages. Les flics rugueux (le trio fondateur Gilou, Berthaud, Tintin) ; Joséphine, l’avocate retorse ; Roban, le juge intègre, résistent encore. Mais jusqu’à quand ?

A voir sur : MyCanal |
34

Louie

Louie
2010-2015
La quarantaine fatiguée, Louie, comédien de stand-up divorcé, ne va pas très fort… À travers cette autofiction tendrement cruelle, Louis C.K. brouille brillamment les frontières de la comédie en mêlant drame, humour noir et récit réaliste. Magistral.
33

Le Prisonnier

Le Prisonnier
1967-1968
C’est LA série culte des sixties, de et avec Patrick McGoohan alias « Numéro 6 ». Une esthétique pop et surréaliste, un sous-texte politique, voire métaphysique, qui n’en finissent pas d’exciter les exégètes de tout poil.
32

Big Little Lies

Big Little Lies
2017-...
Trois femmes, trois mères soudées par une amitié indéfectible et un terrible secret. Avec son décor chic et son casting quatre étoiles (Nicole Kidman, Reese Witherspoon…), la série adaptée du roman de Liane Moriarty agit comme un captivant trompe-l’œil pour explorer avec une rare finesse les implications intimes et psychologiques de la violence conjugale et des abus sexuels.

A voir sur : OCS |
31

Urgences

Urgences
1994-2009
Créé par le romancier Michael Crichton et coproduit par Steven Spielberg, ce feuilleton hospitalier a pris le pouls de la société américaine durant 331 épisodes. On lui doit une maîtrise presque parfaite du jargon médical (« NFS, chimie, iono ! ») et un amour jamais démenti pour George Clooney.
30

Columbo

Columbo
1968-1978, 1989-2003
Un imper élimé, un cigare mâchouillé, une vieille Peugeot 403… et une épouse invisible mais omniprésente. Le lieutenant Columbo est un monument historique de la télé. Sa présence dans notre classement nous rappelle le génie de Peter Falk, acteur fétiche de John Cassavetes, aux côtés de Ben Gazzara et Gena Rowlands (qui apparaissent dans la série, comme une kyrielle de comédiens connus). Incontournable, aurait dit sa femme.
29

Battlestar Galactica

Battlestar Galactica
2004-2009
Vaste épopée cosmique, politique – et même un brin mystique, vers la fin –, cette série perdue dans l’espace raconte l’errance d’une flotte de « migrants » humains en quête d’une planète, poursuivis par leurs ennemis mortels, les Cylons, redoutables androïdes. Ce remake d’une série des années 1970 interroge en profondeur les sujets de société – intolérance, raison d’État, démocratie… – sans rien sacrifier du spectacle et de l’aventure.
28

The Office UK

The Office UK
2001-2003
Sous l’apparence d’un faux reportage, ce modèle d’humour pince-sans-rire britannique suit le pathétique quotidien d’une entreprise de fournitures de bureau et de son dirigeant, David Brent, blagueur lourdaud à la compétence discutable. Par, et avec, le surdoué Ricky Gervais.
27

The Americans

The Americans
2013-2018
Habile à jouer avec nos nerfs, cette série devient vraiment virtuose quand elle touche aux déchirements existentiels d’Elizabeth et Philip Jennings, deux agents soviétiques camouflés en Américains moyens. Que transmettre à ses enfants ? Quel est le prix à payer pour ses convictions ? Matthew Rhys est magistral en ennemi de l’Amérique attiré par l’« american way of life ».

A voir sur : MyCanal |
26

Friday Night Lights

Friday Night Lights
2006-2011
Inspiré du film éponyme de Peter Berg sorti en 2004, cette plongée dans le Texas rural, pieux et passionné de football américain, n’avait a priori rien pour captiver le public hexagonal. Elle s’est pourtant avérée une des séries les plus émouvantes de la décennie passée, portrait délicat de personnages d’une rare richesse.

A voir sur : Prime vidéo |
25

The Crown

The Crown
2016-...
En deux saisons, le luxueux biopic de Peter Morgan sur Élisabeth II, qui joue habilement avec les codes du soap et de la série politique, a réussi à imposer son regard intimiste, souvent sombre et profondément humain. Après Claire Foy, interprète des jeunes années de la reine, Sa Majesté Olivia Colman reprend le flambeau le 17 novembre.

A voir sur : Netflix |
24

Downton Abbey

Downton Abbey
2010-2015
Sortez le Darjeeling et l’argenterie ! Tout le charme de la vieille Angleterre préside à « Downton Abbey », la série la plus aristo de toute l’histoire de la télévision. Ou les tribulations – plus ou moins quotidiennes – du comte de Grantham, de sa famille, et de tous leurs domestiques, dans leur domaine du Yorkshire, de 1912 au tournant des années 1920. Un travail d’orfèvre, de la plus petite cuillère aux plus grandes émotions.

A voir sur : Prime vidéo |
23

Fleabag

Fleabag
2016-2019
Portrait irrésistible d’une trentenaire à la dérive dotée d’un humour ravageur et d’un féminisme acerbe, cette série britannique a hissé sa créatrice et interprète principale, Phoebe Waller-Bridge, au rang des auteurs incontournables.

A voir sur : Prime vidéo |
22

The Handmaid’s Tale

The Handmaid’s Tale
2017-...
Offred (Elisabeth Moss) survit dans une Amérique totalitaire et ultra religieuse, où les femmes sont réduites en esclavage. Privée de ses droits, violée, cette mère porteuse malgré elle garde pourtant l’espoir de déjouer les plans de ses bourreaux… Drame dystopique glaçant et révoltant, cette adaptation de « La Servante écarlate », de Margaret Atwood, fut le choc sériel de 2017.

A voir sur : OCS |
21

Deadwood

Deadwood
2004-2006, 2019
Le génial David Milch réinvente le western et lui trouve de nouvelles icônes : dans l’imaginaire sériephile, Al Swearengen (prodigieux Ian McShane), patron de saloon sans scrupule, a gagné sa place auprès des Wild Bill Hickok ou Calamity Jane.

A voir sur : MyCanal |
20

Fargo

Fargo
2014-...
L’esprit noir burlesque du film des frères Coen souffle sur la série de Noah Hawley. À chaque saison une nouvelle intrigue brutale et hilarante, et des acteurs au sommet (Billy Bob Thornton, Kirsten Dunst, Ewan McGregor…). Brillant.

A voir sur : Netflix |
19

Oz

Oz
1997-2003
Au sein d’un quartier expérimental de haute sécurité sans barreaux, Chicanos, nazis, Irlandais, Black Muslims… se livrent une guerre sans merci pour la survie et le pouvoir. À la fin du siècle dernier, Barry Levinson et Tom Fontana nous secouaient avec cette série extrême, visuellement époustouflante.
18

True Detective

True Detective
2014-...
C’est à n’en pas douter la première saison de l’anthologie de Nic Pizzolatto qui lui permet d’être aussi haut placée dans notre Top 50. Portée par Matthew McConaughey et Woody Harrelson, elle plongeait le polar dans un bain poisseux, au fin fond du Sud américain. Après un deuxième volet raté, elle a fait un retour en force avec une saison 3 à nouveau sublimée par ses interprètes, Mahershala Ali en tête.

A voir sur : OCS |
17

Seinfeld

Seinfeld
1989-1997
« A show about nothing » : ainsi s’autodéfinit, non sans ironie, cette hilarante sitcom new-yorkaise. Créée en 1989 par Larry David et Jerry Seinfeld himself, elle met en abyme l’existence de Seinfeld, artiste de stand-up dans l’Upper West Side, et de ses trois amis névrosés, George Costanza, Elaine Benes et Cosmo Kramer. Chaque épisode passe au crible la banalité du quotidien et confine brillamment à l’absurde. Un bijou de pop culture.

A voir sur : Prime vidéo |
16

In Treatment

In Treatment
2008-2010
Un psy (Gabriel Byrne, transfert garanti) reçoit ses patients, avant d’aller lui-même consulter. C’est répétitif, lent, pas rigolo pour un sou. Et pourtant… Rarement l’écriture nous aura emportés aussi loin, déjouant toutes les attentes, mettant ­progressivement les âmes à nu.

A voir sur : OCS |
15

24 Heures chrono

24 Heures chrono
2001-2010, 2014
Les aventures de Jack Bauer ont révolutionné le petit écran. Action en temps réel, utilisation du « split screen » : ce thriller haletant proposait en même temps que des rebondissements addictifs une certaine vision de la société américaine. Et épousait, parfois sans recul, les méandres idéologiques de la décennie post-11 Septembre.
14

The Leftovers

The Leftovers
2014-2017
Damon Lindelof, co-créateur de « Lost », adapte un roman de Tom Perrotta, « Les Disparus de Mapleton ». Confrontés à la disparition soudaine de 2 % de la population mondiale, ses héros font face à l’inexplicable et tentent de se reconstruire. Drame métaphysique, étrange, surnaturel, « The Leftovers » évoque la famille, l'amour, la foi, le deuil, et une foule d’autres thèmes profonds, dans un récit bouleversant.

A voir sur : OCS |
13

À la Maison-Blanche

À la Maison-Blanche
1999-2006
Un peu négligée par le public français, l’époustouflante série d’Aaron Sorkin, rivée au destin d’un président démocrate idéal (Martin Sheen), trouve un brillant équilibre entre tension dramatique et exploration des arcanes du pouvoir.
12

Chapeau melon et bottes de cuir

Chapeau melon et bottes de cuir
1961-1969
Humour, charme, élégance, flegme et insolence, l’esprit British souffle à plein régime sur les aventures policières farfelues de John Steed (Patrick Macnee) et de ses acolytes. Dont l’indépassable Emma Peel (Diana Rigg).
11

Friends

Friends
1994-2004
Ils ont la vingtaine, vivent en coloc, et refusent obstinément de grandir. Créée en 1994 par Marta Kauffman et David Crane, la cultissime sitcom immortalisait sur dix saisons les tribulations sentimentales de six New-Yorkais liés par une profonde amitié. Voire plus si affinités… Quinze ans après avoir tiré leur révérence, Rachel, Monica, Phoebe, Ross, Chandler et Joey nous font toujours autant rire et pleurer. La série doudou par excellence.

A voir sur : Netflix |
10

Lost

Lost
2004-2010
Des survivants sexy, une île tropicale, une trappe au cœur de la jungle, des nombres au pouvoir étrange… Entre récit d’aventures et conte philosophique, le roublard J.J. Abrams nous entraîne dans son labyrinthe foisonnant de signes.
9

Game of Thrones

Game of Thrones
2011-2019
Est-il encore besoin de présenter cette série-monstre ? En mettant en scène des clans rivaux (notamment les familles Stark et Lannister) sur fond de menace surnaturelle (des « Marcheurs blancs », tapis de l’autre côté d’un mur gigantesque), cette adaptation du « Trône de fer », de George R.R. Martin, déroule un jeu d’alliances et de trahisons digne d’un drame shakespearien, et jette ses personnages dans une épopée homérique.

A voir sur : OCS |
8

Breaking Bad

Breaking Bad
2008-2013
Vince Gilligan transforme un père de famille inoffensif, pathétique prof de chimie cancéreux, en parrain de la drogue. Un tour de force d’une intensité folle, qui consacre un acteur jusqu’alors essentiellement connu pour ses talents comiques, Bryan Cranston.

A voir sur : Netflix |
7

Chernobyl

Chernobyl
2019
La minisérie de HBO retrace avec un réalisme glaçant la catastrophe nucléaire qui faillit rayer de la carte une large partie de l’Europe occidentale. Un immense succès surprise, qui résonne singulièrement à l’heure de l’urgence climatique et du fléau des fake news.

A voir sur : OCS |
6

Le Bureau des légendes

Le Bureau des légendes
2015-...
Impossible de jongler avec les identités et le mensonge sans sacrifier une part de soi-même… En équilibre entre réalisme et romanesque, l’excellente série d’espionnage d’Éric Rochant explore les arcanes de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) autant que les âmes tourmentées de ses agents.
► >Lisez notre feuilleton en cinq volets sur la création du Bureau des légendes

A voir sur : MyCanal |
5

Mad Men

Mad Men
2007-2015
Sublime plongée dans le milieu de la pub des années 1960-1970 signée Matthew Weiner. Avec l’énigmatique Don Draper, publicitaire séducteur, solitaire et hanté par son passé, en quête d’une improbable rédemption… Chef-d’œuvre.

A voir sur : Netflix |
4

Les Soprano

Les Soprano
1999-2007
Grâce au talent visionnaire de David Chase, l’art de la série télévisée est entré dans une nouvelle ère au fil de la crise existentielle du mafieux Tony Soprano (le trop tôt disparu James Gandolfini). Une œuvre monumentale et fondatrice.

A voir sur : OCS |
3

The Wire

The Wire
2002-2008
David Simon fouille les entrailles de Baltimore : la délinquance des cités, la corruption du système politique, la faillite des institutions scolaires, la décomposition du tissu social. Immersion au cœur des maux de l’Amérique moderne, polar désabusé aux personnages incroyablement attachants, « The Wire » est un chef-d'œuvre du genre.

A voir sur : OCS |
2

Twin Peaks

Twin Peaks
1990-1991, 2017
Le chef-d’œuvre de David Lynch et Mark Frost. Un thriller hors norme au scénario subtilement tortueux et à la réalisation inspirée. À la fois comique, fantastique, absurde et ésotérique, il a ouvert la voie à toute une génération d’auteurs de séries.

A voir sur : MyCanal |
1

Six Feet Under

Six Feet Under
2001-2005
Alan Ball nous plonge dans le quotidien tourmenté d’une famille de croque-morts californiens en quête d’un hypothétique bonheur. Au fil de cinq saisons magistrales, les Fisher sont devenus les caisses de résonance de nos cheminements intérieurs, de nos questionnements existentiels. Une œuvre d’auteur d’une infinie subtilité.

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Débat : La PMA selon Charlie Hebdo - Charlie Hebdo
Sat Oct 5 20:11:22 2019
Débat : La PMA selon Charlie Hebdo
La Rédaction · le 3 octobre 2019
Exclu Web

Les lois bioé­thiques sont actuel­le­ment en discus­sion à l’As­sem­blée natio­nale. Sa mesure phare, la PMA pour toutes les femmes, a été votée vendredi 27 septembre. Deux jours avant, Char­lie avait débattu du sujet. Les éditos de Riss et de Gérard déjà parus ayant fait grin­cer quelques dents en interne et chez nos lecteurs. Quelles sont les posi­tions des uns et des autres sur la PMA ? Du café, un micro, des argu­ments, c’est parti… Plon­gée au cœur d’une confé­rence de rédac­tion animée.

Gérard Biard : Pour lancer le débat, je pense qu’il est néces­saire de s’in­ter­ro­ger sur cette loi, qui trans­forme un acte médi­cal en droit socié­tal. La PMA a été conçue comme un des trai­te­ments possibles de l’in­fer­ti­lité, ça devient autre chose. Je ne dis pas que c’est bien ou que c’est mal, je ne me place pas sur un plan moral, je dis simple­ment qu’il faut s’in­ter­ro­ger sur ce que ça implique pour la société. En faisant rentrer cet acte médi­cal dans le champ socié­tal, on crée en quelque sorte un droit à l’en­fant. Pour moi, ça mérite un débat autre que ceux qu’on a l’ha­bi­tude d’en­tendre.

Anto­nio Fischetti : Mais cette loi n’ouvre pas une possi­bi­lité inexis­tante avant, elle encadre des pratiques déjà exis­tantes. Les femmes vont en Espagne, ou font appel à un copain. Qu’on le veuille ou non, ça existe. Donc, soit ça existe sans loi, soit avec. C’est un peu comme l’IVG avant.

Gérard : Non. L’IVG c’est resté quelque chose de stric­te­ment médi­cal, parce que ça répon­dait à un impé­ra­tif de santé publique. Personne ne meurt de ne pas avoir fait une PMA. Aujourd’­hui, des femmes meurent toujours parce qu’on leur refuse une IVG.

Yann Diener : Surtout, c’était condamné par la loi. On était donc déjà dans le registre juri­dique.

Anto­nio : D’ac­cord, la compa­rai­son n’est pas bonne, mais ce que je voulais dire, c’est que ces pratiques existent, et la loi se contente de les enca­drer.

    « On peut ache­ter des armes ailleurs, ça ne veut pas dire qu’il faut l’au­to­ri­ser en France. »

Gérard : Mais des tas de choses existent ailleurs. On peut ache­ter des armes ailleurs, ça ne veut pas dire qu’il faut l’au­to­ri­ser en France. Si tu crées cette possi­bi­lité en France, tu l’in­tro­duis dans la loi. Donc, il faut s’in­ter­ro­ger là-dessus.

Laure Daussy : Je suis quand même assez éton­née que ça engendre autant de débats. On a l’im­pres­sion que ça change la face du monde. Mais de quoi parle-t-on ? En fait, de quelque chose qui existe depuis la fin des années 70 pour les hété­ros : pouvoir faire un enfant avec un don de sperme. On a aujourd’­hui des enfants issus de ce don qui se portent très bien… La seule chose qui change, c’est que ça va être deux femmes au lieu d’une femme et un homme. La vraie nouveauté, c’est la levée de l’ano­ny­mat du don, la possi­bi­lité de mettre un nom et un visage sur le géni­teur. Il n’y aura plus le problème de la recherche des origines, etc.

Yann : Tu balayes ça un peu vite. La ques­tion de l’ac­cès aux origines est complè­te­ment écra­sée, et c’est dû à ce glis­se­ment du registre médi­cal au registre juri­dique, juste­ment : comme c’est enca­dré par la loi, il n’y a plus de ques­tions. Sauf que l’ac­cès ne va être permis qu’à 18 ans, et qu’à 18 ans, bien des choses sont déjà établies dans la vie. Si, pendant 18 ans, tu t’es demandé d’où tu viens, ça a déjà orga­nisé pas mal de trucs dans ta tête… Pourquoi pas à 4 ans, pourquoi pas à 16 ans ? La ques­tion que je me pose en tant qu’a­na­lyste (Yann Diener est pédo­psy­chiatre, NDLR) n’est pas de savoir s’il faudrait qu’ils aient un père ou pas, mais de savoir ce que peut provoquer le fait d’or­ga­ni­ser juri­dique­ment et admi­nis­tra­ti­ve­ment la vie de quelqu’un. Et cette ques­tion, elle n’est pas posée.

À LIRE AUSSI : Débat sur la PMA, encore un mois…

Anto­nio : Sur ce point-là, en effet, je suis plus partagé. Moi, quelle que soit la pratique, je me posi­tionne en fonc­tion de la balance risques/béné­fices. Il peut y avoir des points de vue moraux, mais pour moi ils sont hors champ. Le seul risque pratique, c’est effec­ti­ve­ment pour l’en­fant. Et là, je me pose des ques­tions. La plupart des études disent qu’il n’y a pas de dommages pour l’en­fant, mais en face, l’Aca­dé­mie de méde­cine dit que ces études ne sont pas convain­cantes. J’ai donc regardé d’un peu plus près ces études, et je me suis rendu compte qu’ef­fec­ti­ve­ment, ce n’est pas évident. Parce que certaines démontrent une chose, et d’autres l’in­verse.

Gérard : C’est logique, on est dans un sujet mili­tant.

Anto­nio : C’est pour ça que je dis que, si on veut appro­fon­dir, il faut lire les publi­ca­tions une par une pour se faire une vraie idée.

    « Je trouve aber­rant qu’on se pose la ques­tion main­te­nant, juste­ment, parce que ça concerne les lesbiennes, c’est ça qui dérange. »

Riss : Les banques du sperme ont été créées en 1973, je crois. Moi, j’ai toujours été intri­gué par ça. Je me disais : un type va donner son sperme anony­me­ment, pour donner nais­sance à un autre indi­vidu, qui ne va pas savoir d’où il vient… À l’époque, personne ne disait rien là-dessus, parce qu’il fallait faire des gosses. La France avait un taux de fécon­dité infé­rieur au renou­vel­le­ment de la popu­la­tion, Michel Debré était complè­te­ment hysté­rique, il fallait qu’on fasse des gosses, des gosses, des gosses… Mais moi je me suis toujours posé la ques­tion : que va-t-il se passer quand le gamin va vouloir savoir ? Personne ne s’est jamais posé ces ques­tions à ce moment-là. Et c’est main­te­nant qu’on se les pose.

Laure : Je trouve aber­rant qu’on se pose la ques­tion main­te­nant, juste­ment, parce que ça concerne les lesbiennes, c’est ça qui dérange. On l’a bien vu avec le mariage pour tous…

Alice : L’ar­gu­ment « c’est la même chose que le mariage pour tous », pour moi, ce n’est pas valable. Le mariage, c’est un contrat, un acte admi­nis­tra­tif. Ça a été créé par des êtres humains. Et si on inter­dit le mariage à d’autres êtres humains, c’est une discri­mi­na­tion. La PMA, c’est faire un enfant. Or, pour ça, selon les lois de la nature, qu’on peut juger injuste, il faut un sper­ma­to­zoïde et un ovule. Il n’y a pas de discri­mi­na­tion quand deux femmes ne peuvent pas faire d’en­fant. C’est triste, c’est dommage, mais c’est comme ça. Ouvrir le droit de la PMA aux lesbiennes, c’est dire que la science devient l’amie de notre confort, l’ou­til pour régler nos petites frus­tra­tions d’êtres humains. C’est du scien­tisme : je vais deman­der à la science de rendre possible l’im­pos­sible.

Coco : Mais si un type perd une jambe, on la lui rempla­ce…

Yann : Un enfant, ce n’est pas un organe.

Coco : Mais je ne vois pas ce que ça change. Une femme peut conce­voir, point. Gérard, tu as écrit dans le jour­nal que si on ouvre la PMA aux femmes homo­sexuelles, on sera obli­gés d’ou­vrir la GPA aux couples d’hommes. Mais ça n’a abso­lu­ment rien à voir. On aide le couple hété­ro­sexuel pour procréer par PMA, on peut aider le couple de femmes. Parce que les femmes peuvent porter un enfant, alors que les hommes ne le peuvent pas. Les hommes peuvent adop­ter, en revanche. L’éga­lité, elle est là. Mais physio­lo­gique­ment, on n’est pas égaux.

    « La science peut tout à fait trans­gres­ser les lois de la nature pour appor­ter du confort, et tant mieux. »

Gérard : Tu mélanges deux choses. Ce qui est de l’ordre du biolo­gique, et ce qui est de l’ordre du juri­dique. C’est ce que je reproche à cette loi, qui fait la confu­sion entre ce qui appar­tient au biolo­gique et ce qui appar­tient au droit. En effet, les femmes peuvent porter des enfants. Mais là, il ne s’agit pas de les porter, mais de les conce­voir, de les fabriquer. Donc, on dit : j’ai envie de fabriquer un enfant. Et c’est l’en­vie qui rend possible. C’est préci­sé­ment cette confu­sion entre un acte pure­ment médi­cal et la créa­tion d’un droit qui rend les dérives possibles. À partir du moment où tu intro­duis le désir d’en­fant comme premier moteur à la procréa­tion, je suis désolé, mais un couple d’hommes peut aussi avoir un désir d’en­fant. D’ailleurs, ils l’ont. Et la GPA, pour reprendre les argu­ments d’An­to­nio, ça existe. On peut aller à l’étran­ger. Je n’aime pas le mot « dérive ». Je n’ai pas de posi­tion morale sur ces ques­tions. Je veux juste qu’on se demande ce que ça implique pour une société quand on crée un droit à l’en­fant. On crée un droit à un être humain, qui va avoir une vie, qui à un moment va peut-être se poser la ques­tion : qu’est-ce-que je suis ? De quoi suis-je le produit ?

Anto­nio : Je voudrais répondre à l’ac­cu­sa­tion de scien­tisme. L’idée sous-jacente, c’est que c’est la porte ouverte au trans­hu­ma­nisme, que la science va conduire au pire, qu’elle va détrô­ner tout ce qui serait natu­rel ou humain. Moi, le natu­rel, l’hu­main, je m’en bats les couilles. Ce qui m’in­té­resse, c’est la balance risque/béné­fice. Si des tech­niques permettent aujourd’­hui d’ap­por­ter du confort, ça ne me dérange abso­lu­ment pas. La science peut tout à fait trans­gres­ser les lois de la nature pour appor­ter du confort, et tant mieux. Aujourd’­hui, natu­rel­le­ment, un homme n’a pas de seins. S’il veut des seins, il va utili­ser une tech­nique.

Alice : Mais un enfant, ce n’est pas des seins qu’on va pelo­ter !
À LIRE AUSSI : Cigognes pour tous

Anto­nio : C’est donc ce que je disais : le seul critère, c’est le risque pour l’en­fant. Est-ce-qu’il va bien ou pas. Et pour moi, l’épou­van­tail du pire n’est pas un argu­ment rece­vable. D’au­tant qu’il y a des lois pour enca­drer les dérives, et pour éviter le pire juste­ment. Par exemple, le tri des embryons selon le sexe, on pour­rait le faire, en France. Mais on ne le fait pas.

Laure : Vous avez parlé des enfants issus de PMA qui pour­raient être en souf­france. Mais vous ne prenez pas en compte le fait qu’il y a chez les lesbiennes qui ont un projet d’en­fant une réflexion sur leur paren­ta­lité, sur l’édu­ca­tion, que beau­coup d’hé­té­ros n’ont pas. Je suis surprise que vous soyez soudain tous autant atten­tion­nés à la situa­tion des enfants. Si on veut vrai­ment s’in­té­res­ser aux enfants en souf­france, l’ur­gence c’est aujourd’­hui l’aide sociale à l’en­fance qui n’a pas les moyens de s’oc­cu­per des enfants en danger chez eux. Il y a 2 enfants tués chaque semaine dans leur famille. Qui connait ces chiffres ? Est-ce que cela soulève autant d’in­di­gna­tion que ceux qui s’op­posent à la PMA au nom du bien de l’en­fant ?

Coco : C’est aussi un problème quand une femme a fait un enfant avec un mec et que le mec se barre. Le gamin peut être dans un manque absolu. Là, on a des couples qui ont un désir réflé­chi. Je ne vois pas en quoi les enfants de mères homo gran­di­raient mieux ou moins bien. C’est pareil.

Anto­nio : De toute façon, dans quelques années ce sera rentré dans les mœurs, comme le Pacs.

Nata­cha Devanda : On est dans une société où les gens se frag­mentent. Une loi doit-elle s’adap­ter à des groupes où a-t-elle a une dimen­sion collec­tive ? Tu peux accep­ter ce manque et te dire : je vis avec une autre femme, c’est impos­sible d’avoir biolo­gique­ment un enfant. Tu peux aussi adop­ter. On ne peut pas compar­ti­men­ter les cas. C’est une loi pour les lesbiennes, mais déjà on entend des voix pour expliquer que les personnes trans­genres ne sont pas pris en compte par cette loi. Alors, bien­tôt on voit devoir faire une loi pour les trans­genres et toutes les autres caté­go­ries ?

Laure : C’est l’in­verse ! Aujourd’­hui la loi donne la possi­bi­lité d’avoir accès au don de sperme pour les hété­ros, mais exclut une « commu­nauté ». Il s’agit juste de géné­ra­li­ser quelque chose de possible pour les hété­ros et de l’ou­vrir aux lesbiennes. Ce n’est pas un droit spéci­fique. Par ailleurs c’est dommage qu’il n’y ait pas une lesbienne autour de la table pour s’ex­pri­mer sur ce sujet.

    « Un monde où on ne connait ni la frus­tra­tion ni la castra­tion, ça crée des petits cons. »

Nata­cha  : Il y a une forme d’in­fan­ti­li­sa­tion de la société : « J’ai un désir d’en­fant donc je dois avoir un enfant »…

Anto­nio : Tu le présentes comme un caprice. Or ça n’abou­tit souvent qu’a­près des années d’ef­fort et d’achar­ne­ment. Celles qui arrivent jusqu’au bout sont celles qui sont les plus moti­vées.

Riss : Je trouve ça inquié­tant, juste­ment, qu’elles soient déter­mi­nées à ce point. Quand tu es confron­tée à une impos­si­bi­lité, il faut savoir faire son deuil. Le vrai gros travail, c’est de se dire, je fais mon deuil, je renonce, je vais vivre autre­ment. La science, c’est ça aussi : c’est la psycha­na­lyse qui nous a fait décou­vrir l’im­por­tance de faire son deuil.

Tonio : Mais alors, dans ce cas une personne handi­ca­pée, il faudrait qu’elle fasse son deuil de marcher ?… Peut-être que je suis un ignoble scien­tiste en voix de trans­hu­ma­ni­sa­tion, mais je l’as­sume !

Alice : Alors, entrons dans un monde où on ne fait jamais son deuil, où tout ce qui est impos­sible devient possible, où l’on reste dans son monde de petite jouis­sance ! Un monde où on ne connait ni la frus­tra­tion ni la castra­tion, ça crée des petits cons.

Juin : Il faut anti­ci­per sur les risques d’eu­gé­nisme. Les gens veulent la PMA, et puis la GPA, et peut-être un jour un enfant qui ne serait pas conçu dans un ventre.

Coco : Mais dire oui à la « PMA pour toutes », ce n’est pas dire oui à tout ça derrière ! C’est n’im­porte quoi. Moi qui suis contre la GPA, ça ne m’em­pêche pas d’être pour la PMA.

Laure : N’ou­bliez pas qu’à chaque évolu­tion de la société, les réacs ont prédit le pire. Pendant les débats sur l’IVG, à l’époque, les oppo­sants disaient « mais toutes les femmes vont se faire avor­ter, ça va être la fin du monde !  » Et en fait non, il y a depuis des années le même nombre d’IVG et ça n’a pas été la fin de l’hu­ma­nité.

Gérard : Il ne s’agit pas de dire que le monde va s’écrou­ler, il s’agit de dire que, si tu créés cette possi­bi­lité, tu n’em­pê­che­ras pas cette demande sociale, tu crées un nouveau droit. Quand le mariage pour tous a été lancé, Hollande avait d’ailleurs assuré qu’il n’y aurait pas la PMA… Deuxiè­me­ment, d’un point de vue fémi­niste, je ne peux pas m’em­pê­cher de me dire que les grands combats fémi­nistes des années 70, c’était de déta­cher la sexua­lité de l’en­fan­te­ment. Et là, la reven­di­ca­tion s’in­verse dans un sens qui consiste à dire : on est des femmes et on ne peut pas s’ac­com­plir sans enfan­ter. Est-ce que c’est un combat fémi­niste ?

Laure : Personne ne dit ça. Il y a toujours des femmes qui reven­diquent de ne pas vouloir d’en­fant, et c’est très bien. Et c’est subver­sif que des lesbiennes puissent avoir un enfant sans être avec un homme.
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Anto­nio : Cette rupture anthro­po­lo­gique, comme le dit l’Aca­dé­mie de Méde­cine, elle est dans la lignée soixante- huitarde : on disait « on peut baiser sans faire d’en­fants », là on dit « on peut faire des enfants sans baiser ». Par ailleurs, leur avis est vrai­ment daté : ils disent que les rôles de la mère et du père ne peuvent se substi­tuer l’un à l’au­tre… Au contraire, on peut avoir des rôles fémi­nins ou mascu­lins chez une femme. Dire que l’au­to­rité serait pour le père, le câlin pour les mères, c’est complè­te­ment ringard !

Gérard : Mais je suis d’ac­cord avec toi. Ce n’est pas ce que l’on dit.

Nata­cha : À Char­lie on ne peut pas être accusé d’al­ler sur ce terrain-là. Par contre, on peut ques­tion­ner le fait de faire des enfants à tout prix, dans une planète finie, où il y a trop de monde ?

Riss : S’il y a un paral­lèle à établir avec l’éco­lo­gie, il est aussi dans le fait que les choix qu’on a fait et les modes de vie qu’on a adopté depuis 30 ans, comme le déve­lop­pe­ment indus­triel effréné, n’ont pas été réflé­chis. Et des années, après on découvre qu’il y a un problème. Sur la ques­tion de savoir si c’est « nocif » pour ces enfants, une chose est sure, tu es dans un proces­sus où tu sais que tu vas fabriquer quelqu’un qui va devoir surmon­ter des ques­tion­ne­ments. « Pourquoi je suis là ? » « Qui m’a fait ? »…  Les gens doivent être respon­sables de ce qu’ils créent. Tu créés un handi­cap, c’est toi qui va conce­voir de toute pièces et froi­de­ment cette situa­tion, c’est une charge supplé­men­taire.

Coco : Mais tu peux appor­ter une réponse car tu es à l’ori­gine de ce proces­sus. Les parents d’en­fant issus de PMA ont assumé ce choix, ils pour­ront commu­niquer sur sa nais­sance. La seule chose sur laquelle ils ne pour­ront pas commu­niquer, c’est le géni­teur. C’est un peu tard d’at­tendre 18 ans, il faudrait qu’ils puissent avoir accès à leur géni­teur avant.

Yann : Tous les enfants posent cette ques­tion : « pourquoi vous vouliez me mettre au monde, pourquoi vouliez-vous que je sois là ? ». La rupture anthro­po­lo­gique, elle est dans la bana­li­sa­tion de la tech­nique dans la fabri­ca­tion de l’hu­main. Les enfants veulent parler avec leur parent, ils ne veulent pas « commu­niquer », ce n’est pas la même chose. On commu­nique des infor­ma­tions. Parler avec un enfant c’est diffé­rent. C’est déjà compliqué de dire quel a été ton désir à un enfant, si en plus tu réponds à un enfant né de PMA simple­ment « on avait très envie que tu sois là »… Les enfants disent souvent c’est la merde d’être un enfant, donc là ils diront : « pourquoi vous avez fait appel à cette tech­nique-là en plus, pour m’avoir à tout prix ?  ». Plus des parents ont eu envie de faire un enfant, plus ça le charge, plus ça l’an­goisse.

Juin : On nous a appris que, sur une éjacu­la­tion, il y avait un seul sper­ma­to­zoïde gagnant. Là, avec une éjacu­la­tion, on peut faire plusieurs dons de sperme, donc tous les sper­ma­to­zoïdes, même les moins perfor­mants, pour­ront avoir une chance de gagner.

Gérard : Eh bien voilà, on a au moins un truc sur lequel la PMA est de gauche !
https://charliehebdo.fr/2019/10/societe/debat-la-pma-selon-charlie-hebdo/
Compagnie Triple A sur Vimeo
Fri Aug 23 10:36:44 2019
https://vimeo.com/user72931135
Écriture du blog : nous ne transigerons pas sur les libertés. – Framablog
Tue Aug 13 15:55:29 2019
Attention, cet article va parler d’un sujet qui a été tellement polarisé qu’il transforme de nombreuses personnes en troll·e·s : l’écriture inclusive. Mais en fait on ne va pas du tout parler de ça. On va parler de Liberté et de libertés, tiens !

Premièrement : vous avez raison

On va mettre tout le monde d’accord d’un coup (quitte à vous mettre d’accord pour nous taper dessus)… quoi que vous pensiez sur l’écriture inclusive : vous avez raison.

Vous pensez que cela va changer les esprits et permettre de réduire les inégalités ? Vous avez raison. Vous pensez que c’est inefficace et inutile ? Vous avez raison.

Vous pensez que c’est une mode ? Vous avez raison. Vous pensez que c’est une évolution ? Vous avez raison.

Vous pensez que c’est un juste contrepoids à une masculinisation de notre langue par l’académie française lors de sa création au XVIIe siècle ? Vous avez raison. Vous pensez que l’académie française actuelle l’ayant officiellement comparée à un péril mortel, il ne faut pas l’utiliser ? Vous avez raison.

Vous vous en foutez royalement, tyranniquement ou démocratiquement… ?

    Vous. Avez. Raison.

Vous avez raison parce que vous avez vos raisons (ou même vos absences de raisons, pour les personnes qui s’en cognent). Vos opinions sur l’écriture inclusive peuvent être étayées par des faits, des autorités, des réflexions et de fait vous semblent parfaitement valides, mais elles restent cela : des opinions (ou absences d’opinions, n’oublions pas le droit de s’en foutre).

Car nos manières de pratiquer une langue vivante restent des choix : personnels, collectifs, politiques, poétiques… Mais des choix subjectifs. Ou des absences de choix, parce que saperlipopette, on a aussi le droit de se laisser porter !
L’informatique est-elle poétique ?
Vous avez une heure.
“School for Poetic Computation” par Roͬͬ͠͠͡͠͠͠͠͠͠͠͠sͬͬ͠͠͠͠͠͠͠͠͠aͬͬ͠͠͠͠͠͠͠ Menkman sous licence
CC BY 2.0
Deuxièmement : nous aussi

Chez Framasoft, cela fait plus de trois ans que ce choix est fait.

Le 27 février 2015, on pouvait lire dans cet article du Framablog :

    On le sait, les libristes s’ennuient durant les week-end, tant ils croulent sous le temps libre, tant elles n’ont rien d’autre à faire que jouer à SuperTuxKart.

Quelques jours avant, c’est le mot « les rêveureuses » qui s’y affiche , quand on n’y parle pas carrément des « barbu-e-s » (déc. 2015) afin de désigner les informaticiennes et informaticiens libristes (pour tirer la langue à cette expression communautaire excluant, de fait, les visages glabres).

Quant à notre newsletter, suivie par plus de 95 000 inscrit·e·s, c’est pas mieux : dès 2015 les « ils et elles » y fleurissent, on y évoque « nos salarié-e-s » en 2016, ou on y imagine carrément les « chef-fe-s » du petit village libriste !

En fait, nos usages et manières ont progressé au fil de nos réflexions, et ce n’est que le 22 février 2017 que, suite à de rares commentaires ici ou là, notre comité communication décide d’ajouter cette réponse dans notre foire aux questions, afin de répondre par avance à toute interrogation, et d’expliquer pourquoi nous laissons des graphies novatrices s’exprimer dans nos communications.
Votre Contributopia est-elle riche de diversités ?
Vous avez deux heures.
Le monde des services de Contributopia, CC-By David Revoy
Troisièmement : ça pique un peu au début…

Alors oui, on le sait, lire de tels bidouillages de la langue française, ça perturbe. Nous le savons parce que nous aussi nous l’avons vécu. On est là, installé·e·s pépères dans une utilisation d’une langue que l’on s’est fait ch#£§ à apprendre durant de longues années, quand soudain des graphies nous rappellent que mémère existe aussi. Sans compter que, derrière tout cela, y’a une question -presque une accusation- qui vient se chuchoter dans nos pensées…

    Aurais-je été sexiste tout ce temps, sans le savoir, juste en faisant des phrases… ?

Alors là, c’est non : notre esprit se défend et sort les griffes… C’est normal, hein : il fait son boulot d’esprit. La neuro-biologie nous apprend que, lorsque nous sommes confronté·e·s à quelque chose qui remet en questions nos croyances les plus profondes, notre cerveau réagit comme si nous étions physiquement agressé·e·s.

Or les croyances « je ne suis pas sexiste » ou « je sais comment s’écrit le bon Français » sont souvent chères à nos esprits : elles sont identitaires. Nos esprits se défendent donc avec de multiples objections bien connues : « c’est moche », « c’est illisible », « c’est pas français », « c’est la novlangue de la pensée unique », « c’est excluant », etc. C’est un mécanisme de défense que les libristes connaissent bien. Qui n’a jamais entendu un « Je n’ai rien à cacher » après avoir remis en question la croyance « mes pratiques numériques sont saines »… ?

Chez Framasoft, nombre de nos membres ont vécu ces objections : nous les connaissons intimement. Nous en avons discuté, débattu, argumenté (la question de l’accessibilité, par exemple, mérite que l’on se penche dessus, donc nous l’avons fait). Nous en avons déterminé qu’il ne s’agissait pas de nous, mais de Liberté.
Est-ce qu’une égoïste, c’est quelqu’une qui ne pense pas à moi ?
Vous avez trois heures.
“estupid ego” par !unite sous licence CC BY 2.0
Quatrièmement : …mais après ça passe

Parce qu’en fait, si on parvient à mettre en sourdine le « scrogneugneu, mais c’est pas comme ça que ça s’écrit » qui crie très fort en nous… eh bien on s’habitue ! Ne sous-estimons pas nos cerveaux : ils ont une capacité de résilience qui peut nous surprendre nous-mêmes…

D’expérience (et qui vaut ce qu’elle vaut, hein, z’avez le droit de ne pas être d’accord), on peut très vite s’habituer, ne plus trébucher mentalement sur des nouveautés linguistiques. De nos jours, écrire ou dire que « c’est relou », ne choque plus les esprits (sauf dans un contexte où on doit parler soutenu), mais à une époque pas si lointaine, lorsque l’on craignait les « loubards » en blousons noirs, le verlan était socialement choquant…

    Car la seule chose qui nous empêche de nous habituer à des graphies novatrices : c’est nous.

C’est quand on ne veut pas, qu’on en a pas envie. Et pourquoi pas : vous avez le droit de refuser de voir votre langue, un outil profondément lié à nos identités, écrite de manière X ou Y. Vous pouvez ne pas en avoir envie…

Comme nous, dans notre association, nous pouvons avoir envie d’user de points médians (ou de smileys :p… ). Car, dans un cas comme dans l’autre, nous faisons un choix personnel, nous usons de notre Liberté.
Doit-on détester les emoji quand on ne supporte pas le point médian ?
Vous avez quatre heures.
Cinquièmement : pourquoi maintenant ?

Au-delà de ce débat qui, pour nous, se résume en une phrase (nous ne transigerons pas sur les libertés), il y a une question à se poser. Depuis plus de trois ans que nous expérimentons avec la langue (tout en faisant des efforts typographiques, orthographiques, et grammaticaux que personne ne vient saluer, snif !), les remarques et commentaires trollesques ne pleuvent que depuis environ neuf mois.

En novembre 2017, il y a eu un débat soulevé dans les médias de masse. Depuis, nous voyons quotidiennement combien il n’est plus possible de discuter paisiblement.

C’est comme s’il y avait une guerre, qu’il fallait choisir son camp, et pis si t’es pas avec nous t’es contre nous… La question s’est polarisée au point de caricaturer les pires personnages de jeux de baston :

    HystéroFémiNazie VS FachoMascuMacho,
    Round 1,
    FIGHT !

Vous trouvez pas qu’on s’est un peu fait embourber nos esprits dans une ambiance de merde… ? Combien de personnes, aujourd’hui, revendiquent le droit d’en avoir rien à foutre du point médian, de s’en cogner de la double flexion, et de n’avoir aucun avis sur la règle de proximité ? Qui pense encore, dans ce débat, au fait que dire « chacun et chacune » (la double flexion, donc) est tout autant une marque du langage inclusif que « chacun·e »… ?

Mais surtout : où étaient nos critiques littéraires ces trois dernières années ? Que faisaient ces personnes, et pourquoi ne veillaient-elles pas à notre salut linguistique auparavant ? Il peut être bon de se demander, chacun et chacune (tiens !) en son for intérieur, pourquoi est-ce que l’on a commencé à avoir un avis sur la question (en novembre dernier)… plutôt que de bidouiller avec, juste pour voir comment ça fait, pour voir ce que ça change.
Est-ce qu’on n’aurait pas un peu le syndrome du grand méchant monde ?
Vous avez plus le temps, allez directement lire la réponse de Hacking Social.
Finalement : la liberté n’est pas négociable

Chez Framasoft, nous sommes attentifves : croyez-le ou non, mais nous veillons à rester intelligibles. Si nous publions un texte de telle ou telle manière, c’est que nous avons estimé, collégialement et dans notre entière subjectivité, qu’il est intelligible.

Intelligible ne signifie pas confortable, hein. Utiliser les dissonances cognitives que provoquent les expressions inhabituelles peut être un outil pour communiquer ce que l’on souhaite transmettre. C’est un choix dans la méthode, qui peut sembler approprié à l’auteur·rice d’un texte, et aux personnes qui relisent.

La Liberté, chez Framasoft, c’est pas négociable. Nous en avons parlé lors de notre dernière assemblée générale : nous faire aimer/apprécier/bien voir, vouloir séduire/éduquer/convertir les gens à la cause du libre, cela ne se fera pas à tout prix. Ce serait chercher une universalité quasi-impossible, et qui (à nos yeux) mène sur le chemin du plus petit dénominateur commun, celui des idiocraties googlesques qui nous rebutent. Bref, on va pas se renier, pas au prix de nos libertés ni de nos convictions.

    Et les libertés des personnes qui, volontairement, refusent de supporter le langage épicène, les pauvres … ?

Nous avons fait en sorte que vous ayez le droit de reprendre nos publications (sous licence CC-By-SA, sauf mention contraire) et les traduire en langage traditionaliste (comme d’autres les traduisent en italien, en anglais, et merci !). Nous avons fait en sorte de n’obliger aucun·e membre, aucune personne qui contribue à nos actions, à utiliser telles ou telles règles (d’ailleurs, nombre de nos textes sont aussi en langage traditionnel, et c’est OK pour nous).

Nous savons les internets assez grands pour que chacun·e (tiens !) puisse y trouver son bonheur… Sans forcément aller faire les gros n’yeux aux autres parce que « ielles ne font pas comme il faut, c’est à dire comme moi je veux ! ». On peut même renvoyer les ronchonchons aux conditions générales d’utilisations de nos services (dont le blog, la newsletter, etc. font partie), clause « si ça vous va pas, vous êtes libres d’aller voir ailleurs » (allez lire, ça prend 3mn et c’est bel et bien écrit dedans).
Extrait de ce que, entre nous, nous avons appelé « le post Framasphère du Démon », tant il a atteint des sommets trollesques.
Ceci n’est qu’un exemple. Un seul.
Offrons-nous la paix

C’est un peu violent, comme conclusion, non… ? Il faut dire que le cumul des remarques trollesques et de mauvaise foi que nous essuyons depuis des mois est franchement frustrant, et cette accumulation, nous la vivons comme une violence… Il est temps de briser ce cercle vicieux.

Là où nous sommes d’accord avec nos détracteurices (soyons fous… et folles : hop, un mot-valise !), c’est que les questions de genre et de linguistique ne sont pas le but premier de Framasoft… Alors pourquoi venir les commenter ? Pourquoi détourner l’attention de ce que nous faisons en faisant remarquer quelques pauvres signes de ponctuation… ?

Ne pourrait-on pas vivre, et laisser vivre… ?

Peut-on passer à autre chose… ?

Nous l’espérons, et vous faisons confiance.
https://framablog.org/2018/08/13/ecriture-du-blog-nous-ne-transigerons-pas-sur-les-libertes/
LessPass
Tue Aug 6 17:05:50 2019
A tester (depuis Sebsauvage)
https://lesspass.com/#/
Ordre de visionnage du Marvel Cinématic Universe - Liste de 34 films - SensCritique
Tue Aug 6 17:00:31 2019
https://www.senscritique.com/liste/Ordre_de_visionnage_du_Marvel_Cinematic_Universe/2080730
Ordre de visionnage des films X-Men - Liste de 15 films - SensCritique
Tue Aug 6 16:58:16 2019
depuis https://www.parigotmanchot.fr/liens/?U76XrQ
https://www.senscritique.com/liste/Ordre_de_visionnage_des_films_X_Men/2085964
baf3f1a67d1562b5.jpg (Image JPEG, 477 × 583 pixels)
Tue Aug 6 10:24:44 2019
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depuis Sebsauvage
https://files.mastodon.social/media_attachments/files/017/133/858/original/baf3f1a67d1562b5.jpg
Human Benchmark - HowTommy | Liens et actu en vrac
Tue Jul 30 16:26:42 2019
http://liens.howtommy.net/?040n3g
Socle interministériel de logiciels libres — Wikipédia - Shaarli ¦ Orangina Rouge
Tue Jul 30 16:05:36 2019


Que des trucs ultra connus mais ça fait du bien de rappeler qu'il peut y avoir des recommandations gouvernementales pour à ce sujet :

    Gestion des mots de passe : KeePass
    Chiffrement de disques : VeraCrypt
    Suite bureautique : LibreOffice
    Éditeur de texte : Notepad++
    Lecture simple de fichiers PDF : Sumatra PDF
    Système d'information géographique : QGIS
    Publication (PAO) : Scribus
    Lecteur multimédia : VLC
    Montage vidéo : Avidemux
    Enregistrement et édition de sons : Audacity
    Dessin (vectoriel) : Inkscape
    Dessin (matriciel) : Gimp
    Schémas : Draw.io Desktop
    Courrielleur : Thunderbird
    Client de messagerie instantanée : Jitsi
    Client FTP : Filezilla
    Navigateur web : Firefox ESR
    Bloqueur des publicités et des pisteurs : uBlock Origin
    Moteur de recherche : Qwant
    Grapheur d'idées : Freeplane
    Gestion de projet : ProjectLibre
    Compression : 7-zip
    Capture d'écran : Greenshot
    Défragmentation : Ultradefrag

http://orangina-rouge.org/shaarli/?rE92Bw
11 Best Free & Open Source Video Editing Software in 2019
Thu Jul 18 15:32:49 2019
https://itsfoss.com/open-source-video-editors/
Pourquoi le moment le plus chaud de la journée n'est pas midi ? - Couleur-Science
Thu Jul 18 15:11:09 2019
https://couleur-science.eu/?d=932ae6--pourquoi-le-moment-le-plus-chaud-de-la-journee-nest-pas-midi
GeekPrank Hacker Screen - The Best Hacker Simulator
Tue Feb 19 10:22:47 2019
https://geekprank.com/hacker/
Images non contractuelles – carfree.fr
Fri Feb 15 16:14:22 2019
via HowTommy !
http://carfree.fr/index.php/2014/11/07/images-non-contractuelles/
Guide | Cartes SD et microSD : perdus dans la jungle des sigles ? On vous explique tout
Mon Feb 11 15:03:45 2019
Si les cartes SD et microSD sont largement répandues dans les appareils photo, smartphones et autres micro PC, il n'est pas toujours facile de s'y retrouver au moment d'en choisir une. Pour vous aider à y voir plus clair, voici un tour d'horizon des formats, interfaces (High Speed, UHS, Express...) et autres classes de vitesses ou performances (A, C, U et V).

Le format SD – Secure Digital – et la SD Association (SDA) en charge de son développement ont été créés au tout début de l'année 2000 par trois fabricants : Panasonic, SanDisk et Toshiba. Les premiers exemplaires étaient annoncés dans les mois suivant, avec des capacités de 32 et 64 Mo.

L'objectif était alors de proposer du stockage dans un format compact : 24 x 31 x 2,1 mm, pour environ deux grammes. Il existe également des Thin SD de 1,4 mm d'épaisseur, mais elles sont relativement rares. En 2003, les miniSD arrivaient, se limitant à 21,5 x 24 x 1,4 mm. Un format rapidement mis de côté au profit des microSD : 15 x 11 x 1 mm (environ 0,5 g).

Aujourd'hui encore, les cartes SD et microSD coexistent : les premières généralement dans les appareils photo ou via un port présent dans certains PC, les secondes dans les terminaux mobiles et autres microPC où l'espace occupé est un élément critique. Dans tous les cas, il existe des adaptateurs SD/miniSD/microSD. Peu onéreux, ils ne modifient que le câblage interne pour l'adapter au format, sans autre composant.

Mais aujourd'hui encore, le choix d'une carte (micro)SD est relativement complexe. Elles sont accompagnées de différents logos, normes, interfaces, chacun avec sa signification et ses applications. Nous avons donc souhaité vous simplifier les choses.
Carte SD
SD, SDHC, SDXC et SDUC : jusqu'à 128 To de stockage

Quel que soit le format des cartes (SD ou microSD), il existe quatre normes qui dépendent de la capacité de stockage :

    SD : jusqu'à 2 Go
    SDHC : jusqu'à 32 Go
    SDXC : jusqu'à 2 To
    SDUC : jusqu'à 128 To

Les plus anciens se souviendront certainement qu'il existait des cartes SD de 4 Go. Parfois identifiées sous l'appellation « SD v1.1 », elles n'avaient rien d'officiel, même si les appareils compatibles cartes SD les acceptaient généralement.

Pour fonctionner correctement, une carte SDHC/XC/UC doit être installée dans un lecteur supportant au moins le même format. Une carte SDXC ne marchera par exemple pas dans un lecteur SDHC. Par contre, la rétrocompatibilité est assurée : un lecteur SDXC lira sans problème une carte SD ou SDHC.

Notez que la SD Association recommande le formatage exFAT depuis le SDXC (contre FAT12/16/32 précédemment). Un système de fichiers conçu spécialement par Microsoft pour la mémoire flash amovible. Il nécessite une licence spécifique, mais peut être exploité sous la plupart des distributions Linux (via FUSE) et macOS.

Des alternatives existent cependant. Samsung a par exemple travaillé sur un projet open source, intégré au noyau Linux courant 2012 : F2FS. Le projet est toujours maintenu.
carte SD microSD
Autopsie d'un adaptateur microSD vers SD - Crédits : Sébastien Gavois
Six interfaces : de 12 à 985 Mo/s

Viennent ensuite les interfaces, exploitables par les cartes (micro)SD et les lecteurs. Il en existe six, avec des débits allant de 12,5 à 985 Mo/s :

    Default Speed : jusqu'à 12,5 Mo/s
    High Speed : jusqu'à 25 Mo/s
    UHS-I : jusqu'à 104 Mo/s
    UHS-II : jusqu'à 312 Mo/s
    UHS-III : jusqu'à 624 Mo/s
    SD Express (SD uniquement) : jusqu'à 985 Mo/s

Les évolutions se font faites au fil des années. La Default Speed était utilisée au lancement de la norme SD 1.01 en 2000, alors qu'il a fallu attendre 2004 et la version 1.10 pour la High Speed jusqu'à 25 Mo/s. L'Ultra High Speed (UHS-I) est arrivée en 2010 (avec la norme 3.10), suivie par l'UHS-II en 2011 (4.0.0), l'UHS-III (6.00) en 2017 et enfin la SD Express – basée sur le PCIe 3.0 et le NVMe 1.3 – l'année dernière avec la version 8.0.0. C'est la seule à être réservée aux cartes SD.

La rétrocompatibilité est de mise : un lecteur UHS-III permettra de lire le contenu d'une carte High Speed ou UHS-I, tandis qu'une carte UHS-II fonctionnera dans un lecteur UHS-I. L'interface la plus rapide disponible, tant sur le lecteur que sur la carte, sera utilisée pour les transferts. Avec une exception pour l'interface SD Express : elle ne prend en charge que l'UHS-I maximum pour la rétrocompatibilité (et pas l'UHS-II ou UHS-III). Une carte UHS-III dans un lecteur SD Express sera donc limitée à l'UHS-I et ne dépassera pas 104 Mo/s au maximum.

L'explication réside dans l'agencement des broches sur les cartes mémoire. Avec l'UHS-II/III, une seconde rangée de connecteurs est apparue sous la principale (voir ci-dessous). Elle est utilisée différemment pour le SD Express, ne laissant plus que les connecteurs originaux (ceux du haut) pour assurer la rétrocompatibilité.
SD Association
Onze classes de vitesse, de 2 à 90 Mo/s en écriture

Définir des débits maximums théoriques pour une interface est une chose, pointer les performances réelles d'une carte mémoire en est une autre. Une information cruciale pour des usages spécifiques, comme dans le domaine de la photo/vidéo, où lorsque ces cartes sont utilisées pour stocker des applications ou un système entier.

C'est dans cette optique que les classes ont été introduites à partir de 2006. Mais elles sont complexes à comprendre puisqu'au nombre de onze, réparties en trois catégories. De plus, elles ne concernent que les débits séquentiels en écriture et ne donnent aucune indication sur les performances en lecture.

Autre problème, leur dénomination peut être source de confusion puisque les classes U1/U3 signifient « UHS Speed Class 1/3 », reprenant le nom de l'interface UHS. Il n'y d'ailleurs a pas de classe U2, dommage pour les amateurs du groupe.

    C2 (Class 2) : au moins 2 Mo/s en écriture
    C4 (Class 4) : au moins 4 Mo/s en écriture
    C6 (Class 6) : au moins 6 Mo/s en écriture
    C10 (Class 10) : au moins 10 Mo/s en écriture

    U1 (UHS Speed Class 1) : au moins 10 Mo/s en écriture
    U3 (UHS Speed Class 3) : au moins 30 Mo/s en écriture

    V6 (Video Speed Class 6) : au moins 6 Mo/s en écriture
    V10 (Video Speed Class 10) : au moins 10 Mo/s en écriture
    V30 (Video Speed Class 30) : au moins 30 Mo/s en écriture
    V60 (Video Speed Class 60) : au moins 60 Mo/s en écriture
    V90 (Video Speed Class 90) : au moins 90 Mo/s en écriture

Notez que les classes C10, U1 et V10 ont toutes les trois la même limite inférieure de 10 Mo/s en écriture ; elles sont donc identiques. Il en est de même pour C6 et V6, ainsi que U3 et V30.

Les Video Speed Class sont, comme leur nom l'indique, spécialement pensées pour la vidéo... mais ne permettent pas de savoir facilement de quoi il retourne. La SD Association recommande en effet :

    V6 à V30 pour filmer en HD ou Full HD
    V6 à V60 pour passer en 4K UHD
    V60 ou V90 pour de la 8K

On a tout de même vu des numérotations plus intuitives et précises.

Il s'agit là des grandes lignes des différentes interfaces et indices de performance, mais certaines restrictions existent. Les cartes SD Default Speed ne peuvent ainsi être qu'en C2 à C6, les High Speed en C2 à C10 et V6 à V10, tandis que les UHS-I ajoutent U1, U3 et V30. En UHS-II et UHS-II, C2 disparait pour laisse place à V60 et V90.

En complément, les fabricants précisent généralement sur leurs cartes moyen/haut de gamme les débits qu'elles sont capables de tenir selon leurs tests. Selon l'appareil utilisé, il peut être intéressant d'opter pour une certification minimum afin de s'assurer que les performances seront au rendez-vous.

Par exemple, un appareil photo ou une caméra pourrait ne pas pouvoir enregistrer en rafales ou des vidéos en pleine résolution si la carte mémoire est trop lente pour écrire les informations. Dans ce genre de cas, le débit séquentiel en écriture est le plus important à regarder. Ce ne sera pas forcément le cas pour le stockage de l'OS d'un micro PC.

SD Association SD Association
Des Performance Class A1 et A2 peu ambitieuses

En 2016, la SD Association s'est donc enfin décidée à proposer des indices pour la lecture en plus de l'écriture, mais uniquement pour les performances applicatives. On trouve deux classes de performances applicatives, la plus récente datant de 2017 :

    A1 : 1 500 IOPS en lecture, 500 IOPS en écriture et au moins 10 Mo/s en écriture
    A2 : 4 000 IOPS en lecture, 2 000 IOPS en écriture et au moins 10 Mo/s en écriture

Ces classes A1 et A2 sont symptomatiques du manque d'ambition de la SD Association, tant les débits sont faibles. Proposer seulement un maximum de quelques milliers d'IOPS et 10 Mo/s ne permet pas vraiment de départager des cartes mémoire capables pour certaines d'approcher les 300 Mo/s en lecture et en écriture, dommage.

Ce problème ne touche d'ailleurs pas que les classes A1 et A2 : dans toutes celles proposées, pas une seule ne va au-delà de 90 Mo/s en écriture. Pas question de résultats hors de débits séquentiels, alors que l'information est importante pour certains usages. C'est aussi l'un des points faibles des cartes mémoire (voir ce test).
SD Association
LVS : une question de tension

Depuis leur lancement en 2000, les cartes SD fonctionnent à 3,3 volts. En 2017, la SD Association a annoncé le Low Voltage Signaling (LVS) à 1,8 volt. Il existe quatre types de cartes, moins gourmandes en énergie, mais aussi parfois moins rapides :

    LV50 : interface UHS-I, jusqu'à 50 Mo/s
    LV104 : interface UHS-I, jusqu'à 104 Mo/s
    LV156 : interface UHS-II, jusqu'à 156 Mo/s
    LV624 : interface UHS-III, jusqu'à 624 Mo/s

Les cartes LVS sont compatibles avec les lecteurs LVS et ceux en 3,3 volts. Mais les lecteurs LVS ne prennent en charge que les cartes LVS... à une exception près : « les cartes UHS-II classiques peuvent également fonctionner si un mode UHS-II est disponible par l'hôte et choisi par l'utilisateur ».

La SD Association rappelle en effet qu'une tension de 1,8 volt avait déjà été introduite avec l'UHS-I en 2010, mais l'initialisation demandait toujours une tension de 3,3 volts. En 2011, ce n'était plus le cas avec l'UHS-II (de plus amples informations sont disponibles dans ce document). Il n'existait par contre pas de norme spécifique pour des cartes mémoire à 1,8 volt. Un manque qu'est venu combler LVS.
SD Association LVS
SD NFC, SmartSD, (i)SDIO, etc.

Les cartes SD proposent des fonctionnalités parfois méconnues et sous exploitées. La SD Association a par exemple annoncé la SD NFC en 2013 : « cette interface permet aux cartes microSD de contenir des applications sans contact utilisant les capacités du contrôleur NFC intégré dans l'hôte ». Elle peut utiliser une interface Default Speed ou UHS-II. De plus amples informations sont disponibles par ici.

Citons également les SmartSD, au format microSD elles aussi. Elles intègrent un élément sécurisé pouvant servir à de l'authentification, du stockage chiffré, du paiement sans contact, etc. « La carte mémoire SmartSD remplit la même fonction qu'une carte à puce, authentifiant et sécurisant les informations d'identification de l'utilisateur », explique la SD Association. Les SmartSD sont une des possibilités offertes par l'ASSD (Advanced Security SD), des technologies permettant de sécuriser les cartes SD.

Le SDIO (composé de SD et IO pour Input/Output ou entrée/sortie) permet pour sa part d'utiliser un emplacement SD pour d'autres périphériques comme un GPS, un modem Bluetooth ou un récepteur radio, à condition que l'hôte soit compatible. Avantage de cette solution selon la SD Association, une carte SDIO est « utilisable sans installer de pilote spécial ».

Cartes mémoire SDCarte SD Wireless LAN

En 2013, nous avons eu droit à une évolution avec l'Intelligent SDIO (ou iSDIO). Cette fois-ci, la SD Association a combiné les deux mondes : stockage et SDIO. La carte microSD dispose donc d'un espace de stockage interne (comme un modèle classique), avec un module supplémentaire exploitant SDIO. Les détails techniques sont disponibles par là.

Exemple de carte exploitant la norme iSDIO, la Wireless LAN SD Card. Comme son nom l'indique, elle propose du Wi-Fi 4 (802.11n) avec du stockage et peut ainsi se connecter à un réseau sans fil pour transférer des photos sur un serveur. L'annonce de la norme iSDIO avait d'ailleurs provoqué la colère d'Eye-Fi, qui vendait déjà depuis un moment des cartes SD avec du Wi-Fi. Le fabricant a accusé la SD Association de violer ses brevets.

La SD Association a également lancé TransferJet SD, lui aussi basé sur iSDIO. Cette technologie permet de transférer rapidement des données entre deux terminaux très proches l'un de l'autre (quelques centimètres). De plus, une carte mémoire TransfertJet SD peut être montée sur un autre terminal (disposant d'un récepteur compatible) comme un stockage SCSI. Il y a quelques années, Toshiba avait ainsi annoncé ses cartes TransferJet J301.
Cartes SD
https://www.inpact-hardware.com/article/1015/cartes-sd-et-microsd-perdus-dans-jungle-sigles-on-vous-explique-tout
Liste à puce des raisons pour lesquelles vous devez arrêter de dire « tiret du 6 » ou « tiret du 8 » - Tech - Numerama
Wed Feb 6 16:20:59 2019
https://www.numerama.com/tech/458477-liste-a-puce-des-raisons-pour-lesquelles-vous-devez-arreter-de-dire-tiret-du-6-ou-tiret-du-8.html#commentaires
Tour de France des communes avec un nom graveleux - Liens en vrac de sebsauvage
Mon Feb 4 16:50:43 2019
https://sebsauvage.net/links/?hvCCZQ
L’irrésistible ascension du lecteur vidéo « VLC », une révolution française
Mon Feb 4 16:21:22 2019
Capable de lire n’importe quelle vidéo sur n’importe quel support, le petit logiciel gratuit VLC s’est imposé en vingt ans comme un indispensable. Il est développé par des Français.

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Quatre cents millions d’utilisateurs, plus de trois milliards de téléchargements… En vingt ans, le logiciel gratuit VLC a su se rendre indispensable et a envahi ordinateurs et smartphones partout dans le monde. Ses forces : il permet de lire à peu près toutes les vidéos, quel qu’en soit le format, sur n’importe quel support et ce sans collecte de données ou publicité cachée.

Le célèbre cône de signalisation, qui lui sert d’icône, a vu le jour en région parisienne. Aujourd’hui encore, la plupart des développeurs responsables de ses mises à jour sont français.

Tout a commencé à l’Ecole centrale Paris. « C’est une histoire très simple et très française », raconte Jean-Baptiste Kempf, l’un des piliers du projet et président de l’association VideoLAN, qui développe et distribue VLC. En 1995, les étudiants réclament à la direction de l’école un meilleur réseau informatique. Officiellement, pour pouvoir travailler dans de meilleures conditions. Officieusement, il s’agit de pouvoir jouer à Doom, un jeu vidéo de tir, en réseau.

La direction de l’école, qui voit clair dans leur jeu, botte en touche et leur propose de trouver eux-mêmes leur financement. Bouygues fait une proposition : l’industriel est prêt à installer un nouveau réseau, à condition que les élèves développent un moyen d’y diffuser les programmes de TF1 et n’aient plus ainsi besoin d’installer une parabole par étudiant.

    Des bouts du code de VideoLAN coulent dans les veines de Netflix

Le but n’est pas tant de faire l’économie de l’installation d’un parc complet de paraboles, mais de développer à moindres frais un projet qui pourra ensuite servir à l’industriel de vitrine technologique. « C’est la première fois que le streaming vidéo est utilisé », raconte M. Kempf à propos de cette technologie, qui préfigure Netflix ou YouTube. « C’était de la science-fiction », ajoute-t-il.

Et de fait, le développement patine, connaît quelques faux départs, mais, promotion après promotion, il occupe les élèves de deuxième année qui finissent par poser, en 1999, les bases du projet VideoLAN, qui vise à développer le streaming vidéo.

Celui-ci comprend plusieurs facettes : diffusion, lecture… C’est cette dernière fonction, baptisée VideoLAN Client, qui deviendra VLC. Reste à trouver le pictogramme. Ce sera le cône de signalisation de travaux. Omniprésent sur le campus, cet objet est détourné et utilisé dans de nombreuses soirées étudiantes. « Quand je suis arrivé il y en avait des centaines un peu partout. Mais on les a tous rendus à la DDE [direction départementale de l’équipement], promis ! », en rit encore aujourd’hui M. Kempf.
Jean-Baptiste Kempf, ingénieur et président de l’association VideoLAN, dans les locaux de VLC, à Paris, le 22 janvier.
Jean-Baptiste Kempf, ingénieur et président de l’association VideoLAN, dans les locaux de VLC, à Paris, le 22 janvier. MAGALI DELPORTE / SIGNATURES POUR LE MONDE
Le couteau suisse de la vidéo

Il faudra attendre 2001 avant que le projet ne devienne « open source », et même « libre », c’est-à-dire accessible gratuitement mais aussi librement diffusable, utilisable, modifiable, par tout un chacun. La technologie développée par les étudiants sort alors de l’école pour être bidouillée par les développeurs du monde entier. Aujourd’hui, des bouts de codes informatiques écrits à l’origine pour VideoLAN coulent dans les veines virtuelles de YouTube et Netflix.

« Au départ l’école espérait rentabiliser la technologie, mais elle se rend bien compte que le projet ne tourne qu’avec des étudiants. En 2001, la direction, un peu résignée, ne comprend pas très bien ce qu’est “l’open source”, mais trouve que c’est un projet sympa et innovant, alors elle l’accepte. Des mecs ont passé un an à faire que du VLC : ils ne sont pas allés en cours, ils ont redoublé… ».

Jean-Baptiste Kempf cite quelques-uns de ces pionniers, Christophe Massiot, Rémi Denis-Courmont, Laurent Aimar, ou encore Samuel Hocevar, un des pionniers de Wikipédia en France.

M. Kempf a vingt ans quand il intègre l’école, en 2003. Entre-temps, VideoLAN s’est étoffé. Au gré des mises à jour, VLC est devenu un formidable couteau suisse, capable de décrypter n’importe quel format vidéo ou audio. « A l’époque, VLC était le seul lecteur qui permettait de lire les DVD sur Mac », se souvient notamment M. Kempf.

    Ce n’est pas un hasard si VLC a vu le jour en France

Pour réussir cet exploit, les étudiants et les développeurs extérieurs dissèquent chaque format vidéo du marché pour en comprendre le fonctionnement et ainsi programmer les bouts de code qui permettent de les décoder – on appelle ça des « codecs ». C’est la grande force de VLC : il est livré avec la plupart des codecs nécessaires pour lire les formats vidéo les plus pointus, de sorte que l’utilisateur n’ait pas à se soucier de trouver le bon programme, la bonne mise à jour. C’est une révolution.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si VLC a vu le jour en France. Rien n’interdit aux développeurs de concevoir leurs propres outils pour lire un format vidéo inventé par Apple ou Microsoft. Ce n’est pas le cas partout, et notamment dans les pays où les lois de la protection intellectuelle sont beaucoup plus favorables aux géants de l’informatique. « La politique française est beaucoup plus saine qu’ailleurs. Je ne pense pas que ce soit menacé à court terme, mais il y a des attaques permanentes », explique M. Kempf, qui reste attentif à l’évolution de la législation européenne en la matière.
VLC à l’heure de la « start-up nation »

En 2004, VLC atteint son premier million de téléchargements. Mais tandis que la popularité du logiciel explose, la motivation des développeurs, elle, s’émousse. Forcément, il est plus grisant de poser les fondations que de corriger les bugs. M. Kempf fait les comptes : « le 1er janvier 2007, on n’est plus que deux sur le projet. L’école a resserré les boulons, il commençait à y avoir plus de boulot en cours » et moins de temps pour VLC.

M. Kempf décide alors de refonder le projet et lance l’association VideoLAN, dont il est toujours aujourd’hui président. « Je passe alors beaucoup de temps à recruter de nouveaux étudiants, à l’extérieur de Centrale, demande à des anciens de revenir. Je fais aussi beaucoup de conférences. »
Jean-Baptiste Kempf et ses collègues de l'association, dans les locaux de VLC, à Paris, le 22 janvier.
Jean-Baptiste Kempf et ses collègues de l'association, dans les locaux de VLC, à Paris, le 22 janvier. MAGALI DELPORTE / SIGNATURES POUR LE MONDE

L’initiative redonne un coup de fouet à VLC, qui dépasse, en 2009, les cent millions de téléchargements. Ce deuxième âge d’or n’a qu’un temps. Car, avec le tournant des années 2010, arrive la révolution des smartphones et surtout de leurs applications. « A mon époque, se souvient M. Kempf, les cadors, c’était les mecs qui faisaient de “l’open source” ou du jeu vidéo. A partir de 2012, tout le monde veut faire le prochain jeu smartphone à succès, ou lancer le nouveau Uber. »

    « J’ai refusé beaucoup d’argent »

Développer une technologie utile, pratique, téléchargée en 2012 un milliard de fois, mais qui ne rapporte pas un centime ? Ringard, pour la nouvelle génération de développeurs qui veut monter le prochain gros coup, celui qui la rendra riche. Ou, a minima, qui lui permettra de payer ses factures. « J’ai compris qu’il fallait des employés à plein temps », explique M. Kempf. Il monte alors VideoLabs, dans le 13e arrondissement à Paris, forte aujourd’hui d’une vingtaine de salariés, qui adapte le logiciel au besoin des entreprises.

Pendant des années, les codeurs de VLC ont intégré – et continuent de le faire – des formats vidéo utiles au grand public. Mais désormais, les sociétés les sollicitent et les paient pour que VLC puisse lire leurs propres formats. « Nous avons eu un fabricant de caméras industrielles qui voulait pouvoir utiliser VLC. Ce n’est pas quelque chose que nous aurions intégré spontanément », explique M. Kempf.

L’entreprise développe aussi des versions spécifiques pour des clients, qui souhaitent implanter dans leurs produits un lecteur vidéo. Certains « baby phones » vidéo, par exemple, qui vous permettent de vérifier en image et depuis la pièce d’à côté que bébé va bien, utilisent une version modifiée de VLC.
Un savoir faire reconnu

« Le but est de pouvoir financer VLC, pour lui permettre de rester gratuit », résume M. Kempf. Et ça marche. En 2017, l’entreprise a réalisé un million d’euros de chiffre d’affaires. Suffisamment pour lui permettre de refuser des propositions éthiquement plus discutables. « J’ai refusé beaucoup d’argent, des contrats à 20 millions d’euros », annonce M. Kempf. Des sociétés comme l’américain Ask.com, par exemple, ont ainsi toqué à sa porte, lui proposant d’afficher sa très impopulaire et très envahissante barre de recherche à l’intérieur de VLC.

« Si Netflix nous propose la même chose, pourquoi pas, il y a plein d’utilisateurs à qui ça ferait plaisir. On n’est pas contre gagner de l’argent, mais on essaie de faire les choses bien. Cela ne doit pas être au détriment des utilisateurs. Je veux pouvoir me coucher le soir en étant fier de ce que j’ai fait de ma journée. Je pense que c’est la principale différence avec plein de gens de la start-up nation ».

En novembre 2018, M. Kempf, en qualité de président de l’association VideoLAN, a été élevé au rang de chevalier de l’ordre national du Mérite. A travers lui, c’est VLC et un certain savoir faire technologique français qui sont reconnus.

VLC, lui, en est à sa troisième itération. La quatrième, actuellement en développement, devrait notamment renforcer la sécurité du logiciel. « Des personnes malintentionnées essaient d’y mettre des virus », soulignait M. Kempf en 2017 sur le forum en ligne Reddit. En 2017, Wikileaks révélait, en effet, que la CIA s’était servie d’une ancienne version de VLC pour infiltrer des ordinateurs.

Corentin Lamy
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/01/28/l-irresistible-ascension-du-lecteur-video-vlc-une-revolution-francaise_5415762_4408996.html
MORTLACH 2008 46% SIGNATORY SINGLE CASK SINGLE MALT
Fri Feb 1 19:12:19 2019
https://www.davidsonsliquors.com/mortlach-2008-46-signatory-cask-800021.html
Signatory Vintage La Sélection 2018 De Nos Cavistes Belges - Passion du Whisky
Fri Feb 1 19:07:24 2019
    Mortlach 10Y Signatory Vintage 'Un-Chillfiltered Collection' 13-03-2008 / 24-04-2018. First Fill Bourbon Barrel n°800067. 317 Bottles. 46%. Specially Selected by and Bottled for Maison Demiautte - Hesby Drink - Plaisir di... Vin - Comptoir des Vins (Belgium).

 

Nez : Il y a une belle intensité du caramel, ce qui est directement suivi par une fraîcheur fruitée, presque chimique dans le bon sens du terme, c'est de la pomme verte du genre que l'on retrouve dans les sucettes rondes aux emballages colorés... Voilà qui est vraiment fun et soutenu par une texture crémeuse, mêlant miel et vanille, fruits secs également.

 

Bouche : Le ton va se durcir un moment, des épices vont tenter de bousculer tout cela, de changer l'ambiance. Mais cette pomme verte pétillante et juteuse va réapparaître. Elle sera accompagnée d'un caramel tendre et enveloppant, de miel encore et de vanille. Cette bouche va vraiment évoluer lentement passant de l'audace à la sagesse.

 

Finale : Le caramel prend des allures de vernis. Cette finale est un peu une synthèse du nez et de la bouche, alliant fruité et épices. Il ne reste de la pomme que sa pelure, légèrement amère et astringente.
http://www.passionduwhisky.com/-3
Le Français en ligne - L'accord du participe passé
Fri Sep 7 14:43:41 2018
L'accord du participe passé

* Le participe passé, employé comme adjectif, s'accorde en genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte.
Exemple:
Les footballeurs fatigués rentrent au vestiaire.

* Employé comme verbe dans un temps composé (passé composé, plus-que-parfait...):
      il s'accorde avec le sujet s'il est utilisé avec le verbe être:
          Hier, mes soeurs sont venues jouer avec moi.
                Exception : verbes pronominaux, voir plus loin.
      il ne s'accorde pas avec le sujet s'il est utilisé avec le verbe avoir; il s'accorde avec le complément d'objet direct (COD) si ce dernier est placé avant le verbe.
                                   Les policiers ont donné une amende aux conducteurs fautifs.
                                    Cette amende, ils l'ont donnée à tous ceux qu'ils ont arrêtés.
                                    L'amende que les policiers ont donnée était sévère.
                   verbes pronominaux: il faut distinguer entre les verbes toujours pronominaux (voir la liste ci-dessous) et les verbes parfois pronominaux (se lever / lever, se parler / parler, se sourire / sourire...).
                         Pour les verbes toujours pronominaux, le participe passé s'accorde avec le sujet (Les oiseaux se sont méfiés et se sont enfuis).
                         Pour les verbes parfois pronominaux, il s'accorde avec le complément d'objet direct (COD) si ce dernier est placé avant le verbe:
                                 1. Les filles se sont partagées en trois groupes;
                                 2. elles se sont partagé les travaux;
                                 3. elles ont effectué les travaux qu'elles se sont partagés).
                         Le plus difficile est de savoir si ce est COD ou non. Pour cela, poser la question avec "qu'est-ce que" ou "qui est-ce que" + verbe avec avoir.
                                 1. Qui est-ce que les filles ont partagé? elles-mêmes (se).
                                 2. Qu'est-ce que les filles ont partagé? les travaux.
                                 3. Qu'est-ce que les filles ont partagé? les travaux (qu').
                              Ou encore, penser à l'infinitif: partager n groupe, partager quelque chose entre plusieurs personnes...
                         Exception: s'apercevoir n'est pas un verbe toujours pronominal (on peut apercevoir quelque chose ou quelqu'un), mais s'accorde avec le sujet.
                                 Elle s'est aperçue qu'elle s'était trompée.

Voir ci-dessous les cas particuliers.
http://w3.restena.lu/amifra/exos/orth/regaccpp.htm
affordance.info: Peut-on rire de tout(es les technologies) ?
Tue Jun 19 14:28:09 2018
Peut-on rire de tout(es les technologies) ?

Au commencement de l'idée de cet article il y a une citation aperçue sur Twitter, une citation de la comédienne et humoriste - et accessoirement titulaire d'un DEA de sociologie - Blanche Gardin, qui disait ceci :

    "Les technologies ne font plus du tout appel à ce qu'il y a d'humain dans l'intelligence".

Elle parlait de ces "buzzers" que l'on voit - par exemple - dans les toilettes des aéroports mais également dans nombre de gares et qui vous demandent si vous êtes "satisfaits" ou "pas satisfaits" de la propreté et qui ne sont que la version "nudge" d'une domination de classe.

Le génie comique est aussi cela : faire (sou)rire en parvenant à sublimer en une seule formule l'ensemble d'un champ scientifique d'analyse des systèmes techniques qui va de Wiener à Stiegler en passant par Simondon et poser un constat lucide et froid sur une réalité quotidienne.

    "Les technologies ne font plus du tout appel à ce qu'il y a d'humain dans l'intelligence".

Partageant cette citation à mon tour et quelques échanges plus tard sur Twitter, mes co-gazouilleurs et moi-même constatâmes que le traitement humoristique des nouvelles technologies était devenu un "sujet". Et qu'à côté de Blanche Gardin, d'autres comme Guillaume Meurice (avec le lancement du groupe "The Disruptives") ou Haroun (et son spectacle "On rigole bien") ciblaient particulièrement et brillamment la "Start-up nation" et son néoparler.

En 2018 la start-up nation, l'intelligence artificielle, la Silicon Valley et l'ensemble de la sphère technologique numérique ne sont plus simplement des éléments contextuels ou des prétextes mais le coeur de la dénonciation et du sarcasme.

Derrière ces approches humoristiques c'est naturellement et comme souvent la construction d'un contre-discours politique et idéologique qui est frappante. Se moquer d'une société et de ses travers a toujours été l'un des moyens les plus efficaces de faire émerger une conscience politique auprès d'un public soit trop éloigné soit trop immergé dans l'objet qui constitue la cible de la critique.

Ce qui est marrant - et finalement assez logique ou en tout cas cohérent - c'est que cette forme de "techno-bashing" émerge en même temps qu'un autre contre-discours qu'elle accompagne, un contre-discours parfois tout aussi radical autour cette fois des "affaires" et des scandales comme Cambridge Analytica mais aussi depuis la crise de la quarantaine des ingénieurs de la Silicon Valley. Et comme nous sommes nombreux à partager le constat que cette crise n'est que de façade et que les revirements annoncés auront tôt fait d'être récupérés, il est salutaire que le champ sociétal prenne le relai notamment au travers de la déconstruction que permet l'humour.

Que la culture web du lol et du lulz se retrouve ainsi dans des formes de stand-up affranchies de l'objet (le web) qu'elles décrivent pour en faire un sujet (de débat) est aussi intéressant à observer que savoureux à déguster.

Sans pour autant perdre de vue que naturellement et comme rappelé ici :

    "En fait, la dérision permet d’accepter la réalité tout en dénonçant l’absurdité de ce qu’il va falloir, bon gré, mal gré, appliquer, par discipline et principe d’obéissance (...)"

Mais choisissons aujourd'hui de rester optimistes. Aux côtés de l'inflation débilitante et superfétatoire de trucs en "-tech" comme les Frenchtech, Fintech, Edtech, Healthtech, Cleantech, Foodtech, Sextech, BeautyTech, PropTech (j'vous jure que tout ça existe), mais aussi de la Menstrutech sans oublier la Boobatech, et alors qu'une MoralTech en est toujours à ses balbutiements à prise pas rapide, il est plus que temps que la Loltech trouve elle aussi ses Champions des Doigts.

Sinon nous l'aurons tous dans l'AssTech.

En attendant et à chaque fois qu'on vous parlera ou que l'on tentera de vous vendre de l'intelligence artificielle ou un énième service en -tech, demandez-vous si cette technologie fait appel à ce qu'il y a d'humain dans l'intelligence.

<Update de 5 minutes plus tard>

Dans la lolTech on me signale aussi la série Silicon Valley, que je n'ai pas (encore) vue.

J'ai aussi oublié les Bullshit Bingo Awards, et l'indispensable Hackacon et ses projets à la con.

</Update>
http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/06/peut-on-rire-de-toutes-les-technologies-.html
6914ae17a08454798765d9474a02aa47.jpg (Image JPEG, 7700 × 5950 pixels)
Wed Jun 6 17:39:29 2018
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https://i.pinimg.com/originals/69/14/ae/6914ae17a08454798765d9474a02aa47.jpg
OuGéPro
Mon Jun 4 13:26:39 2018
https://chaotheque.org/ougepro/
Vrai traumatisme ou simple choc culturel des touristes japonais ?
Wed May 30 15:54:49 2018

Le syndrome de Paris

4 Avr 2018
À la fin des années 1980, le psychiatre Hiroaki Ota diagnostiquait le « syndrome de Paris », un traumatisme frappant certains touristes japonais choqués par leur confrontation avec la réalité de la capitale française, très éloignée de leur vision idyllique. Mais cette pathologie, reprise dans de nombreux médias, est-elle toujours aussi répandue aujourd’hui ?
Les touristes japonais ont une vision idéalisée de la ville

Les touristes japonais ont une vision idéalisée de la ville de Paris, qui contraste avec la réalité. Crédit : Alexis Orsini

« Les touristes japonais victimes du ‘syndrome de Paris’ », « ces Nippons qui deviennent fous à Paris »… Depuis une dizaine d’années, une surprenante pathologie fait l’objet de nombreux articles dans la presse française comme anglophone, du Monde au New York Times, bien qu’elle ne soit pas reconnue par les autorités françaises comme japonaises.

Le phénomène fascine à juste titre. Diagnostiqué par le psychiatre japonais Hiroaki Ota à la fin des années 1980 dans un livre publié au Japon – aujourd’hui épuisé –, le syndrome de Paris frapperait certains touristes ou résidents nippons lors de leur séjour dans la capitale française. Le contraste flagrant entre leur vision idéalisée de Paris, connu au Japon comme un haut-lieu de savoir-vivre, et la réalité de la ville, dont la saleté des transports n’a d’égal que les manières souvent brusques de ses habitants, aurait chez certains l’effet d’un véritable traumatisme.

Au point d’entraîner le rapatriement de plusieurs victimes, persuadées d’être persécutées ou en proie à des hallucinations. Le nombre de cas reste toutefois très limité. « À Paris, on compte en moyenne 650 000 touristes japonais par an et environ 20 personnes atteintes du syndrome de Paris sur la même période : les chances de rencontrer des victimes sont donc minces » nuance Frédéric Mazenq, directeur de la branche japonaise d’Atout France, l’agence publique en charge du développement touristique de la France dans le monde.
Le musée du Louvre

Le musée du Louvre, un passage obligé pour les touristes. Crédit : Alexis Orsini
« Ça va du simple choc entre individus aux hallucinations »

Les interrogations autour de la portée réelle de cette pathologie sont renforcées par le mutisme du docteur Hiroaki Ota, qui refuse depuis plusieurs années toute interview sur le sujet – lui qui a recensé 1900 personnes relevant du syndrome, dont 123 cas d’hospitalisation, entre 1985 et 2008. Mais pour son ancienne stagiaire Olivia Goto-Greget, qui compte aujourd’hui parmi les quelques psychanalystes à recevoir des patients atteints du syndrome de Paris, ce silence trouve une explication toute simple.

« Je pense que M. Ota ne donne plus d’interview parce qu’il a reçu énormément de demandes et qu’il prépare sa retraite. D’autant qu’après avoir été longtemps le seul, en France, à pouvoir recevoir des patients en leur parlant en japonais, il peut aujourd’hui compter sur une forme de relève » explique ainsi la jeune franco-japonaise, dans un bureau de l’Institut hospitalier de psychanalyse (IHP) de Sainte-Anne, l’un des rares espaces parisiens où sont traités les patients atteints du syndrome.

Olivia Goto-Greget reste toutefois la première à questionner la pertinence de l’expression : « Le problème du terme « syndrome », c’est qu’on s’attend à ce que toutes les personnes qui en sont affectées aient les mêmes symptômes alors que ce n’est pas du tout le cas. Il faut le comprendre au sens très large : ça va du simple choc entre individus à la grosse décompensation de type psychotique avec hallucinations et bouffées délirantes… »

C’est notamment ce qui est arrivé à l’une de ses patientes après avoir été bousculée dans le métro : « Elle a entendu un passager s’exclamer « Oh putain ! » Comme elle avait appris que ce mot voulait dire « prostituée » en français, elle a cru qu’on la traitait de prostituée, donc tout s’est enchaîné dans son esprit : les gens lui voulaient du mal, elle n’était pas la bienvenue ici… »
Olivia Goto-Greget reçoit des patients atteints du syndrome de Paris

Depuis 7 ans, Olivia Goto-Greget reçoit des patients atteints du syndrome de Paris, dont plusieurs étudiants japonais. Crédit : Alexis Orsini
« Certains vivent ça comme un viol »

À l’Office de tourisme de Paris, on reconnaît que les sources d’angoisse des touristes japonais sont aussi inattendues que variées. « Quand il s’agit de leur premier voyage en France, ils ont souvent des incompréhensions, certains réagissent particulièrement mal. Ça peut aller d’un papier laissé par terre dans la rue à quelqu’un qui leur dit : ‘Je vous réponds dans 5 minutes’ » indique ainsi Patricia Barthélémy, responsable du pôle Promotion-Loisirs au sein de l’organisme et spécialiste de la clientèle nippone.
Des détails a priori triviaux mais potentiellement choquants au regard des pratiques en vigueur dans l’archipel, comme l’explique Olivia Goto-Greget : « La société japonaise repose sur de nombreuses règles tacites […]. C’est le concept d’ « ishin-denshin », qui veut dire littéralement « communication cœur à coeur ». […] Ça signifie que l’autre nous comprend lorsqu’on parle à demi-mot. Pour les individus aux personnalités un peu plus fragiles, c’est pratique, car ils peuvent penser que l’autre pense comme eux alors que ce n’est pas du tout le cas. »

D’après l’expérience de la psychanalyste, qui suit actuellement une quinzaine de patients, les Japonais victimes du syndrome de Paris sont souvent des personnalités plus frêles, qui ont cherché à « fuir » leur pays d’origine. La moindre interaction inhabituelle avec un Français peut donc servir d’élément déclencheur : « Quand ces personnes viennent en France, elles ne sont plus du tout face à ce même environnement protecteur et elles sont un peu perdues. Il y a plus de corps à corps ici, que ce soit la bise, serrer la main… Certains vivent ça comme un viol, sans exagérer, comme une intrusion dans leur corps. »
Le syndrome de Paris touche autant des touristes japonais

Le syndrome de Paris touche autant des touristes japonais en voyage d’une semaine que des expatriés installés en France depuis des années. Crédit : Alexis Orsini
Moins d’hospitalisations, plus d’informations

Depuis quelques années, les hospitalisations restent toutefois exceptionnelles. Une avancée dont se félicite Olivia Goto-Greget. Elle l’explique autant par l’efficacité de ces thérapies fondées sur l’écoute que par une meilleure connaissance, au Japon, des différences culturelles entre l’archipel et la France.

Patricia Barthélémy partage son analyse : « Je pense que le syndrome de Paris est amené à disparaître car les Japonais s’informent énormément avant leur voyage aujourd’hui grâce à Internet, ils consultent de nombreux sites, ce qui restait impossible il y a encore 20 ans et accentuait le décalage. » D’autant qu’une bonne partie des touristes japonais actuels est déjà connaisseuse du pays, comme le souligne Frédéric Mazenq : « À Paris, la proportion de ‘repeaters’ parmi cette clientèle est de 50 %, ce qui signifie qu’un Japonais sur deux est déjà venu. »

Le syndrome reste toutefois susceptible de se déclencher soudainement chez des expatriés installés en France de longue date. Une Japonaise en consultation à l’IHP est ainsi persuadée qu’elle a « attrapé » son  cancer à cause de la saleté du métro et de certains de ses usagers.
Certaines stations du métro parisien proposent des plans interactifs en japonais

Certaines stations du métro parisien proposent des plans interactifs en japonais. Crédit : Alexis Orsini
Des hôteliers « coachés » pour mieux accueillir les Japonais

Si le « déclic » en question peut être provoqué par la barrière de la langue, le regard ou l’hygiène, il reste le plus souvent lié à l’émotion.  « Tout ce qui relève du débat, de l’expression de son opinion, joue beaucoup. Là où les Japonais ne vont pas exprimer leur avis comme ils le voudraient vraiment, préférant l’appuyer sur des recherches, un Français va l’affirmer du tac au tac, sans forcément vérifier la chose qu’il affirme » indique Olivia Goto-Greget.

Mais nombre de Japonais sont désormais mieux préparés à ce décalage, notamment grâce aux agences de voyage nippones, qui ont pris l’habitude de les informer, avant leur départ, de ce type de différence culturelle. Sur place, ils sont en outre mieux accueillis grâce aux efforts entrepris par l’Office de tourisme de Paris, qui assure des séances de formation auprès des restaurateurs et hôteliers français.
Le musée du Louvre pense aussi à sa clientèle japonaise

Le musée du Louvre pense aussi à sa clientèle japonais. Crédit : Alexis Orsini

« Parmi les conseils donnés, on suggère de toujours accueillir les touristes japonais avec le sourire, de ne pas les faire attendre dans le hall de l’hôtel, de leur remettre le moindre objet avec les deux mains [en signe de politesse]… » détaille Patricia Barthélémy.

Et si nombre de touristes japonais continuent d’idéaliser certains quartiers de Paris, la nature même de leur voyage a bien changé : « Certains lieux restent incontournables comme le Montmartre d’Amélie Poulain et les Champs-Élysées, mais les Japonais qui viennent à Paris veulent vivre le Paris des parisiens. Ils tiennent à prendre les transports, à utiliser un Vélib’, à aller chez le coiffeur, à prendre un café dans un bistrot, à manger dans l’appartement d’un habitant… » Et donc à se frotter au fameux accueil parisien. Pour le meilleur et pour le pire.
http://www.demainlaville.com/syndrome-paris-traumatisme-choc-culturel-touristes-japonais/
Gérard Genette, mort d'une figure de la littérature - Culture / Next
Fri May 11 15:14:27 2018
 Gérard Genette, mort d'une figure de la littérature
Par Philippe Lançon — 11 mai 2018 à 14:56
On a appris cet après-midi la mort du théoricien de la littérature et auteur des «Figures». Il avait 87 ans.
Gérard Genette à Paris, en 2009. Photo Olivier Roller. Divergence

Ouvrons Postscript, son dernier livre, publié en 2016 : «Une amie philosophe nous l’assure : "Il n’y a pas de strapontins dans la société des esprits." Arrivé un peu tard à quelques concerts, je m’en suis souvent contenté, au risque de provoquer quelques "chut" indignés. J’essaierai de faire moins de bruit en sortant.» Gérard Genette, qui vient de mourir à 87 ans, avait plus qu’un strapontin dans le monde de la théorie littéraire, même si sa sortie, dans ce monde criard et moyennement réflexif, fera peu de bruit. Il avait en réalité un fauteuil : celui d’un créateur et d’un maître depuis la publication de ses premières études en 1959 (réunies dans Figures I). Sa rigueur, son style, son ironie, son travail sur la matière des textes, comme sur une trace pariétale, une peau de cuir vouée au palimpseste ou dans le filon d’une mine, mais avec toute la tenue, l’orgueil, la puissance et le raffinement quasi-précieux d’un noble du Grand Siècle, a influencé sous le nom de narratologie quelques générations d’étudiants, et donc de lecteurs et de professeurs, bien au-delà de sa propre matière littéraire (qu’il avait lui-même étendue au champ de l’art).

Il donnait des outils à ceux que la dilution plus ou moins forte des textes dans la biographie et l’histoire des idées ne pouvait satisfaire. Il les invitait à ne pas être paresseux face à ces textes, à entrer dedans comme à l’établi, en ouvriers apprentis de la langue. Il leur donnait les clous et le marteau de la théorie. Dans ces années 60 et 70, il leur indiquait finalement, avec quelques autres dont Roland Barthes, que l’analyse peut être, sinon une fiction, du moins une création. Dans sa chambre d’étudiant, après la guerre, il avait punaisé cette phrase de Marx : «Hegel conçoit le travail comme l’essence de l’homme, comme l’essence humaine en gestation.» Soixante ans plus tard, il ajoutait : «Je ne suis pas sûr d’avoir trouvé de meilleure définition de l’espèce humaine – ce qui n’oblige pas à en abuser.»
Un fauve

Comme souvent, devenu pape à la suite de Figures III, le moins lisible de ses livres, publié en 1972, il avait moins de sérieux – ou plus de légèreté – que ses disciples. Il se souvenait ainsi de la consternation silencieuse d’une «personne narratologiquement correcte» à qui, écrit-il, «je parlais, au fil d’une conversation à bâtons très rompus, de Combray à propos d’Illiers et de Proust à propos de Marcel : j’étais bien le dernier dont elle aurait attendu des glissements aussi irresponsables, de l’auteur au narrateur, et de la fiction à la réalité. Il me semble pourtant que les principes de méthode (et autres) doivent être réservés à leur champ d’application spécifique, et négligés là où ils n’ont pas grand-chose à faire». Et il concluait : «La pire confusion est la confusion des ordres : Pascal n’a pas tort de railler les demi-habiles qui ne savent jamais oublier le peu qu’ils ont appris – et qui confondent tout ce qu’ils ignorent.»

La bêtise, on l’aura compris, n’était pas plus son fort que celui du M. Teste de Paul Valéry ; mais l’affirmer aurait été une faute de goût. Lorsqu’on le rencontrait, c’était pourtant cela qui frappait : la sensation immédiate d’être en présence d’un fauve, presque d’une menace, silencieuse, soyeuse, griffue, sous le regard clair et la surveillance de cette intelligence quasi-parfaite, on dit quasi puisque le doute est dans la nature même du guet. Cette intelligence vous laissait venir et, soudain, une lueur passait dans le regard légèrement bridé et la bouche, s’ouvrant à peine, vous reprenait sur un mot déplacé, inutile, inapproprié. Le fauve avait tendu la patte et vous corrigeait. Il ne le faisait pas au nom d’une idée abstraite, mais par souci de précision et de clarté. De surcroît, il était drôle. Et l’entretien se finissait dans la convivialité, devant un whisky.
Travail, orgueil, plaisir et silence

A l’entrée «Concept», dans Bardadrac, le premier volume de son abécédaire intime (et pas seulement), il raconte comment, au lycée Lakanal de Sceaux, en 1948, dans sa cellule communiste d’étudiants khâgneux agglomérés par le professeur Jean-Toussaint Desanti, il vit entrer un garçon qu’il prenait pour un réac, l’historien Emmanuel Le Roy Ladurie. Celui-ci avait été converti au communisme par la lecture de la Phénoménologie de l’esprit : «Je savais déjà que les voies du Concept sont impénétrables, mais celle-là parvint à me sidérer, et j’avoue n’avoir jamais cherché à l’utiliser pour d’autres tentatives de recrutement – n’ayant pour ma part jamais réussi à suivre toutes les étapes de cette odyssée de la conscience.»

Il quittera le Parti communiste en 1956, au moment de la répression en Hongrie. Plus tard, longtemps, il enseigna Baudelaire, sans jamais rien écrire sur lui, parce qu’il n’avait «rien de nouveau» à en dire. La littérature : travail, orgueil, plaisir et silence. Il y a une apparente coquetterie dans cette façon, pour un théoricien reconnu, de s’amuser des fumées conceptuelles ; mais il ne faut pas se tromper sur Genette : c’est un styliste raffiné, à la phrase longue, mais un penseur infiniment concret. Dès ses premiers articles, son écriture explore les textes de telle façon que jamais elle ne s’appuie sur eux pour aller vers du vague ou du pompeux. Une phrase merveilleuse, écrite dans le Jour, la Nuit, dans Figures II, résume cette éthique, cette respiration retenue : «Le signe total est une quantité discrète.» Son père était ouvrier, coupeur en textile.
Bassins sculptés

En 2006, appliquant à sa propre vie l’acuité et la condensation analytiques qu’il avait jusque-là développées en lisant les œuvres des autres, Proust, Stendhal, Mallarmé, Montaigne, Flaubert, le récit baroque, il entame avec Bardadrac une suite intime et buissonnière, (Codicille, 2009 ; Apostille, 2012 ; Epilogue, 2014, et donc Postscript en 2016), où chaque livre prolonge le précédent, sans annoncer le suivant. L’ensemble ressemble à une suite d’écluses ou de bassins sculptés, comme dans un parc baroque, où la vie d’un homme, sous forme d’abord abécédaire, puis l’éliminant au profit de simples paragraphes, est retenue, lâchée, composée, décomposée, un souvenir jaillissant sous le masque d’un mot où l’on ne l’attend pas. Il applique son esprit analytique à sa propre mémoire, mais avec une fantaisie, un jeu, que les textes des autres n’autorisaient pas. Ce faisant, il est créateur de nouveau : d’une forme autobiographique. Elle est déterminée par les perspectives et les contraintes de l’âge. Elle se réduit peu à peu, sans s’éteindre. Il est probable qu’il l’a conçue comme un tombeau et comme une éclaircie.

On s’en voudrait pourtant de terminer en éclairant le texte par l’auteur, à propos d’un homme qui, dans un texte sur Borges, écrivait : «Depuis plus d’un siècle, notre pensée – et notre usage – de la littérature sont affectés par un préjugé dont l’application toujours plus subtile et plus audacieuse n’a cessé d’enrichir, mais aussi de pervertir et finalement d’appauvrir le commerce des Lettres : le postulat qu’une œuvre est essentiellement déterminée par son auteur, et par conséquent l’exprime.» Cette évolution, ajoute-t-il, a retenti «sur l’opération la plus délicate et la plus importante de toutes celles qui contribuent à la naissance d’un livre : la lecture.» Elle devient «une indiscrétion savante, qui tient à la fois de la table d’écoute et de la salle de torture». Borges – et Genette lisant Borges – réagit en proposant une «admirable utopie» qui glorifie «une pensée et une œuvre qui ne veulent être celles de personne en particulier». On travaille à lire pour se libérer.

Il avait beaucoup d’humour, on l’a dit, plutôt à froid, et l’un de ces «mots-chimères» était : «Proustituée : cocotte à la recherche du temps perdu.» Il faut malheureusement que Genette se passe
http://next.liberation.fr/culture/2018/05/11/gerard-genette-mort-d-une-figure-de-la-litterature_1649057
Don’t be evil… until… – Christian Quest – Medium
Fri May 11 09:22:47 2018
Don’t be evil… until…

    En 13 ans Google Maps sera passé de la gratuité totale, à la gratuité partielle et le 11 juin 2018 au très peu gratuit et très cher !

Source: http://blogoscoped.com/archive/2007-06-01-n17.html

Lancés il y a plus de 13 ans, en février 2005, les services cartographiques de Google (Google Earth puis Google Maps) ont été une vraie révolution et se sont imposés depuis un peu partout sur le web.

Pour mémoire, Google n’a pas inventé la cartographie en ligne, MapQuest ou Michelin (ViaMichelin) étaient déjà présents et le projet OpenStreetMap avait démarré peu de temps avant, mais Google s’est naturellement imposé par ce choix de la gratuité et la possibilité d’intégrer (gratuitement) leurs cartes interactives personnalisables sur n’importe quel site.

Au long de ces 13 années, Google a restreint les usages gratuits en plusieurs étapes.

Le premier changement est intervenu en 2012 où une première série de limites sont mises en place (par exemple une limite de 2500 appels quotidiens à l’API de géocodage).

Ceci n’a, à l’époque, impacté qu’un nombre restreint de gros services utilisateurs. Certains ont basculé pour d’autres solutions, souvent basées sur les données OpenStreetMap car l’impact financier du changement de politique de Google mettait en péril l’existence même de leurs services et il leur était sûrement préférable d’investir pour acquérir la compétence dans un domaine aussi important pour leur activité.

Four Square, Pinterest sont deux exemples de bascules qui ont à l’époque fait du bruit, au moins au sein de la communauté OpenStreetMap.

Nouveau changement en 2015… le nombre d’affichages gratuits de cartes sur un site web est désormais limité à 25000 par jour (moyenné sur 90 jours).

Passé ce quota gratuit, la carte devient indisponible et un nombre plus important de sites est impacté.
Infos route de Savoie en dépassement de quota…

Cela fait quelque peu “désordre” sur des sites institutionnels comme celui de la Ville de Paris ou de la préfecture de savoie en plein épisode de tempête de neige l’hiver dernier.

Les tarifs hors quota gratuit restent toutefois raisonnables, avec 0.50$ les 1000 appels supplémentaires et ces utilisateurs “moyens” préfèrent souvent payer que d’envisager un changement qui nécessite souvent un nouveau développement important.
11 juin 2018… nouvelles règles et nouveaux tarifs !

Depuis quelques jours, les futurs tarifs applicables à partir du 11 juin 2018 semblent en ligne. Leur date de première publication n’est pas très claire, Google communique visiblement beaucoup plus sur l’obligation d’avoir une clé pour utiliser désormais leurs API, un petit peu moins sur le fait que désormais pour avoir une clé, il faut aussi obligatoirement fournir des informations pour le paiement (numéro de carte de crédit tout simplement), et pas du tout sur leur nouvelle tarification.

Tout ceci est présenté sous son aspect le plus positif: “Pricing for our core products is pay as you go and you only pay for what you use. You also get $200 free usage each month and can set usage limits to protect against unexpected increases.”

Une communication qui masque donc un changement radical dans le coût d’usage des services cartographiques de Google, car le changement de tarif est vraiment très radical.

Le quota gratuit de 25000 cartes affichées par jour sur un site web passe à… 28000 par mois (soit environ 1000 par jour) c’est à dire 25 fois moins !

    Comparer un quota qui était journalier avec un quota désormais mensuel… est-ce bien honnête ?

Les tarifs au delà de ce quota réduit de 96% ont aussi augmenté dans des proportions du même ordre… on passe de 0.50$ les 1000 cartes affichées à 7$, soit 14 fois plus cher.

Un site qui affiche 10000 cartes par jour passe donc de 0 à 1764$ par mois et pour ceux qui étaient proches de la limite gratuite de 25000 cartes/jour cela leur sera désormais facturé 4704$ par mois !

    Un site avec 100.000 cartes affichées par jour voit son coût multiplié par plus de 500

Dumping ?

De deux choses l’une, soit le coût de production de Google est effectivement de l’ordre de ces tarifs facturés et dans ce cas depuis des années c’est un dumping massif qui a été fait pour proposer gratuitement un service aussi coûteux à produire… soit ce n’est pas le cas.

Vu le nombre d’années où le service était totalement gratuit, il est clair que ce dumping indiscutable a éliminé de nombreux concurrents potentiels ou empêché le développements de nouveaux acteurs sur le marché de la cartographie web. Les alternatives existent mais sont fort peu nombreuses ou bien très liées à un marché historique SIG (cas d’ESRI par exemple).

Quelques alternatives basées sur des données et outils libres et ouverts ont pu heureusement toutefois émerger et ne se sont développés réellement qu’après la fin de la gratuité totale des services Google Maps. C’est par exemple le cas de Mapbox, Carto, Jawg.io, wemap, mapcat, tous basés en très grande partie (ou exclusivement) sur les données OpenStreetMap.

Google Maps s’est donc imposé bien sûr par les services offerts (et on pourrait aussi parler de leur qualité discutable), mais aussi et surtout par leur gratuité totale puis partielle.

    Un modèle d’affaire assez proche des dealers de crack… les premières doses sont gratuites et ça devient ruineux quand on est accro.

C’est lors de présentations d’OpenStreetMap que j’ai souvent dû répondre à des questions comme “mais à quoi ça sert, Google Maps est gratuit”. À force de répondre à cette question j’ai fait cette analogie avec le business model des dealers de crack, cela marquait au moins les esprits. Malheureusement j’avais raison… car le web est devenu assez largement accro !
Abus de position dominante ?

Maintenant que le web est devenu bien accro, que les concurrents ont été éliminés ou contenus par le dumping initial, il est temps de rafler la mise.

Les doses gratuites seront donc réduites de 96%… et celles payantes vont augmenter de 1400%… rien que ça !

Ces nouveaux tarifs sont proprement délirants. J’administre depuis 2012 les serveurs produisant les fonds de carte d’OSM France, et depuis 3 ans l’API de géocodage sur adresse.data.gouv.fr.

Le coût de production d’un millier d’appels à l’API de géocodage est de l’ordre de 0,006 euros… soit 1000 fois moins que les nouveaux tarifs proposés par Google. Belle marge !

Une telle augmentation de tarif ne peut s’envisager que lorsqu’on a une clientèle devenue captive (ou qui croit l’être).

    Des recours juridiques de la part des utilisateurs lésés doivent même être envisageables vue l’ampleur du changement. Il serait bon que l’Autorité de la Concurrence ou la DGCCRF se penche sur ce dossier.

Les conséquences prévisibles

De nombreuses cartes ne vont plus fonctionner correctement sur un nombre non négligeable de sites à la maintenance un peu relâchée. Ce sera sûrement le cas des sites institutionnels, réalisés par des prestations externes, où de tels changements n’ont pas du tout été envisagés. Ce qu’on avait vu sur les sites de la Ville de Paris ou de la préfecture de Savoie va sûrement se multiplier dans les mois qui viennent.

L’impact sur certaines startups risque aussi d’être important. On rentre facilement dans des coûts de plusieurs milliers ou dizaines de milliers d’euros qui n’étaient pas du tout prévus (ni prévisibles).

La migration vers d’autres offres va sûrement s’accélérer, les serveurs OpenStreetMap risquent de chauffer un peu dans les mois à venir car trop habitués à la gratuité ce sont des solutions gratuites qui seront sûrement envisagées en premier lieu.
Opportunités

C’est le moment de vraiment se poser des questions sur les usages d’API externes et de leur pérennité tant technique qu’économique. Ces services peuvent-ils être remplacés par d’autres ? Quels sont les plans B ? Quel est le coût (caché) de sortie ?

C’est le moment de devenir visible pour les acteurs qui, malgré le dumping, ont survécu ou ont pu se développer.

C’est aussi le moment pour des acteurs historiques, qui se sont laissés distancer, de se remettre éventuellement en selle si ils sont assez agile pour cela, car il va falloir battre le fer tant qu’il sera chaud. Je pense particulièrement à l’IGN et à son Géoportail… encore faut-il avoir un service aussi simple à utiliser, efficace et performant et l’offre restera limitée au territoire français (sauf à compléter les données IGN par exemple par des données OpenStreetMap), ce qui ne conviendra pas à tout le monde.
Les limites du gratuit

De nombreux services gratuits sont disponibles sur Internet et on les utilise trop souvent sans se poser suffisamment de questions. A titre individuel et personnel nous avons souvent entendu “si c’est gratuit c’est vous le produit”, en lien avec la collecte de données personnelle et de profilage à des fins publicitaires.

Il n’y a pas à ma connaissance de slogan correspondant aux conséquences pour les utilisations non personnelles de ces services. Lorsqu’on fait appel à un service gratuit sans se poser de question, on oublie trop rapidement que rien n’est totalement gratuit…

    On ne se pose pas assez la question du coût de sortie…

Même des services gérés bénévolement ont des limites, c’est le cas des services OpenStreetMap de fond de carte ou de géocodage. Il faut en effet bien financer à un moment ou à un autre l’infrastructure qui n’est pas extensible à l’infini. OpenStreetMap limite donc l’usage de ses services et pousse soit à faire appel à des offres commerciales, industrielles des quelques acteurs sur le marché, ou bien à déployer soit même les services dont on a besoin.
Retrouver son indépendance

On peut en effet redevenir autonome et indépendant !

Ceci est rendu possible en s’appuyant sur OpenStreetMap car tant les données que les outils utilisés pour les exploiter sont libres, ouverts et gratuits. Dans ce dernier cas, on supporte soit même le coût (marginal) et l’on peut en plus devenir autonome et personnaliser son propre service, un autre avantage pour se démarquer, plutôt que d’avoir le même fond de carte que tout le monde. On a aussi la possibilité d’améliorer directement tant les données que le code pour les exploiter.

    Si vous ne connaissez pas switch2osm, leaflet, OSRM, GraphHopper, uMap, addok, photon, OpenMapTiles ou les conteneurs docker prêt à déployer le temps est venu de les découvrir et de découvrir tout le reste de ce très riche écosystème !

Des services additionnels sont aussi envisageables… ce que permet l’accès aux données brutes et ce que Google n’offre (surtout) pas. Le calcul d’itinéraire optimisé pour véhicules électriques, pour véhicules d’urgence, pour poids lourds ou convois exceptionnels devient par exemple envisageable.

Bien sûr il faut investir au niveau compétences. Si ces services cartographiques sont périphériques à votre business model, les externaliser peut être une solution, mais il faut un contrat équilibré et pas du type “pot de terre contre pot de fer”. Par contre, si les services cartographiques (ou autres d’ailleurs) sont très proches de votre coeur de métier, il faut absolument internaliser les compétences pour garantir votre indépendance.

Si vous vous basez sur OpenStreetMap, n’oubliez pas en retour d’alimenter d’une façon ou d’une autre ce commun (données, code voire financièrement), car c’est la condition indispensable aussi pour son maintien à long terme et donc la votre !

    Profitez de la prochaine conférence française OpenStreetMap pour venir faire le point, elle se déroule du 1 au 3 juin à Bordeaux.

Espérons que la leçon sera comprise… et retenue !

C’est vraiment nécessaire car il n’y a pas que sur les services cartographiques que l’on s’est largement rendu accro.

On est en passe de faire de même sur d’autres services tels que Waze (propriété de Google). Voir des services publics (par exemple certains SDIS, c’est à dire nos pompiers) se mettre en situation de dépendance de ce type de service pose de sérieuses questions de souveraineté à long terme.

    Dans la sphère publique, le service gratuit court-circuite en effet les procédures de mise en concurrence qui sont en principe un garde-fou.

Ne parlons pas de l’utilisation de Youtube pour diffuser la vidéo pédagogique (obligatoire) sur l’impôt à la source par laquelle nous passons tous avant de faire notre déclaration de revenus, ni des usages immodérés des Google Analytics sur bon nombre de sites publics et autres services gratuits (comme les polices de caractère ou les CDN) qui permettent au même acteur de toujours nous tracer et profiler un peu plus.

Une circulaire en la matière ne ferait pas de mal !
https://medium.com/@cq94/dont-be-evil-until-95f2e8dfaaad
Réforme de la SNCF: un cas d'école - Politicoboy
Mon Mar 19 10:06:57 2018
Réforme de la SNCF: un cas d’école
27 février 2018 politicoboy Commentaires 16 commentaires

Le projet de réforme de la SNCF constitue un magnifique cas d’école, à tout point de vue. Il permet d’expliciter les divers positionnements politiques, les différentes conceptions économiques, et cristallise les enjeux idéologiques et sociétaux. Une occasion rêvée de se livrer à un examen approfondi, avec en ligne de mire cette question : faut-il sauver le soldat SNCF ?
1) Ce que contient le projet de réforme

Commençons par planter le décor. La SNCF résulte de la nationalisation des différentes sociétés de chemins de fer régionales, agrégées en une entité unique en 1937.

Suite à l’intégration européenne, elle devient sujette à l’ouverture à la concurrence et à la privatisation, comme de nombreux autres services publics. La première étape est franchie en 2014 lorsque la SNCF est scindée en trois branches distinctes : une holding et deux filiales (« SNCF mobilité » chargée de faire rouler les trains, et « SNCF réseau » responsable de l’entretien des voies).

La réforme portée par Emmanuel Macron s’inscrit dans la logique de l’ouverture au marché prévu pour 2020. Ses modalités sont décrites dans un rapport commandé par le gouvernement, et dont le Premier ministre épouse désormais les conclusions. (1)

Jean-Cyril Spinetta, l’auteur du rapport, s’était illustré comme PDG d’Air France entre 1999 et 2007, organisant la privatisation de l’entreprise avec un bilan contestable, sur fond de conflits sociaux permanents, avant de mener le fleuron industriel Areva à la banqueroute en tant que président du conseil d’administration. (2)

Que contient son rapport ? Selon le journal Le Monde, il s’agit de la plus grande transformation du rail français depuis la création de la SNCF. On y retrouve les éléments clés suivant :

    La fermeture de 9000 km de lignes déficitaires (environ un quart du réseau) et leur remplacement par des lignes de bus
    La remise en cause des droits des salariés définis par la convention collective (le statut de cheminot)
    La généralisation de l’embauche d’employés en CDD dans le but affirmé de faire baisser les salaires.
    L’ouverture à la concurrence. Pour les TER, chaque ligne sera gérée par un opérateur privé unique, choisi suite à un appel d’offres. Pour les grandes lignes, différents opérateurs privés feront rouler leurs trains sur les mêmes voies.
    La transformation du statut de la SNCF en Société Anonyme, étape nécessaire en vue de la privatisation
    Le rachat de la dette de la SNCF par l’état français (47 milliards) et la recapitalisation (4 milliards) de la branche « fret » déjà sujette à la concurrence

Lignes devant être supprimées: En bleu: lignes de plus de vingt trains par jour, en jaune, moins de 20 trains par jour. Source: SNCF

Dans cette étude, aucune référence aux notions de réchauffement climatique ou d’environnement. Des problématiques étrangères à l’auteur du rapport, qui déclarait préférer faire Paris-Marseille en avion, malgré une empreinte carbone 20 fois plus importante et un temps de parcours porte à porte légèrement supérieur. (3) Les 9000 km de voies supprimées seront remplacés par les fameux « cars Macron », tandis que le rapport préconise d’abandonner les projets de nouvelles grandes lignes au profit du transport aérien, contredisant ainsi la stratégie d’Eurostar qui prend des parts de marché importantes aux compagnies aériennes avec ses liaisons Londres-Bruxelles-Amsterdam. (4)
Les trains Eurostar à la conquète du marché aérien, au départ de Londres. (Wikicomons)

Ceci étant, on peut cependant reconnaître à ce rapport une véritable cohérence idéologique. Si on pose comme conditions indépassables l’ouverture à la concurrence et la privatisation de la SNCF, alors les mesures prescrites semblent « pragmatiques ». Elles permettent de réduire les salaires et d’éponger la dette de la SNCF tout en abandonnant les lignes non rentables en vue d’une privatisation. Mais cela découle d’un choix politique précis qui est tout sauf naturel.
2) La question du cadre politique : l’indépassable ouverture à la concurrence ?

Il faut lire l’enquête d’Acrimed sur la couverture médiatique de ce projet de réforme pour se rendre compte de l’ampleur du parti pris idéologique des médias dominants, qui se contentent de faire le service après-vente du gouvernement en martelant le caractère inévitable et nécessaire de cette réforme.

Or, rien d’indépassable ne force l’État français à ouvrir ses chemins de fer à la concurrence. Non seulement il aurait pu s’opposer aux différentes directives européennes (ce qu’il n’a pas fait), mais il aurait également pu éviter cette situation en faisant exclure les services publics des différentes directives, comme c’est le cas d’autres secteurs régaliens (police, pompiers, éducation…). Il s’agit d’un choix purement politique et réversible. (5)

De même, le gouvernement pourrait décider de freiner l’ouverture à la concurrence, ou de mener une politique protectionniste en organisant de manière habile l’ouverture du réseau, comme l’a fait l’Allemagne en maintenant son fleuron « Deutch Bahn » en situation de quasi-monopole public sur les grandes lignes. (6)

Le gouvernement a fait un choix politique et idéologique diamétralement opposé. Est-il pertinent ? La science économique nous fournit des réponses accablantes.
3) Conceptions économiques : de la pertinence de l’ouverture à la concurrence

En théorie, la concurrence doit permettre de faire baisser les prix et d’augmenter la qualité du service.

Pourtant, la science économique est de plus en plus sévère avec la notion de concurrence. On pourra citer Joseph Stiglitz, prix Nobel 2001 pour sa démonstration de l’inefficacité des marchés, tout comme la célèbre Théorie des jeux de John Nash (Nobel 1995) qui démontre le caractère contre-productif de la compétition, et la supériorité de la coopération. Mais surtout, les grands industriels savent que les économies d’échelle font beaucoup plus que la concurrence pour baisser les prix.

En réalité, la concurrence fonctionne dans des cas très particuliers, et nécessite de remplir des conditions spécifiques, parmi lesquelles un grand nombre d’acteurs (plusieurs dizaines au minimum) et l’absence de barrière à l’entrée de nouveaux concurrents sur le marché.

Le marché du rail constitue le contre-exemple parfait, un cas d’école systématiquement repris par les manuels d’économie. En effet, il semble aberrant de faire construire cinquante lignes ferroviaires côte à côte, et on comprend bien qu’une compagnie disposant de ses propres infrastructures possède un avantage permettant de barrer l’entrée d’un nouveau concurrent, qui devra supporter les coûts de mise en place de son propre rail avant de pouvoir gagner des parts de marché.

Pour toutes les activités de réseau, on parle de monopole naturel. C’est le cas pour l’électricité, le gaz, les routes, et dans une moindre mesure les télécoms.

À chaque fois, les économies d’échelle induisent une baisse du coût marginal. En clair, chaque client supplémentaire coûte moins cher que le précédent et permet de réduire le prix global du service. Dans le cas du rail, c’est particulièrement intuitif : plus on augmente le nombre de passagers dans un train, et plus le coût du billet diminue.
Le rail anglais 40% plus cher que pour le reste de l’Europe, selon le Financial Times qui dresse un bilan alarmiste de l’ouverture à la concurrence.

Les coûts fixes de construction et d’entretien du réseau étant particulièrement importants, ils nécessitent une forte intégration qui conduit naturellement à l’établissement d’un monopole. Or, les monopoles privés alignent leurs prix sur le maximum supportable par le client, afin de maximiser leur profit. C’est ce que conclut la Cour des comptes au sujet de la privatisation des autoroutes françaises, dans un rapport accablant qui condamne les hausses alarmantes des prix et l’inacceptable baisse de la qualité des services. (7)

Ceci explique l’aspect naturel des monopoles publics, ou service publics, dans les activités de réseaux à forte capitalisation.
Du monopole naturel à la concurrence organisée

L’idéologie libérale n’allait pas baisser les bras face à l’implacable logique scientifique qui détermine les cas de monopoles naturels. Ses promoteurs ont imaginé un système permettant de contourner les solutions pragmatiques.

Leur logique est simple : puisqu’il est absurde de construire 50 lignes de TGV en parallèle, on scinde la SNCF en deux : la partie responsable de l’entretien du réseau facture un droit d’usage à la filiale responsable du transport des passagers, qui peut être mise en concurrence avec des acteurs privés payant les mêmes droits que la SNCF pour rouler sur les mêmes rails.

Le problème d’une telle approche, qui tient beaucoup de l’entêtement dogmatique, c’est qu’elle multiplie la complexité et s’oppose aux économies d’échelle et synergies en multipliant les intermédiaires, les instances de régulation et les acteurs. Sans parler du problème de sécurité.
Les contre-exemples anglais et allemands

Le Financial Times dresse un bilan détaillé et accablant de la privatisation du rail en Grande-Bretagne. Le journal économique de référence évoque une hausse des tarifs (corrigée de l’inflation) variant entre +30 % et +300 % selon les lignes. En parallèle, on observe une hausse spectaculaire des accidents, une baisse drastique de la qualité du service et un surcoût pour l’ensemble des contribuables du fait des milliards d’argent public injectés pour pallier aux faillites de nombreux opérateurs.

Le bilan du Financial Time est à sens unique : le rail anglais est le plus cher d’Europe, et ses équipements sont les plus vieux et les plus mal entretenus.
Le rail anglais, jadis à la pointe de l’UE, accuse un retard de développement flagrant sur les autres pays européens. (Financial Times)

En Allemagne, la privatisation récente des petites lignes (le modèle ayant inspiré le rapport Spinetta) nécessite une subvention constante de la part des contribuables, à hauteur de huit milliards d’euros par an. (8)

En suède, 70 % des citoyens demandent la renationalisation du rail et un retour au service public, écœurés par les effets de la privatisation amorcée en 2001. En Finlande, une gare sur huit a été supprimée, et les temps de trajets ont été multipliés par deux ou trois dans les zones désertées. (9)
4) Faut-il s’inquiéter de la privatisation de la SNCF ?

Privatiser un service public revient à introduire la recherche de rentabilité, ce qui doit permettre de gagner en efficacité par la réduction des coûts. Mais cela risque de se faire au détriment de la sécurité, que ce soit par une baisse des dépenses ou en pressurisant les employés pour qu’ils travaillent plus vite.
Collision entre un train de marchandises et un train de voyageurs en Caroline du Sud. Image NPR.

D’après Arthur H (nom modifié à sa demande), ingénieur SNCF travaillant dans la maintenance des lignes sur le grand Ouest, « Le risque c’est de sacrifier la sécurité pour dégager du profit ». « Les pannes actuelles qui augmentent la grogne des usagers sont liées au gel des dépenses de maintenance ». Un argument à mettre en perspective des nombreux accidents survenus en Europe après les privatisations, et les nombreuses collisions observées entre trains de différentes compagnies aux USA et en Grande-Bretagne.
Les externalités positives du service public

Le service public génère des externalités positives : maintien de la cohésion des territoires, commerces aux abords des gares, futures économies d’échelle dans la perspective d’une augmentation du réseau ferroviaire (dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique par exemple). L’abandon des lignes non rentables sacrifie un bien public et va augmenter drastiquement le temps de trajet des citoyens, empirer les embouteillages et la pollution liée à l’usage du bus et de la voiture, enclaver des populations et aggraver les inégalités.  

La Chambre de commerce de la région du Nord a estimé le surcoût économique des embouteillages à 1,4 milliard d’euros, soit six fois plus que le budget alloué aux TER. (10)
Qui va payer la dette de la SNCF ?

Emmanuel Macron avait promis de transférer la dette de la SNCF sur les comptes de l’État, à condition que les cheminots renoncent à leur statut. Cette dette de 47 milliards n’est pas le fruit du hasard, mais le transfert délibéré des investissements effectués pour les projets de lignes à grande vitesse, doublés de l’accumulation des déficits résultant des coupes budgétaires. Car la mission de la SNCF n’est pas d’être rentable, mais d’assurer un service public. De fait, les réductions imposées par l’état ont conduit à une baisse de l’offre et in fine de la fréquentation des trains. La SNCF a elle-même vampirisé ses ventes en introduisant des services de covoiturage et d’autocars pour concurrencer ses propres lignes. Selon Le Monde Diplomatique, cette politique commerciale aberrante est directement responsable de la situation actuelle. (11)

La facture sera supportée par les contribuables, tandis que les endettements futurs de la SNCF perdront la garantie de l’état. La SNCF verra son coût de financement augmenté et sa nouvelle dette soumise aux marchés, ce qui lui imposera de sacrifier les investissements au profit d’une logique de rentabilité. C’est le but de la proposition de Spinetta, qui cherche ainsi à soumettre la SNCF au contrôle des marchés. (12)
L’expérience des privatisations antérieures

 Il suffit de porter un regard critique sur la privatisation des autres services publics pour tirer les conclusions qui s’imposent.

La meilleure analogie de la privatisation des TER provient de celle des autoroutes, qualifiée par la Cour des comptes de scandale d’état du fait de l’augmentation prodigieuse des tarifs couplée à une baisse de qualité du service. (13)

Le cas de La Poste est également exemplaire : une hausse des prix de 40 % depuis 2011, et la tarification à l’acte de ce que les facteurs faisaient jadis de bon cœur : tisser du lien social. Le service « veiller sur mes parents » qui permet de garantir un passage du facteur coûte 19,90 euros/mois, pour un contact par semaine (et 139 euros/mois pour un sourire quotidien). (14)

La vague de suicides qui a frappé les employés de La Poste nous rappelle celle qui avait traversé France Télécom. Cette autre privatisation avait engendré le ralentissement de la couverture du territoire, et une hausse spectaculaire des prix sous fond d’entente avec SFR et Bouygues.  

GDF (devenu Engie) a fermé l’ensemble de ses centres d’assistance physique pour délocaliser et sous-traiter auprès de call-centers situés au Maghreb. On se souvient de cette femme cancéreuse qui, de retour de chimiothérapie, découvre qu’on lui a coupé le gaz et l’électricité sans préavis. Le call-center lui refuse tout arrangement : « le cancer et la chimio ne sont pas des motifs recevables pour notre société », lui répond-on. (15)

Auguste Honrat, directeur relation client d’Engie explique : « c’est indéniable qu’il y a moins de contact physique, et comme le contact physique est ce qu’il y a de plus humain, et bien il y a moins d’humanité ». (16)

Mais le champion toute catégorie reste EDF, passé en quelques années du statut de première entreprise française à celui d’une société menacée de faillite.

La raison ? Une baisse des budgets qui entraîne des pannes à répétition dans les centrales nucléaires, des chantiers EPR sous-estimés qui cumulent les retards, et surtout une concurrence intenable sur un marché intérieur désormais saturé par les excès de capacité de production. Les opérateurs privés laissent EDF assurer la base de la demande électrique et lui revendent à prix d’or les kWh de pointe en période de forte demande. Le rachat d’Areva (coulé par M. Spinetta) et la vente forcée des barrages hydro-électriques (la branche la plus rentable d’EDF) devraient achever de pousser l’ancien leader mondial vers la faillite. (17) Socialisation des pertes aux frais du contribuable et privatisation des profits au bénéfice des actionnaires, l’histoire se répète. (18)
5) Libéralisme contre socialisme : la lutte des classes au cœur du train SNCF

La privatisation du rail et sa mise en concurrence constituent une aberration économique confirmée par tous les retours d’expérience.

Pourquoi un tel entêtement idéologique de la part de nos gouvernements successifs ?

Il s’agit d’une lutte qui oppose deux conceptions de l’économie : la concurrence et le marché à tout prix, contre le bon sens et la mutualisation des « biens communs » de l’autre. Mais cela va plus loin.

Les intérêts privés cherchent à capter un marché de plusieurs dizaines de milliards d’euros qui leur échappe totalement. Le modèle économique « communiste » consistait à sortir le rail du marché en lui donnant le statut de service public.
Un train Amtrak déraille dans l’État de Washington. Photo NBC.

La SNCF défend également un modèle salarial « communiste », hérité du CNR à la Libération : ses employés disposent d’un salaire à vie (qui s’oppose au revenu universel promu par les libéraux) et permet de déconnecter le salaire de l’emploi. La valeur d’un « cheminot » n’est pas déterminée par le marché, mais par sa qualification et son grade, comme dans la fonction publique. (19)

C’est pour cela que Macron commence par s’attaquer au statut de cheminot, avant de lancer la privatisation des TER et la fermeture des lignes non rentables.

La « bataille du rail » est donc avant tout une lutte des classes entre les salariés bénéficiant d’un revenu indépendant des aléas du marché, et le capital qui cherche à s’approprier leurs moyens de production dans une logique de profit.

La direction de la SNCF elle-même cherche à privatiser l’entreprise. Ses cadres dirigeants rêvent d’une introduction en bourse qui leur donnera accès aux niveaux de rémunération du privé.

Arthur H en témoigne : « En tant qu’ingénieur et chef d’équipe, je ne peux pas vraiment me syndiquer, car c’est très mal vu par la Direction. Tu te fais sucrer tes primes et ton avancement. Mais je ferai grève malgré tout ».

Enfin, la SNCF est une des rares branches professionnelles encore capables de peser dans les luttes sociales par sa capacité de blocage du pays. Casser le statut de cheminot permettra de faire passer plus facilement la réforme des retraites prévue pour cet été.

Cette réforme du rail impacte de fait tous les salariés et travailleurs indépendants, et devrait être combattue par l’ensemble des Français.
6) Comment faire passer une réforme libérale (et prendre les Français pour des imbéciles)

Dès 1984, Alain Minc livrait la recette de la casse des services publics :« Le système public ne reculera que pris en tenaille entre des déficits devenus insupportables et des budgets en voie de rétraction. » (20)

Cette recette miracle n’a jamais fait défaut, et a été maniée avec brio pour déliter la SNCF. Le souci de rentabilité et l’introduction des tarifications inspirées des compagnies aériennes ont détruit la logique de service public, conduisant les prix des billets dernière minute à exploser sur les grandes lignes. Le gel des investissements génère pannes et retards, et la réduction des embauches entraîne une pénurie volontaire de conducteurs, qui cause des annulations de dernière minute.

L’usager frustré trouve les micros des journaux de 20h pour exprimer sa colère, sans aucune réflexion ou prise de recul sur ce que les enquêtes sérieuses démontrent comme étant une opération de sabotage volontaire de la part de la direction de la SNCF et de l’État. (21)

Comme pour la réforme de l’enseignement supérieur, on provoque sciemment une situation « intenable » mais parfaitement évitable (les retards et pannes de train, la sélection par tirage au sort pour l’inscription à la fac, les hôpitaux débordés) pour proposer une solution « inévitable » : la privatisation. Et pour mettre toutes les chances de son côté, on rajoute un gros discours réactionnaire sur les « privilèges » des cheminots.
7) La question du statut privilégié des cheminots et le point de vue des usagers

La presse et le gouvernement jettent en pâture à l’opinion publique le statut « privilégié » des cheminots. Mais entre les contre-vérités (la prime charbon n’existe plus depuis 1970) et les clichés, les chiffres témoignent d’une réalité très différente.

Leur salaire moyen est légèrement inférieur à celui du privé, le nombre de jours de congé total (en comptant les weekends et jours fériés) est supérieur d’une seule journée et le départ à la retraite à taux plein nécessite 42 annuités de cotisation, comme dans le privé. (22)

Le seul avantage significatif concerne la sécurité de l’emploi. Elle se « paye » par des horaires décalés, la garantie de seulement 12 weekends libres par an et pour beaucoup de travailleurs, les joies des trois-huit.  

La véritable question que devraient se poser tous les Français ne concerne pas les soi-disant privilèges dénoncés par les nantis qui sévissent sur les plateaux audiovisuels, mais le fait que ce droit à la sécurité de l’emploi ne soit pas accessible à tous.

Plutôt que d’encourager le gouvernement à prendre des mesures qui vont nécessairement augmenter le prix des billets, dégrader la qualité du service et affaiblir les droits de l’ensemble des Français tout en faisant payer la dette de la SNCF au contribuable, les usagers seraient particulièrement avisés de combattre cette réforme et d’exiger le retour à un vrai service public.
8) Des positionnements politiques révélateurs.

En Marche et ses alliés (le Modem, les constructifs et le PS) sont cohérents dans leur démarche de privatisation des biens communs au service des intérêts privés qu’ils défendent, et appuient bien entendu la réforme.

À gauche, l’opposition de la France Insoumise s’inscrit elle aussi dans une cohérence. Son programme de transition écologique et d’extension des droits sociaux (salaire à vie, sécurité sociale intégrale) repose en partie sur des services publics puissants et efficaces. Elle sera logiquement aux côtés des syndicats.

À droite, les Républicains se retrouvent assis entre deux chaises. D’un côté, ils ont bien compris que pour exister, ils devaient renouer avec les valeurs conservatrices et se rapprocher de la ruralité, ce qui rend délicat le soutien à une réforme qui va renvoyer les zones rurales au Moyen Âge.

De l’autre, LR a largement contribué au démantèlement de la SNCF et soutient le projet libéral. En décidant de taper sur les cheminots comme Sarkozy avant lui, Macron offre à la droite un prétexte pour défendre la réforme.

Le Front National n’a que faire des contradictions. Il a beau être le premier à s’attaquer aux syndicats, cela ne l’empêche pas de dénoncer une réforme qui menace la cohésion des territoires.
Conclusion

La réforme du rail représente un formidable retour en arrière de quatre-vingts ans. Compte tenu des données objectives, elle passerait pour de l’aveuglement idéologique et dogmatique, si elle ne servait pas de cheval de Troie à la destruction du modèle social français.

En termes économiques et écologiques, la privatisation tient de l’absurde. La réforme pourrait pratiquement être qualifiée de criminelle compte tenu de son impact environnemental et social, et du nombre de morts qu’elle va nécessairement entraîner, entre les accidents de trains et les suicides des employés.

Combattre la réforme de la SNCF, c’est défendre une autre vision de la société, plus solidaire et coopérative, tournée vers le progrès social et la transition écologique. Mais se contenter de protéger les acquis n’est pas suffisant. Il faut proposer une alternative au statu quo, comme le fait la CGT.

Une extension des droits des cheminots aux autres branches professionnelles, des investissements importants pour améliorer la qualité du réseau ferroviaire et la planification de la généralisation des transports publics pour lutter contre le réchauffement climatique et la pollution atmosphérique devraient figurer au coeur des exigences des Français !  
http://www.politicoboy.fr/emmanuel-macron/reforme-sncf-un-cas-decole/
Pourquoi les végans ont tout faux - Libération
Sun Mar 18 20:54:50 2018
Ils prônent une rupture totale avec le monde animal, alors que manger de la viande a toujours fait partie de l’histoire humaine, un moment essentiel de partage. Cette relation doit reposer sur un élevage raisonné et bio, respectueux des sols et des terroirs. La meilleure façon d’échapper à l’alimentation industrielle.

    Pourquoi les végans ont tout faux

Ils sont peu nombreux, mais ils ont une audience impressionnante. Comme ce qu’ils disent semble frappé au coin du bon sens, celui de l’émotionnel et d’une morale binaire, le bien, le mal, c’est que ça doit être vrai. D’où le succès de la propagande végane, version politique et extrémiste de l’abolitionnisme de l’élevage et de la viande, que l’on mesure simplement : aujourd’hui, les opinions contraires, pourtant majoritaires, doivent se justifier par rapport à elle. Nous dénonçons d’autant plus le mauvais coup que porte le véganisme à notre mode de vie, à l’agriculture, à nos relations aux animaux et même aux courants végétariens traditionnels, que nous sommes convaincus de la nécessité d’en finir au plus vite avec les conditions imposées par les systèmes industriels et d’aller vers une alimentation relocalisée, préservant la biodiversité et le paysan, moins carnée, aussi. L’Occident et les riches des pays du Sud consomment trop de viandes, et surtout de la mauvaise viande. Au Nord comme au Sud, les systèmes industriels ont changé l’animal en machine à transformer la cellulose des plantes en protéines bon marché pour le plus grand profit des multinationales et au détriment des paysans, des consommateurs, des sols, de l’eau et des animaux. Le bilan sanitaire et écologique de ces rapports de travail indignes aux animaux est tout aussi mauvais que celui du reste de l’agriculture productiviste : on empoisonne les consommateurs avec de la mauvaise viande, de mauvais légumes et fruits, en dégradant l’environnement et la condition paysanne. Ceci étant dit, regardons un peu les arguments avancés par les végans.
Les végans vont sauver les animaux

Depuis douze mille ans, nous travaillons et vivons avec des animaux parce que nous avons des intérêts respectifs à vivre ensemble plutôt que séparés. Les animaux domestiques ne sont plus, et depuis longtemps, des animaux «naturels». Ils sont partie prenante du monde humain autant que de leur propre monde. Et, grâce au travail que nous réalisons ensemble, ils ont acquis une seconde nature qui fait qu’ils nous comprennent, bien mieux sans doute que nous les comprenons. Ainsi est-il probable qu’ils ne demandent pas à être «libérés». Ils ne demandent pas à retourner à la sauvagerie. Ils ne demandent pas à être stérilisés afin de peu à peu disparaître, ainsi que le réclament certains végans. Ils demandent à vivre avec nous, et nous avec eux, ils demandent à vivre une existence intéressante, intelligente et digne.
Le véganisme va nous sauver de la famine

Jusqu’à il y a peu, rappelons-le, les hommes et les femmes mouraient vite de trois causes possibles : les maladies infectieuses, la guerre et la faim. Or, depuis la fin du XVIIIe siècle, dans nos pays européens, et depuis les années 60 dans l’ensemble du monde, il n’existe plus de famines liées à un manque de ressources. Quel progrès ! Les famines qui adviennent sont des armes politiques. Quand des gens meurent de faim quelque part, c’est parce que d’autres l’ont décidé. On ne voit pas en quoi le véganisme changerait quoi que ce soit à cette réalité.
Le véganisme va sauver l’agriculture

Ce serait même exactement l’inverse. Si les famines ont disparu de notre sol, c’est parce que le XVIIIe siècle a connu la plus grande révolution agricole après celle de son invention : l’agronomie. Et la polyculture-élevage, pourvoyeuse de ce qui se fait de mieux pour nourrir un sol, le fumier. Une des meilleures idées que l’homme ait jamais eue. Quant à l’industrialisation de l’élevage, elle n’est pas née après la Seconde Guerre mondiale avec le productivisme agricole. Elle a été pensée bien en amont, au milieu du XIXe siècle avec le développement du capitalisme industriel. Les animaux sont alors devenus des machines dont la seule utilité est de générer des profits, aux dépens des paysans et de l’environnement.
Le véganisme va sauver notre alimentation

Le véganisme propose de se passer des animaux, pour les sauver. Retour à la case départ : l’agriculture sans élevage, c’est l’agriculture famineuse parce qu’elle épuise les sols. Ce sont des rendements ridicules pour un travail de forçat car le compost de légumes est bien moins efficace pour faire pousser des légumes que le fumier animal. A moins de forcer le sol par de la chimie, évidemment. Et de labourer bien profondément. Mais, dans ce cas, on abîme les sols, en désorganisant l’écosystème qu’il est en réalité.
Le véganisme sauvera notre santé

Tuer l’animal, c’est mal, manger de la viande, c’est destructeur. Car les études montrent que la consommation de viandes est corrélée au cancer. Sauf que ces études ont été principalement menées aux Etats-Unis et en Chine, où l’on consomme bien plus de viande, encore plus gavée d’hormones et d’antibiotiques, encore plus transformée. Quant aux études démontrant la longévité supérieure des végétariens qui - rappelons-le - consomment des produits animaux, lait et œufs, et dépendent donc de l’élevage, elles sont biaisées par le constat que ces publics consomment aussi très peu de produits transformés, peu de sucres, ils font du sport, boivent peu, ils ont une bonne assurance sociale, etc. Quelle est la responsabilité des légumes dans leur bonne santé ? Difficile à dire ! Ce qui importe, c’est le régime alimentaire et le mode de vie équilibrés. En comparaison, manger végan, l’absolu des régimes «sans», c’est se condamner à ingurgiter beaucoup de produits transformés, c’est-à-dire des assemblages de molécules pour mimer ce qu’on a supprimé. Sans omettre d’ajouter la précieuse vitamine B12 à son alimentation. Car sans elle, comme le montrent de nombreux témoignages d’ex-végans, ce régime ultra-sans détruit irrémédiablement la santé, à commencer par celle de l’esprit.
Le véganisme va sauver l’écologie

Avec ce retour au naturel, l’écologie est sauvée. Et bien non. Car ayant expulsé les animaux domestiques, il n’y a plus rien pour maintenir les paysages ouverts, ceux des prairies, des zones humides, des montagnes et des bocages. Sauf à obliger chômeurs, prisonniers et clochards à faucher et à couper les herbes, ou à produire des robots brouteurs. Les vaches et moutons sont les garants de l’extraordinaire diversité paysagère qui fait la France, qui est aussi celle de notre assiette. Les animaux et leurs éleveurs sont les premiers aménageurs du territoire.
Le véganisme est une position politique émancipatrice

Non, contrairement à ce que croient de nombreux jeunes, fiers de dire «je suis végan», comme s’ils participaient à une action révolutionnaire, ou si leurs actions contre les abattoirs ou les paysans vendant leurs fromages sur les marchés relevaient de la résistance à l’ordre établi, le véganisme ne participe pas à l’émancipation des animaux et encore moins à celle des humains. Au contraire, en défendant une agriculture sans élevage et un monde sans animaux domestiques, c’est-à-dire sans vaches, ni chevaux, ni chiens, ce mouvement nous met encore plus dans les serres des multinationales et accroît notre dépendance alimentaire et notre aliénation. Les théoriciens et militants végans ne sont pas des révolutionnaires, ils sont, au contraire, clairement les idiots utiles du capitalisme.
Le véganisme est l’ambassadeur de l’industrie 4.0

Le grand danger de ce début du XXIe siècle est bien l’invention d’une agriculture sans élevage. On ne compte plus les investissements et brevets déposés pour produire de la «viande» en cultivant en laboratoire des cellules musculaires de poulet, de bœuf ou de porc ou produire du lait et des œufs à partir de levures OGM. Les promoteurs de cette agriculture cellulaire se recrutent au sein des grandes firmes (Gafa, milliardaires et fonds d’investissements puissants). Les premières viandes artificielles pourraient être introduites sur le marché sous forme de carpaccio avant que soient commercialisés avant dix ans de «vrais-faux» morceaux produits in vitro. Des amas de protéines qui auront poussé à grands jets d’hormones pour favoriser la croissance et d’antibiotiques pour éviter les contaminations.
En vérité, le véganisme ne va pas nous sauver

Le véganisme est dangereux. Il participe à la rupture programmée de nos liens avec les animaux domestiques. Il menace de nous condamner à la disette en nous ramenant à l’agriculture prédatrice des temps anciens. Il menace de ruiner les pratiques alternatives, comme le bio, en annihilant la polyculture-élevage qui est son fondement. Il menace de nous condamner à dépendre d’une alimentation industrielle 4.0. Il menace d’uniformiser nos paysages. Il menace paradoxalement de nous faire perdre notre humanité incarnée et notre animalité en nous coupant des réalités naturelles par des zoos virtuels, des paysages transformés en sanctuaires, avec des chiens et chats remplacés par des robots. Le véganisme est l’allié objectif d’une menace plus grande encore. Car, après tout, la meilleure façon de ne plus abîmer la nature est de s’en couper totalement. De s’enfermer dans des villes, alimentées par des flux de molécules et des flux de données. Plus de sale, plus de propre, que de l’esprit sain tourné vers une morale ultime, l’amélioration de l’homme par son isolement total de la nature que l’on ne peut maîtriser et qui nous renvoie sans cesse à notre animalité. Oui, véganisme rime avec transhumanisme.

Un monde terrifiant. La consommation de la viande a introduit, dès la préhistoire, l’obligation du partage, l’invention de la logique du don et du contre-don car un chasseur ne consomme jamais son propre gibier. Don et contre-don sont aussi au fondement de nos rapports sociaux avec les animaux. Donner - recevoir - rendre est le triptyque de nos liens. Que sera l’humanité sans cet échange fondamental ?

Paul Ariès auteur de : Une histoire politique de l'alimentation du Paléolithique à nos jours, Max Milo, 2017.
Frédéric Denhez auteur de : le Bio, au risque de se perdre, Buchet-Chastel, 2018.
Jocelyne Porcher auteure de : Encore carnivores demain ? Quae, 2017 (avec Olivier Néron de Surgy).
Paul Ariès politologue , Frédéric Denhez journaliste, chroniqueur («CO2 mon amour» sur France Inter) , Jocelyne Porcher sociologue, directrice de recherches à l’Inra
http://www.liberation.fr/debats/2018/03/18/pourquoi-les-vegans-ont-tout-faux_1637109
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